L’UNEF, sûr de lui

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L’Unef, c’est un peu le meilleur ami du sciencepiste, le pote sur qui on peut toujours compter. Et pour cause : c’est l’Unef qui accueillit les grappes de 1A perdus que nous fûmes (autrefois), pour les guider à travers le boulevard St Germain et les méandres du 7e arrondissement. Lui encore qui permet chaque année à plusieurs centaines d’étudiants d’éviter la ruine chez Gibert en organisant une bourse aux livres. Beaucoup de 2A lui sont cette année redevables du délai négocié avec l’administration pour un certain dossier 3A, ayant à la fois sauvé leur équilibre psychologique et leurs rêves d’aventures exotiques. Et les portefeuilles des masters le remercient d’avoir exigé la gratuité de l’IELTS…

Bref, l’Unef ne se fait pas oublier. C’est même parfois agaçant (oh, l’erreur de la rentrée de 1A, celle qui consiste à donner son numéro de téléphone…). « On nous reproche souvent d’être trop présents, observe Paul Bernardet, le président de l’Unef Sciences Po. Mais c’est nécessaire pour se faire entendre, il faut être toujours actifs pour se mobiliser rapidement. Un bon score aux élections syndicales, c’est un poids supplémentaire pour parlementer et aider les étudiants. ».

Les élections syndicales ? Les 7 et 8 février. Une simple traversée de La Péniche suffit à rafraîchir la mémoire, car la campagne a démarré lundi dernier, à grands renforts de tracts plus colorés les uns que les autres. Mais l’Unef a lancé la communication plusieurs semaines en amont, avec une série d’affiches « bilan 2011 ». « On a eu de grandes victoires cette année », sourit le président. Outre les mesures citées plus haut, l’Unef a obtenu le dixième mois de bourse, qui commence en septembre au lieu d’octobre, et le gel des frais de scolarité pour 2012.

La Commission de suivi social, qui était auparavant destinée uniquement aux étudiants français, ajustera aussi, grâce à l’Unef, le calcul des frais de scolarité des internationaux. La réforme du concours ? L’Unef a voté contre. Face à la polémique, Paul Bernardet explique : « Au départ, la réforme du concours a été proposée pour ne plus perturber admission-postbac, où les admis à Sciences Po « bloquaient » des places en prépas par le jeu des vœux. Déplacé en mars, la suppression de l’épreuve de culture a été nécessaire à cause des biais sociaux qu’elle aurait provoqués. En mars, un terminale lambda qui tente Sciences Po n’aura jamais la même connaissance de la philo que celui qui aura suivi une prépa privée et s’y sera préparé. C’aurait été bien trop discriminatoire ! » Le concours écrit, les candidats y ont à présent accès à Paris mais aussi à Nancy, et Poitiers à partir de cette année. « On espère ajouter Lyon pour 2013. »

La réforme inclut également des oraux de motivation, qui auront lieu dans tous les campus délocalisés, dont un oral de langues. « Et les langues, c’est éliminatoire ! se révolte le président de l’Unef. On a voté contre, mais c’est passé quand même. Les langues, c’est selon l’expérience de chacun : on ne parle pas le même anglais si l’on est parti en séjour linguistique ou que l’on s’est contenté des cours du lycée… La discrimination sociale est énorme. A court terme, on va exiger la suppression de l’effet éliminatoire, mais l’idéal serait d’oublier les oraux de langue. » Cela va sans doute jouer dans la campagne. Mais l’important, c’est le programme de l’Unef, qui comporte trois pôles principaux.

Tout d’abord, les frais d’inscriptions et les aides sociales. Après l’obtention du gel des frais pour 2012, l’Unef compte bien le prolonger. Mais le système-même du calcul des frais reste bancal : « Les effets de seuil sont très grands. Le passage d’un palier à un autre entraîne une forte augmentation des frais de scolarité. Sur dix tranches, il a été calculé que les tranches médianes payent plus de frais, proportionnellement à leurs revenus, que les tranches supérieures. L’égalité entre étudiants, ça passe aussi par là : il faudrait corriger à la marge en linéarisant, ou créer plus de tranches, par exemple. Bien que ce système ne soit pas tout à fait « juste » à la base, on a besoin de plus de justice sociale. » Ce qui comprend les internationaux. En effet, les étudiants étrangers dont la résidence fiscale se situe hors de l’Union Européenne payent automatiquement le degré le plus élevé des frais ; l’Unef compte les inclure au système de paliers.

Sur les conditions d’étude, l’Unef vise en priorité la charge de travail, pas toujours égale au sein d’une promo suivant qu’on ait ou non eu une bonne intuition en cochant la case des inscriptions pédagogiques. « Harmoniser la charge de travail dans les confs, c’est l’exemple de la sociologie en 1A, explique Pierre Bernardet. Les mêmes textes à lire, des travaux à rendre semblables : les conférences sont moins inégalitaires. »

La place – ou plutôt le manque de place – a également été pensé par l’Unef, qui propose la création d’un planning des salles libres, consultable en ligne. Une alternative intelligente à la bibliothèque surpeuplée. Un mot sur les recueils de textes : « Il y a de plus en plus de textes à lire, et c’est impossible sur écran à long terme. Il faut mettre à disposition des recueils papier. » Enfin, la transparence demeure nécessaire, pas uniquement sur le campus de Paris. Les gouvernances des campus délocalisés, apparemment très autonomes, procèdent à des changements dans les obligations de scolarité : ainsi, à Poitiers, le sport est obligatoire… Mais l’AS qui gère les inscriptions n’a pas le budget pour assurer des salles et des profs pour tous. « D’où une volonté de transparence. Il faudrait faire remonter les problèmes à Paris, car les étudiants n’ont pas la possibilité de se faire entendre pour ce genre de problèmes. La transparence, ce n’est pas nouveau ; on voulait déjà en parler avant l’affaire des bonus. »

A ce propos, le président de l’Unef revient sur l’article en question : « On n’a jamais voulu minimiser l’affaire des bonus. « Mieux payer les directeurs », c’est bien l’argument de la direction, et non le nôtre ! Et l’alourdissement des frais d’inscriptions n’a qu’un lien indirect avec l’augmentation du budget. » Une affaire qui continue de faire du bruit, et sur laquelle l’Unef rebondit en proposant le site distribuedessuperbonus.lgecom.fr : les étudiants sont appelés à choisir eux-mêmes les priorités dans la gestion de Sciences Po (aides à la mobilité pour la 3A, renforcement des services aux étudiants… ou allouer des « super primes » à l’administration). Un moyen humoristique d’entrer directement en contact avec leurs électeurs et leurs attentes.

15 Comments

  • Enric

    Le problème c’est que vous mettez systématiquement un peu de rigolade décalée dans le grand univers du monde. En l’occurrence, sur un sujet comme les élections syndicales, c’est pas ce qu’on demande. LaPéniche est censé être un journal sérieux, où les gens s’informent, apprennent des choses. Pas l’inverse.

  • Mère Connasse

    Je vais mettre du capslock parce que je suis plutôt énervé.

    SA MERE LA CHIENNE PLEINE DE FOUTRE, VOUS AVEZ PAS AUTRE CHOSE A BRANLER QUE VOUS TOUCHER SUR UN TITRE QUI ESSAIE DE METTRE UN PEU DE RIGOLAGE DECALE DANS LE GRAND UNIVERS DU MONDE.

    Bisous.

  • Cyril

    C’eût été malheureux si les auteurs avaient eu la décence de rectifier ce titre suite à nos commentaires mais à ce stade le référence est assumée et donc bien pire que malheureuse.
    On ne peut perpétuellement qualifier de dérapages, de malheureuses, et minimiser ainsi des écrits outranciers.
    Devons-nous entamer des démarches contre la Péniche?

  • Jean

    C’est vrai que la référence au malheureux discours de de Gaulle sur le peuple juif, fier, sur de lui même et dominateur est extrêmement malheureuse…

  • Rocco Sigafredo

    soit l’auteur de cet article est un petit malin provocateur, soit un inculte total, quoi qu’il en soit le journal publie ce titre… bravo la Peniche.

  • Cyril

    Le titre de cet article est totalement déplacé et scandaleux.
    D’autant plus qu’il est publié sur un média censé savoir exactement à quoi il se réfère en l’occurrence. Merci d’en changer immédiatement.

  • Douit

    Correctif : l’unef n’a PAS voté pour la réforme du concours, précisément à cause des aspects insatisfaisants de celle-ci dénoncés dans l’article.

  • Cicéron Cépaquaré

    L’UNEF est une « union » (je laisse les esprits vifs déchiffrer le reste du sigle), et de fait, elle se conjugue au féminin.

    Sinon, bon article.

  • Cicéron Cépaquaré

    Égard qu’en fait l’UNEF est une « union » (je laisse aux esprits futés le soin de déchiffrer le reste du sigle), ce serait plutôt « une meilleure pote », et elle se conjuguerait au féminin.

    A part ça, c’est un article pas mal fait.