La chronique sonore du Mag’ : Kid Wise, l’interview

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Il existe des morceaux assez fous qui donnent une petite claque. Avec « Hope », Kid Wise frappe haut et fort. À écouter la tête dans votre casque :

 

À l’occasion de la sortie de leur second envoûtant EP, Renaissance, j’ai contacté les gentils et toulousains membres de Kid Wise pour leur poser quelques questions, afin de mieux les connaître, et mieux vous les faire connaître aussi.

 

D’abord, qui êtes vous tous ? Comment en êtes-vous arrivés à ce groupe ?

Nous sommes Kid Wise, six musiciens âgés entre 18 à 25 ans. Les membres du groupe sont lycéens, à la faculté, au conservatoire, chômeurs et assistant social. Passionnés avant tout. Nous faisons tous de la musique depuis longtemps, voir depuis toujours. Ça nous aide à vivre, à survivre. Nos chemins se sont croisés selon des amitiés de longues dates et des relations communes. C’est d’ailleurs plutôt une bonne chose, on en est heureux et remercie le destin pour ça.

 

Pourquoi ce nom, Kid Wise ? Vous qui définissez votre musique comme une pop « sauvage et juvénile », pouvez vous dire quelques mots sur votre projet musical ?

Le nom Kid Wise vient du désir d’élaborer un portrait de la jeunesse, à travers notre univers et nos compositions. Kid pour la jeunesse, sous toutes ses formes. C’est l’entité qui nous inspire, car nous sommes en plein dedans. On souhaite parler à travers nos musiques d’un sujet que l’on connait, parce qu’on le vit. Passionnément. Ne pas mentir en se donnant un faux genre. Ainsi le discours peut être énoncé avec sincérité, ce qui nous importe beaucoup.  Wise pour la sagesse, qui nous fait rêver et réfléchir. L’idée d’un affranchissement de la conscience par la musique. Et puis ‘sage’ pour l’attitude. Beaucoup de groupes s’inventent rockers, rebelles et anarchiques sans se donner les moyens de leur politique. Ils gesticulent, gaspillent pas mal de salive mais n’agissent jamais.  Sage donc parce qu’on ne veut pas mentir aux autres et à nous mêmes. C’est ce que nous sommes, au fond. Des éternels enfants sages.  Des rockers à lunettes.

On décrit notre projet musical comme de la pop-progressive. C’est à dire un mélange de sonorités pop (synthétique, électronique, sombre ou romantique) et de post-rock (caractère épique, puissant et électrique, dans un long-format pour favoriser au mieux l’expression). C’est ainsi qu’on décrit notre projet actuel, mais on ne se fixe aucune limite stylistique. Dans quelques mois on fera peut-être du néo-zouk doublé de métal symphonique finlandais. Who knows.

 

La composition, ça se passe comment ?

Le chanteur et pianiste Augustin compose la base du morceau, un squelette harmonique et rythmique, ainsi qu’un texte en yaourt anglophone. Puis tous ensemble on élabore l’édifice sonore. On l’érige, l’affine, le solidifie. La base est souvent très instinctive, comme une pulsion émotive, abrupte. Puis le travail qui se construit autour est précis, réfléchi, concret.  Comme l’un des membres du groupe (Clément, violoniste) habite à Bruxelles, nous travaillons beaucoup par Internet. Chaque semaine, des bribes de morceaux plus ou moins longs et convaincants font irruption dans nos mails Facebook. C’est important d’entretenir une activité musicale vivante et fluctuante au sein d’un groupe.

 

Vous avez repris « Videotape » de Radiohead sur Le Mouv’ (lien plus bas), pourquoi ce choix ?

C’était une idée de Léo le batteur qui a eu la révélation quelques jours avant en regardant le « live from basement ». A l’époque on bossait sur une reprise de Daft Punk et quand on a essayé Videotape, comme ça, pour le fun, c’est tout de suite devenu une évidence. L’harmonie, le texte, la mélodie tout nous parlait. Après quelques jams, l’idée a été de réaliser un fantasme que nous avions en bon fan de Radiohead et Sigur Rós. Apporter à cette chanson intime et minimaliste une touche prog plus prononcé.

 

Et sinon, vous écoutez quoi ?

Un des avantages d’être un groupe à six, c’est que la diversité des influences devient une force. On écoute tout autant du post-rock, de la new wave, du math-rock, du rap, de l’IDM, de l’ambient, de la pop indé, du classique dans tous ses genres… Cette diversité nous permet de ne pas être classés à la première écoute comme la pâle copie de tel ou tel groupe, ce qui est le grand jeu des auditeurs et des médias aujourd’hui.

 

Des groupes à suivre, à nous conseiller ?

On vous recommande le groupe de math-rock irlandais : And So I Watch You From Afar, les groupes de post-rock américains This Will Destroy You et Caspian, le musicien ambient Tim Hecker ainsi que les pianistes Nils Frahm, Lubomyr Melnyk & Olafur Arnalds.

 

Parlons de « Hope », elle raconte quoi cette chanson ? C’est un morceau à la fois frappant et martelant, mais aussi vaporeux et planant, moi il m’a scotché ! Pour commencer, comment s’est imposée l’idée de joindre un clip au morceau ?

Augustin : Hope ce n’est pas une histoire concrète mais une émotion. Comme tous les autres titres par ailleurs. Je serai incapable de te donner le sens direct de ce morceau avec des mots. Tu le trouveras, je l’espère, au fond de toi. Je le conçois comme une sensation d’extase, de flottement. De quête d’espoir, d’infini. ‘Lost in the sun airway’. C’est tout ce que je peux dire, et tu le décris assez bien!  Pour le clip, il nous fallait une vidéo pour illustrer et préparer la sortie de l’EP. Hope s’est rapidement imposé car il se prête bien à l’image, autant pour son format que pour son énergie.

 

De quelle façon s’est passée la réalisation et le tournage de la vidéo ?

Le tournage s’est déroulé de manière assez naturelle. On aime le décrire comme un bricolage artisanal, avec un rendu professionnel. On est parti une semaine cet été dans la maison familiale  d’Augustin, en Corrèze. Les acteurs, qui ne le sont pas vraiment, sont les membres du groupe (Nathan, bassiste et Léo, batteur) ainsi que de très bons copains. Augustin, lui, prêtait le lieu et préparait les sandwichs. L’équipe parisienne, Truman & Cooper (aidée de Victor Seguin, directeur de la photographie et Julie Brones, styliste) nous avait contactés par internet. L’ambiance était un doux mélange entre rigolade et taff intensif. Toutes les scènes ont été tournées à la lumière naturelle, donc entre 5h-11h du matin et 19h-22h le soir, plus quelques scènes de nuit.  L’aspect assez brut et réaliste du clip vient du fort lien d’amitié qui lie les personnages ainsi que celui qui s’est petit à petit tissé avec l’équipe de tournage. Les scènes de bandes, de couple, de colère (et d’alcoolisme) ont été ainsi jouées de manière très naturelles, peu simulées.

 

Dernière question, pour des lecteurs essentiellement parisiens, quand êtes vous de retour dans la capitale ?

Coucou les lecteurs parisiens, on est de retour dans votre ville le samedi 16 novembre dans la jolie salle des Trois Baudets ! On joue avec Arch Woodman & Myra Lee. Ça va être une très belle soirée, on travaille dur depuis notre contrée reculée pour vous rendre heureux. On s’y voit ?

 

Vous trouverez leur chouette reprise de « Videotape » (à 49:50) par là :

http://www.lemouv.fr/diffusion-deux-belles-sessions-kid-wise-et-sean-nicholas-savage

Vous trouverez leurs EPs en écoute et téléchargement ici :

http://kidwise.bandcamp.com/

Vous les trouverez eux aux Trois Baudets samedi prochain :

http://www.digitick.com/myra-lee-kid-wise-arch-woodmann-concert-les-trois-baudets-paris-16-novembre-2013-css4-digitick-pg101-ri2101714.html