Hausse des frais de scolarité à Sciences Po : entre arbitrages budgétaires et contestation
Le Conseil de l’Institut, principal organe exécutif de Sciences Po, a décidé une augmentation de 5% des frais de scolarité, qui fait suite à une hausse de 7 % l’an passé. Cette annonce a entraîné une forte contestation des syndicats étudiants. Depuis mi-novembre, plusieurs syndicats ont organisé des actions militantes notamment une manifestation devant le 27 rue Saint Guillaume Le syndicat Union étudiante a lancé une pétition en ligne qui a atteint 2000 signatures, des affiches ont également été collées.
En 2021 – 2022 le montant moyen des frais de scolarité s’élevait à 5200 euros pour le Bachelor et 6330 euros pour le Master. Pour l’année 2023 – 2024 les montants maximums du barème s’élevaient à 14 210 euros pour le Bachelor et à 19 670 euros pour le Master. Un tiers des étudiants sont exonérés des frais selon le site web de Sciences Po, qui a annoncé en décembre 2022 augmenter de 15,6% son budget consacré à l’aide sociale. L’aide fournie par Sciences Po se fonde sur des exonérations, la hausse générale des bourses du CROUS, et la bourse Boutmy destinée aux étudiants extra-européens sur la base de critères d’excellence.
L’administration soutient quant à elle que les hausses annoncées permettent un ajustement sur l’inflation qui touche les comptes de Sciences Po. Romain, membre de l’Union étudiante, réfute cet argument : « Sciences Po est excédentaire de 2 millions d’euros (…) On considère que l’on n’a pas à être la variable d’ajustement de ce budget, Vicherat avait promis de trouver d’autres ressources. C’est une spirale infernale si on continue à seulement compter sur les frais : tant que l’inflation augmente, ça pèsera de plus en plus sur les étudiants. De plus, les syndicats pointent le coût que représentent les frais pour les étudiants internationaux qui disposent souvent de moindres ressources financières comme l’indique le membre de l’Union étudiante « Les étudiants extra-communautaires paient le maximum des frais automatiquement ».
Devant cette situation, les syndicats Nova, UNEF, Union étudiante, Solidaires Etudiant.e.s, AER, réclament dans un communiqué commun « le gel immédiat des frais de scolarité » ainsi que l’éligibilité des étudiants extra-européens aux bourses octroyées par Sciences Po. Le syndicat étudiant UNI a également demandé la fin des hausses et le « calcul des frais de scolarité sur la base des ressources après abattement de l’administration fiscale et des parts fiscales du foyer ».
Le vendredi 26 novembre, l’administration a finalement annoncé que la hausse sera limitée à 3,5% à la rentrée 2024. Les syndicats continuent d’appeler au gel des frais de scolarité, et des manifestations continuent d’être régulièrement organisées rue Saint-Guillaume. Nous avons contacté l’administration et n’avons pas reçu de réponse. On ignore si le dicton « jamais deux sans trois » s’appliquera pour cette question.
Crédits photos : Instagram UNEF