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Plus de dix ans après l’exposition 1 Monde Réel, la Fondation Cartier nous offre un large panorama de l’œuvre d’un des plus grands dessinateurs du XXe siècle, Moebius. Moebius, ou Gir, de son vrai nom Jean Giraud, est un artiste dont le génie n’a d’égal que son imagination débridée. C’est à lui que l’on doit, entre autres, Blueberry, L’Incal, Arzach mais aussi la revue Métal Hurlant ou encore l’éclectique collection des Humanoïdes Associés. C’est aussi le créateur de la Diva dans Le Cinquième Elément, et il a travaillé avec James Cameron pour Abyss et Ridley Scott pour Alien.
L’exposition toute entière est placée sous le signe de la métamorphose, un principe récurrent chez Moebius. Physique ou mentale, humaine, animale, végétale ou minérale, elle est au centre de ses univers et de ses personnages. Gracieuse ou obscène, tentaculaire, brutale, onirique, elle permet de briser les normes et de défier les lois, de partir en quête de spiritualité et des réponses à nos questions existentielles.
La première partie de l’exposition est une présentation de Jean Giraud à travers ses autoportraits et ses personnages. C’est donc l’occasion de découvrir ou redécouvrir Blueberry et Arzach, le Major Grubert et John Difool, Stel et Atan… Les extraits, planches originales, croquis, carnets et autres revues se succèdent alors que des haut-parleurs diffusent des commentaires de Moebius sur chaque univers, chaque personnage.
Mais c’est la deuxième partie de l’exposition qui s’avère la plus intéressante, car mêlant art et métaphysique. Outre de nouveaux croquis, carnets et dessins, on y trouve des reproductions géantes et le fruit de sa collaboration en matière de cinéma. Ici, tout est affaire de « formes métamorphiques », de « métaprocessus » et de métamorphoses.
Les « formes métamorphiques » sont autant de réalisations abstraites. A partir de plantes et de fleurs grossies au microscope, Moebius dessine des organes en mutation, des cellules qui s’entremêlent, fusionnent et se divisent. Les « métaprocessus » sont ce qui permet de se transformer. Ils sont la méditation, le rêve, les cristaux ou les champignons hallucinogènes. Le lieu par excellence de la métamorphose est pour Moebius le désert. Inspiré par ses voyages au Mexique et aux Etats-Unis, l’artiste conçoit le désert comme un endroit onirique, vivant et fertile, où chaque grain de sable peut exploser en une oasis luxuriante. Enfin, les métamorphoses exposées abordent des thèmes comme la renaissance, l’androgyne ou l’hermaphrodite.