Radio Elvis en concert : l’invitation au voyage

 

A l’occasion des journées européennes du patrimoine, le groupe Radio Elvis s’est produit à la Maison de la Radio. La Péniche vous raconte ce beau moment.

Un cadre particulier : le studio 104

Auditeur ou auditrice de France Inter, sûrement as-tu l’habitude des soirées musicales de la station qui commencent invariablement par Didier Varrod, Valli ou Rebecca Manzoni annonçant:  « nous sommes en direct du studio 104 de la Maison de la Radio ». Peut-être t’es-tu demandé à quoi ressemblait ce fameux studio, institution de la Maison Ronde qui cette année a accueilli aussi bien Juliette Gréco que Superpoze.

Apprends donc que les journées du patrimoine ont permis de résoudre l’énigme. La Maison de la Radio ouvrait ses portes les 17 et 18 septembre pour des visites guidées, des émissions en public… et des concerts au studio 104, dont celui du jeune groupe Radio Elvis.

Lorsqu’il arrive pour la première fois à la Maison de la Radio, l’auditeur de France Inter espère croiser Charline Vanhoenacker ou Colin et Mauduit. Hélas, il ne verra que les vigiles, le public sexagénaire et l’original projet d’art urbain  »Radiografik », qui recouvre les parois vitrées du bâtiment jusqu’au 31 octobre.

Et surtout, le studio 104. Murs rouges, ornés de métal, et des rangées de sièges orangés – car particularité de la salle: on assiste au concert assis, comme au cinéma. Sur la vaste scène -presque plus grande que l’espace réservé au public-, deux guitares, une batterie et un clavier. Enfin, à 19h, trois jeunes hommes minces en pantalon noir: Pierre, Manu et Colin, alias Radio Elvis.

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Un voyage poétique

Leur pop-rock se marie à merveille avec le studio 104 dont l’accoustique est impeccable. La petite salle s’emplit des mélodies du groupe, tour à tour dansantes ou mélancoliques. Car Radio Elvis maîtrise l’art des chansons qui s’étirent, imprévisibles, comme  »la Route », ballade élégiaque ponctuée d’un sublime motif de guitare qui évoque The Smiths.

Chez Radio Elvis, on retrouve la même intensité, la même poésie. C’est d’ailleurs ce qui frappe dès les premières chansons: la singulière beauté des paroles. Il y a chez ces trois jeunes hommes un puissant romantisme, à entendre comme du lyrisme mêlé de fureur et d’invitation au voyage;  les titres de leurs chansons le montrent bien : la traversée, la route, au loin les pyramides… Tout autant dans leurs chansons les plus lumineuses -la bien nommée Solarium– que dans les ballades mélancoliques -comme juste avant la ruée-, les mots frappent par leur simplicité et leur mystère.

C’est un véritable univers que construit Radio Elvis, avec des paroles qui inlassablement évoquent l’ailleurs, le voyage. Mais un voyage en forme de fuite vers la nature, qui teinte les chansons d’une certaine urgence, magnifiée par la voix grave et pressée de Pierre:  »la force est à ceux qui savent rester maîtres d’eux et loin des autres », chante-t-il dans la force.  C’est ce qui fait de ce concert une véritable expérience poétique : ces paroles brèves, directes, qui éveillent l’imaginaire. Le lien avec la poésie est d’ailleurs souligné par la chanson bleu nuit-synesthésie, évident clin d’oeil à Baudelaire.

C’est finalement comme un dialogue qui se crée avec le public, dans les refrains scandés par le chanteur. Cette alliance de poésie et de mélodie fait de leur concert dans ce lieu intime un moment captivant, et surtout émouvant.

 

Une nouvelle scène française

Bouleversant aussi pour le groupe. Radio Elvis a en effet joué dans le studio 104 pour la première fois il y a deux ans: ils le rappellent et soulignent leur émotion en introduction de la traversée,  première chanson jouée à l’époque. C’était à l’occasion du radio crochet de France Inter, intitulé  »on a les moyens de vous faire chanter ». Audacieux projet que celui de la station : créer un concours entre musiciens, mais réservés aux auteurs-compositeurs-interprètes, avec une volonté de se démarquer du modèle The Voice. Radio Elvis n’a pas gagné le concours, mais leur passage sur France Inter fut tout de même un pas vers le succès, puisqu’ils sont ensuite allés jusqu’en finale du concours les Inrocks Lab, pour finalement sortir leur premier album au printemps 2016 intitulé Les conquêtes.

Aujourd’hui Radio Elvis, comme La Femme -dont le second album vient de sortir-, Feu! Chatterton, ou encore Christine and the Queens, chanteuse  »made in France Inter », fait partie de cette nouvelle génération de musiciens français, familiers à l’auditeur.  Cette nouvelle vague musicale qui n’hésite pas à s’emparer de l’héritage des années 80, à mêler le français et l’anglais, est soutenue par Radio France, et plus particulièrement France Inter, station généraliste, qui perpétue son rôle de dénicheur de talents : retransmission de festivals, soirées concerts au studio 104, Victoires de la Musique…

On espère d’ailleurs retrouver Radio Elvis à la prochaine édition, en février 2017. En attendant l’hiver, ils seront en tournée et à Paris le 8 novembre à la Cigale.