A l’abordage de l’Artimuse !
Du 15 au 23 avril prochain l’association de voile de Sciences Po, l’Artimuse, participera (sous réserves de financements) à la très renommée Course Croisière de l’EDHEC (CCE) qui rassemble chaque année depuis 1968 des sportifs étudiants venus du monde entier. Une levée de fond vient d’être mise en place pour permettre à nos sciencespistes de représenter les couleurs de l’IEP lors de cet évènement qui se tiendra à Roscoff en Bretagne.
Mais quels genres de loups de mer se cachent derrière l’Artimuse ? Que font-ils quand ils ne souquent pas ? L’occasion pour La Péniche de larguer les amarres pour en connaitre un peu plus sur cet équipage méconnu du 27.
Une communication au point mort
Avis aux amateurs de voile, si vous ne le saviez pas, il est possible à Sciences Po de s’initier aux joies des cordages, des haubans et des cabestans depuis 4 ans déjà et cette année 2012 où l’association a été créée, il est vrai, dans un relatif anonymat. Hugues Vanneaud, son président, le reconnait : il n’est pas toujours simple d’assurer la communication de l’Artimuse. D’autant plus cette année où d’un commun accord l’équipe a décidé de changer de nom pour s’appeler Sciences Po Sailing Team dans le but de s’aligner sur les standards européens. Exit la frivolité version Mission Cléopâtre et place désormais au sérieux globish des grandes écoles de commerce ? Il s’agit surtout pour le président d’être « plus accessible auprès des étudiants internationaux d’autant plus que souvent les jeunes les plus compétents en matière de voile sont à trouver parmi eux ». Pas d’inquiétude précise Vianney Mevel, un autre membre de l’association et futur participant à la CCE, l’Artimuse restera le nom officieux comme un « gage d’authenticité ». « Comme notre amour pour le houblon » ajoute-il aussitôt, en référence au célèbre afterwork qui tous les ans fait s’échouer dans les bars du 6è arrondissement les marins de Sciences Po sans doute trop loin de leurs navires.
Par ailleurs, l’association a fait le choix de ne pas participer à la procédure de reconnaissance début septembre pour se concentrer sur le recrutement des nouveaux navigateurs, élément primordial pour être compétitif lors de la Course Croisière en avril. « Nous nous sommes centrés sur le recrutement plutôt que sur la reconnaissance pour constituer une équipe solide en vue des projets de l’année et assurer une transition efficace du bureau », poursuit Hugues. Mais cette décision n’a pas aidé leur besoin de visibilité au sein de l’école.
« Tous les gens qui sont intéressés par la voile peuvent venir postuler et à la suite d’un entretien individuel on est intégré à l’équipe. Néanmoins on recherche des étudiants qui ont un minimum d’expérience, c’est-à-dire être allé deux ou trois fois sur un bateau par exemple et être à l’aise avec le sport »
À La Péniche, les moussaillons, à l’Artimuse les marins expérimentés donc.
La CCE 2016
Virons de bord pour tourner le foc vers la CCE, mais qu’est ce qu’on y fait au juste ?
Avant toute chose il s’agit de la première compétition sportive étudiante européenne avec 3000 participants. Elle s’organise durant une semaine autour de trois épreuves : un trophée Terre, un trophée Mer qui présentent tous deux des équipages, et un trophée Sable au sein duquel des évènements multi-sports plus légers sont mis en place. Sciences Po, dans un souci de rigueur et de concentration, ne participe qu’aux deux premiers trophées et ne s’en porte pas plus mal.
« C’est un évènement vraiment très impressionnant avec des équipages, des délégations de tous les côtés. Il y a beaucoup de types de bateaux différents, une logistique phénoménale et aussi des soirées mémorables. Un vrai régal pour les amateurs de voile. Pour les régates (NDLR : courses de vitesse à la voile) l’épreuve est scindée en plusieurs classes. Les premiers de chaque classe s’affrontent en finale. Les participants sont ensuite incorporés soit dans un classement étudiant, soit dans un classement non-étudiant. »
Sciences Po dans ce magma universitaire et malgré l’esprit de compétition acharné de certaines délégations parvient à tenir la barre haute. L’année dernière, l’Artimuse avait réalisée sa meilleure performance à la CCE en terminant 7ème de la classe J80. Les équipes sciencespistes tiennent, dans la plus pure tradition du « bon esprit », à ne faire concourir pour elles que des étudiants même pour les skeepers, ce qui n’est pas le cas de certaines autres équipes faisant appel à du personnel quasi-professionnel.
Pas de chance par contre pour les joyeux drilles déçus de ne pas pouvoir aller au CRIT car, les courses se faisant au large, le supporting ne présente pas un intérêt fulgurant. Pas de lot de consolation donc, décidément 2016 ne sera pas l’année des festayres.
Une équipe au branle bas de combat
10 membres dynamiques et engagés composent actuellement l’équipage du bâtiment Artimuse. Les plus braves d’entre eux iront à la CCE. Mais, comme le rappelle Hugues Vanneaud, « la grande difficulté réside dans le fait que la Course Croisière se déroule en semaine 12, ce qui dans le calendrier Sciences Po, implique partiels et/ou intenses révisions. Les étudiants sont pris ou alors paniquent à l’idée d’être absents lors de ce moment crucial du semestre ce qui handicape le recrutement et démotive les équipes ». Le mauvais placement des dates a ainsi conduit la majorité des membres de l’équipe Terre à se désister récemment n’ayant pas suffisamment anticipé cette contrainte. Résolument positif au sein de l’association, on ne s’affole pas, à chaque problème sa solution. Une équipe Terre a été reformée dans l’urgence et une proposition de décalage des devoirs sur table est en train de s’acheminer vers l’extrêmement bienveillante administration. C’est le branle-bas de combat, même le recours constitutionnel du « Meet Frédéric Mion » ne semble pas être négligé.
Hors le calendrier, les contraintes qui pèsent sur l’association cette année sont nombreuses. Notamment la difficulté d’assurer une continuité avec l’année précédente lorsque les membres expérimentés sont en 3A et surtout le besoin de constituer un budget important pour la participation à la CCE. Les fonds sont à l’heure actuelle en collecte, via la plateforme européenne de crowdfunding en ligne Kiss Kiss Bank Bank qui a été lancé il y a une semaine. Le président nous donne les chiffres.
« Nous avons besoin d’environ 4000 à 5000 euros pour pouvoir participer dans de bonnes conditions, ce qui en soit n’est pas énorme surtout par rapport aux années précédentes. Nous n’avons en effet qu’un seul bateau. Mais le financement participatif s’il est réussi permettrait d’avoir plus de crédibilité vis-à-vis de Sciences Po d’autant plus que cette année nous avons vraiment une équipe compétitive, ce serait dommage de ne pas pouvoir participer. »
La route est longue avant d’obtenir la somme escomptée – 456 euros seulement ont été à ce jour récoltés – mais l’espoir reste présent. Le financement est issu principalement de dons de particuliers, d’une participation de Sciences Po et de l’AS mais aucune subvention de grands groupes.
Les efforts de l’association sont principalement concentrés autour de la préparation à la course mais toutefois d’autres évènements verront peut-être le jour d’ici la fin de l’année comme un apéro aux parfums ambrés du grand large est aussi à prévoir dans les prochaines semaines. Rien de très précis cependant.
Terre en vue !
Le temps normal de l’Artimuse n’est pas occupé à multiplier les réunions comme beaucoup d’associations car comme les membres disent eux-mêmes que « le temps de travail collectif est faible, mais l’investissement personnel important » ce qui implique que chacun est un peu membre du bureau. L’association offre un bon nombre d’opportunités que l’on ne soupçonnerait pas à première vue. « L’intérêt comme nous sommes une petite structure, c’est d’apprendre à avoir très vite des responsabilités comme par exemple chercher du sponsoring, gérer la trésorerie, contacter les responsables de la CCE, etc, c’est ça le côté marrant et sympa », résume le président.
L’association, bien que non reconnue, est liée avec l’Association Sportive qui lui accorde un prêt de casier et des financements. Hugues Vanneaud loue les mérites de ce partenariat qui constitue pour lui « un soutien sympathique prouvant la tradition d’entraide entre étudiants souhaitent célébrer le sport collectivement ».
En somme la Sailing Team Sciences Po c’est quoi ? Une petite organisation pas toujours visible mais très libre, souple et conviviale et qui a encore besoin de la générosité des sciencespistes pour ne pas rester à marée basse… A vot’ bon coeur !
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