LE MAG – La semaine cinéphile du Mag’

Noé, de Darren Aronofsky
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Photo: Allociné

Hollywood fait rarement les choses à moitié. Ici, la Paramount a confié à Russell Crowe le boulot d’être Noé, le sauveur de l’humanité, celui qui devait donner au monde un visage nouveau après un bon gros déluge. Evidemment, ce récit biblique, vrai péplum en puissance affiche un budget de 130 millions de doll’s au compteur et on retrouve aux manettes l’inégal Darren Aronofsky. Autant dire qu’on avait de quoi être dubitatif.

Pour être honnête, le film n’est pas le naufrage (jeu de mots) annoncé, loin de là. Déjà, c’est beau, les paysages, les plans, tout est raccord avec l’idée que l’on peut se faire d’une apocalypse pluvieuse et typique de l’univers visuel d’Aronofsky, passé spécialiste ès héros torturés. En plus de cela, on ne saura féliciter assez le réalisateur de nous avoir épargné les attendues, impressionnantes mais kitschissimes scènes de déluge ou de fin du monde ou de défilés d’animaux par milliers (pour cela, contacter Peter Jackson ou Michael Mann). Tout est – plutôt – subtil. A part le jeu de Russell Crowe mais pour cela, personne n’y a jamais pu quoi que ce soit.

Ce film est en fait assez rare pour son époque, tout en prises de risque et choix assumés. Il fallait oser choisir dans l’Ancien Testament un pitch très court de quelques pages mais très connu et ne pas partir dans des délires 2.0 à bases d’aliens ou de chasseurs de vampires. L’essence du récit est là, après c’est interprété, imaginé. Le film est empreint d’une atmosphère mythologique rafraichissante, rendue par l’absence de 3D et un tournage en extérieur, sur de vrais cailloux avec de la vraie terre. Allez voir ce film respirer l’odeur de la pluie sur le granit et entendre hurler vos frères que vous abandonnez dans ce bas monde. Pensez deux minutes que Russell Crowe hurle vraiment dans sa vie de tous les jours et appréciez un bon whisky douze ans d’âge en sortant de la salle. Voilà, vous y êtes, vous avez survécu et on peut dire que vous y avez cru.

Note: 4/5

Hadrien Bouvier

 

 

Divergente, de Neil Burger

Un second Hunger Games? La crainte n’est pas injustifiée, il y a un écho certain; un monde situé dans le futur, une population divisée par catégories, un projet de renversement du gouvernement…

Mais après tout, de quoi se plaint-on? Il faut bien nous faire patienter jusqu’au prochain volet de la trilogie des Hunger Games.

Qu’on se rassure tout de suite: ce film n’est pas une mauvaise copie des HG.

Photo: Allociné
Photo: Allociné

La population est divisée en 5 catégories de vertues humaines: Abnegation (generosité), Amity (pacifisme), Candor (honnêteté), Erudite (intelligence), Dauntless (courage). A l’âge de 16 ans, les adolescents doivent passer un test pour qu’ils soient assignés à la catégorie qui leur convient le mieux. Ceux qui présentent plusieurs vertus, comme notre protagoniste Tris, sont des « divergents » qui représentent une menace pour la société.

Un putsch se prépare contre le gouvernement en place, mais la différence avec HG est que ce ne sont pas nos personnages principaux qui complotent mais les habitants de la région Erudite. Et ce sont justement les protagonistes qui vont chercher à empêcher ce complot.

On suit Tris dans sa lutte contre une société qui refuse de reconnaitre qu’on puisse être à la fois intelligent et courageux, qui condamne l’anticonformisme, tâche dans une société d’individus stigmatisés et auxquels on a assigné un rôle unique (on sent l’inspiration de George Orwell).

Si Shailene Woodley – dans son rôle de Tris – présente une performance correcte et crédible, on peut tout de même reprocher à ce film sa prédictibilité: après les dix premières minutes on est déjà capable de deviner la fin. Encore une fois, c’est tout à fait normal de ne pas s’attendre à du Hitchcock ici, mais on pourrait espérer un peu plus d’originalité.

Somme toute, cette adaptation du premier volet de la tétralogie de Veronica Roth est réussie et recommandable, mais il ne faut ni s’attendre à en ressortir enrichi ni s’attendre à un blockbuster. C’est dit!

Note: 3/5

Eléonore Pistolesi

 

 

Apprenti Gigolo, de John Turturro

Mais qu’est-ce qu’il nous a fait … Trois fois durant la séance je me suis tournée vers mon ami :

– « C’est quoi ce film ? »

– « Pff… »

Piégés. John Turturro nous piège par de nombreux clichés et installe une film génânt, empreint d’immoralité gratuite.
Fioravante (John Turturro) est un homme. Il a des mains d’hommes, larges et denses. Et avec, il touche : il touche la plomberie, il touche des fleurs, il touche des dos, il touche des femmes. Pour cela, il touche de l’argent. Son ami Murray (Woody Allen) ferme sa boutique de livres rares qui a fait faillite et propose à Fioravante de s’occuper d’une autre forme de rareté: les femmes riches et seules. En clair, il lui propose d’être « sa pute ». Ca marche super bien : elles adorent « l’homme ». Puis un jour, Murray a l’étrange idée de mettre en contact Fioravante avec une femme moins riche mais tout aussi belle que les autres : Avigal (Vanessa Paradis), mère au foyer juive orthodoxe de la tête aux pieds, qui ne sort plus de chez elle depuis que son mari est mort, deux ans plus tôt. Cette femme, Fioravante la touchera différemment.

Photo: Allociné
Photo: Allociné

L’histoire se tient, le film, beaucoup moins. Si on ne peut lui retirer de jolies scènes et quelques répliques bien senties, le reste n’est que succession de caricatures mal amenées et de conversations fausses. Les femmes riches sont futiles et ridicules. Les juifs orthodoxes tiennent largement plus de la mafia ; leurs enfants ne veulent pas jouer parce que ce n’est pas sérieux et qu’ils préfèrent étudier. La juive vertueuse est muette comme une carpe, se contentant d’écarter de temps à autre ses magnifiques yeux verts… Alors oui on rit plusieurs fois parce qu’au milieu de tout ce raté restent quelques vannes très drôles. Mais on rit peut être aussi pour évacuer la gêne pesante dont on est pris face à cette comédie atone. Ni les monologues de Woody Allen, ni Sharon Stone jouant la riche en petite culotte ne changent la donne.

Note : 2/5

Elise Levy