L’UDI Sciences Po s’éveille à la politique

Le 18 septembre, Jean-Louis Borloo fondait l’Union des Indépendants (UDI) à l’Assemblée Nationale. Début octobre, l’UDI Sciences Po était reconnue début octobre en tant qu’association étudiante. Retour sur le premier semestre à tâtons d’une nouvelle association elle-même issue d’un nouveau parti.

C’est l’histoire d’une figure de la scène politique française qui, tirant les constats d’un 6 mai « goutte d’eau qui fait déborder le vase », veut redonner au Centre une place que le Modem n’a pas réussi à tenir lors de la campagne présidentielle. Cette figure, c’est Jean-Louis Borloo, Président du Parti Radical, qui a rassemblé sous l’UDI – officiellement reconnue le 21 octobre, un mois après sa création – sept autres tendances, parmi lesquelles le Nouveau Centre (NC) d’Hervé Morin, l’Alliance centriste de Jean Arthuis ou encore la Force Européenne Démocrate de Jean-Christophe Lagarde (FED).

C’est aussi l’histoire d’une branche étudiante violette qui se forme à Sciences Po pour prendre le chemin d’un parti UDI dont tout le monde entend parler, mais dont la création n’est pas en adéquation avec le calendrier de la semaine de reconnaissance des associations à l’IEP. Une dizaine de jours avant l’officialisation du parti, l’UDI Sciences Po fête tout de même sa naissance, félicitée par Jean-Christophe Lagarde, secrétaire général du Parti national, un peu réprimandée aussi puisque la section Jeunes de l’UDI n’est pas encore formée.

« Réveiller la politique » : mais quand ?

Au niveau national, alors que le parti qui veut « réveiller la politique » s’appuie sur vingt-neuf députés et vingt-neuf sénateurs, il était raisonnable d’en attendre un programme dans les délais fixés – au printemps. Un programme qui devait étayer les « nouveaux cap » qui parsèment le Projet sur le site officiel. Mais rien, du moins pour le moment. La sortie du programme de l’UDI a même été repoussée un temps en octobre. Au 27 rue Saint-Guillaume, l’UDI Sciences Po a donc un an pour… s’installer tranquillement.

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Où vont-ils ? Qu’est-ce qui les motivent ? Marine Denis, Secrétaire du parti à Sciences Po, croit en « l’idée de Jean-Louis Borloo, d’Hervé Morin et de Jean-Christophe Lagarde notamment, de redonner au centre la place qui lui revient ». Mais la dizaine de militants et les soixante adhérents ne peuvent qu’avancer doucement puisqu’au niveau national, l’UDI se prépare. Individuellement, certains militants sciences pistes sont inscrits dans des comités de réflexion – compétitivité, solidarité, territoires, vivre ensemble et Europe – et participent aux réunions d’un calendrier redéfini : le 26 janvier, Pierre Bornand, Président de l’UDI Sciences Po, a assisté en compagnie de cinq autres membres du parti étudiant au premier « Forum Projet » à Paris, destiné à lancer les conventions territoriales qui s’organisent dans toute la France. A également été ouverte la plateforme www.unnouveaucap.com, pour recevoir le plus de contributions possibles. Le Projet serait adopté en juin, mais en attendant, que faire au 27 rue Saint-Guillaume ?

Tout n’est que chassé-croisé et fidélité parfois un peu embarrassante. L’UDI Sciences Po a tout de même cherché à se faire une place dans le paysage politique et conférencier lors du premier semestre, en tentant notamment d’organiser un débat interpartis sur le mariage pour tous. Débat qui n’aura pas lieu, car malgré « un accord de principe de tous les partis, les excès de certains ont torpillé le débat en plein vol », regrette Pierre Bornand.
En attendant le « réveil de l’UDI » au niveau national, l’objectif est donc triple : gagner en légitimité rue Saint-Guillaume, ancrer le centre à Sciences Po et se positionner pour les municipales de 2014. Alors que Jean-Louis Borloo a réaffirmé jeudi 14 février qu’il ne s’y présenterait pas, à l’UDI Sciences Po l’objectif est clair : profiter d’une année d’expérience pour commencer la campagne dès le début de l’année prochaine.

Au niveau national justement, l’UDI se positionne mais reste peu critiquée pour le moment. Le parti est jeune même s’il est mené par des hommes et femmes politiques expérimentés et seuls quelques faux-espoirs repoussés tel que la candidature de Borloo à la Mairie de Paris ou le report du programme officiel commencent à faire grincer des dents.

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Le charme de la jeunesse

Les liens de l’UDI Sciences Po avec l’UDI Jeunes à Paris et d’autres fédérations sont tissés. « Nous nous organisons progressivement et nous ne sommes pas encore une “machine” politique comme les autres », affirme Marine Denis qui mesure le chemin déjà parcouru et la position privilégiée dont ils bénéficient pour l’instant. Entendre par là que les divisions internes qui pourraient apparaître au sein du parti national ou celles que connaissent les autres partis à l’IEP, ne sont pas encore apparues, ou du moins ne sont pas encore visibles.
Les principaux membres bénéficient surtout de cette « jeunesse » pour gagner en responsabilité au sein de leur parti national : les militants ne sont pas encore très nombreux, les opportunités sont multiples et les personnalités se repèrent plus facilement. Le Président Pierre Bornand exerce des fonctions au niveau des Jeunes UDI, Jean-Baptiste Millet, vice président en charge de la communication, en première année à l’IEP, s’investit largement à l’échelon local, tandis que Marine Denis attend avant de se lancer dans l’une des fédérations.

Car là est toute l’ambivalence d’un parti qui se veut jeune mais qui ne l’est pas. Là trouvons-nous surtout la principale différence de la branche Sciences Po avec l’UDI nationale : l’Union des Indépendants se compose d’anciens partis qui se sont regroupés sous un, mais qui conservent leurs différends, leurs intérêts et un jeu de concurrence bien ancré. Même si à terme, les anciens courants – Parti Radical, Nouveau Centre, FED… – sont voués à disparaître, les jeunes recrues sont courtisées par les différentes tendances, au risque de se mettre les autres tendances à dos si l’une est préférée. « Oui, j’ai été approché par plusieurs tendances à l’UDI, affirme un militant de l’association, et en rejoindre une signifierait entretenir des relations plus compliquées avec les autres ». A Sciences Po toutefois, pas de divisions : si les membres font ou faisaient individuellement partie d’une tendance, celles-ci ne sont pas présentes officiellement au sein du parti.

« Nouveau cap social », « nouveau cap économique », « nouveau cap politique » donc, et de timides avancées. Sur des sujets tels que l’Europe, point essentiel de son Projet, l’UDI se prononce peu sur sa situation: quelques déclarations, une lettre de J-L Borloo adressée au Président de la République sur le nouveau budget afin d’en débattre au Parlement… Difficile de prévoir la suite d’un parti qui semble tenir sur ses piliers expérimentés et sur une jeunesse militante, déçue par le Modem, déçue par l’UMP, critique face au gouvernement en place…Le centre et sa figure de proue, l’UDI, voie modérée et moderniste de la politique menée par des figures plutôt traditionnelles, prend donc du temps à se centrer. En parallèle au 27, l’UDI Sciences Po s’apprête à accueillir Jean Arthuis pour une conférence sur l’Europe en amphithéâtre E. Boutmy, en partenariat avec le master Affaires Européennes. Jean-Louis Borloo est attendu au semestre prochain, à suivre.

Retrouvez ici notre entretien avec Marine Denis, Secrétaire Générale de l’UDI Sciences Po.