Vos pires histoires de 3A : le top 10

Ce top 10 est pour toi, cher 2A qui rêve déjà de Sydney ou de Beyrouth. Ils avaient perdu tout espoir de revoir un jour leur pays, et ils ont finalement réussi à nous retrouver. Ils te racontent. Alors, l’exotisme, jusqu’où ?

© Un dessin de Gabrielle Radet

10) Le scooter asiatique. Véhicule favori de tout habitant d’Asie du Sud-Est, le deux-roues a de sérieuses conséquences médicales pour les non-initiés. Résultat du premier week-end en Malaisie : 4 exchanges blessés, dont une fracture à la cheville et toute la partie gauche du corps brulée à vif. Pour ma part, le premier accident a lieu sur l’île indonésienne de Lombok. La planche de surf accrochée au scooter, l’ensemble dévale trente mètres en descente. Bilan : un retro cassé et quelques rayures. Ayant sauté du scooter et couru dans le sens de la pente, je suis intact. Après six mois de route dans les pattes, la confiance est à son maximum : Nord du Vietnam, en face de la baie d’Halong, même scénario, second scooter en miettes.

9) Rapatriement sans rattrapage. Je suis interdit de territoire…parce que j’ai eu des notes trop faibles à l’université. Aux Etats-Unis, le système est différent, les moyennes sont sur 4,5. Et j’ai eu 1,1 ce qui est rarissime, normalement il ne faut vraiment rien faire pour avoir si peu. Donc je n’ai plus le droit de revenir aux Etats-Unis en tant qu’étudiant dans une université, jusqu’en 2018.

8) Un transsexuel menaçant. Je me suis fait maudire par un transsexuel dans un train en Inde. Dans ce pays, les transsexuels sont maudits, ils menacent les Indiens de leur jeter des malédictions si ceux-ci refusent de leur donner de l’argent. Je venais déjà de donner à un autre Indien et le transsexuel m’accoste, « De l’argent ». Je ne lui en donne pas, et elle commence à me toucher l’entre-jambe, en me maudissant en Hindi. Les gens me regardent très anxieux, persuadés que je suis maudit.

7) Le charme du strip-tease. Deux de mes amis voulaient absolument aller dans un strip-club à la Nouvelle Orléans, connue comme la ville des Etats-Unis qui en regroupe le plus. En arrivant dans l’un d’eux, on se fait draguer par des strip-teaseuses qui nous disent « on finit le taf à deux heures, et après on passe la soirée avec vous. » On attend donc plusieurs heures la fin du show, et deux d’entre elles nous emmènent dans le bar le plus glauque de la Nouvelle-Orléans. Il n’y a que des macs et des gens bizarres, on décide de s’en aller. L’un de mes amis et moi rentrons chez nous, et le troisième part avec une strip-teaseuse…C’était un vendredi soir et on ne l’a pas revu du week-end. On l’a retrouvé le dimanche au milieu d’une rue. Il se souvenait qu’elle l’avait emmené à 60 km de la ville, qu’il avait dû dormir dans une auberge et rentrer par plusieurs bus…Il était perdu, au bord du gouffre.

6) Propriétaire indisposé. Lancement des hostilités en Turquie. Il est 23h30, nous sommes deux filles barricadées dans notre appartement. L’ancien propriétaire menace de tuer tout le monde, la police turque tarde à arriver, il pleut et il y a du tonnerre. Chaque bruit nous fait psychoter. Heureusement, nous sommes armées d’un aérosol et d’un briquet, prêtes à faire un lance flamme en cas d’intrusion dans l’appartement…

5) Clandestine au Pérou. Dans un taxi péruvien, je pose mon sac à dos (que j’ai choisi jaune fluo pour ne jamais l’oublier) à mes pieds. Après une petite cigarette, je me rends compte qu’il est resté dans le taxi, avec trois passeports, trois cartes de crédit, un portable, une GoPro, une Ventoline et un bob Ricard : toute notre vie. On passe la nuit à faire l’inspecteur Derrick auprès des compagnies de taxi, en vain. Partie le lendemain pour Cuzco pour récupérer un nouveau passeport au Consulat, je quitte l’hôtel en clandestine, je n’ai plus assez de billets pour payer la nuitée. Dans la course avec le gérant, je perds un autre sac. A Cuzco, je passe faire une déclaration de vol à la police, en espérant faire jouer l’assurance. La policière, mentaliste, découvre le mensonge en trente secondes. Un procès et 10 ans de prison péruvienne me frôlent le dos. Finalement, le Consulat n’est pas un Consulat, direction Lima pour refaire un passeport. 22h de bus et un autre vol de portable plus tard, j’attends à l’Ambassade ma demande de passeport d’urgence qui a une chance sur deux de se transformer en rapatriement en France. Elle est finalement acceptée, mais le système informatique de l’ambassade plante : « Revenez demain ».

4) Virus méridional. Un matin près d’Onslow (Western Australia), je ne peux presque pas marcher pour sortir de la tente. J’ai les pieds, les chevilles, les genoux et les doigts gonflés. En me voyant, le pharmacien panique et m’envoie de suite à l’hôpital pour faire des examens. L’hôpital local n’est en fait qu’un centre de soins tenu par des infirmières, qui me mettent en contact avec un docteur de l’hôpital de Karratha (à 300 km) via téléconférence. Il m’examine à distance…je dois le rejoindre au plus vite pour des examens supplémentaires. On conduit sous une pluie battante (en fait un ouragan), on ne voit rien, la voiture tangue… On finit par arriver à la tombée de la nuit. Ils concluent qu’on a attrapé le Ross River Virus qui ne se soigne pas et persiste un an… Bloquées quelques jours dans Karratha à cause du cyclone, on reprend enfin la route. Le médecin s’est trompé, il a prescrit des antidouleurs codéinés et des stéroïdes contre les rhumatismes, extrêmement puissants. Une de mes amies fait une réaction, elle a des maux de ventre atroces. J’appelle les secours, dont l’hélicoptère ne peut se poser à cause du cyclone. On roule autant qu’on peut, mais à cours d’essence, on doit passer la nuit devant une station-service…elles ferment toutes à 19 heures dans la région.

3) Authentique hôte. En vadrouille en Colombie, nous décidons d’aller dans un sublime désert à la frontière vénézuélienne. Sans réserver d’hôtel, nous rencontrons une femme dans une Jeep sur le chemin, qui nous propose de nous loger pendant notre séjour. Au bout de quelques jours, je lui fais remarquer que son mari parle très bien l’anglais. Elle m’explique qu’il a vécu pendant 10 ans aux États Unis. Niaisement, je demande ce qu’il y faisait et elle me répond qu’il était incarcéré, sans préciser les faits. Au moment de partir, la famille nous demande une somme d’argent considérable, que nous refusons de payer. Commence alors une discussion un peu chaude avec le mari, avec qui j’arrive à convenir d’un prix. Sans aucun accès à Internet, nous découvrons quelques jours plus tard qu’il était à la tête d’un cartel. Extradé aux Etats-Unis, il a été inculpé d’une dizaine de meurtres.

2) Jugement Majijuanesque. En Asie, j’ai fait une expédition avec des amis dans un lieu abandonné, où les gens se réunissent pour jouer de la guitare, fumer et jouer aux cartes ; on avait pris cinq grammes de cannabis pour l’après-midi. Arrivés sur place, je fais la courte échelle à mes amis, je me retourne et je vois une quinzaine de policiers à 30 mètres, l’un d’entre eux me met en joue. Je lève les mains et ils commencent à me fouiller assez sévèrement, donc je sors la drogue. Menottes, commissariat, deuxième fouille. Je reste 12h au poste : 6h en cellule, le temps qu’il leur faut pour trouver une traductrice, puis 6h d’interview, d’une lenteur insupportable ! A 3h du matin, ils arrivent à la fac pour faire une perquisition dans ma chambre : les gardiens ne comprennent pas ce qui se passe, mais ils se rendent vite compte que je ne suis pas dangereux. Pendant les deux mois de l’enquête qui ont suivi, j’étais en liberté sous caution. Finalement, j’ai été jugé deux semaines avant de rentrer en France…et j’ai eu de la chance, seulement cent euros d’amende.

1) A coups de machette. 8 mars 2015. Kuala Lumpur. On sort dans un de nos lieux habituels à Chinatown, au ReggaeBar. Avec une dizaine d’australien(e)s, sud-africain(e)s, français(e)s, la soirée est déjantée (l’éthanol étant l’alcool le plus répandu en Malaisie, car le moins cher du marché). A 2h du matin, le bar ferme. A sa sortie, une quinzaine de locaux malais et indiens nous attendent en ligne, comme des militaires. Tout va très vite : Tom et Renato, français et sud-africain, se retrouvent à terre assaillis par plusieurs hommes. Je me prends une balayette par derrière, et allongé par terre, quatre hommes me ruent de coups de pieds. Relevés, on réalise que les deux hommes aux extrémités tiennent des machettes. L’un deux décide de me poursuivre dans la fuite, je me mets à courir comme Usain Bolt à Pékin, sans ralentir sur le finish. La police arrive. Enfin. Elle arrête deux de nos étudiants en sang, et deux assaillants. Nous décidons de les accompagner au commissariat. Dans la voiture de police, on passe devant un homme à la machette en pressant le policier de l’arrêter ; il fait semblant de pas comprendre et détourne le regard…Nous sommes menottés en arrivant au poste et l’un des policiers rit en malais avec les assaillants, sans que nous ne puissions comprendre. Jayden, un australien, vomit dans la nuit au milieu du commissariat. Inconscient et pouvant à peine prononcer son prénom, il est désigné comme initiateur de l’incident par l’officier, pour avoir jeté une lampe. A huit heures du matin, la police nous libère grâce au numéro d’urgence de l’université. Tous sauf Jayden, qui enfile une tenue orange pour un petit tour en prison avec un dealer. Il est finalement ramené dix heures plus tard grâce à l’influent chef de la sécurité de l’université.

Merci à ces aventuriers étudiants d’avoir partagé leurs expériences !