L’après SciencesPo de DSK : compte rendu de la conférence du Directeur Général du FMI à Washington, D.C.

Dominique Strauss-Kahn, directeur général du Fonds Monétaire International (FMI) et ex-professeur d’économie en premier cycle à Sciences Po, s’est exprimé mercredi 30 avril 2008 au lycée français de Washington, D.C.
Face à un public francophone plutôt jeune, il est revenu sur le rôle et la légitimité du FMI au XXIème siècle.

Après plus de six mois passés à la tête du FMI, DSK prend son nouveau rôle sur la scène internationale très au sérieux. C’est néanmoins avec pédagogie et décontraction qu’il a profité de la conférence organisée par l’Alliance Française de Washington, D.C., pour répondre aux questions d’élèves de Terminale Economique et Sociale du lycée français. Les étudiants de Sciences Po en échange ou en stage dans la capitale américaine ont ainsi pu renouer avec le Professeur tout en se targuant de pouvoir enfin comprendre les concepts qu’il évoquait. Pour ceux qui avaient du mal en Economie le jeudi matin, ce compte-rendu est fait pour vous.

Revenant dans un premier temps sur les objectifs du FMI, le Secrétaire Général a redéfini les priorités actuelles de l’organisation, à savoir analyser et régler les problèmes de financement et de change. Une des réformes à laquelle il se trouve confronté concerne la gouvernance et la légitimité du FMI. DSK a reconnu la difficile représentation des pays en voie de développement (PED) au sein du Fonds, celui-ci étant en général gouverné par des européens. Il existe en réalité un accord plus ou moins explicite entre les Etats-Unis et l’Europe qui veut qu’un américain soit placé à la tête de la Banque Mondiale et un européen à celle du FMI. L’air faussement détaché, DSK n’a alors pu s’empêcher de lancer qu’il regrettait, lui, ne posséder que le titre de « Secrétaire Général » et non pas de « Président » comme son homologue de la Banque Mondiale. On aura compris l’allusion.

C’est le Professeur qui est ensuite revenu sur les bénéfices/inconvénients de la sous-dévaluation d’une monnaie (familier, non ?), après un bref rappel historique des années 30. S’en est suivie l’évocation des instruments dont dispose le FMI pour éviter les manipulations monétaires, « dotation et persuasion » pour mots d’ordre. Répondant à une question sur la crise alimentaire actuelle, DSK en est venu à expliquer le problèmes posés par les biocarburants et le rôle que doit jouer le FMI en fournissant des capitaux – mais l’offre de produits alimentaires restera insuffisante selon lui – ou en réglant les problèmes d’acheminement des produits vers des régions qui en ont besoin. Pour l’ancien ministre, l’important est avant tout de régler les problèmes structurels de gestion des produits alimentaires de base pour éviter que les PED aient « des casquettes en laine et rien à manger ».

Face à un jeune élève questionnant la qualité des prévisions des crises économiques par le FMI, c’est le Secrétaire Général qui a renchéri. Esquissant un sourire, il a répondu qu’elles étaient « plutôt bonnes », par rapport à celles des organisations internationales et des Etats. Citant Keynes, il a toutefois admis qu’ « il est difficile de faire des prévisions, surtout quand il s’agit du futur », ce qui n’a pas manqué de faire son petit effet dans le public.

Enfin, est arrivée l’heure des questions plus personnelles. « A quoi pensez-vous, vous, lorsque vous vous rasez le matin ? » a demandé un autre élève en référence à un des moments clés de la campagne présidentielle de 2007. Autrement dit, quid de l’après FMI ? Honnête (ou pas), DSK a répondu qu’il ne pensait pas qu’au pouvoir (ah ?) mais était avant tout concerné par le sacro-saint bien public. Il avait précédemment laissé entendre qu’il briguait plusieurs mandats au FMI.

A la fin de la conférence, c’est avec une certaine fierté que nous autres, 3A de Sciences Po, sommes allés parler pour la première fois à notre ancien professeur, négociant une photo pour le souvenir. Une fois ce dernier parti, les étudiants expatriés en manque de gastronomie française que nous sommes ont assailli la deuxième attraction de la soirée, un buffet « Cheese and Wine » proposé par l’Alliance Française. Une soirée French touch parmi d’autres au sein de la capitale américaine, qui nous aura montré un DSK plus que jamais sûr de lui à la tête du FMI.