Toronto International Film Festival: TIFF 2007
Tous les ans à Toronto (ON, Canada) se déroule pendant une dizaine de jours le plus prestigieux festival de cinéma d’Amérique du Nord, le Toronto International Film Festival (ou TIFF).
Etant fraîchement arrivée à Toronto, je ne peux que me réjouir que cet événement, absolument inconnu de moi jusqu’alors. Notez que cela paraît incroyable étant donné l’ampleur du festival : pensez-vous, plus important que Cannes ! Sauf que Cannes, c’est en France, donc ça intéresse les médias français. Toronto c’est bien joli, mais c’est loin. Fin de la digression. Je me jette donc avec avidité sur mon ordinateur pour commander des places pour aller voir un film.
Nous avons plusieurs catégories de films. Je me serais fait une joie de les énumérer, mais il y en a dix-huit, ce qui se justifie par les quelques 362 films projetés cette année dans le cadre du festival. Pour être concis il y a les Masters, qui sont chers (pour les projections publiques) et les autres, qui le sont moins (autour de 20$). Parmi les masters on retrouve les films proposés par les réalisateurs reconnus dans la profession et par le public : Chabrol, de Oliveira…
Le film que j’ai été voir est classé dans la catégorie Midnight Madness. Nul besoin de traduire cette formule, une simple citation du site internet du festival suffira : « This popular, iconoclastic midnight programme highlights the weird and the wonderful ». Ce que je savais du film : qu’il s’appelait Stuck, et qu’a priori il valait mieux avoir l’estomac bien accroché quant à l’hémoglobine. Vous imaginez sans peine ma joie en découvrant que non seulement j’allais voir un film de ce genre mais qu’en plus il y avait une queue qui faisait le tour du pâté de maisons (jolie traduction française de l’anglais « block »), une heure avant la projection qui devait avoir lieu à minuit. Un café Tim Hortons (le Starbucks canadien, qui est mieux, parce que canadien, bien évidemment) plus loin, nous étions à l’intérieur.
C’est une équipe du film adorable et enthousiaste qui nous a accueillis – rien de personnel cependant, nous étions près de deux cent. Le réalisateur (Stuart Gordon) et tous les acteurs et managers de tout poil étaient là pour nous dire à quel point ils avaient bien rigolé et travaillé en faisant ce film, et qu’ils espéraient qu’on allait l’aimer. C’était la première projection publique.
C’est une sensation étrange que de voir un film dont les acteurs sont dans la salle. Ça l’est d’autant plus lorsque l’on est plongé dans une histoire pareille… Lors de sa première nuit dehors, un homme ayant perdu emploi et domicile joue de malchance et est embouti par une jeune fille, charmante au demeurant, employée modèle dans une maison de retraite. Il reste coincé (« stuck ») dans la pare-brise de la voiture. Relativement embarrassée par la situation, cette dernière rentre chez elle, gare sa voiture au garage et s’apperçoit que le pauvre homme est bien vivant et lui demande de l’aide. Aide qu’elle ne peut lui apporter sans s’attirer des ennuis, ce qui la dissuade de le faire. Elle laisse donc notre embouti pour ainsi dire crever dans le pare brise et va travailler. Sauf que bien évidemment, le sympatique embouti refuse de baisser les bras, lutte (toujours dans le pare brise, ce qui commence à expliquer l’hémoglobine). Les efforts conjugués de la jeune aide médicale et de son petit ami adultère féru de gangsta music et néanmoins plus que pleutre n’y feront rien. Je vous passe les détails.
Ce que ça donne ? Un film formidable, contre toute attente. Le suspense est maintenu tout le long du film, l’humour est là et c’est bien filmé. C’est le genre de film qu’on ne verra jamais au cinéma, et ceux qui l’ont fait le savaient, alors ils n’ont pas hésité à s’amuser un peu et ils ont bien fait. C’est précisément ce genre de projections qui sont permises par la sélection large mais de qualité du TIFF.
Ce qui fait le charme du festival, c’est aussi l’ambiance qui règne à Toronto en ce moment, particulièrement downtown : des files de voitures noires dans lesquelles on devine des célébrités, des volontaires du TIFF qui veillent dans tous les coins de rue au bon déroulement des projections, les restaurants pleins de spectateurs et surtout de professionnels venus assister aux projections de leurs films et les inévitables fans avec leur calepin et leur stylo, prêts à attendre pendant des heures pour une autographe… Rien que pour tout ça, ça valait le coup de participer, même un tout petit peu en allant voir un film.