Interview : Leonor Lopes Gil et Quirec de Kersauson, étudiants en Master Affaires européennes

Dans la série interviews d’étudiants en master, voici deux étudiants en Master Affaires européennes, Leonor (qui est en train de créer l’association du master) et Quirec, qui nous parlent de leur formation et qui ont l’air de fortement l’apprécier ! Alors, Europa Europa, qu’en est-il?

  • LaPéniche.net : Bonjour ! Pouvez-vous vous présenter ?

Quirec : Je suis en quatrième année du master AE. Je suis entré en 2A après une année de droit à Nanterre. J’ai fait un stage au Parlement Européen à Bruxelles en 3A, tout en suivant en parallèle des cours à l’Université Libre de Bruxelles- Institut d’Etudes Européennes.

Leonor : Je suis également en 4A. J’ai fait une licence de droit privé à la Sorbonne et je suis entrée directement en master par le biais du concours.

  • LaPéniche.net : D’où viennent les étudiants de ce master ?

Quirec : C’est un Master assez international, il y a la moitié d’étrangers, et pas seulement des européens ; il y a dans notre promotion des Américains, des Turcs, etc. Nous sommes peu du campus de Paris mais beaucoup viennent des campus délocalisés. Nous sommes actuellement 75, mais seize d’entre nous sont en double diplôme avec la LSE ; on vient également de créer un double diplôme avec la Bocconi.

Leonor : Il y a une très bonne ambiance dans ce master, ce qui permet de nombreux débats avec des positions qui ne sont pas seulement franco-françaises grâce aux étudiants étrangers. C’est humainement très riche et nous permet de sortir du moule Sciences Po. On a aussi dans ce master plus de liberté dans notre façon de fonctionner, notamment grâce aux nombreux débats en cours.

  • LaPéniche.net : Comment se déroule la scolarité du master ?

Quirec : Le premier semestre consiste en des enseignements généraux par rapport à l’Europe ; c’est un semestre de débats, de rappel des spécificités communautaires de l’Europe vu que pas mal d’étudiants n’ont que peu étudié l’Europe auparavant. Le deuxième semestre permet un approfondissement où l’on aborde des matières très importantes comme le lobbying (cours pour démystifier le lobbying), le droit matériel, la gestion des politiques publiques… ; le troisième semestre du master consiste en un stage que l’on peut aussi bien faire dans le public que dans le privé : à la Commission, au Parlement, au MAE, etc. ou dans des lobbies, des cabinets d’avocats, des boîtes de communication ou des conseils d’audit. Le dernier semestre est plus axé sur les politiques économiques, le droit de la concurrence…Des matières plus techniques qu’on aura sans doute pratiquées en stage et qui nous font finir en beauté notre cursus.

Leonor : Nous avons de très bonnes relations avec l’administration, notamment avec Mirelle Freiche, la secrétaire du Master. Nous avons aussi de très bonnes relations avec les professeurs, dont beaucoup travaillent à Bruxelles et sont de différentes nationalités; c’est très intéressant car ce sont des praticiens de l’Europe mais du coup les horaires sont parfois un peu bizarres. Nous avons avec eux des liens très forts et ces contacts sont faits pour durer.

  • LaPéniche.net : Quelles sont les particularités du master ?

Quirec : Si le Master a des similitudes avec le master Affaires Publiques en ce qui concerne l’approche généraliste et les passerelles public-privé qu’il favorise et encourage, il suppose évidemment des convictions européennes et les débouchés sont différents. Je dirais que le principal atout est son approche complète et passionnante des problématiques européennes (droit, finances publiques, économie, système politique…) et la composition internationale des corps professoraux et étudiants. Pour les convictions politiques, il n’y a pas de pensée unique. Au contraire, les débats s’en trouvent enrichis.

Leonor : Ce Master souffre sans doute un peu de l’image sombre de la bureaucratie européenne et du lobbying. C’est faux, les débouchés de ce master sont nombreux, aussi bien dans le public que dans le privé. Et puis l’Europe ce n’est pas que « Bruxelles ». C’est Londres, Paris, Berlin, Athènes,…autant de zones d’emploi. Pour la fonction publique communautaire, c’est bien entendu un Master de référence pour la préparation aux concours. La préparation est jugée comparable à celle du Collège de Bruges.

  • LaPéniche.net : Parlons des projets co…Sont-ils importants au sein du master ? Sont-ils professionnels ou théoriques ?

Leonor : Les projets collectifs peuvent être professionnalisant ou théoriques, nous avons le choix. Ils peuvent même être ludiques et très variés. Par exemple, il y a plusieurs projets visant à présenter l’Europe à travers des jeux de simulations dans les lycées d’Ile de France, l’organisation de voyage à Bruxelles, des concours de lobbying…Un peu de tout donc. De toute façon, on ne peut échapper aux débats théoriques sur l’Europe. Un des projets co est la création de l’Association du Master dont le site internet sera en ligne jeudi. Nous vous invitons donc tous à venir sur le site dont l’adresse vous sera communiquée très vite.

Quirec : Ils ont une importance égale dans tous les Masters, mais on a très peu de temps pour les faire et il faut prendre sur notre temps libre pour les préparer.

  • LaPéniche.net : Quels sont les cours principaux ? Sont-ils de qualité selon vous ?

Quirec : Au premier semestre, nous avons des cours aussi divers qu’un atelier « Métiers de l’Europe » qui permet de voir la barrière poreuse entre privé et public mais aussi de découvrir les futurs métiers qu’on pourra exercer, et « système politique et juridique de l’UE » qui est une présentation générale de l’UE et de ses règles de droit. Ce sont deux séminaires qui ne disposent que d’une seule conférence. Les professeurs y sont très bons. Nous avons également un cours intitulé « Finances publiques communautaires » qui consiste en une simulation du budget européen ; il est très intéressant et ludique et le professeur, un anglais de la Commission européenne, est excellent. Les cours de droit sont ardus pour ceux qui n’en ont jamais fait mais rien d’insurmontable.

Leonor : Nous avons aussi des électifs qui permettent de piocher où l’on veut ; on peut prendre des cours de lobbying avec des praticiens, mais aussi des cours complétant le cours de système juridique de l’UE, de finances européennes, de sécurité européenne, de culture européenne…

Quirec : Le tronc commun consiste en une dizaine de cours qui marchent par bloc (enjeux politiques, enjeux sociaux, sciences sociales, etc.).

(Ici, la maquette pédagogique du master!)

  • LaPéniche.net : Quels sont les débouchés du master ? Trouve-t-on des stages facilement ?

Quirec : On peut travailler dans le public (concours de la Commission et du Parlement; fonction publique française…) mais ça ne concerne qu’une minorité d’entre nous. Dans le privé, on peut travailler dans le lobbying, le conseil, les cabinets juridiques, les entreprises…En bref, pour tous ceux qui recherchent des gens qui connaissent l’Europe, son fonctionnement, ses règles de droit, ses spécificités… Nous sommes des généralistes de l’Europe et de ses problématiques particulières.

Leonor : Aujourd’hui 70% des réglementations françaises sont votées à Bruxelles donc si l’on veut agir, il faut forcément passer par l’Europe. L’Europe est devenue indispensable et nécessite donc des spécialistes de ce monde un peu particulier. C’est le seul moyen de faire avancer les choses et il intéressant même pour ceux qui envisagent des carrières nationales car il faut de plus en plus être ouvert sur l’Europe et sortir de son carcan franco-français (notamment dans l’administration).

Quirec : Les stages sont relativement faciles à trouver ; Sciences Po reçoit deux ou trois offres par semaine. Cependant, il faut noter que décrocher un stage à la Commission est quelque peu plus compliqué. L’administration française (SGAE, Ministère des Affaires étrangères…) propose aussi des stages intéressants.

  • LaPéniche.net : Avez-vous une idée des salaires qu’on peut espérer après le master ?

Quirec : Dans la fonction publique, les salaires sont bons et surtout on a un statut fiscal particulier très intéressant. Pour les assistants parlementaires, le salaire varie énormément selon le député puisqu’il fixe le salaire librement (entre 1500 et 4000 euros par mois ; mais généralement on ne reste que rarement assistant, on le fait quelques années pour se créer un réseau.). Les salaires proposés à la Commission européenne sont très concurrentiels avec ceux du privé.

Leonor : Dans le privé, c’est beaucoup plus fluctuant. On trouve toute l’échelle des rémunérations. Dans les entreprises ou cabinets tout dépend du poste, de la taille de la structure, des dossiers traités… C’est très varié, et après avoir discuté avec beaucoup d' »eurocrates », de juristes ou de lobbyistes, nous pouvons vous dire que le Master Affaires européennes est très apprécié et que les rémunérations sont conséquentes.

  • LaPéniche.net : Merci beaucoup !

Retrouvez les interviews de Pierre Charpentier, président de l’association du Master Affaires Publiques, d’E. Baldini & de L. Robert pour le Master Finance & Stratégie, de Laurent Bigorgne à propos du réaménagement des Masters à Sciences Po , de Cécile Leclair et d’une étudiante pour le Master Stratégies Territoriales et Urbaines, d’Edith Chabre, responsable du master Droit Economique et enfin le Compte Rendu de la réunion sur le Double Diplôme HEC-Sciences Po.

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