L’Exposition Tim Burton à la Cinémathèque
Vous avez certainement entendu parler, en ces premiers jours de printemps, de l’exposition Tim Burton. En effet, après le succès au MoMA en 2009-2010, elle a débarqué pour quelques mois dans la capitale parisienne (jusqu’au 5 août 2012). Direction donc la Cinémathèque, pour une plongée dans l’univers fantasque et délirant du célèbre réalisateur américain d’Edward aux mains d’argent.
Dans un décor sombre, lumières tamisées, musique angoissante, le visiteur est tout de suite immergé dans l’ambiance, baignant au milieu d’une flopée d’objets et de bizarreries, travaux inédits du cinéaste. Des dessins s’éparpillent, représentant des êtres étranges, aux grands yeux globuleux, difformes, mutilés parfois : squelettes, clowns, créatures anthropomorphes bigarrées, poupées unijambistes. On a l’impression de pénétrer à grandes enjambées dans le laboratoire d’idées intérieures de Tim Burton. On découvre une multitude de nouveaux personnages, inconnus jusqu’alors du grand public, mais qui comportent tous cette touche si particulière. C’est la mécanique créatrice de Tim Burton qui est décortiquée à travers ses dessins et nous montre le cheminement ayant aboutit à ses films. Et là, le réalisateur apparaît sous un angle nouveau, moins cinéaste fantasque que bourreau de travail, jamais sans son crayon et une feuille de papier, toujours prêt à griffonner quelque chose au gré de son imagination.
Mais ce n’est pas tout : polaroids, figurines s’accumulent, offrant à nos yeux le spectacle de bébés épinglés, recousus, aux yeux cloutés, parfois sanguinolents. Y succèdent des courts-métrages, notamment la mini-série web Stainboy dans laquelle on peut voir une petite fille se faire fracasser le crâne par une sorte de lampadaire puis menotter les yeux expulsés de leurs orbites, vaste programme. C’est avant tout un grand étonnement qui submerge les visiteurs de tout âge, grands admirateurs du réalisateur qui le redécouvrent ou simples curieux, pareillement saisis par cette beauté morbide.
Emerveillé par cet univers somme toute accommodant, on se trouve ensuite plongé dans l’univers abracadabrantesque des films du réalisateur. La lame de métal, sorte de cisaille aiguisée qui sert de main à Edward dans le film éponyme, l’épouvantail débraillé à tête de citrouille de Sleepy Hollow ou encore la robe rouge pétulante portée par Eva Green sur le tournage de Dark Shadows (dont la sortie au cinéma est prévue pour le 9 mai) émaillent la fin de l’exposition.
Là s’achève cette immersion dans l’univers « tim burtonien », oscillant entre le monde de l’enfance, l’humour, la cruauté, le sadisme, l’anthropomorphisme ; un savant mélange de gothique, d’expressionnisme et de pop art. Un parcours plus court que l’on ne voudrait, on reste un peu sur notre faim. Néanmoins, une véritable découverte, riche et intense, qui nous montre le versant caché de l’art de Burton. Les bribes d’images accumulées durant toute la visite frappent, étonnent, s’accrochent et nous accompagnent encore un moment après la sortie. On quitte un monde.