L’Oreal e-Strat Day : ready to play the game ?
Tout le monde connaît l´Oréal. Mais peu sont au courant de l´e-Strat Day. Le concept ? Passer une journée au sein de l´entreprise. Pourquoi ? Pour jouer. L´Oréal cible désormais les étudiants du premier cycle dans le but de les initier au marketing. Malgré les multiples sollicitations par mail de M. Prunier, peu d´entre nous étaient au courant du jeu. Pour vous, LaPeniche.net retranscrit cette journée passée chez le n° 1 du cosmétique.
L´Oreal et Sciences Po, une relation étendue aux 1ers cycles
On le sait, l´Oréal est une des entreprises partenaires de Sciences Po les plus actives. Pour la deuxième année consécutive, le géant du cosmétique avait décidé de relancer l´e-Strat Game à destination des « petits » 1A et 2A. Deux intervenantes des ressources humaines de la division des produits grands publics France, Cécile Mien et Angélique Moreau, avaient fait le déplacement en Jacques Chapsal pour présenter le jeu. Peu d´étudiants avaient répondu présents, soit par manque d´information sur les conditions du jeu, soit par simple désintérêt. La direction, qui souhaite étendre davantage le partenariat de Sciences Po avec les entreprises, l´a vivement regretté. « Pour l´e-Strat Day, j´ai vraiment dû m´employer pour faire en sorte qu´il y ai des candidats, déclare Cédric Prunier, en charge de l´e-Strat Day. Nous avions réservé un amphi de 200 places pour organiser une réunion d´information et seulement une vingtaine d´étudiants étaient présents. Au final, 70 personnes étaient intéressées mais nous avons dû sélectionner les 48 premiers inscrits. »
e-what ?
L´Oréal utilise depuis longtemps les jeux d´entreprise dans le domaine du business. Le premier d´entre eux a eu lieu en 1993 avec le L´Oréal Brandstorm, consacré au marketing puis avec le e-Strat Challenge à partir de 2000 dédié à la gestion stratégique d´une entreprise virtuelle pour les étudiants de deuxième cycle. C´est donc dans cette continuité qu´est né l´e-Strat Day, petit dernier destiné à des étudiants qui n´ont généralement pas de formation business/marketing.
Quel est donc l´intérêt du jeu ? Pour les étudiants, il s´agit avant tout de découvrir le monde de l´entreprise ou du moins les premières stratégies nécessaires à sa gestion. Bien évidemment, l´Oréal bénéficie par là d´une publicité extraordinaire tout en se targuant d´offrir aux étudiants une véritable formation par l´action. Pour Cédric Prunier, l´intérêt du jeu est double : « D´abord parce que c´est une simulation, ce qui est bien pour appendre. Ensuite, le jeu permet aux étudiants d´utiliser l´informatique, ce qui est toujours bénéfique. » Ajoutons à cela que toute la simulation se déroulait en anglais.
The D-Day
9.30 : découverte du charme urbain de Saint Ouen…
Les étudiants de Sciences Po avaient rendez-vous dans le hall des bureaux de l´Oréal à Saint Ouen. Après une présentation du jeu plutôt neutre, il fallait passer à l´action. Par groupes de quatre, chacun se trouvait face à un ordinateur programmé pour lancer le jeu on-line. Le t-shirt à l´effigie de l´e-Strat Game était bien sûr de mise (cf. photos), histoire de mettre tout le monde au même niveau et de promouvoir indirectement l´Oréal. Chacune des douze équipes se voyait attribuer un nom « divin », à l´instar de Râ, Re, Nefertem ou encore Satet.
11.00 : Let´s start the game
Le jeu était divisé en quatre rounds d´une heure chacun avec une pause déjeuner au milieu. Les étudiants ont d´emblée dû prendre des décisions. A la tête de l´entreprise « Prima », dont les caractéristiques étaient étrangement proches de celles de l´Oréal, chaque équipe devait faire face à trois concurrents directs aux noms tout aussi chantant (Diva, Bella, Vista). A l´aide de plusieurs indicateurs (résultats de la firme, positionnement face aux concurrents, études de marché), il s´agissait de manager Parrot et Puppy, les deux marques phares de l´entreprise, puis de lancer Polo au bout du troisième round.
A la fin de chacun des rounds, un classement des douze équipes étaient divulgué aux étudiants. Au bout du deuxième round, quelques unes se distinguaient ; d´autres avaient chuté et élaborait déjà leur stratégie pour la suite du jeu.
13.00 : L´Oréal, « parce que vous valez bien un repas »
Le moment le plus attendu de la journée pour certains… Buffet à volonté avec spécialités martiniquaises, tout était fait pour épater les jeunes joueurs aussi clients, ne l´oublions pas. Les commentaires qui ressortent de cette journée l´attestent : beaucoup d´étudiants auront apprécié cette heure dans le self de l´Oréal, à l´instar de David (1A) pour qui l´analyse est claire : « Le repas de l´Oréal était beaucoup mieux que celui du RU ». L´Oréal, ou comment séduire par un repas bien garni et gratuit.
14.00-16.00 : deux derniers rounds
Lancement de Polo, fixations des prix et des quantités, la fin s´annonçait difficile pour les équipes. Les conditions du jeu, loin d´être faciles et évidentes, ont même parfois mis certains élèves en état de compétition et de tension, prêts à tout pour gagner. Serait-ce ça, le monde de l´entreprise ?
17.00-19.00 : interventions professionnelles et autres cocktails mondains…
Finalement, après un certain suspens quant à la divulgation du classement final, voulu par les organisateurs, l´équipe gagnante a été Râ, partie en tête dès le début du jeu. Trois équipes ont été désignées pour présenter leurs stratégies en guise de débriefing : Ptah (à gauche) avait par exemple opté pour la « stratégie du faucon », à savoir faire du dumping du début à la fin du jeu. Hélas, l´audace n´a pas payé puisque l´équipe a échoué avec le lancement de Polo.
Rendons hommage à Fanny, Antoine, Amroze et Hugo (à droite avec les intervenants de l’Oréal), les gagnants à la tête de l´équipe Râ. « On est très contents de notre équipe, dans la mesure où tout le monde a participé et il n´y a pas eu de mise à l´écart (on ne se connaissait pas tous). Il n´y a pas eu de réaction « snob » ; on a partagé nos idées. » nous dira simplement Amroze (2A) à l´issue du jeu.
Puis est venu le moment des interventions professionnelles. Nous avons eu droit à la présentation slides à l´appui du métier d´un gestionnaire, travaillant pour la gamme luxe Biotherm et Helena Rubinstein. Nicolas Pauthier, DRH de la division des produits grand public France, lui a succédé pour une présentation moins formelle, alliant parcours et ressenti personnel en dehors et au sein de la firme. Heureusement, ce qui aurait pu être un matraquage déguisé sur de jeunes étudiants inexpérimentés, s´est révélé plutôt gentillet. « J´ai apprécié qu´il n´y ait pas de matraquage l´Oréal et de prétention de la part de l´équipe. » déclare Amroze. L´enjeu n´était donc pas directement du moins de convertir tous les élèves en futurs cadres de l´Oréal. L´intérêt principal aura été de permettre aux étudiants d´imaginer, confirmer ou infirmer une possibilité d´orientation professionnelle offerte par Sciences Po. Le cocktail final a par ailleurs été l´occasion de recueillir les impressions générales des élèves ainsi que de Cédric Prunier.
Sciences Po et l´entreprise, une histoire récente
Peu de critiques sur l´e-Strat Day apparaissent dans les témoignages étudiants. L´ambiance a été bonne et l´expérience enrichissante. Pour Clément, 2A, « c´était intéressant de pouvoir avoir une simulation de la vie en entreprise, de pouvoir prendre des décisions, même si on sait que ce n´est pas la réalité. »
Mais n´oublions pas que cette initiative s´inscrit dans une stratégie globale de la part de Sciences Po qui décide d´élargir ses partenariats avec les entreprises, ce qui suscite encore débat. Originellement, l´école avait soin de former la « haute fonction publique », à la différence des écoles de commerce, chargées des dirigeants privés. Désormais, il est clair que cela n´a plus lieu d´être et les contacts avec les entreprises privés sont vivement encouragés dès la première année. « D´une façon générale, il y a trop peu de contact entre les entreprises et les étudiants du 1er cycle, déclare Cédric Prunier. Je constate que, lorsque les étudiants arrivent à Sciences Po, ils ont une mauvaise idée, voire une absence d´idée de ce qu´ils veulent faire qui est assez troublante. Quand on accueille les étudiants en 1ère année et qu´on leur demande ce qu´ils veulent faire plus tard, les réponses sont toujours : diplomatie, international, journalisme, culture, humanitaire, fonction publique… Il est rare d´avoir des gens qui nous disent qu´ils veulent faire de la finance et, lorsqu´ils évoquent l´entreprise, il s´agit toujours des domaines dits « nobles » : marketing, communication, finance mais jamais vente ou production. Or, les offres d´emplois dans les domaines les plus cités sont inversement proportionnelles aux souhaits des étudiants. »
L´idée qu´il faudrait s´orienter uniquement vers les métiers qui offrent des débouchés paraît évidente mais n´est pas toujours justifiée. L´administration a su l´imposer progressivement dans l´esprit des étudiants dont beaucoup pensent aujourd´hui leur orientation en terme de revenus uniquement. Ainsi, les masters de management de la culture et des médias ou de journalisme sont souvent considérés comme « bouchés ». S´il s´agit d´un argument non négligeable, il n´est pas unique et l´on doit encore avoir le droit de choisir, en s´en donnant les moyens, une orientation peu réputée mais qui nous correspond réellement.
L´effet « business school » ?
L´objectif de Sciences Po est, au delà de jeux comme le e-Strat Game, de séduire les entreprises. L´organisation des études, qui a subi de nombreux changements depuis quelques années, cherche à mieux préparer les étudiants dans des carrières dans le privé. Dès notre entrée à Sciences Po, nous avons été mis devant un fait désormais accompli : 80% des diplômés s´orientent dans l´entreprise autrement dit, vous en ferez sûrement partie, alors autant vous y préparer. Il est vrai qu´aujourd´hui l´orientation en Finance et Stratégie, taxée de « porteuse », connaît une réputation très positive auprès des étudiants.
Sciences Po organise pour cela plusieurs confrontations entre étudiants et entreprises, à travers des forums, des « déjeuners pépinière » ou, à moindre degré, des jeux de simulation. Il s´agit de permettre aux étudiants de mieux visualiser les métiers et les possibilités de carrière. Auparavant très centrées sur les métiers de la fonction publique, ces présentations sont désormais ouvertes aux métiers de la communication et de la finance. Elles attirent par ailleurs de plus en plus d´étudiants de premier cycle, soucieux de trouver une orientation qui leur convienne. Cédric Prunier s´est déclaré surpris le nombre de présents au forum des entreprises du 31 octobre 2006. « Cela a en fait déclenché une réflexion sur comment mieux les préparer aux entretiens, explique-t-il. Il faut que les étudiants arrêtent de se dire que, une fois arrivés à Sciences Po, c´est à l´entreprise de venir vers eux. Le diplôme de Sciences Po n´est jamais qu´un sésame qui permet d´arriver à un entretien, l´étudiant doit ensuite l´assumer. » L´objectif de Sciences Po s´affiche désormais clairement et ce, dès l´entrée en première et deuxième année. « Nous voulons que l´étudiant se prépare, réfléchisse, s´informe et puisse déjà commencer à construire, sinon son projet professionnel, du moins un parcours qui lui permette d´approcher certains domaines et de voir, de plus en plus précisément, ce qui va l´intéresser ou non. C´est pour cela que nous incitons les étudiants à faire des stages (maintenant dès la 1ère année et en 3e année) et que nous tenons beaucoup à l´entreprise » nous explique Cédric Prunier. Et, pour convaincre les plus réticents à la « privatisation » de Sciences Po, le directeur des premiers cycles use une métaphore simple : « l´entreprise n´est pas un monstre ». A nous de savoir la caresser dans le sens du poil.
Merci à Cécile Mien et Angélique Moreau pour les photos.
4 Comments
Amroze
points pardon ^^
Amroze
8 point = un ipod nano ^^ sans rancune !
Charles
T’as vu ça Max, la concentration au moment de lander Polo ou de décider de mettre 1/4 du budget pub sur le net…:S
En tout cas très bonne journée même si bon pour l’ipod(parce que les gels fixation béton…)
Je salue la stratégie de dumping de Léon et Geg pourtant désignée non conforme par l’Oréal: bien joué!!
A l’année prochaine
Max
Wouééé on nous voit sur les photos! Bravo pour l’article, Cécilia!
C’était énorme comme journée, vraiment très sympa! Et puis même si on est passé à 8pts/300 de l’Ipod, on a gagné pour un mois de Shampoo "Ultra Doux" et de "Vivel DOP fixation béton"! =]
St Ouen est effectivement une banlieue charmante et la stratégie du Faucon était très forte et sournoise!
Allez, "l’Entreprise c’est bien, et chez l’Oreal, c’est encore mieux!"