Yann Algan, suite et fin.

Découvrez Mister Yann, ou la face cachée du prof de macro.

Dans l’imaginaire estudiantin collectif, le prof est un geek. Or détrompez-vous, Yann Algan ne rêve pas de Keynes la nuit: il a une vie.

1er scoop: Yann Algan est papa d’une petite fille de 4 ans, Lola. (Réaction féminine instantanée : « Oooh c’est dingue ». Preuve s’il en est qu’on imagine souvent difficilement les professeurs comme des êtres humains…)

2e scoop: à tous ceux qui adhèrent au groupe Facebook intitulé  » Brûler le scooter de Yann Algan », sachez qu’il s’agit de sa couleur préférée (avec point d’exclamation s’il vous plaît).

Allez, un peu moins anecdotique, et plus utile : si Mister Yann n’avait pas été économiste, il aurait tout donné pour être…joueur de rugby professionnel. Problème : son niveau… «de base ». Idem pour l’absence d’oreille musicale, qui cassa net son rêve d’être pianiste professionnel. Comme voie de garage il devient professeur d’économie à la Sorbonne, à Sciences-Po, à Harvard… Heureusement on a vu pire comme carrière au rabais.

D’ailleurs dans dix ans (déjà marre du boulot ?) il se voit bien aux USA ou à Paris (sa ville natale), jeune retraité, découvrant, « admiratif », les projets, les découvertes de ses anciens élèves « bien plus brillants » que lui à son âge. Et en plus, c’est un modeste.

Mister Yann ne regarde pas en boucle Wall-Street, We feed the world et autres films à teneur économique. Grand cinéphile il apprécie tout particulièrement La Nouvelle Vague, et s’il était un personnage de Cinéma, il serait l’Antoine Doinel de Truffault. Pour la musique, ce sont les chants lyriques, le classique, mais aussi la nouvelle vague française –de chanteurs cette fois- et même le rock indépendant (il s’y félicite d’ailleurs de ne pas y avoir percé…bien qu’on puisse facilement « s’y débrouiller en criant »). Et ce sont les livres de Dostoievski, Balzac, Hugo, les essais – ouvrages propices au débat, sur des questions économiques et sociales – qui occupent une grande partie de son temps libre (en plus de sa fille, bien sûr). Moins sujet à débat –mais bon- : s’il était un héros de BD, ce serait Jonathan, dans Souviens toi Jonathan de Cosey : une œuvre « tendre avec des rêveurs humanistes ». On vous l’avait dit, Mr Yann est un sensible; aspect d’ailleurs très intéressant de cette rencontre.

Lorsqu’on lui demande s’il est engagé politiquement, il se dandine sur sa chaise et s’accorde quelques secondes de réflexion avant d’affirmer sur le même ton calme, mais avec un soupçon de gravité:  » J’ai des convictions citoyennes fortes. » S’il a des contacts avec certaines personnalités politiques, il ne se sent ni aubriste ou sarkozyste, et ne cherche pas à s’encarter dans un quelconque parti. Il entretient des relations faites d’échanges constructifs sur « les mêmes questions socio-économiques et humanistes ». Mister Yann ne veut pas se trouver  » prisonnier d’un discours qui vous dépasse ».

La petite question pour la route, qui ne sert pas à grand-chose, mais qui trouve son intérêt quand on (enfin quand l’une des « journalistes ») présente une émission de cuisine sur RSP : plat préféré : le risotto, à toutes les saveurs possibles. « Le seul plat qu’il réussisse parfois ».

Pas de problème Mister Yann, dans la prochaine émission, on vous en dédicace une recette, c’est promis.

Merci beaucoup pour cette rencontre.

Interview & article réalisés avec Romain Hélard.

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