FIAC 2008 ou la Fnac pour les riches.
Samedi 25 octobre, déjà deux jours que cette Foire Internationale de l’Art Contemporain a débuté…
Samedi 25 octobre, déjà deux jours que cette Foire Internationale de l’Art Contemporain a débuté, et je suis résolu à découvrir un peu cet univers. Quelques remarques en guise de préambule s’imposent. Le prix du billet avait déjà de quoi rebuter plus d’un visiteur, notamment les étudiants. Un mois auparavant, je pensais avoir découvert la folie des prix avec la Biennale des Antiquaires (20 euros pour une entrée), et voilà que la FIAC propose des billets à 25 euros. Heureux que j’étais, je venais de recevoir le matin même ma carte Louvre Jeune et pouvais ainsi profiter du tarif réduit (12,50 euros quand même). Pourtant le monde était au rendez-vous. Second constat, en pleine crise financière, les organisateurs offraient quelques revues dont notamment le rapport annuel Artprice, le marché de l’art contemporain 2007/2008. Les galeries sont supplantées par les salles des ventes, l’art effacé au second rang devant les performances commerciales et économiques d’un Jeff Koons, d’un Damien Hisrt ou d’un Takashi Murakami. Mais j’en oublie l’essentiel, le FIAC qu’est-ce que c’est ?
La FIAC constitue l’un des grands événements au plan de l’art contemporain en réunissant durant plusieurs jours des galeries et des artistes du monde entier, proposant des œuvres des plus contemporaines et d’autres connues de tous. 35ème édition cette année, la FIAC d’une certaine manière témoigne de la bonne vitalité de l’art, dont le seul danger en vue reste cette commercialisation croissante. Environ 200 galeries, dont une grande part venant de France, participent à cette foire pour exposer leurs plus belles œuvres, qu’il s’agisse d’artistes jeunes, nouveaux, ou bien d’œuvres de maîtres en la matière (on trouve par exemple quelques dessins de Picasso voire d’artistes antérieurs). La FIAC réunit toutes les familles de l’art contemporain : peinture, sculpture, photographie, vidéo, installation, art conceptuel,… Durant ces quelques jours, tout le cœur de Paris est investi par l’art contemporain, mais les deux lieux les plus importants demeurent le Carré du Louvre et le Grand Palais avec une différence entre les deux.
Le Grand Palais présente certes des artistes récents, mais rassemble aussi les grands noms de l’art pour attirer un public le plus large possible (et aussi vendre). Le Carré du Louvre s’efforce avant tout de réunir les nouveaux artistes, ceux qui feront potentiellement parler d’eux dans le futur. D’ailleurs, le Prix Marcel Duchamp (décerné à un artiste actuel) se déroulait au Carré du Louvre. Quatre artistes étaient sélectionnés : Michel Blazy (artiste français qui proposait une installation dans les tons de verts témoignage de son travail sur la décomposition), Stéphane Calais (Français portant une réflexion sur l’écriture et le monde), Laurent Grasso (artiste oeuvrant sur le métissage des genres en employant vidéo, son, et installation) et Didier Marcel (qui proposait une installation aux échos de développement durable dans des tons de jaunes et bleus). Et c’est finalement à Laurent Grasso que le prix a été remis Samedi 25 octobre.
« Renouant avec un imaginaire scientifique, Laurent Grasso aime à laisser flotter une ambiguïté entre le visuel et le réel, en mettant les technologies au service de sa démarche. Tout en faisant volontiers référence au cinéma, à l’architecture et à la littérature », a indiqué l’Adiaf dans un communiqué.
Vous n’avez pas pu être de la partie, vous n’y connaissez rien en art contemporain, alors voici un bref petit tour de quelques artistes qu’il était possible de voir lors de cette FIAC 2008 ainsi que quelques coups de coeur.
La photographie se déclinait sous bien des formes. Erwin Wurm (artiste photographe autrichien) était présent avec un de ces plus célèbres clichés, Leopoldstadt 2004. On pourrait aussi citer Su Mei Tse, Dmitry Gutov ou Alexandre Brodsky. Une photographe qui retenait l’attention au Grand Palais était certainement Marina Abramovic (photographe Serbe) avec ses clichés comme The Family III qui réunissait le thème de la famille et des armes à feux pour montrer la violence de certaines situations. Un autre très grand photographe était exposé plusieurs fois, il s’agit de Robin Rhode (artiste Sud Africain) qui travaille sur des séries de photos, mettant ainsi en scène l’homme en mouvement. Ses photos en noir et blanc sont toujours fascinantes à suivre.
Pour finir sur les photographes du Grand Palais, encore une fois il ne s’agit que d’un petit échantillon, j’ai envie de citer Marta Roster qui œuvre sur la photomontage en plaçant par exemple sur un cliché de guerre, la silhouette d’une star Hollywoodienne afin de constater le décalage qui existe dans notre monde.
Plus classiques, certaines galeries misaient sur des peintres réputés. On pouvait ainsi trouver une belle exposition de toiles de Maria Helena Vieira Da Silva pour le centenaire de sa naissance (peintre français d’origine portugaise), de Rodney Graham (peintre Canadien qui travaille sur les couleurs et les formes en ajoutant des traits noirs forts pour dessiner les silhouettes) ou encore une belle collection de la dation Atlan (artiste auquel le Centre Pompidou consacre une salle en ce moment). Et puis, il était toujours agréable de retrouver des artistes comme Lucio Fontana (italien), Wayne Gonzales ou Soulages.
Côté Carré du Louvre, il y en avait aussi pour tous les goûts. Diana Al-Hadid était exposée avec des œuvres abordables, peintures, sculptures, qui travaille sur les traits avec des lignes fortes. Mounir Fatmi crée des installations et des tableaux en utilisant notamment les objets de tous les jours, son œuvre connectant une centaine de livres, avant tout des livres religieux, pouvait se lire comme un cri d’espoir de voir toutes les civilisations reliées entre elles.
Parmi les autres pièces, The Royal Art Lodge de Michael Dumontier, Marcel Dzana et Neil Farber, suite de mini tableaux alignés, accrochait facilement le regard. Deux curiosités qui attiraient l’attention, Sans Titre (Le Terril) de Stéphane Thidet était une installation composé de deux tonnes de confettis noir et Les renseignements généraux, œuvre de Mark Geffriaud qui était constituée de sept photos de livres.
Comme je pourrais continuer durant encore longtemps, je finis par deux véritables chocs. Le premier est une œuvre de Tania Mouraud (artiste française qui s’intéresse à la photographie et la vidéo) intitulée La Fabrique (installation vidéo, 2006). Dans une salle noire, le visiteur était confronté à une dizaine d’écrans vidéo où des ouvriers d’une fabrique de tissus (en Inde supposément) oeuvraient tout en regardant le visiteur. On se sent transporté ailleurs, on se sent aussi observé, oppressé et on découvre la condition de travail de ces ouvriers. Une vraie merveille cumulant la force esthétique et l’engagement artistique. Enfin, je voulais parler de Anne Sofie Bird Moller, peintre danoise résidant en Allemagne, qui présentait une série de peintures contemporaines et sublimes pour la galerie Sassa Trülzsch. Un petit plaisir esthétique, tout simplement.
Vous en voulez encore ? Il suffit de vous rendre au centre Pompidou ou au fonds municipal d’art contemporain de Paris. Une Fnac pour les riches, les ultra riches pourrait-on dire, capables de débourser immédiatement des sommes folles (une petite sculpture de Miro pour 400000 euros), un événement formidable qui hélas, bien que le public était au rendez-vous, ne fait pas grand chose pour permettre aux jeunes générations de découvrir les artistes d’aujourd’hui et de demain.