2017 à Sciences Po : un an pour convaincre (1/2)
2017 à Sciences Po, tu y es. Que tu sois fervent sceptique ou partisan-militant-distributeur de tracts en Péniche, tu n’en sortiras pas indemne. Tu ne pourras échapper ni aux mini-débats aléatoirement lancés dans le petit Hall, ni aux anecdotes mi-enjouées mi-fatalistes de tes professeurs de droit. Mais surtout, tu auras du mal à leur échapper à eux, les partis et mouvements politiques de Sciences Po. Cette année tout particulièrement, ils comptent bien affirmer leur présence et faire vivre le débat d’idées en vue des présidentielles de 2017. Décryptage en deux épisodes des sept candidats sur la ligne de départ.
Quels sont les partis et mouvements politiques à Sciences Po ?
Les Républicains Sciences Po, le PS Section Jean Zay, l’UDI Sciences Po, le FN Section Jean Moulin, et les Ecolos Sciences Po…ils étaient déjà là l’an dernier, ils reviennent cette année. Ce ne sera pas le cas du Front de Gauche ni de Nouvelle Donne qui se sont récemment dissous. Dans le même temps, deux nouveaux mouvements politiques font leur entrée à Sciences Po en tant qu’« initiative étudiante » (http://lapeniche.net/reforme_reconnaissance_associations/) Il s’agit de Sciences Po En Marche, lancé à la fin de l’été, et de La France Insoumise, groupe d’appui à la candidature de Jean-Luc Mélenchon.
Quels grands objectifs poursuivent-ils cette année ?
Du côté des Républicains Sciences Po et du PS Section Jean Zay, leur calendrier politique est déjà rythmé par les primaires, la présidentielle puis les législatives. Une véritable année de campagne donc, qui à Sciences Po, sera divisée en deux temps majeurs : jusqu’à fin décembre, les deux partis devront respecter « l’obligation de neutralité » vis-à-vis des candidats à leur primaire, et c’est ensuite « en bloc » qu’ils soutiendront la candidature du candidat désigné.
Au FN Section Jean Moulin, une militante déclare que le parti sera « à 100% derrière Marine ». Il s’attachera également à « déconstruire les clichés sur les militants du Front National”, et à cultiver un « impact national » en se déplaçant à travers la France et en encourageant la création d’antenne FN dans les autres écoles, ce qui n’est pas forcément aisé « lorsqu’on est parfois seuls contre tous », souligne une militante.
A l’UDI Sciences Po, l’objectif sera naturellement de diffuser les idées du parti national, mais aussi, avance son président Benjamin Gilet, d’être un véritable « émulateur d’idées, une force de proposition et un acteur de débat » au sein de l’école. Quant à Sciences Po En Marche, le président Paul Fleurance souhaiterait que le mouvement de Macron à Sciences Po amène avant tout «de nouvelles manières de débattre de la politique ».
L’UDI Sciences Po veut être « un émulateur d’idées, une force de proposition et un acteur de débat. »
A La France Insoumise Sciences Po, les quatre membres du bureau, J., Clément, Victor et Cassandre, voudraient plutôt défendre un projet de société plus large, hors parti et au-delà des programmes, c’est à dire également « ré-humaniser la politique » dans une école où « elle reste quand même assez froide ».
« ré-humaniser la politique », l’objectif de la France insoumise.
Quant aux Écolos Sciences Po, association qui attire principalement des sympathisants des Jeunes Ecologistes et d’EELV, ils poursuivront leur travail de sensibilisation et de formation aux questions de justice sociale et climatique : « Notre génération est à la fois celle qui va vivre le réchauffement climatique, et la dernière à pouvoir l’empêcher » rappelle Lucas Rochette-Berlon, co-président des Écolos l’an dernier.
Quels sont leurs liens avec les partis nationaux et les candidats à la présidentielle ?
Si certains déclarent leur indépendance vis-à-vis du parti national, le PS Section Jean Zay, lui, entretient des liens directs avec le PS national et doit respecter ses règles de militantisme. « La section du PS Sciences Po a les mêmes pouvoirs et le même fonctionnement qu’une section territoriale du PS», note le secrétaire adjoint du PS Sciences Po. Également affiliée à la Fédération de Paris du Parti Socialiste, la section de Sciences Po dispose de trois groupes de travail organisés autour des priorités de la Fédération (éducation et enseignement supérieure, questions de société, écologie), et peut de ce fait contribuer à leur développement : « Certaines de nos propositions pourront peut-être remonter au niveau national et devenir des thèmes de campagne pour la présidentielle. »
« La section du PS Sciences Po a les mêmes pouvoirs et le même fonctionnement qu’une section territoriale du PS.»
Du côté de l’UDI et des Républicains Sciences Po, les associations politiques en elles-mêmes ne reçoivent cette année « ni financement, ni pilotage, ni instruction » de la part du siège. Cependant, cela n’exclut pas des liens forts entre leurs membres et les partis nationaux. En effet, nombre des membres de l’UDI Sciences Po, ont « leur carte à l’UDI, au Bureau Jeunes, des rôles de campagne, ou auprès d’élus », nous dit Benjamin Gilet. Chez les Républicains, répartis au sein de groupes de travail en fonction de leurs affinités personnelles, « des étudiants travaillent directement avec des élus, des anciens ministres, des députés, des sénateurs ou avec même avec des candidats à la Primaire pour les aider à monter leur programme », explique le secrétaire général, Alexandre Hennion. Des liens personnels également présents chez le FN Section Jean Moulin dans lequel « la plupart des élèves de l’association ont déjà des postes au sein du parti, notamment des élèves en master de Politiques Publiques », rapporte une militante de la section.
A Écolos Sciences Po, le rapport au parti et surtout à la présidentielle est moins évident. Il est encore question de savoir s’ils participeront ou non à la campagne des élections présidentielles, dans la mesure où les Écolos Sciences Po tiennent à ne pas être confondus avec une antenne politique d’EELV ou des Jeunes Écologistes. «Même si depuis plusieurs années les jeunes écologistes sont enfin acceptés parmi les mouvements associatifs, l’écologie politique repousse un peu », confie Lucas Rochette-Berlon.
Quant à Sciences Po En Marche et La France Insoumise – Sciences Po, ils sont avant tout en des émanations de leur mouvement national. La France Insoumise Sciences Po s’est créée suite à la proposition de candidature de Jean-Luc Mélenchon en février 2016, et s’est structurée en juin dernier à partir de l’élection d’un bureau de quatre étudiants de Master et du Collège Universitaire, dont ils soulignent le caractère paritaire : « Pour être reconnu par l’administration de Sciences Po, on a décidé d’élire un bureau, même si au niveau national il n’y a pas cela », reconnaissent-ils. Ce mouvement consiste surtout en un groupe d’appui à la candidature hors parti de Jean Luc Mélenchon qui n’adhère pas à la structure hiérarchique des partis politiques. De plus, s’il reste dépendant sur le plan matériel du mouvement national, ce groupe d’appui sciencespiste se déclare « complètement libre de ses actions, du moment qu’il respecte la Charte des groupes d’appui ».
Vous l’avez compris, ils sont déjà installés, et fougueusement prêts à agir. Comment vont-ils vous convaincre ? Ils vous le confient dans notre second volet du décryptage, à paraître dans quelques jours !
Tu peux également suivre les associations politiques de Sciences Po sur leur compte Facebook et Twitter: @UDIscpo / @PSSciencesPo / @FNSciencesPo / @EcolosSciencesP / @Fr_In_ScPoParis /@scpoenmarche /@LesRep_ScPo