Trois réformes majeures à venir (ou de l’usage du Monde)

Le Monde est, ou passe pour être, la bible de tout bon étudiant de Sciences Po qui se respecte. Il faut lire Le Monde. C’est un impératif catégorique. Oui, oui, même en vacances.

Trois raisons à cela. Le Monde, c’est 1) le sérieux, 2) l’ouverture sur le monde (et pour cause), 3) last but not least, le medium de communication favori du directeur de notre cher Institut, décidément bien présent dans nos billets en ces temps de trêve des confiseurs.

C’est en effet dans un entretien publié par Le Monde de l’Education de janvier 2007 (oui, bon il ne s’agit pas exactement du Monde mais d’un de ses démembrements) que le vulgus pecum de la communauté (estudiantine, professorale et administrative) de Sciences Po apprendra avec ravissement les trois réformes majeures qui se profilent à l’horizon.

1. Un deuxième Institut d’études politiques francilien devrait voir le jour sur les campus de Marne-la-Vallée ou de Paris-XIII avec un concours commun mais des formations différentes.

2. L’accès de Sciences Po à bac+1 sera supprimé à partir de 2008 afin de se conformer à l’harmonisation européenne des diplômes, Licence-Master-Doctorat (LMD). Les concours pourront donc être passés soit après le bac, soit après la licence (bac+3). Fort de cette logique LMD, Richard Descoings laisse également entendre que cette décision pourrait par ricochet ouvrir la voie à une certification des étudiants à bac+3.

3. Les masters estampillés Sciences Po sont destinés à disparaître au profit d' »écoles ». Par exemple, à la rentrée prochaine, une école de communication financée par le privé, aussi bien pour l’investissement que pour le fonctionnement, ouvrira ses portes. Elle sera constituée d’une promotion d’une centaine d’étudiants dont une bonne partie étrangers.

Certes il aurait été plus élégant de nous donner la primeur de ces nouvelles par email comme cela se faisait à une époque, mais au lieu de grommeler tristes sires que vous êtes, faites donc contre mauvaise fortune bon coeur : en vous assurant d’être, quoi qu’il arrive, informés de l’actualité brûlante de Sciences Po (annoncée ou pas dans Le Monde et ses multiples avatars), LaPeniche.net vous ôte une bonne raison de lire le quotidien du boulevard Auguste Blanqui. Ipso facto, elle vous fait virtuellement économiser 33% de votre abonnement.

Merci qui ?

31 Comments

  • Roulie

    Merci pour la réponse. Qu’est ce qu’on dit dans ces cas-là généralement ?
    Ah oui, courage, fuyons.
    Ou chacun pour soi, et Dieu pour tous.

  • Pierre

    Moi je ne compterais pas trop sur une plus large sélection au concours, du moins pour Paris. Celle-ci est déja plutôt large et il serait difficile de la changer en maintenant la crédibilité de la sélection, et surtout l’IEP de Paris manque de place, et je crois aussi de fric pour en acheter….les prochaines années devraient être assez stables, avec ptetre une légère augmentation…

  • Roulie

    Hum… Pardon pour l’intrusion. Je ne suis qu’une provinciale, Terminale L, qui aurait voulu entrer à Sciences Po l’année prochaine à Bac+0 ou justement en 2008 à Bac+1 après une hypokhâgne. Si cette réforme se met en place, pouvons nous gager, pauvres candidats éberlués et au bord de l’overdose de Prozac que nous sommes, que cela engendrera une plus large sélection au concours de 2007 bac+0 ? Et qu’en est-il des Instituts de province ?

  • Gwenolé

    Je ne pense pas que Sciences Po ait vocation à recruter forcément dans toutes les filières, et personnellement, il me semble beaucoup plus cohérent de faire Sciences Po après ES ou L.
    Ensuite, rien n’empêche les "pauvres S" de se préparer tout au long de l’année, et connaissant le système français, c’est tout à fait possible, puisque les S sont généralement les meilleurs élèves.
    Evidemment que la prépa d’été est un moyen de "se mettre à niveau", et j’en ai bien profité, puisqu’étant dans un lycée international, j’avais jamais fait d’histoire en français, mais c’est un moyen de se mettre à niveau qui n’est pas disponible pour tout le monde. On a essayé d’explorer des pistes permettant de faire des dizaines de prépas d’été gratuites, mais il faudrait une véritable volonté politique du minstère de l’éducation nationale,volonté qui n’existe pas aujourd’hui.
    Finalement, dans la réforme que l’UNEF a proposée, on partait du principe qu’il n’y aurait plus que trois épreuves au concours, pour qu’il puisse se dérouler sur un jour, ce qui réduit nettement les coûts pour les provinciaux montant à Paris. On maintiendrait une épreuve d’ordre général, encadrée par un programme, une épreuve de langue, et une troisième épreuve au choix qui pourrait être une épreuve sur dossier, avec des dossiers plutôt historiques, économiques ou géographiques.

  • N.

    Je suis globalement d’accord avec Gwenolé, sauf pour un détail : que fais-tu de ces pauvres S, évoqués maintes fois dans le débat, qui, au moment du bac, croulent sous la chimie et la bio, et doivent en plus se taper Le siècle des excès pour espérer entrer dans notre noble établissement? Une bonne prépa d’été n’est-elle pas un bon moyen de se mettre tranquillement à niveau?

  • Hugues

    Tu les vois toi Pierre les médiocres magnoludoviciens ?
    C’est vraiment un coup bas. C’est faux en plus ! Mieux vaut LLG que Janson.

    Au pire on s’y met à deux (voire à 8) pour le "fumer" (esprit de corps).
    Enfin on va pas en faire une affaire personnelle non plus … ça ne devait être qu’une parole en l’air irréfléchie de rageux d’H4.

  • Pierre

    touche encore aux médiocres magnuludoviciens et jte fume (enfin j’essaie t vachement plus grand que moi je crois ^^). Celui qui m’éliminera n’est pas né, et encore moins avec une réformette bidon ^^
    llg dans la place (jte rappelle que llg recrute en banlieue, et que ce lycée est bizarrement plus cosmopolite que pas mal d’autres pourtant moins élitistes dans leur recrutement)

  • Gwenolé

    ‘tref, pourquoi t’obstines-tu, ainsi que tous ceux qui veulent absolument attaquer l’UNEF, à dire qu’on souhaite rapprocher le concours du niveau du bac ? Quelles précautions rhétoriques dois-je prendre en plus de celle d’avoir dit qu’on comptait bien approcher le concours de Sciences Po DE LA METHODOLOGIE du bac, et non pas DE SON NIVEAU ?

    Ce n’est pas parce qu’on réforme le concours (car dans les faits, c’est bien un concours, et non pas un examen), qu’il y aura plus d’admis : j’espère juste que les admis seront différents.

    L’objectif de cette réforme est de faire une sélection plus juste socialement, et de prendre un échantillon qui s’approche plus des meilleurs que de ceux qui ont eu le plus de chance dans la vie. Je ne pense pas que ceux qui sortent d’un environnement meilleur soient meilleurs que les autres, je pense juste qu’ils ont une culture différente, et qui n’est pas forcément la plus adaptée pour s’en sortir dans la vie.

    En rendant la sélection moins socialement injuste (j’insiste sur le moins, on ne supprimera pas les injustices aussi facilement), on recrutera des gens avec plus de potentiel que ce qu’on a maintenant. Ce ne sont pas toujours ceux qui réussissent le mieux leurs études, surtout dans le système français, qui réussissent le mieux leur vie, sauf à avoir le droit de passer par des machins comme l’ENA qui leur offrent une présomption à vie de compétence. Personnellement, je suis contre les présomptions à vie de compétence fondées sur un seul (voire deux, au maximum) concours aléatoire et socialement discriminant.

    Je vais peut-être vous fournir un scoop, mais sauf si vous finissez énarques, le bénéfice de votre diplôme, il vous restera quelques années seulement. Après, ce sont d’autres facteurs qui décideront de l’évolution de votre carrière. Essayez donc plutôt d’apprendre quelque chose que de protéger la prétendue valeur sacro-sainte d’un torchon de papier.

    Je note d’ailleurs l’ironie dans le fait qu’on oppose à cette réforme du concours exactement les mêmes arguments que ceux qu’on opposait jadis aux conventions ZEP : ça va dévaloriser le diplôme, ce ne seront plus les meilleurs qui rentreront à Sciences Po et gnagnagna… A l’époque, tous ceux qui s’opposaient aux Conventions ZEP le faisaient parce qu’on ne "peut pas démocratiser en faisant des procédures spécifiques, c’est de la discrimination positive…", et là, alors qu’on propose une procédure commune à tous, où chacun doit faire ses preuves exactement de la même manière, soudainement, même l’UNI se range aux Conventions ZEP et c’est la nouvelle réforme qui devient la bête noire.

    Allez, ne vous inquiétez pas, ceux qui sont vraiment bons continueront d’entrer à Sciences Po, maisavec un peu de chance, on éliminera quelques médiocres magnoludoviciens (c’est une vengeance : j’étais en prépa à H4…) et on fera rentrer à la place quelques bons provinciaux ou bons banlieusards. Et dans quelques années, à nouveau, tout le monde s’y rangera. C’est comme la République, l’impôt sur le revenu, les congés payés, et à peu près toutes les avancées sociales de ce pays : ça râle au début, et au bout de quelques années, tout le monde finit d’accord.

  • David

    Les S ne sont pas des incapables, je sors moi-même de S. Mais, proférons des hérésies : ils ont plus de boulot que les L ou les ES (et donc moins de temps pour se taper Berstein et Milza, à moins qu’on me dise que le seul manuel nécessaire pour préparer le concours devra être le manuel d’histoire de Terminale), et se concentrent généralement sur maths, physique et SVT, des matières absolument inutiles au concours (alors que les L et les ES ont des matières très proches du concours : histoire, SES en ES, philo en L…).

    Pour ta deuxième proposition, Gwénolé, j’applaudit des deux mains. Mais ça signifie pour moi qu’il faut d’abord dégeler le mammouth et réformer les programmes de l’Education Nationale (je suis moi-même atterré de voir que ce n’est plus par conviction religieuse ou par désir de discipline qu’on met des enfants dans des privés catholiques, mais parce que leur niveau est supérieur) avant de s’attaquer à l’enseignement supérieur, donc à Sciences Po. Autrement, on retombera toujours dans les mêmes travers, à savoir que celui qui peut payer peut être meilleur. Au fond, tout se résume à cela. Le problème me semble donc pris à l’envers. Revaloriser les facs avant de modifier les Grandes Ecoles. Revaloriser le lycée avant de s’attaquer aux facs.

  • tref'

    Les S seront évidemment pénalisés : les révisions pour cette filière, au bac, consistent principalement à maths le matin, bio à midi et physique chimie le soir… Pas le temps de s’étendre sur l’histoire, la philo, et encore moins les langues. Et ce qu’on nous demande au bac n’a rien à voir avec les attentes du concours. D’où l’utilité des prépas d’été.
    Avec ces prépas, toutes les filières se retrouvent à égalité : on est tous dépassés par l’ampleur des révisions.
    Et je ne vois pas l’intérêt de juger les étudiants sur leurs connaissances acquises en vue du baccalauréat, diplôme qui ne vaut rien et qui est globalement incohérent, et où les exigences d’ordre méthodologiques s’approchent dangereusement de 0. Justement, avec deux mois de préparation, on nous juge sur des connaissances "utiles" ou tout du moins qui correspondent vraiment à ce que l’on nous demande à Sciences Po, et l’on juge la capacité qu’on a eu à adopter une certaine méthode.
    Les exigences sociales sont évidemment très importantes, mais ne doivent pas passer avant le premier objectif de tout concours : recruter les meilleurs qui s’y présentent. Evidemment la démocratisation doit permettre de recruter les meilleurs dans de plus larges catégories sociales, mais il me semble que dans ce cas on va plutôt recruter des moins bons dans les mêmes catégories sociales qu’auparavant. D’où échec.

  • tref'

    Les S seront évidemment pénalisés : les révisions pour cette filière, au bac, consistent principalement à maths le matin, bio à midi et physique chimie le soir… Pas le temps de s’étendre sur l’histoire, la philo, et encore moins les langues. Et ce qu’on nous demande au bac n’a rien à voir avec les attentes du concours. D’où l’utilité des prépas d’été.
    Avec ces prépas, toutes les filières se retrouvent à égalité : on est tous dépassés par l’ampleur des révisions.
    Et je ne vois pas l’intérêt de juger les étudiants sur leurs connaissances acquises en vue du baccalauréat, diplôme qui ne vaut rien et qui est globalement incohérent, et où les exigences d’ordre méthodologiques s’approchent dangereusement de 0. Justement, avec deux mois de préparation, on nous juge sur des connaissances "utiles" ou tout du moins qui correspondent vraiment à ce que l’on nous demande à Sciences Po, et l’on juge la capacité qu’on a eu à adopter une certaine méthode.
    Les exigences sociales sont évidemment très importantes, mais ne doivent pas passer avant le premier objectif de tout concours : recruter les meilleurs qui s’y présentent. Evidemment la démocratisation doit permettre de recruter les meilleurs dans de plus larges catégories sociales, mais il me semble que dans ce cas on va plutôt recruter des moins bons dans les mêmes catégories sociales qu’auparavant. D’où échec.

  • Pierre

    oula t’emballe pas, les S ne sont pas des incapables non plus ^^ on est aussi bons en histoire, en anglais et en géo que les autres et on représente une bonne part de la promo non? et puis honnêtement si scpo nivellait par le bas pour se calquer sur le niveau d’un lycée lambda où serait l’intérêt d’y être? l’idée d’un concours c’est justement d’être élitiste, au bon sens du terme….j’ai du mal à comprendre comment on arriverait à distinguer scpo d’une fac si le concours est grossomodo du même niveau que le bac..c un peu naze ce que je dis mais l’essence même d’une sélection c’est de dégager les meilleurs…le concours devrait donc être plus dur encore, ou même se passer après un an de prépa spécifique, passé un certain niveau de difficulté on se fout de l’origine sociale des gens, ils sont juste bons…mais ca ferait de pipo une grande école et plus une université…alala on s’en sortira pas

  • Gwenolé

    Oh, crois-moi, les pauvres S sauront s’en sortir !

    Ensuite, sur le problème des "Terminales privées", je vois deux solutions :

    – soit on supprime et interdit l’enseignement privé
    – soit on considère que cette première solution est irréaliste, et on essaie de faire en sorte que les boîtes privées apportent le moins possible − voire pas du tout − de valeur ajouté par rapport à un lycée public. C’est dans cette dernière voie qu’on a tenté de s’engager.

  • David

    D’autant que ces terminales privées existent déjà. Il y en a beaucoup sur Paris, avec huit heures de cours de préparation spéciaux par semaine. Et puis vu que la qualité de l’année de terminale dépend pour beaucoup du lycée, rien n’empêchera Sciences Po de se calquer, disont, sur le niveau d’un très bon lycée parisien ?

    En outre, faire de la Terminale l’année de préparation à Sciences Po, ça élimine d’office ou presque les S.

  • Gwenolé

    Ca en réduira quand même considérablement le nombre et l’effet, parce qu’une prépa trois mois avant est moins utile que le mois avant, et que de toute manière, le mois avant le concours, tout le monde bossera son bac.

    Cependant, m’est avis que la mesure prend son sens entier si l’on rapproche la méthodologie du concours (et non pas son niveau !) de la méthodologie demandée au bac. Ainsi, au moins sur la méthode, tout le monde part sur de meilleures bases, et les prépas qu’on ne pourra jamais supprimer totalement seront encore un peu plus vidées de leur intérêt.
    Il faut que la meilleure prépa au concours de Sciences Po, ça soit l’année de Terminale !

  • Gwenolé

    A moins de mettre le concours début juillet ?
    C’était dans le programme de l’Unef, et le CD s’y est engagé ce même 11 décembre…

  • Pierre

    Pour le coup gwénolé a raison…la filière bac + 1 a ruiné énormément de projets pédagogiques en prépa, pas seulement en HK, mais aussi dans certaines ECE et ENS D1/D2, où jai fait un passage, et où une bonne moitié de la classe n’entend travailler que le concours de Scpo au détriment des concours dédiés à cette prépa
    Si la perpective de scpo divise les classes entre ceux qui veulent NSup et ceux qui veulent scpo (et ne parlons pas de ceux qui veulent continuer en fac, personne ne s’occupe de leurs filière) alors la suppression du Bac+1 sera bénéfique à ceux qui voudront vraiment s’investir en HK, et qui travailleront tous ensemble pour un même objectif, avec scpo en Bac+3 si le cursus de fac le permet
    Cela réduira de fait les effectifs de HK (forcément moins de débouchés) mais redonnera plus de sens à ce cursus, ainsi qu’à la filière lettre en fac…de là à dire que l’accès à scpo sera démocratique un jour….à moins de mettre le concours début juillet pour zapper les prépas et de changer l’évaluation…on voit mal…de toute façon le caractère démocratique d’un concours fondé sur la culture générale et les langues me paraît assez difficile à cerner

  • Béné

    pour revenir un peu en arrière… OUI, c’est triste, la fin de l’entrée à bac +1… Il n’y aura plus de beaux penseurs hypokhâgneux… Il n’y aura que des penseurs sciences po, formés dès le plus jeune âge !!! 😀
    Et si plus de monde tente de passer le concours à bac +0, cela veut peut être aussi dire plus de concurrence, donc prolifération des prépas privées ???
    Que sais-je… Mais restons optimistes et espérons que le concours soit plus accessible à tous… Tout en restant de qualité.

  • Gwenolé

    Moi aussi je t´aime.

    Je récuse l´accusation d´avoir "collaboré" à quoi que ce soit : nous nous sommes opposés au démantèlement des troncs communs. L´administration avait pour projet de les supprimer complètement, ou plutôt de faire "des troncs communs spécialisés par master" (sic et véridique).

    A la suite d´âpres négociations, nous nous sommes accordés sur un compromis, qui nous semblait sauver l´essentiel : le principe du libre choix, parmi un nombre restreints de troncs communs, quel que soit le master. Ce n´était pas ce que nous espérions, c´était mieux que ce qu´on voulait nous faire gober, telle est l´essence d´un compromis.

    Ensuite, je t´avoue que nous ne sommes pas satisfaits de la mise en oeuvre de cette réforme : les enseignements de tronc commun sont trop nombreux, il faut choisir trop peu de modules, et ils sont trop "orientés" vers certains masters pour que le brassage des étudiants et l´ouverture vers d´autres disciplines se fassent de manière satisfaisante. Nous l´avons signalé à plusieurs reprises, y compris en Conseils.

    Malheureusement, aujourd´hui, nous en sommes réduits à essayer d´empêcher le détricotage du compromis de l´année dernière. Mais, pour la première fois, nous avons recu le soutien d´associations qui se battent pour la même chose, sur ce point.

    Tu peux donc, à juste titre, nous accuser de ne pas avoir réussi à imposer notre point de vue, encore que sur les résolutions votées cela se soit plutôt bien passé, mais de là à nous accuser de "désertion", alors que nous parlons depuis des années du danger de "balkanisation" de Sciences Po, par exemple au moment de la création de l´école de journalisme, et que nous sommes les seuls à nous y opposer en Conseils, je trouve que tu vas un peu loin…

  • Chang

    Je t’aime, Gwénolé, quand tu parles de la cohérence de Sciences Po, de la nécessité de mettre un stop à son éclatement en écoles qui n’ont rien à voir ensemble, de sauver la multidisciplinarité, etc. Malheureusement, tu parles pour un syndicat qui a complètement déserté ces problématiques depuis quelques années, et qui, avec l’aide d’Interzaid (fan club officiel de R. Descoings et L. Bigorne), a collaboré cette année à la destrution du tronc commun. Vous avez décidé de vous racheter à l’UNEF ?

  • Marion

    Mais ça m’énerve ça, on nous dit jamais rien à nous, c’est dingue!! En plus quand je l’ai interviewé et que je lui ai parlé de ce projet de campus en banlieue il m’a dit "non non c’est juste une idée en passant"…
    Suite au prochain épisode, mais on se laissera pas faire !!!!

  • Gwenolé

    Je pense au contraire qu’il y a une réelle cohérence dans la formation hypokhâgne-khâgne : le fait que chaque année, d’excellents éléments disparaissent à la pelle, désorganise cette formation et ne permet pas ceux qui la suivent d’aller au bout de la logique de leur premier cycle.

    Mais au-delà de ce côté pédagogique (après tout, à chacun de faire son choix, pourrait-on me rétorquer…), supprimer l’entrer à bac+1, c’est permettre une plus grande démocratisation de Sciences Po. Je t’engage à aller consulter l’excellente étude du CEVIPOF sur le concours d’entrée à bac0 : elle démontre que l’admission ou la non-admission se joue à moins de quelques points sur les 80 des quatre épreuves, et que quand on trace la ligne entre "admis" et "non-admis", celle-ci passe à peu près entre les CSP+ et les CSP-, ceux issus de milieux défavorisés se trouvant souvent juste en-dessous. En prenant 200 personnes de plus à bac0 au lieu de les prendre à bac+1, on permettrait donc d’atténuer le côté "sélection sociale".
    C’est d’autant plus vrai lorsque l’on observe la structure sociale des candidats admis à bac+1 : ils viennent en grande de classe préparatoire ("publiques" dans le meilleur des cas, de boîtes privées du genre IPESUP-ISTH dans le pire des cas). Sans même évoquer le cas des prépas payantes, même ceux qui viennent de prépa publiques viennent majoritairement de Duruy, Janson de Sailly etc., c’est à dire de prépas pas très démocratiques. Amusez-vous à observer la sortie de Janson ou de Duruy : c’est pas Paris XIII-Villetaneuse…
    Ce nveau de recrutement désavantage donc à la fois ceux qui vont à l’Université (l’Université française est conçue comme une montée en puissance : la première année est la moins bonne et la moins susceptible de concurrencer une prépa, alors que la licence exige déjà un tout autre niveau), et ceux qui vont dans des prépas moins parisiennes, moins connues, moins susceptibles d’offrir des "prépas Sciences Po" adaptées.

    Evidemment, tout ce raisonnement tombe si une condition venait à manquer : il faut que les places rendues disponibles par la suppression de l’entrée à bac+1 soient reversées sur le concours à bac0.

  • Charles

    Désolé d’arriver comme un cheveu sur la soupe, mais tout le monde s’en fout que l’on ne puisse plus faire son L1 ailleurs et rentré à sciences po en bac+1 ?
    C’est la fin des hypokhagne,, la seule opportuinité de réfléchir un an dans sa vie avant de se réinsérer dans la réalité. Loin de moi l’idée de critiquer ceux qui sont rentré en bac + 0 (je les jalouse et les admire) mais elle est aussi là la dévalorisation du diplome : en deuxieme année, les ex hypokhagneux et les ex 1ere année ont tant a partager…dommage…

  • Gwenolé

    Hélas, Jérôme, je n’ai jamais siégé en Conseil de Direction !
    J’étais Président étudiant de la Commission Paritaire…

    En ce qui concerne le manque de publicité, je pense que c’est lié à deux choses. Premièrement, la plupart des gens qui siègent en Conseil de Direction (qu’il s’agisse de l’administration, des élus enseignants, parfois de certains élus étudiants…) ont plutôt intérêt à pouvoir communiquer directement auprès de leur "population-cible", plutôt que de devoir passer par les PV.
    Ensuite, force est de constater que ces PV sont assez indigestes et illisibles. Nous avions par exemple proposé que figurent systématiquement la raison d’être de chaque intervenant, ainsi que la liste sur laquelle il a été élu, ce qui clarifierait les choses.
    Troisièmement, les PV sont mis en ligne beaucoup trop tard pour pouvoir servir de base à l’information des étudiants. Comme tu l’as noté, le PV du 11 décembre n’est pas encore en ligne, tout simplement parce qu’il doit être validé par le prochain Conseil de Direction, le 30 janvier, avant d’être définitif. Là encore, nous avions proposé qu’il soit envoyé directement aux membres du CD, qu’on leur laisse quelques jours de droit de rectification, et qu’on n’en arrive au vote en CD que lorsqu’il y a réellement contestation.

    Pour répondre à Pierre : la pluridisciplinarité et la spécialisation ne s’excluent pas, à mon avis. Tu as pris l’exemple, assez significatif, de l’école de journalisme : c’est un métier dans lequel il n’y a aujourd’hui quasiment pas de débouchés, et on peut vraiment se demander si, au lieu d’exclure les journaleux à l’autre bout du boulevard Saint-Germain, on ne ferait pas mieux de les intégrer un peu plus à Sciences Po, de leur permettre un plus grand choix de cours, pour qu’une reconversion éventuelle soit possible. Je n’en ai pas rencontré beaucoup, je l’admets, mais ceux que j’ai vus semblaient plutôt se réjouir des trop rares occasions qu’ils ont de passer rue Saint-Guillaume.

  • Gaëtan

    On notera l’absence des CR de commission paritaire de l’année scolaire en cours… Jolis relevés de décisions, mais on aimerait savoir ce qui les motive…

  • Jérôme

    Gwenolé, tu milites pour ta par…, euh ton syndicat et c’est bien normal. Néanmoins, rares sont encore – malgré les louables bien qu’intéressés efforts d’information de l’UNEF – les étudiant-e-s correctement instruit-e-s des réformes affectant leur école et même parfois leur propre scolarité.

    La publicité qu’a donnée l’UNEF à cette mesure qu’elle a contribué à initier n’exonère pas – loin de là ! − l’administration de son plus élémentaire devoir d’information.

    A ce propos, je m’hasarde à poser une question qui te semblera, à toi le vieil habitué des Conseils de Direction, celle d’un béotien mais qui je suis sûr brûle les lèvres de nombre d’entre nous, j’en profite au passage pour interpeler l’administration puisque c’est en fait à elle que la question s’adresse : pourquoi si peu de communication est faite autour des procès-verbaux et des relevés de décisions desdits Conseils de Direction pourtant accessibles en ligne (sauf malheureusement celui de la réunion du 11 décembre dernier qui nous intéresse ici) ?

  • Pierre

    si je puis me permettre, avec toute l’estime que j’ai pour l’UNEF (et pour les arabes ^^), la pluridisciplinarité est un trait essentiel du diplôme de scpo, mais aussi une sérieuse entrave à sa crédibilité passées quelques années non?…un premier cycle pluridisciplinaire doublé d’une spécialisation accrue (quel que soit son nom master ou école) n’est pas plus dévalorisant que ca…il est clair qu’il est plus interessant d’avoir une approche globale, mais il s’agit aussi d’être performant dans des champs plus restreints. Personne ne se plaint d’avoir une école de journalisme?….enfin peut être que si je sais pas….pour moi c’est juste un effet d’annonce, mais je serais heureux de me voir expliquer le fond de la réforme, autrement que par Le Monde et Richie, surtt que ca nous concerne tous

  • Gwenolé

    En ce qui concerne la certification à bac+3, ceux qui sont sur la mailing-list de l’UNEF, qui parlent à des gens de l’UNEF, ou qui ont lu la dernière lettre des élus de l’UNEF (diffée à 1 500 exemplaires, quand même…), sauraient que ladite certification a été votée par le Conseil de Direction le 11 décembre dernier, sur proposition de l’UNEF, qui avait fait signer une pétition sur le sujet en 2004, et a passé l’année dernière en lobbying intense auprès des différents membres du Conseil pour convaincre de son projet.

    Ca fait un peu souvent "UNEF" dans un seul paragraphe, mais c’est tellement vrai…

    En ce qui concerne les différentes écoles, ce n’est pas surprenant. J’apprends comme vous le projet d’école de communication par la presse, mais entre l’école de journalisme, l’école doctorale, la quasi-suppression des troncs communs… Sciences Po est en bonne voie vers ça depuis un bon moment. Ce qui m’étonne, c’est qu’on n’entende pas tous ceux qui crient d’habitude à la "dévalorisation du diplôme" dès qu’ils voient un noir ou un arabe au coin de la rue Saint-Guillaume : pour une fois que le diplôme risque d’être vraiment dévalorisé par une sérieuse diminution de la pluridisciplinarité qui fait son intérêt, ça n’effleure personne. Eh bien, on va devoir s’en occuper…

  • Pierre

    Bouh le privé….avec un peu de chance nous aurons aussi droit à une refonte des droits de scolarité, du genre "7000€ pour tout le monde, te plains pas c’est pour la France"…très pratique pour planifier ne serait-ce qu’un petit peu nos (mes) 4 prochaines années….