Objectif 2013, début de mobilisation ?

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La riposte commence à s’organiser. Un peu plus d’une semaine après la publication par la direction de Sciences Po de son projet « Objectif 2013 » l’UNEF et SUD Etudiant organisaient une réunion d’information dans l’amphi Jean Moulin, prélude à une possible mobilisation. Mobilisatrice, cette première réunion ne l’a pas franchement été : seule une trentaine de personnes composait l’assistance.

Aussi, quand Alexandre Fleuret, à la tribune pour l’UNEF, explique en guise d’introduction à la réunion qu’il s’agit d’une « démarche unitaire pour lancer une mobilisation d’ampleur… », la salle ne peut retenir quelques rires. Pourtant, ce ne sont pas les raisons de se mobiliser qui manquent, d’après les deux syndicats étudiants de Sciences Po.

Sudetudi.pngAntoine Cabon, à la tribune pour SUD Etudiant, a développé l’argumentaire des deux syndicats sur les propositions du projet de la direction. Globalement, s’il reconnaît quelques bonnes intentions, « le projet n’est pas assez ambitieux et surtout très flou ». La direction naviguerait à vue sans véritablement de concret derrière ses grandes formules. Pour le Sudiste, « certains points sont tout simplement mensongers : la cité internationale est un projet qui est annoncé depuis 2004 et il n’y a toujours rien de fait ». Il insiste également sur les titularisations de professeurs ou sur la nécessaire réforme pédagogique de Sciences Po. Surtout, il pointe qu’avec seulement 2 millions d’euros afférés, « le projet sera dur à mettre en œuvre ».

Entrecoupées par les bruits de perceuse des travaux tout proches au sous-sol du bâtiment René Rémond, certaines interventions de l’assistance ont fait écho aux critiques exposées. Pour un étudiant, « on en est à un rythme de réforme tous les quatre ans. Et tous les quatre ans, on nous ressort les mêmes promesses, les mêmes réformes, et à chaque fois on nous fait passer ça par une hausse des frais de scolarité. Il faut être vigilants ». Le public s’interroge aussi sur la définition d’un quota d’handicapés ou sur l’absence de projet précis pour la recherche. Mais comme le remarque fort-à-propos Alexandre, à la tribune : « de toute façon, on prêche des convaincus ».

Ca ne l’a pas empêché de faire long sur le second volet de la réunion, concernant le financement du nouveau projet de la direction. Globalement, celui-ci induit jusqu’à 60% d’augmentation des frais de scolarité avec une différentiation entre premiers cycles et masters. Pour Alexandre Fleuret, « ça va mettre beaucoup d’étudiants dans la précarité, et ça ne va pas du tout dans le sens de la démocratisation ni vers un enseignement gratuit, de qualité et d’excellence ». Le membre de l’UNEF dénonce aussi la justification de la direction pour une telle hausse par l’augmentation de 5% du nombre de boursiers à Sciences Po : « la part que représente l’aide sociale dans le budget est très faible par rapport aux frais de scolarité. __C’est donc un mensonge de dire qu’on augmente les frais pour augmenter les bourses__ ». Pour de plus amples explications, se reporter aux (longues) brochures de l’UNEF et de SUD.

UNEF.jpgCet aspect du projet directorial n’a pas manqué d’occasionner de nombreuses réactions de la salle. Julien souligne que la société toute entière bénéficie de l’augmentation du nombre de diplômés, donc c’est elle qui doit en assumer le coût (par un engagement plus fort de l’Etat dans les universités) et non en faire porter la charge par les étudiants. Le bien connu Gwénolé (ex élu UNEF) vient rappeler les manquements de la commission de suivi social, dont le budget n’est en fait jamais intégralement utilisé, et remarque que pour être considéré comme étudiant autonome (rien à voir avec l’ultragauche) à Sciences Po, il faut gagner 90% du SMIC, ce qui est incompatible avec de bonnes conditions d’études. Un étudiant se demande aussi s’il est bon de vouloir imposer un système à l’américaine, discutable mais ayant sa logique propre, dans un contexte français qui n’est pas, selon lui, adapté.

Finalement, tout ce beau monde étant plutôt d’accord sur le fond, on se met à discuter des moyens d’organisation d’une mobilisation étudiante contre ce projet. Pour Gwénolé, « l’avantage, c’est que la direction n’a jamais aussi mal ficelé un projet que celui-là ». On ne manque pourtant pas de remarquer que, cette réforme ne concernant que les nouveaux entrants, il sera dur de fédérer les étudiants actuels sur la question. Egoïstes les étudiants de Sciences Po, comme l’avait probablement prévu l’administration ? Différentes orientations stratégiques sont étudiées, mais la discussion débouche sur la création d’un comité organisationnel, fondé donc par l’UNEF et SUD Etudiant, mais qui a vocation à être rejoint par toute association, syndicat ou parti politique refusant le projet de la direction. Le PS Sciences Po pourrait en être assez rapidement. Et une AG devrait se tenir dès la rentrée. Reste à voir si la mayonnaise prendra…

LaPéniche invite les autres syndicats à se manifester s’ils souhaitent porter à notre connaissance leurs positions ou que nous assistions à leurs éventuelles réunions d’information.

28 Comments

  • Dennys

    Djougachvili attation, les bolchéviques t’attaquent.

    Franchement, pour en revenir au « début de mobilisation »… j’attends de voir. Ils ont peut être mal ficelé le truc, mais comme bon nombre de mes connaissances me l’ont sorti « bah au final, on est pas concernés », je trouve ça lamentable comme point de vue, mais c’est ce qui m’a été dit… moralité, le début de mobilisation, je pense pas qu’il ira loin.

    En même temps, ça serait cool d’organiser un débat contradictoire avec tous les syndicats! Je suis sûr que lapeniche déplacera ses meilleurs camarades bolchéviques sur le terrain 😉 (qu’est ce qu’il faut pas lire… moi on m’a dit que Lapeniche était centriste, intox?)

  • Arnaud

    Conclusion :
    Lapéniche est apolitique et gentille et merci beucoup.
    L’UNEF c’est des sales blochéviques mais qui sont gentils avec lapéniche.
    L’UNI doit prévenir lapéniche le jour ou ils feront enfin quelquechose.
    Djougachvili est un gros facho.

    C’est bon, tout le monde est content ?

  • Niarf

    Une seule chose à dire : vous faites pitié…
    Je comprends pas qu’à chaque article portant sur une question politique vous ayez besoin de poser la question du « bolchévisme » de lapéniche, alors qu’on ne peut pas plus apolitisé que ce site… Qui n’est que le reflet des étudiants de Sciences Po.

  • Laure

    De toute facon je vois pas du tout où est le problème de ne pas interroger l’UNI ! Ils sont quasiment mort, et heureusement 🙂

    Ah ces extremes, quand tu nous tiens !

  • Valentine

    Djougachvili, je dis « ce monsieur » – tu as lu « petit » quelque-part? – car je n’ai pas l’honneur de connaître Max et qu’il ne fait pas (encore?) partie des syndicats qui m’ont mailé pour qu’on puisse organiser quelque-chose.

    Et s’il le souhaite vraiment, je peux lui donner une grande accolade aussi.

    (Je ne suis pas rédac chef, il y a une page « staff » prévue pour ce genre d’interrogations qui peuvent survenir à tout moment dans l’esprit de nos lecteurs.)

  • Justine

    @ Max: ce n’est pas une histoire d’etre convié ou pas à ce débat. En effet, le débat s’est vraiment improvisé. Je me suis trouvée dans le local pour parler à ND, et j’en ai profité pour demander aux présents ce qu’ils pensaient des crédits.
    Ce n’était donc pas un débat organisé, mais improvisé.

  • Djougachvili

    Belle illustration de mon propos, non, Valentine ? Tout ce débat pour te voir conclure en donnant de grandes accolades au grand ancien de l’UNI pour son grand humour et pratiquement traiter le type de l’UNI de petit monsieur, – avec une jolie condescendance du moins. La rédac cheffe donne le ton… (J’arrête, j’en ai dit assez pour être catalogué lepéniste à tout jamais.)

    @Florian : si les étudiants n’en avaient rien à fiche de LaPéniche.net, ils ne lui adresseraient pas de critiques ; ils l’ignoreraient, comme ils font de RSP. Peut-être qu’il s’en trouve encore qui préféraient justement ce que vous faisiez. Je ne dois pas être le seule à estimer que le post de Valentine dément sévèrement vos deux derniers paragraphes.

  • Valentine

    « que quelqu’un vous fasse la courte-échelle »

    Je suis la seule que ça fait rire? hihi sacré Gwen.

    Plus sérieusement si ce monsieur de l’UNI tient absolument à ce qu’on l’itw, on le fera. On est aussi très à droite à LaPéniche, en plus du bolchévisme.

  • Gwenolé

    Mon pauvre Max, je suppose que l’UNEF n’avait pas fini de passer la brosse à reluire sur ton carton d’invitation plaqué or.
    Quand on fait du syndicalisme, on n’attend pas que quelqu’un vous fasse la courte-échelle : on s’impose dans le débat.

  • Max

    … et promis je vous enverrai l’opinion de l’UNI sur ce sujet. Cependant, deux remarques :
    1) un article rédigé sans prendre en compte les avis divergeant, c’est juste dommage intellectuellement ;
    2) ce n’est pas nouveau. Le débat organisé sur les crédits associatifs était organisé au local syndical, mais sans l’UNI. J’ai poussé la porte par inadvertance et, coup de change, j’ai pu participer. Pourtant, c’était facile de me trouver. Je tenais une table. En PENICHE !!!

  • Florian

    A sa création (à laquelle je ne suis pas étranger), LaPeniche.net était un site complètement apolitique. Il y avait de longs et bons articles sur les élections syndicales, où tous les protagonistes étaient interviewés et leurs idées comparées.
    Je crois que cette approche est celle qui est encore poursuivie.
    Forcément, quand on écrit un article qui rend compte d’une réunion de l’UNEF et de SUD, le compte-rendu est « orienté », car c’est le message qui y a été véhiculé. Le rédacteur respecte cependant une distance et ne s’engage nullement dans le débat, pas plus qu’il n’engage LaPeniche.net ! Nul doute que d’autres syndicats ne se priveront pas de faire une analyse critique du projet de ces syndicats.
    A Sciences Po, il y a beaucoup de sensibilités politiques différentes, et c’est le rôle de ce site web d’en rendre compte, parce que c’est une composante importante de la vie de l’école.

  • Jean Zay

    Oui la mobilisation progresse : le PS Sciences Po a décidé hier soir de s’engager dans le collectif qui demande un autre financement. Beaucoup d’autres associations de Sciences Po font de même.

  • Fanny

    Djougachvili, merci pour ton commentaire, ma journée s’achève sur un vrai fou-rire!!!!
    Après avoir été trop à droite, trop neutres, nous sommes maintenant bolchéviques, on en apprend des choses, c’est fantastiques!!!
    Merci encore.

  • kimio

    Halte à la propagande bolchévique de La Péniche.
    Les cocos s’infiltrent vraiment dans tous SciencesPo.
    Mobilisons-nous, Organisons la résistance !

  • un lecteur régulier

    Qu’on arrête de taper sur Lapeniche, ils font un super boulot et comme a été dit dans les autres articles, ça nous permet de savoir tout ce qui se passe.
    C’est trop facile de taper dessus à chaque article parce qu’untel trouve une formulation maladroite ou a justement des excès de paranoia. Je pense au contraire que les rédacteurs de ce site se prennent assez la tête comme ça pour écrire un article sur la mobilisation étudiante en restant objectif, ce qui n’est pas une mince affaire.
    Si certains sont paranos et craignent l’embrigadement de masse par la péniche, ou alors sont allergiques au second degré ou à ces phrases d’accroches qui font qu’on a du plaisir à lire un article, qu’ils entrent en contact avec la rédaction et arrêtent de cracher leur bile à la moindre occasion.
    Pas de haine dans mes propos, même s’ils sont crus, juste une lassitude. Lapeniche ? on kiffe. Une poignée de tatillons pour une quasi unanimité de satisfaits. Voilà.

  • Eve

    Hey le prends pas mal! 🙂
    Au contraire je dis que lapeniche s’améliore grace a la plus grande diversité de ses rédacteurs. Elle arrive mieux à refléter ce qui se passe sur le campus. On peut pas être parfait du premier coup!

  • Eve

    Je pense que c’est difficile de reprocher une orientation politique à Lapéniche. Si tu lis les précédents articles et commentaires, tu verras que les étudiants lui reprochent son apolitisme de droite. D’autres l’accusent de bolchévisme. Mais ce sont tout simplement des dizaines étudiants de plus en plus différents qui écrivent des articles, d’où les différences de ton. Et on ne saurait qu’encourager lapéniche.net dans cette voie: c’est bien mieux que du temps de leur création non?

  • Djougachvili

    Eve, c’est la démarche de LaPéniche plutôt que le mouvement étudiant qui a motivé ma réaction. Tout à fait d’accord avec ton deuxième paragraphe. C’est juste qu’après nous avoir rebattu les oreilles de son rôle de « portail d’information », voir LaPéniche dissimuler si mal ses orientations propres est un peu agaçant.

  • Eve

    Je trouve au contraire que cet article fait preuve d’un bel effort d’objectivité, notamment parce qu’il souligne le faible nombre d’étudiants à de nombreuses reprises.
    Et pourtant, 30 étudiants de 2 syndicats, à Sciences Po c’est un début de mobilisation monsieur Djougachili. Une mobilisation part toujours d’un noyau dur qui entraine ensuite (ou pas) la masse des étudiants derrière lui.

  • Djougachvili

    Je pense que comme le précédent article, celui-ci est un effet de ma paranoïa de lecteur disposé à trouver du bolchevisme jusque dans son bol de céréales du matin ? « Début de mobilisation » (brillante AG en Jean Moule : 30 militants des deux bords, le ruisseau enfle…), « La riposte commence à s’organiser » en accroche (même remarque), beau travail d’objectivité. Ah si. Il y a trois lignes en italiques au fond de l’article, qu’il doit falloir prendre pour un NDLR.