Règlement de scolarité: Haro sur l’oisiveté!

Nouvelle année scolaire, nouveau règlement de scolarité. Deux modifications concrètes: autrefois quasi-illimité, le redoublement est dorénavant bridé à un essai par année d’étude ; le nombre d’absences « tolérées » par enseignement passe de 3 à 2. Serait-on face à une croisade contre l’oisiveté?

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En début d’année, LaPéniche vous livrait en exclusivité une information qui allait déchaîner les passions dans un article qui demeure à ce jour l’un des plus consultés de l’histoire de LaPéniche: « Un taux de redoublement record en première année ». Le chiffre de 25% est lâché comme une bombe, les commentaires fusent, Richard Descoings sort une vidéo et l’administration se met à couvert, à l’image de Françoise Mélonio qui explique ce chiffre par les décrochages purs et simples d’étudiants qui choisissent d’étouffer eux-même leur flambeau au lieu de laisser à Denis Brogniart cet honneur. Le taux de redoublements stricto sensu – autrement dit la proportion d’étudiants qui échouent à passer en deuxième année mais qui, eux, désirent continuer l’aventure – se situerait, selon la doyenne du Collège Universitaire, autour de 10%.

Il reste que ces chiffres et toute cette agitation inattendue ne peuvent être totalement bons pour l’image de l’établissement, quel que soit le mode de calcul. Peut-être est-ce pour cela que le nouveau règlement de scolarité met fin au redoublement illimité, qui aboutissait selon les mots d’Hervé Crès à des « situations personnelles parfois dramatiques d’élèves qui triplent voire quadruplent aujourd’hui une année d’études« .

On peut toutefois s’interroger sur la nature réelle du changement qu’opèrerait ce nouvel article 15, par ailleurs adopté à l’unanimité des membres du Conseil de direction au sein duquel siègent des représentants de nos syndicats. Quels sont les élèves qui tripleraient ou quadrupleraient une année d’étude? Des décrocheurs? Assurément non, plutôt même des « accros ». Notre belle école désirerait-elle se délester plus précocement de prétendants enamourés accrochés à son grappin? Peu probable.

Dans les faits, il n’est pas rare que les candidats au triplement reçoivent un coup de fil une fois les résultats tombés, afin de pudiquement « faire le point« , à la manière d’une petite amie qui vous appellerait pour vous lancer, l’air grave, le « Il-faut-qu’on-parle » fatidique – en réalité pour négocier une réorientation. La modification des conditions de redoublement ressemblerait donc davantage à un alignement du règlement sur la pratique plutôt qu’à un durcissement . Le triplement est dorénavant présenté comme plus proche de la faveur exceptionnelle que d’un droit inaliénable.

scpolille.jpg Alignement également sur nos « confrères » provinciaux, à côté de qui nous passions et passons toujours pour des tire-au-flanc finis. En effet, nos rivaux du Crit’ n’y vont pas avec le dos de la cuillère en bois: saviez-vous que les lyonnais, pour tenter de peut-être éventuellement arriver à notre cheville un jour, suivent des cours de sport obligatoires durant leurs deux premières années? Mais surtout, un seul redoublement par année. A Lille, triplement impossible également.

Mais c’est surtout concernant l’assiduité que le bât blesse. Insurgez-vous, parisiens, le règlement de scolarité mis à jour réduit la « tolérance » des absences à seulement 2 par enseignement! Ô rage, Ô désespoir ! Indigne toi, toi qui faisait sauter un quart de tes cours: à 1/6ème tu te limiteras. Plagiant brillamment un mauvais Woody Allen, les anciens boiront du vin au Basile et parleront aux nouveaux du bon temps, de cet âge d’Or perdu où « on n’allait pas en cours ». 3absences.png

Mais avant de réserver à Richard Descoings et vos élus syndicaux un accueil digne de celui réservé à Eric Besson en Péniche, songez que si vous aviez eu la malchance de trébucher dans un I.E.P., la laisse serait encore plus courte. Certes les Lyonnais ne vont directement aux rattrapages qu’après la quatrième absence. Mais ils perdent deux points sur leur moyenne au bout de la troisième. Et surtout, la cinquième entraîne l’exclusion définitive.

Au Nord, bien plus au Nord, plus dur encore: les absences sont comptabilisées toutes conférences confondues – au bout de quatre absences injustifiées, si vous êtes lillois, vous avez interdiction de composer en 1ère session d’examen. Et à votre grand désarroi, le Crit’ n’est pas une justification valable. Alors si vous, les oisifs de la rue Saint-Guillaume pouvez pleurer votre Augmentation de Temps de Travail, la prochaine fois que vous serez au bord de la défaillance, pensez donc à la province qui se lève tôt.

Images:
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7 Comments

  • réveillez vous que diable

    si seulement le problème était le nombre d’absences et non pas le nombre de séances…
    au lieu de réduire les absences autorisées à 3 ils auraient du songer à augmenter le ridicule nombre de séances de cours qui rend notre cursus creux

  • Correction

    La question du redoublement se pose dans des termes différents.
    Avant on pouvait redoubler…indéfiniment. Maintenant non.
    Mais on pourra surement cumuler les crédits d’une année sur l’autre… Ce qui est en soit un progrès.

    Par ailleurs compte tenu du % d’étudiants qui triplent ou quadruplent leurs premières années, l’enjeux est moins de taille encore si un vrai suivi est organisé par la direction sur ces étudiants (2 à 3 par promos).

  • Den Xiaoping

    Bel effort de la Péniche, avec un article qui relève (légèrement) le niveau global de l’an dernier. Être allé chercher des infos dans les autres IEP témoigne quand même d’un peu de travail.
    Mais sinon, c’est dommage de ne pas du tout avoir posé les termes du débat autour des absences : il y a eu de bonnes raisons échangées de part et d’autre. Contrairement au redoublement unique, cette mesure n’est pas passée à l’unanimité – du moins il me semble – et il est donc anormal de dire qu’il faudrait conspuer tous les syndicats. L’un d’entre eux (lequel ?) préférait insister sur la nécessité de changer la pédagogie pour que les étudiant-e-s viennent plus en cours.
    Par ailleurs, un petit coup de fil ou un mail à la direction, pour avoir leurs arguments, c’est bien aussi. Sortir un extrait de la newsletter envoyée à tou-te-s les étudiant-e-s, c’est un peu pas trop dur.

  • Adrien Bouillot

    C’est très bien tout ça car l’oisiveté est la mère de tous les vices !

    En parlant de vices, savez vous quel est le tournoi de tennis préféré des bricoleurs ?
    C’est la coupe Davis bien sur ! (coupe des vis)