Les mystères de Sciences Poudlard

Sciences Poudlard
Motivé par la pression de ma famille, où la tradition sorcière se transmet de génération en génération, mon choix d’études s’est naturellement porté sur cette grande institution de sorciers, dont la seule mention fait frissonner d’envie tous les Terminales de France – ou presque. Ce fatidique matin de juillet 2010, j’ai frénétiquement actualisé la page des résultats, qui remplace depuis peu la lettre, calligraphiée à l’encre verte, frappée du sceau portant la devise séculaire « En savoir peu sur beaucoup ». Pas d’aigle ni de serpent, mais bien un fier lion sur le blason de la rue Saint-Guillaume. Ce fut le premier indice que je décelai : l’emblème de Gryffondor ne pouvait pas être là par hasard. Il s’agissait bel et bien d’une école étrangement spéciale, et tout, jusqu’à son nom, murmurait l’évidence : Sciences Poudlard.

Le jour de la rentrée, nous étions un millier de premières années apeurés à pénétrer dans la Péniche, ce Grand Hall mythique dont le plafond vitré reflète le ciel, ainsi que notre Grande Salle historique, l’amphi Boutmy, où devait se dérouler la cérémonie initiatique. Le malicieux discours du vénérable et respecté directeur de l’école, Richard Dumblecoings, nous apprit, entre autres, que le couloir du deuxième étage auquel mène le grand escalier est formellement interdit aux élèves, et nous mit en garde contre les nombreuses fourberies auxquelles se prêtent les bâtiments : le troisième étage du 56 n’existe pas, le cinquième est accessible uniquement par un escalier dérobé seul connu des plus braves, et les ascenseurs n’en font qu’à leur tête. Je devais également découvrir plus tard l’existence de passages secrets, notamment le tunnel presque invisible reliant le 13U au 28.

Il me faut préciser que Richard Dumblecoings, Directeur de Sciences Poudlard, Conseiller d’Etat, Chevalier de l’ordre national du Mérite, Chevalier de la Légion d’honneur, membre du club Le Siècle, Grand Gourou de la Convention ZEP, est la figure emblématique, parfois même idolâtrée, de l’établissement. Sa personnalité excentrique, l’importance accordée à son jugement au sein du Ministère de la Magie, ainsi que ses posts humoristiques sur Facebook, lui confèrent une aura sans précédent dans l’histoire de de l’école. De nombreuses sources le considèrent comme « le plus grand directeur de Sciences Poudlard de tous les temps ».

Le discours de cet éminent personnage terminé, vint la répartition dans les maisons. Elle fut rapide, puisqu’à Sciences Poudlard, les maisons ne sont qu’au nombre de deux, rivales depuis la Nuit des temps, et auxquelles l’appartenance se transmet souvent de génération en génération : Apple et Microsoft. Il convient d’en porter le signe ostentatoire sur soi à chaque instant. A ce titre, les employés de la bibliothèque ont choisi leur camp.

Ainsi commença donc ma scolarité à Sciences Poudlard. J’y découvris des cours aussi intéressants qu’éclectiques, allant de l’Introduction à l’Histoire contemporaine (où la capacité impressionnante du cours magistral à agir sur nous tel un somnifère rappelle fortement le professeur Binns) jusqu’aux Humanités scientifiques, matière aléatoire s’il en est, car nous y apprenons à lire l’avenir dans des cintres. Cette matière n’est, semble-t-il, accessible qu’à « ceux qui ont le don » On m’a dit que les deuxièmes années avaient même la possibilité de choisir « Défense contre les forces du mal » – ou « Le problème du mal », peut-être ai-je mal compris.

Je dus également m’inscrire à un cours de sport parmi une impressionnante diversité de cours, ne comprenant malheureusement pas le Quidditch, le budget des balais volants ayant été absorbé entièrement par le passage de la bibliothèque du côté des Forces de la Pomme.

Entre un sandwich à la cafétéria des cachots – infestée de Croûtards – et une sucrerie aux distributeurs Honeydukes, une bière aux Trois-Basiles et une sortie à St Germain-des-Préaulard, mon intégration fut rapide. Je m’habituais vite à travailler tard dans la nuit, dans mon appartement aussi grand qu’un placard sous l’escalier.

Rythmée par des dîners de conf plus enflammés que les soirées du professeur Slughorn, et par des cours de duels hebdomadaires habilement renommés « débats », ma vie à Sciences Poudlard suit désormais son cours, et ce malgré quelques désagréments : qui n’a jamais assisté à l’épatante transformation des gentils appariteurs, le soir vers 21h14, en une armée de Rusard hargneux ? Qui ne s’est jamais demandé où pouvait bien se cacher le troll qui empeste dans les toilettes des hommes, au 56 ? Les rumeurs les plus folles courent au sujet des membres de l’administration. Certains pensent que l’unique arbre du jardin, vestige du Saule Cogneur, y aurait été planté pour protéger les élèves du Palomo-garou. D’autres estiment que l’acharnement dont font preuve les expéditeurs des mails d’information ne peut qu’être l’œuvre d’elfes de maison surmenés.

Mais il y règne aussi une ambiance survoltée, lorsqu’arrivent le bal de fin d’année ou, surtout, le Tournoi des Neuf IEP. Pour cette manifestation, Sciences Poudlard élit des champions qui représentent l’école dans les épreuves imposées, tandis que les rangs des supporters, vêtus de jaune et noir (Poufsouffle) ou de rouge et jaune (Gryffondor), s’agenouillent plus bas que terre devant le portrait bichromatique de Dumblecoings.

Un jour, je serai quelqu’un d’important, puisque « tous les gens importants sont passés par Sciences Poudlard », et j’accompagnerai mes enfants dans la rue Saint-Guillaume afin qu’ils entrent, à leur tour, dans cette grande institution. En attendant, je vais lire les rapports de 3A à Harvard-Beauxbâtons, et vous souhaite un joyeux Halloween.

29 Comments

  • Luna

    Le système des points accordés aux épreuves des triplétades fait aussi penser à Poudlard. A quand des sabliers pour chaque triplette et des points retirés ou ajoutés en fonction de la participation en cours magistraux ?

  • Olivouille Piv*t

    Hm Hm . . . Désolé , Adrien , mais tu peux demander à n’importe quelle personne de notre promo , et elle te dira aussitôt qu ‘ il n ‘ y a qu ‘ un seul mec populaire qui faisait glousser les foules sur une trotinette . Sur ce , A jamais .

  • Adrien Bouillot

    Qui t’a dit que c’était trotinette ducon ? Je voulais dire « mobylette » espèce d’usurpateur. Va t’acheter une baguette magique chez Mr Ollivander ou demande à tes copains de Serpentard de te faire une potion à bien répondre aux devinettes.

  • Je ne suis pas Adrien Bouillot

    M. le farceur qui se fait passer pour Adrien Bouillot, ce n’est pas lui qui se baladait en trotinnette l’an dernier. C’est moi.

  • Ginny

    Révélation spétiale du cours secret réservé aux membres de la Descoings’army: les gender studies sont le véritable cours de défense contre les forces du mâle!

  • Neville Londubat

    On oublie aussi de dire que les couleurs de Sciences Po au CRIT correspondent à celles de la noble maison de Poufsouffle, dont les membres sont « les plus travailleurs, justes, loyaux, et patients ».

    Bizarrement, ça colle tout de suite beaucoup moins avec Sciences Po.

  • koalafil

    …mais où est donc passée la troisième maison à SciencesPoudlard, la discrète et efficace Linux ?
    frappée d’un mauvais sort définitif, phagocytée par les Croûtards, ou mise sous le boisseau par les Elfes de maison ?
    Un mystère de plus dans cet antre qui mystifie bien des Francmoldus !!!

    koalafil

  • koalafil

    …mais où est donc passée la troisième maison à SciencesPoudlard, la discrète et efficace Linux ?
    frappée d’un mauvais sort définitif, phagocytée par les Croûtards, ou mise sous le boisseau par les Elfes de maison ?
    Un mystère de plus dans cet antre qui mystifie bien des Francmoldus !!!

    koalafil

  • lelli manam ta

    BRAVO pour cet article drôle et d’une belle facture!
    Les ressemblances sont frappantes !
    Il fallait y penser.

  • Luna Lovegood

    Et les sombrals? Tu sais ceux qui font avancer les wagons du métro et qu’on ne peut voir que si on a déjà été bourré…

  • Adrien Bouillot

    Excellent article ! Quand l’humour rejoint les joies de la science-fiction ^^ J’espère faire proliférer les contributions de ce genre l’an prochain, quand je dirigerai probablement ce magazine en ligne.
    Mais vous avez sans doute oublié de dire le plus important ! A Sciences Poudlard, finalement tous les profs ne seraient-ils pas des TOUFFU ( le gros chien à trois têtes que l’on rencontre dans le troisième épisode des aventures du jeune homme à la cicatrice en forme d’éclair) qu’on amadoue facilement en jouant du pipeau ? En effet, ce molosse qui garde l’entrée d’une salle secrète ne peut être rendu inoffensif qu’avec un bel air de flute (pas besoin non plus d’être Mozart !) et à SciencesPo, les gens qui ont un tant soie peu de clairvoyance savent que l’on peut se sortir d’une mauvaise passe en jouant du pipeau ! Parallèle croustillant !
    Autre petit oubli, pourquoi ne pas avoir comparé les appariteurs à ce vieux Rusard? Il est vrai que la mine patibulaire de certains d’entre eux contient sans doute son lot de magie noire ^^

    Quand à moi, si je devais me placer dans cette métaphore Rowlingienne de SciencesPo, je serais sans doute Fred ou Georges Weasley, ces garçons farceurs et plaisants, à leur façon esprits de la plus connue des écoles de magie. Ils hantent sur leurs balais volants la salle commune de Gryffondor comme j’égayais la cafétéria sur mon engin à deux-roues finissant par « ette » (allez un petit effort je suis sur que vous allez trouver^^) l’an dernier. Comme eux je sais me montrer imaginatif et inattendu, en effet je serai président de la Peniche (association permanente) pour l’année 2012-2013

  • Hermione, fondatrice de la ligue pour la protection des elfes de maisons

    Ron!!! Tu n’as pas honte d’exploiter de tels êtres humains sans défense??? C’est bien eux qui trouvent le jardin dans l’état où tu l’as laissé hier et qui nettoient!
    Avec l’hiver qui approche à grands pas, je suis d’ailleurs entrain de leur coudre des bonnets en laine, si il y a des volontaires pour m’aider

  • Dean Thomas

    « Le tunnel » est plutôt une porte dérobée qui donne sur la rue des Prés aux Clercs. Mais pas de grosse dame en violet pour te demander le mot de passe.

  • Ron Weasley

    Les elfes de maison qui travaillent aux sous-sols de la bibliothèque pourraient donner à Barbara des mets un peu plus raffinés que les sandwichs jambon-fromages dégeulasses

  • Pattenrond

    En attendant je n’ai jamais réussi à attraper ces goinfres de Croutards du CROUS… et les préfets du BDE ont osé les relâcher dans le cloître de Sciences Poudlard sans m’avertir!!!!

  • Professeur McGonagall

    Oui, c’est vrai. Il suffit d’appeler ton Patronus en remontant la rue Saint-Guillaume, et les portes s’ouvrent.
    Merci pour cet article!