La semaine cinéphile du Mag’ #5

Source : Allociné
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Si les rédacteurs de la Semaine cinéphile n’ont pas pris de vacances, c’est pour mieux vous faire voyager : en tête d’affiche cette semaine, on vous embarque direction l’Espace, dans le sillage de Gravity. La compagnie des satellites et des étoiles ne vous a jamais fait rêver ? Vous pouvez toujours opter pour un séjour plus Terre-à-Terre, en Normandie, auprès d’un ancien mafieux habitué du box-office hollywoodien et du Festival de Cannes, j’ai nommé : Robert De Niro dans un film sur mesure, Malavita.

 

Vers l’infini et au-delà.

Gravity, de Alfonso Cuarón

En regardant l’affiche, on ne peut s’empêcher de penser : un gars (George Clooney), une fille (Sandra Bullock), perdus, luttant contre la dérive spatiale pendant 1h30 pour finalement atterrir in extremis dans le Wisconsin, sortir de la capsule et s’embrasser langoureusement, travelling arrière, musique louant la vie et générique… Bref, un film hollywoodien aussi vide que l’Espace.

Détrompez-vous !

Ce film est avant tout une histoire sur l’Espace, cette réalité qui nous semble si lointaine. C’est une plongée dans un monde froid (-270°C tout de même) où règnent le silence et le vide absolu. Ce sont aussi des images fabuleuses : chaque mouvement de caméra nous donne l’occasion de s’extasier sur  notre planète, d’admirer les bijoux technologiques humains. Inutile de préciser que la 3D est ici bel et bien incontournable.

Clooney, en vieux baroudeur, va devoir faire équipe avec la très inexpérimentée Sandra Bullock, pour rejoindre l’ISS après la destruction de leur navette par des débris de satellite russe. Ce « survival », jugé réaliste par les astronautes eux-mêmes, mêle paradoxalement claustrophobie (avec des gros plans sur les visages terrifiés des astronautes) et étendue infinie. Aussi, le film soulève la question de la pollution spatiale, véritable menace aujourd’hui pour tous les objets en orbite (un boulon en orbite a une vitesse de 28 000km/h et peut aisément trouer une combinaison).

Cependant, le film ne s’écarte pas pour autant du blockbuster classique : on regrettera le sourire Colgate de George Clooney, des dialogues héroïques sentant le déjà-vu ou bien les valeurs so american.

Alors, verdict ? Il faut relativiser : certes, le film est une claque visuelle techniquement irréprochable qui marquera l’histoire du cinéma, il n’en est pas pour autant un chef d’œuvre.

Un excellent divertissement qui enchantera votre journée.

Alexandre Larroque-Suchorzewski

 

  

Repenti.

Malavita, de Luc Besson

Source : Allociné
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En Italien, « malavita » désigne « la pègre ». Ici, c’est le nom du chien de Fred Blake, alias Giovanni Manzoni, un ancien mafieux new-yorkais venu se réfugier en Normandie avec sa famille pour tenter d’échapper aux représailles de son ancien milieu. Pendant que sa famille tente de s’intégrer tant bien que mal dans le village français, il va se découvrir une vocation pour l’écriture et commence la rédaction de ses mémoires.

De Niro reprend donc ici l’un de ses personnages favoris, avec quelques cheveux blancs en plus. À la réalisation, Luc Besson tente quelques parallèles et références aux succès passés des pointures du film, Les Affranchis pour De Niro et Scarface pour Michelle Pfeiffer, mais le tout ne prend pas.

Cliché sur cliché, Besson nous livre un film sur le clash crème fraiche vs/ peanut butter. Le vocabulaire restreint du mafieux repenti et les pulsions violentes des membres de la famille n’aident pas à la subtilité du scénario. Même les boutons d’acné sont exagérés. Selon le film, il semble qu’il existe un gène mafieux, et on est loin du modèle de la famille Soprano, nettement plus réaliste dans son genre.

On est déçu de voir Michelle Pfeiffer, Tommy Lee Jones et Robert de Niro dans des rôles aussi vides et caricaturaux. Le mafieux aux pulsions meurtrières irrésistibles, la femme pyromane, la fille folle de son prof de maths, le fils qui reprend le flambeau du père, sans oublier les coups de batte de baseball/raquette de tennis pour les filles, aux bruitages largement amplifiés (vous aurez compris, les Blake ne se loupent pas). Il y a au moins une chose qu’on peut reconnaître au film, c’est qu’on ne s’ennuie pas; néanmoins, les quelques bonnes idées, comme un De Niro qui raconte la vie du mafieux new-yorkais à quelques français d’un obscur ciné-club, ne sont malheureusement pas exploitées. Le scénario superficiel d’un petit film télé.

On remerciera Besson pour cette irrésistible envie qui nous prend à la fin du film, de retrouver nos bons vieux Don Corleone, Noodles et autre Tony Soprano.

Cécile Lienhard