Une prison à Sciences Po
Loin d’être un projet secret destiné à ceux abusant du wifi à Sciences Po ou une idée saugrenue pour se débarasser de quelques élèves, ce fut l’occasion d’interpeller des étudiants sur un enjeu de société.
Ce lundi, une curieuse structure est apparue au fond du jardin de Sciences Po. Les visiteurs pressés distinguent un espace pas très grand, transparent, avec des chaises et un bureau à l’intérieur. De quoi s’agit-il ? Cet espace de 11 m² a été monté dans le cadre d’un projet collectif et en écho aux 13ème journées nationales en prison. Il vise à donner une idée de l’espace dont disposent les détenus. « Cette prison paraît plus grande, explique Bruno Vincent, en 4A en AP, parce que nous ne l’avons pas fermée, à cause du vent. Les détenus sont souvent deux à l’intérieur, parfois trois, avec un matelas glissé sous le lit à étage ». La loi prévoit un minimum de 9 m² par personne ; il est par exemple interdit de louer des chambres à des étudiants ne respectant pas cette superficie-là.
« Le problème, poursuit Bruno, qui est animateur à la maison de la santé, n’est pas tant pour ceux qui purgent une longue peine mais pour ceux en maison d’arrêt. Là il existe véritablement une surpopulation ». La visite de cette cellule se poursuit avec un questionnaire : combien de détenus incarcérés en France ? 60 000 ; combien de surveillants pour 100 personnes détenues ? 40 ; combien de personnes sortent de prisons chaque année ? 80 000. La dernière est moins officielle : si vous deviez purger une peine de prison, qu’appréhenderiez-vous le plus ?
Bruno souligne les tensions liées à une promiscuité permanente entre détenus, des banales incivilités à la difficulté de cohabiter en passant par le drame du viol. Difficulté aussi de trouver aussi un espace, mental et physique, à soi dans un pièce si étroite. « Le silence et le calme en prison n’existent pas ». Cette initiative visible était ainsi une manière d’attirer l’attention des étudiants de Sciences Po. Le débat s’est poursuivit mardi 6, à 19h15, en salle Eichtal, sur le thème de la réinsertion.