Mais qui sont les leaders syndicaux ?

Léo Castellote, étudiant en 2A et tête de liste UNI-MET pour le conseil de direction.

LéoCastelloteCombien de temps entre le moment où tu as appris à marcher et celui où tu t’es syndiqué(e) ?(Rires) Je sais pas à quel âge j’ai appris à marcher ! Je suis rentré à l’UNI à 18 ans.

Un engagement politique en parallèle ? Oui, je suis enagagé à l’UMP SciencesPo dont je suis un des vice-présidents. Je tiens quand même à préciser que l’UNI n’est pas que l’UMP, mais toutes les composantes de la droite et du centre.

Le meilleur souvenir C’est la campagne du CROUS. L’UNI c’est une vraie famille, et ce n’est pas un terme galvaudé. Je suis responsable, mais ça ne veut pas dire grand chose. Je suis juste “l’envoyé” du bureau national. On est tous amis, et tendus en campagne, on attend les résultats, on va boire un coup, se marrer !

Un regret Ne pas avoir encore réussi à montrer que l’UNI n’est pas l’extrême droite, mais la droite et le centre. C’est dommage que certains aient cette image là. C’était à la base un mouvement gauliste.

Pourquoi l’UNI en particulier ? Parce que ça correspond à mes valeurs. Même si on a un programme qui n’est pas spécifiquement fait pour des gens de droite, c’est à partir d’un triptyque : excellence, responsabilité, mérite, que l’on élabore notre programme. Or, ce triptyque est plutôt à droite.

Le sujet que te tient le plus à coeur ? Les bourses au mérite. Je considère vraiment qu’étudant issu d’un milieu social difficile et qui travaille pour s’en sortir est méritant. C’est juste normal de lui donner un peu plus. C’est scandaleux d’avoir supprimé ça ! Surtout pour augmenter les autres bourses de 7 centimes. Nous sommes satisfaits d’avoir obtenu leur retour.

Le temps maximal passé en Péniche à tracter ? Dans une journée ? 8:00-21:15, pendant toute la semaine de pré-rentrée. J’ai dormi 24h le week-end suivant !

Qu’est-ce que tu aimerais faire comme activité si les syndicats n’existaient pas ? Je suis déjà dans un parti politique, ce qui serait l’essentiel. De nombreuses assos m’intéressent : Sciences Polémiques, la conférence Olivant, ses valeurs républicaines, l’idée de s’éléver grâce au débat, dans une école marquée par la tradition de discussion, d’échanges…

Le régime alimentaire en période de campagne ? Sandwiches de la cafet tous les midis. Je n’ai pas toujours le temps de déjeuner. Je crois que je vais devoir faire un régime !

Camille Chevalier, étudiant en 2A, et tête de liste UNI pour la commission paritaire.

Camille ChevalierCombien de temps entre le moment où tu as appris à marcher et celui où tu t’es syndiqué(e) ?J’ai commencé à m’engager à 16 ans, au CVL de mon lycée. J’ai été élu par la suite. Je représentais mes camarades, lors de conseils de classe, de discipline… Il n’y avait pas de politisation particulière. Je me suis engagé à l’UNI en arrivant à Sciences Po, au début de l’année dernière.

Un engagement politique en parallèle ? Oui, je suis l’un des vice-présidents de la section UMP à Sciences Po. Je me suis engagé dans le parti à 16 ans. Ca m’a demandé pas mal de temps l’année dernière, au moment des élections municipales puis européennes. C’est d’ailleurs mon implication et mon travail qui m’on valu ce poste. J’ai désormais la charge d’organiser les événements de l’UMP Sciences Po.

Le meilleur souvenir Les fins de campagne ! On sent la pression qui monte et à la fin les résultats tombent. Et souvent ils sont positifs. Ca paie !

Un regret Le fait que l’UNI-MET soit perçu comme un mouvement seulement de droite. L’objectif de l’UNI est de représenter le plus d’étudiants. Tous sont concernés, qu’ils soient de droite ou de gauche. Par exemple, l’ouverture prolongée de la bibliothèque et surtout la transformation de notre école en fac n’est pas une question de couleur politique !

Pourquoi l’UNI en particulier ? Parce que c’est le mouvement étudiant le plus important de droite. Et que ses valeurs me sont chères.

Le sujet que te tient le plus à coeur ? La défense du concours d’entrée. L’UNEF voudrait supprimer le concours d’entrée, ou du moins le réformer lourdement. C’est casser une partie de Sciences Po. Tout le monde a eu à se battre, en fonction de ses chances propres. Or, si SP devient une fac, le diplôme se dévalorise, donc tu perds ce pour quoi tu as travaillé. Bref, il ne faut surtout pas transformer Sciences Po en faculté et l’ouvrir à n’importe qui.

Le temps maximal passé en Péniche à tracter ? Pendant la semaine de rentrée, 9 à 10 heures par jour, pour l’UNI ou l’UMP Sciences Po !

Qu’est-ce que tu aimerais faire comme activité si les syndicats n’existaient pas ? M’engager encore davantage à l’UMP SciencesPo !

Le régime alimentaire en période de campagne ? Un bon petit déjeuner, une dose de sommeil, une pincée de motivation et on arrive à tout !

Solène Delusseau-Jelodin, étudiante en 2A et candidate à la vice-présidence étudiante du Conseil de Direction pour l’UNEF.

10961669_598850250259557_180937552_nCombien de temps entre le moment où tu as appris à marcher et celui où tu t’es syndiqué(e) ? Je me suis syndiquée dès que je suis arrivée à Sciences Po. Je ne l’étais pas du tout au lycée. En fait, en arrivant rue Saint Guillaume, j’ai vite remarqué que des choses n’allaient pas, comme les frais d’inscription, les cours de langue… Le meilleur moyen, à mon échelle, c’était alors de me syndiquer. Et mes idées correspondaient à celles de l’UNEF.

Un engagement politique en parallèle ? Non. Je n’ai ma carte nulle part et je pense que chaque militant peut s’engager politiquement selon ses convictions personnelles. Je préfère conserver mon indépendance, ne pas mélanger politique et syndical.

Le meilleur souvenir La mobilisation contre la hausse des frais d’inscription ! C’était un mouv important, inattendu . Ca a été juste un truc enorme, il a fallu faire le tour de tous les TD, une assemblée générale en Boutmy à une semaine de la fin des cours, se mobiliser devant le Conseil d’administration, préparer les arguments à lui opposer…

Un regret Ne pas avoir accepté plus tôt de siéger en Commission de Suivi Social quand on me l’a proposé, pour réaliser l’ampleur des difficultés des étudiants à payer leurs frais d’inscription.

Pourquoi l’UNEF en particulier? Pour plein de choses à la fois, par exemple la défense de la démocratisation. Je pense que chaque étudiant doit avoir les mêmes chances d’accéder et de réussir dans les études supérieures.Ce sont aussi les valeurs progressistes de l’UNEF qui m’attirent : mobilisation pour le Mariage Pour Tous, propositions en matière d’environnement, de féminisme, d’écologie…

Le sujet que te tient le plus à coeur ?Je n’en ai pas vraiment un en tête. On a trois grands axes à l’UNEF : le financement de Sciences Po (question des frais d’inscription et de leur linéarisation, gratutié de l’année de césure…), la pédagogie (focus particulier sur l’enseignement des langues avec des cours thématiques, cours particuliers de préparation à l’IELTS, réforme du système des IP…), et de meilleures conditions de travail.

Le temps maximal passé en Péniche à tracter ? Quinze heures par semaine pendant la campagne électorale rien qu’en Péniche, à tracter et surtout à aller parler aux étudiants individuellement. Ce n’est que la partie émergée de l’iceberg, beaucoup de temps est aussi consacré au suivi des dossiers et à la préparation des conseils. Mais il faut continuer à aller en cours !

Qu’est-ce que tu aimerais faire comme activité si les syndicats n’existaient pas ? Je le créerais ! A l’UNEF, on milite pour l’égalité des chances et la mixité sociale, c’est pourquoi je m’engagerais un peu plus dans une association en partenariat avec les Restos du Cœur, pour aider des enfants en grande difficulté à réussir à l’école.

Le régime alimentaire en période de campagne ?  Beaucoup de sandwiches. Le jour du vote, on envoie une personne au CROUS qui achète vingt sandwiches. Le soir, j’essaye d’éviter les chips !

 

Nabil Rabah, étudiant en 2A et candidat UNEF à la commission paritaire. 

10967848_598850206926228_25366453_nCombien de temps entre le moment où tu as appris à marcher et celui où tu t’es syndiqué(e) ? 17 ans et 11 mois. J’ai pris ma carte pendant la réunion de pré-rentrée, en vue de la bourse aux livres. Il me semble que c’était un jeudi. Je ne savais pas que l’UNEF existait au lycée, je ne me voyais pas du tout militant. J’ai aimé le principe de la bourse aux livres, les gens étaient sympas et de façon plus générale, je trouvais tout simplement que l’UNEF avait raison dans ses campagnes.

Un engagement politique en parallèle ? Non, ça me prend déjà pas mal de temps et je suis aussi à Sciences Polémiques. Au passage, savoir comment une association fonctionne ne sera que positif si je suis élu en Commission Paritaire.

Le meilleur souvenir Quand on rigole tous ensemble, lors de débats intenses et stimulants. Pendant les éléctions CROUS, on m’a envoyé dans un lycée à Epinal. Le proviseur n’a pas voulu m’indiquer les salles, alors j’ai toqué à toutes les portes. J’ai fait voter cinquante personnes. Il n’y en avait que deux avant que j’arrive !  Ah oui, quand on s’est mobilisé contre la hausse des frais d’inscription au premier semestre, c’était assez drôle de monter sur la Péniche avec un mégaphone.

Un regret  Pas vraiment de “gros regret”. On a donné tout ce qu’on pouvait mais la direction n’a rien lâché sur le budget. Elle prétend favoriser la justice sociale, la vie associative… Bref, ça nous donne envie de continuer à informer, et à mobiliser.

Pourquoi l’UNEF en particulier ? Quand je suis arrivé à Sciences Po, je m’en foutais totalement. Je me suis dit : “je vais avoir des livres moins chers” ! Ca m’a plu…je suis revenu !

Le sujet que te tient le plus à coeur ?  La réforme associative qui arrive me préoccupe particulièrement : l’avenir de la procédure de reconnaissance des associations, le statut des autres associations, qui doivent rester indépendantes pour préserver leur dynamisme. Les associations qui sont aujourd’hui permanentes doivent avoir un budget pour vivre. On ne peut pas refuser un projet sérieux et cohérent. Il faut que chacun puisse se retrouver dans une asso.

Le temps maximal passé en Péniche à tracter ? Rien qu’aujourd’hui, j’ai fait 8:00-18:00 !

Qu’est-ce que tu aimerais faire comme activité si les syndicats n’existaient pas ? Je continuerais Sciences Polémqiues, je trouve ça vraiment cool. J’ai beaucoup aimé les stages d’art oratoire, ça apporte beaucoup. Etre dans un parti politique me generait, je n’ai pas envie d’avoir un avis sur tout. Je me metrais dans une autre asso (hésitation)… Je ne me suis jamais vraiment posé la question !

Le régime alimentaire en période de campagne ?  Ahahah, avec mon colloc, on mange toujours la même chose : pâtes et riz, quelque soit le moment de l’année !

 

Pablo Barnier-Khawam, étudiant en 2A (bicu philo) et candidat Solidaires pour le conseil de direction.

10960592_598850243592891_17748742_oCombien de temps entre le moment où tu as appris à marcher et celui où tu t’es syndiqué(e) ? S’il y a une marche qui vaut la peine d’être faite, c’est la marche syndicale et, dans ce cas, se syndiquer, c’est une étape de la marche qui fait que l’on peut approfondir la connaissance de son être (conatus, dirait Spinoza) et donc se découvrir en tant que partie d’une lutte plus large qui est celle des faibles contre les forts. Voir l’importance de rééquilibrer les rapports de force entre dominants et dominés dans la quotidienneté la plus banale, c’est, d’après moi, le plus grand pas qu’une personne peut accomplir au cours de son existence. C’est cela marcher.

Un engagement politique en parallèle ? Oui, mais ce n’est pas le sujet. A la différence des deux autres syndicats étudiants, Solidaires Etudiant-es est très attaché-e à l’indépendance vis-à-vis des partis. A la différence de l’UNI et de l’Unef, donc, nous ne sommes financé-es ni par une organisation politique, ni par la réserve parlementaire de députés peu scrupuleux.

Le meilleur souvenir  Le blocus de mon lycée lors du mouvement contre la réforme des retraites par Nicolas Sarkozy en 2010. C’est l’événement qui m’a forgé une conscience politique radicale, au sens kantien du terme, c’est-à-dire qui s’attache à déceler les racines des idées qui constituent une idéologie politique. C’est pourquoi, adhérer à une pensée politique est une action continue car il y a toujours des prémisses à découvrir et, parfois, à remettre en cause.

Un regret Plutôt un constat quotidien très attristant : celui de voir que beaucoup de personnes s’attachent à un principe de concurrence qu’il soit monétaire, intellectuel ou rattaché au prestige. La considération modeste de l’autre est le premier fondement d’une société plus joyeuse.

Pourquoi Solidaires en particulier ? Parce qu’il existe au sein de Solidaires la volonté de défendre une idéologie — pas au sens péjoratif du terme — et de chercher qu’elles doivent en être les applications pratiques. Je suis contre un aveugle pragmatisme qui ne prend en considération que des combats de court terme. Les structures de solidaires sont, par ailleurs, très libres, au sens où chaque section locale est indépendante des autres et ne reçoit pas de directives de la part d’une instance nationale. De plus, la suppression des rapports de domination existants sont également mis en œuvre au sein même du syndicat, ce qui lui donne un mode d’existence très convivial.

Le sujet que te tient le plus à coeur ? Tout sujet qui a l’intelligence de remettre en cause ce qui fonde la banalité. Le concept de banalité du mal, théorisé par Arendt, n’est pas une invention lugubre d’une philosophe poussiéreuse, mais une réalité quotidienne — ce que Marc Crépon, professeur de philosophie à l’ENS, appelle le « consentement meurtrier » — dont on ne peut se défaire qu’en détruisant constamment les fondements de notre pensée automatique pour en reconstruire de nouveaux. Mais, plus concrètement, j’ai une préférence pour les questions de philosophie politique et également pour la politique latino-américaine.

Le temps maximal passé en Péniche à tracter ? Trois heures. Mais la Péniche est un lieu très convivial, donc il est inutile de compter.

Qu’est-ce que tu aimerais faire comme activité si les syndicats n’existaient pas ? Créer une structure syndicale…

Le régime alimentaire en période de campagne ? Tout ce qu’il y a de plus normal : resto u.

 

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