Où sont les femmes ?

Le féminisme ça vous dit quoi ? Des femmes hystériques qui brûlent leurs soutiens gorges alors que votre père avait encore les cheveux longs ? L´instant de grâce de Simone Veil à l´Assemblée Nationale ? L´association « Ni Putes ni Soumises » en train de défiler ? Le féminisme semble une notion un peu désuète, un brin nostalgique comme quand votre grand-mère se plaît à vous raconter ses histoires sur la guerre. Alors imaginez le féminisme à Sciences Po…

Et pourtant, jusqu´à l´année dernière, un groupe de jeunes femmes qui en veulent tenaient une drôle d´association appelée « les Sciences Potiches se rebellent », chiennes de garde de la condition féminine dans le milieu universitaire, professionnel et politique comme l´explique Gwenaëlle Perrier une militante, aujourd´hui en thèse à Sciences Po. Fondée entre autres par Cécilia Baeza (+ Émilie Combaz, Marielle Debos, Manuel Domergue) et soutenue par Mathilde Rouiller, l´association féministe de Sciences Po s´est engagée dans tous les combats récents qui touchent à la condition des femmes : action contre les jouets sexistes en 2002, manifestations contre les violences, fond social européen en 2003, prise de position hautement contestée mais affirmée pour la loi contre le foulard. Elles se sont illustrées à Sciences Po par de nombreuses conférences sur la condition des femmes en sollicitant des chercheuses, des actrices de terrain ; des expositions lors de la journée des femmes le 8 mars, des distributions de tracts pour sensibiliser les étudiants aux inégalités hommes / femmes dans le monde du travail et surtout, un de leurs chevaux de bataille, à l´absence d´études de genre – comprenez de la recherche sociologique sur les inégalités hommes / femmes.

2006, les Sciences Potiches disparaissent du paysage associatif de Sciences Po en laissant en suspend de nombreux combats nécessaires au sein de l´école. En effet la cause féministe a d´autant plus sa place au sein de cet illustre institut que la population étudiante reconstitue un groupe social souvent sexué voire machiste qu´il faut sensibiliser, que d´autres parts des gens amenés à exercer des responsabilités dans des postes de direction et donc à insuffler du changement par l´action politique y sont formés. Des masters comme Affaires Publiques et Finance et Stratégie sont encore trop souvent privilégiés par la gente masculine, carcan social. Plus encore, alors qu´il est plus hype de faire de la recherche sur les relations internationales et les politiques sociales européennes, le champ académique peine à s´ouvrir aux études de genres qui sont pourtant en plein essor dans le reste des pays européens. La direction Lazarienne très masculine de l´Ecole Doctorale de Sciences Po ferait-elle un peu de sexisme académique ?

Un progrès notable a été réalisé concernant la place des femmes à Sciences Po. Alors que les chaires étaient uniquement tenues d´une main de fer masculine, les femmes ont commencé peu à peu à truster ses postes clefs du monde universitaire. Trois chaires sur huit sont dirigées par des femmes actuellement : Shahrbanou Tadjbakhsh pour the Center for Peace and Human Security, Laurence Tubiana pour la chaire Développement durable et l´incontournable Marie Anne Frison Roche pour la chaire Régulation. En ce qui concerne la structure même de Sciences Po, les femmes prennent de plus en plus de galons. A quand Nadia Marik en haut de l´organigramme, elle qui est déjà Directrice adjointe de l´IEP ? De façon plus générale, on s´éloigne de plus en plus du modèle de la femme secrétaire des années 1960 pour trouver de plus en plus de responsables pédagogiques féminines de master, même si les trois plus prestigieux : Affaires publiques, Finance et Stratégie et Affaires Internationales sont encore aux mains des mââââles.

Allez les filles, courage, on y est presque !

11 Comments

  • Drei

    Je vais encore passer pour le machiste de service mais j’ai surtout souvenirs des Sciences Potiches comme les filles qui gueulaient dès qu’il y avait la moindre photo de jeune photo quelque peu dévêtue sur une affiche de soirée (quand l’AS mettait des beaux éphèbes torse poils sur les leurs, personne ne venait gueuler). Alors, deux poids, deux mesures?
    D’autant plus que globalement, la parité est plutôt respectée à Sciences Po, du moins dans le milieu étudiant. Le respect est là et quand sexisme il y a, c’est plus de l’humour qu’autre chose.

  • Frédéric

    Je suis moi aussi désolé que les SPSR n’aient pas été reconnues.

    C’est dommage car au-delà de l’enjeu de l’égalité hommes-femmes dans les murs de l’école, une présence féministe à Sciences po permet de soutenir la réflexion féministe et sa diffusion, et de contribuer à l’action pour l’égalité hommes femmes bien au-delà de l’école.

    Espérons que les féministes sauront se réorganiser ici.

  • Gaëtan

    Je ne suis pas sûr, du moins à Sciences Po, que la discrimination hommes/femmes pour des postes à responsabilités soit de mise.
    Je constate après 4 ans dans la maison, que beaucoup de femmes sont responsables dans les différents services de Sciences Po, à l’administratif notamment (et surtout l’administratif non-étudiants), ainsi à Sciences Po Avenir où il n’y a QUE des femmes dans l’équipe.
    Je pense aussi que pour le coup, à Sciences Po, la nomination se fait vraiment sur des bases de compétences et non de sexe. Exemple évident : la responsable de Sciences Po Avenir. Alors l’idée que 50% des chaires devraient être tenues par des femmes, 50% par des hommes, de même pour les personnes responsables des master, simplement au nom de la cause, au détriment peut être des compétences, je suis contre.

    Sciences Po est un lieu privilégié, où il convient bien entendu de rester intéressés à l’évolution de la place des femmes hun 😉 , et je ne m’avancerai donc pas sur la situation dans l’ensemble du système de l’enseignement supérieur en France !

    Malgré les lieux communs, un article qui a le mérite de soulever des réactions Laure 😉

  • laure

    Mais heureusement que les mentalités changent et que le master finances commence à être de plus en ^plus trusté par les nanas! Je te parle juste de prédominance sociale…enfin, jetrouve que cest bien que les articles entraînent des réactions…

  • Togath

    Au fait, Don Quichotte, viens en master Finance et tu verras qu’il y a plus de filles que de garçons maintenant…Bref, n’hésite pas à aller au-delà des clichés.

  • Pierre

    moi je constate juste que les mecs sont en minorité en 1er cycle
    alors qui pense à nous, opprimés?

    facile le féminisme quand on est en position de force ^^

    et puis tu voudrais la fin de Richie? Je ne peux y croire…

  • Tonio

    Pour rebondir sur le dernier paragraphe, au sujet du Master Finance et Stratégie: il n’y a pas si longtemps que ça, sa responsable pédagogique était une femme. Et elle n’en a quitté la tête que pour prendre du grade.