Rencontre avec Renaud Boulant, responsable des sports à Sciences Po

Sport1.pngLe Critérium inter-IEP 2011 arrive à grandes foulées, les vestiaires bruissent des crampons qu’on affute et le supporter parisien fait ses vocalises. Mais à part ces trois jours de mars, le sport est rarement sous le feu des projecteurs. Pourtant, chaque semaine, 2100 étudiants pratiquent au moins un sport, et le planning du jeudi après-midi est toujours chargé de compétitions. Pour décrypter le sport à Sciences Po, LaPéniche est allé à la rencontre de Renaud Boulant, responsable des sports à Sciences Po.

Pour beaucoup, l’organisation des sports à Sciences Po s’arrête aux portes du local de l’Association Sportive (A.S.), qui enregistre votre inscription et range soigneusement votre chèque dans une petite boîte métallique. Mais derrière le travail de ces aimables forcenés se cachent des rouages plus discrets qui permettent le bon fonctionnement des activités sportives. A la manœuvre, Renaud Boulant, Responsable des Sports à Sciences Po depuis Avril 2009. Un nom que beaucoup reconnaîtront de cette occasion où il a fallut s’inscrire manuellement au cours souhaité, dans ce bureau 205 du bâtiment du 56 rue des Saints-Pères.

M. Boulant dirige le service des sports – qui se limite dans les faits à sa personne – qui gère l’aspect « scolarité » des cours de sport de Sciences Po: le recrutement et la rémunération des enseignants, et tout ce qui a trait à la validation des précieux crédits. De plus, le service des sports chaperonne l’A.S. qui parfois tout de même « fait remonter » un problème ou un blocage s’il concerne les crédits, les professeurs ou les infrastructures – il y a division du travail, mais une « concertation » constante, assure M. Boulant. Le besoin des talents organisationnels de cet ancien gestionnaire des risques et de la gestion d’actifs se fait notamment sentir au niveau du dialogue avec la mairie de Paris en vue de la réservation des infrastructures, pour lesquelles la demande est très élevée. A noter que les dépenses relatives aux infrastructures représentent le premier poste de dépense de l’A.S., avec un peu plus de 142 000 euros de frais d’infrastructures pour l’exercice 2009-2010.

Sport3.pngSi Renaud Boulant était un professeur conventionnel (il enseigne l’escrime dans nos murs), il dirait sûrement à la première séance être « diplômé de cette maison ». Issu de la promotion 2003 puis de l’ENS, il passe quelques années entre la Société Générale et CNP Assurances avant de rejoindre le service des sports de Sciences Po. A l’université, en cherchant le responsable des sports, on ne trouverait pas un responsable aux compétences organisationnelles certaines mais le « SUAPS », le Service Universitaire des Activités Physiques et Sportives, regroupement de professeurs d’EPS au fonctionnement collégial. Cette différence « fait la force de Sciences Po » selon notre interlocuteur.

Quid de la rémunération des enseignants? « J’ai l’impression cela ne vous regarde pas vraiment » plaisante-t-on. On comprend au détour d’une phrase que l’Institut alloue un « budget enseignants », et puis c’est tout. Les intéressés ont par ailleurs récemment été encouragés (et incités dans les règles) à accompagner leurs ouailles aux compétitions. On nous assure que nos cotisations et les variations inévitables qui existent entre les différents tarifs sont liées aux infrastructures, au matériel et aux licences, volet géré par l’Association Sportive – avec un droit de regard du responsable des sports bien entendu.

Où en est le sport à Sciences Po ? 2100 étudiants inscrits, soit « un bon tiers » d’entre nous qui avons trouvé notre compte parmi la large palette de sports proposés (plus d’une soixantaine). Plus que l’année dernière, mais la croissance des effectifs demeure proportionnelle à celle que connaît Sciences Po. On ne sait pas encore si il existe une sur-représentation masculine parmi ces sportifs. Proposé en collaboration avec des clubs spécialisés depuis l’année dernière en réponse à une volonté du service de l’aide sociale, le handisport n’a été choisi par aucun étudiant ce semestre. « Il n’y a pas beaucoup de demande », remarque Renaud Boulant, avant de s’empresser de souligner un éventuel manque d’information.

Sport2.pngCe que l’on sait en revanche, c’est que les étudiants aiment leurs cours de sport. La satisfaction est en hausse, comme en témoignent les chiffres fièrement exhibés. Nos évaluations sont observées de près: entre le 1er semestre de l’année 2009 et celui de cette année, la part des « satisfaits » et « très satisfaits » a augmenté de 83% à 89% en moyenne (une malencontreuse erreur de M. Boulant nous permet par ailleurs d’informer nos lecteurs avides de savoir à utilité réduite que les taux de satisfaction pour les cours du BdA sont du même ordre).

Peu d’entre nous auraient pu clamer savoir que le sport a fait irruption dans les murs de l’Institut au début des années 1930, et ce à la suite d’une initiative étudiante qui déboucha sur la création de l’Association Sportive qui fêtera ses 75 ans cette année. Les cours de sport furent ensuite rendus obligatoires, puis à nouveau proposés de manière facultative. Les beaux jours du sport à Sciences Po seraient-ils terminés? M. Boulant plaide pour la ré-instauration du sport obligatoire, en tant que vecteur d’intégration et créateur d’esprit d’école. Il milite non seulement pour la pratique hebdomadaire obligatoire, mais également pour l’introduction de cours collatéraux traitant d’autres aspects du sport, comme la théorie, la nutrition ou encore la préparation mentale. Ainsi, si pour certains la prise de parole en public s’apparente à un combat de boxe catégorie poids lourd au niveau de l’effort déployé, peut-être que des solutions autres que l’écoute en boucle de Eye of the Tiger avant les exposés pourront être proposées à l’avenir.

Il faut s’attendre à du mouvement dans le paysage de l’organisation des sports à Sciences Po. Le premier journal vidéo des sports a tout récemment fait son apparition en tant que projet collectif sous la houlette de M. Boulant. En effet, en collaboration avec l’A.S., l’administration a pour ambition une couverture médiatique plus étoffée de l’activité sportive, tant sur les terrains qu’aux entraînements.

Les plus jeunes des trublions en jaune et noir qui occupent le fond de la cafétéria devraient par ailleurs prendre note d’un changement annoncé pour la mi-avril: en adéquation avec la volonté de rendre plus démocratique le fonctionnement de l’A.S. tout en augmentant l’implication des étudiants dans celui-ci, il est prévu de mettre en place, sur le modèle de ce qui se fait pour le BDE et le BDA et conformément aux statuts de l’association, un renouvellement des membres du staff par scrutin de liste, en substitution de la cooptation qui prévaut pour l’heure.

Images: http://www.monarcrit.fr

10 Comments

  • une footeuse

    Merci à l’As d’être la seule association de Pipo à donner vraiment envie de s’investir dans la vie de l’école

  • Edmond R

    Je t’en prie Emile, si tu as des questions sur le fonctionnement de l’as, tu peux venir au local où nous te montrerons les heures de travail effectuées par les bénévoles qui permettent d’offrir un service aux étudiants égal à celui des plus grandes universités parisiennes où le sport est assuré par des professionnels. Apparemment, tu n’as pas beaucoup d’expérience associative à la vue de ton agressivité, de tes commentaires et de ta vision des choses. Je serai ravi de t’éclairer la-dessus.

    Certes, certaines personnes sont très visibles, elles ne font en aucun cas partie de l’AS qui se compose de personnes discrètes qui sacrifient beaucoup de temps chaque semaine pour que le sport ait une place à Sciences Po.

    Ne pas reconnaitre leur travail est insultant.

    « Voilà ce qu’à peu près mon cher vous m’auriez dit,
    Si vous aviez un peu de lettre et d’esprit,
    Mais d’esprit, ô le plus lamentable des êtres,
    Vous n’en eûtes jamais un atome, et de lettres,
    Vous n’avez que les trois qui forment le mot sot. »

    Change pas, bisous

    PS: Quant à mon caca, il reste dans mes toilettes, je te prierai de faire de même.

  • Morgane

    – « Une élection à l’AS ? Pour en faire un staff élu sur sa popularité et sa capacité à distribuer des bonbecs en péniche ? » : sache, mon cher Arnaud, que contrairement à ce que tu penses, les élections (BDE, ou autres) ne sont pas une question de concours de popularité ou de distribution de bouffe. Il s’agit d’étudiants motivés qui prouvent, une semaine durant pour certains et toute une année pour d’autres, leur capacité d’organisation et leur volonté de bosser (dur, d’ailleurs) ensemble sur un projet commun dans le cadre de leur école.
    – « Contrairement au Bureau des Eleves, l’AS n’a aucune vocation représentative » : et pourquoi pas ?
    – « Il est impossible de renouveler l’AS tous les ans » : impossible is nothing, assure Adidas (je sors mon peu de références sur le sport et le dépassement de soi pour l’AS, pfiou). Soyons honnêtes, reprendre la gestion d’une assoc permanente sans en avoir été staff les années précédentes n’est pas évidente, il faut en comprendre tous les mécanismes et peut-être faire quelques erreurs, mais c’est bel et bien possible – il suffit que l’équipe précédente aide la suivante afin que la transition se passe au mieux. L’expérience et les compétences dont tu parles, je ne t’apprends rien : ça s’acquiert.

    Je ne remets en aucun cas en question la compétence de l’actuel bureau de l’AS. Simplement, j’ai du mal à comprendre pourquoi des élections à l’AS semblent si irréalisables/ inenvisageables.

  • Emile

    L’AS, « havre de paix et de bon esprit du 27 »? Probablement, il fut un temps où cela était vrai. Le staff de cette année est en revanche la honte de la vénérable institution qu’est l’association sportive, et ce malgré une présidente remarquable. Le staff ne ressemble à rien, ne fait rien à part poser son cul dans son local pour glander sur facebook. Personne ne sait ce qui se fait, chacun renvoie vers un autre. Même la petite équipe du BDA est plus efficace. Dommage aussi que tant de bouffons viennent graviter dans cet univers pour ajouter la stupidité et la gaminerie à la fainéantise, trouvant comme unique façon pour exciter leur vie misérable que de chier dans des verres pour les mettre dans le micro-onde du BDE…

  • Thomas, 4A de l'AS

    Je ne sais pas qui est Alexandre Fleuret, et je ne sais pas ce que fait une référence au CRIT dans cet article.
    Mais Alexandre Fleuret peut très bien aller prêcher sa philosophie auprès des étudiants de Sciences Po (et des 8 autres IEPs) pour leur expliquer que pendant le CRIT, ils doivent être des étudiants modèles comme tous les autres jours pendant 5 ans, et que non, c’est interdit de relâcher la pression pendant un week end , et que non, la minorité active de Sciences Po n’a pas le droit à son moment de communion étudiante autour d’une même passion, jaune et noire.
    Et il peut aussi aller expliquer à l’ensemble des équipes sportives qui s’entrainent dur depuis le début de l’année dans l’espoir de remporter le CRIT, que cet investissement n’est que misère et débauche.
    Je suis persuader qu’il recevra des échos positifs de toutes parts.

  • Lauriane Devoize

    Quelle que soit la personne qui ait écrit ce commentaire, elle n’est pas légitime à juger du travail du Responsable des Sports, ni à le décrier de cette façon.

    L’AS et Renaud Boulant travaillent ensemble et les compétences organisationnelles sont requises des deux côtés.
    Le responsable des sports a la charge des infrastructures, des professeurs toute l’année et des crédits des étudiants.
    L’AS s’occupe des évènements, compétitions sportives, communication, trésorerie, matériel et autre toute l’année.
    Leurs tâches sont donc bien divisées, aussi nécessaires l’une que l’autre et inséparables.
    Il y a concertation sur certains projets sportifs et sur la mise en place de nouveaux sports pour améliorer le plus possible la vie sportive à Sciences Po.

    Il fut un temps où l’administration ne s’impliquait pas autant dans le service sportif rendu aux étudiants qui en ont pâti pendant des années, un groupe de bénévoles ne pouvant bien évidemment pas gérer un tel travail.
    Les 2A n’ont pas bien évidemment connu cette époque et ne savent pas leur chance.
    Je suis sure que les autres reconnaissent le succès de la coopération actuelle.

    Lauriane Devoize
    Présidente de l’AS

  • Arnaud

    Une élection à l’AS ?
    Pour en faire un staff élu sur sa popularité et sa capacité à distribuer des bonbecs en péniche ?

    Vous vous foutez de ma gueule ?
    1) C’est une association qui rend service, organise des cours de sport et des évènements. Contrairement au Bureau des Eleves, l’AS n’a aucune vocation représentative.
    2) Il est impossible de renouveler l’AS tous les ans. La gestion des cours de sports ou encore les relations entres les Associations Sportives de tous les IEP pour le crit sont autant de choses qui font que l’action de l’AS s’inscrit dans la durée et demande un staff qui a de l’expérience et des compétences.
    3) Arrêtez d’enfoncer vos aiguilles à tricoter dans les utérus féconds des seuls havres de paix et de bon esprit du 27.

  • Julien Palomo

    @2A

    Cher « 2A »,

    Je vous remercie pour cette courageuse attaque anonyme du Responsable des Sports.

    De deux choses l’une : soit vous êtes impliqué à l’A.S. dans l’organisation du Crit’ ou des cours, et ne pouvez asséner de telles contre-vérités. Soit vous ne l’êtes pas, et vos propos sont inacceptables.

    Pour notre part, M. Boulant et moi-même avons pignon sur rue ; vous nous trouverez au Bureau 205 ; vous pourrez venir argumenter votre point de vue ; et cela sans vous exposer à des bordées d’injures sur internet.

    Julien Palomo,
    Responsable de la vie étudiante

  • Max

    Alexandre Fleuret devrait retirer le filtre « petit père des peuples » qui fait obstacle à sa clairvoyance. Ou alors il est con.

  • 4A

    http://formation.sciences-po.fr/sit

    « Alexandre FLEURET revient sur le bilan moral en apportant une critique sur la philosophie qui guide
    l’Association Sportive. Il déplore la description faite de la fierté exagérée des étudiants pour leurs couleurs
    lors du CRIT, soulignant que cela va à l’encontre des valeurs sportives et universitaires. Il rappelle que les
    Olympiades universitaires de l’été 2009 véhiculaient de vraies valeurs sportives : le dépassement de soi,
    l’émulation, la solidarité, la participation, etc. À l’inverse de ces valeurs, le CRIT prévoit des « destructions
    possibles ». Alexandre FLEURET craint que ce genre de comportement nuise à l’image de l’école et plus
    généralement à l’image des étudiants dans la société actuelle. Il émet le vœu que les prochaines
    manifestations du CRIT se déroulent dans une saine émulation sportive, faite d’esprit bon enfant et
    progressiste, débarrassée de toute vulgarité et de dénigrement d’autres étudiants. »