Les fantômes de la rue de l’Université

IMG_3895.JPGUne soixantaine d’étudiants vont passer une nuit blanche en Jean Moulin. Cette action clôture une journée mouvementée à Sciences Po.

Contrairement au blocage de mardi dernier, ce sont des étudiants de Sciences Po qui ont organisé, ce mardi 24 mars, une occupation nocturne du 13 rue de l’Université. Décidée en Assemblée générale comme une « forme intelligente de blocage », puisqu’elle n’empêche pas les étudiants d’aller en cours, elle a été entérinée par le comité de mobilisation de vendredi dernier.
Les occupants ont profité d’une conférence de l’Université alternative sur la loi LRU pour investir l’amphi Jean Moulin. Ils ont été rejoints par quelques dizaines d’étudiants d’autres facultés dans la soirée.

A 21h15, heure de fin des cours, les portes du bâtiment de l’ENA sont fermées. Une quarantaine d’étudiants sont attroupés dans l’attente de rejoindre leurs camarades. Alors que cinq cars de CRS prennent place sur le boulevard Saint-Germain, un peloton arrive et fait reculer les manifestants sur la route, pour laisser sortir des étudiants restés bloqués à l’intérieur. La scène se déroule sur un air d’accordéons, on danse et frappe des mains parmi les manifestants.
Nadia Marik et Hervé Crès discutent avec les policiers ; leur lieutenant David Colon épie les étudiants mobilisés. Par téléphone, on apprend que Mme Marik a laissé un délai d’une demi-heure aux occupants. Ils ont jusqu’à 23h15 pour faire connaître leur décision. D’ici là, les trois quarts des manifestants seront partis. Les dix autres rejoindront les occupants, après le départ des CRS.
Selon nos informations, à l’heure actuelle, les occupants débattent encore des modalités d’action en amphi Jean Moulin. Une chose est sûre : ils y passeront la nuit.

Dès lundi, l’administration était tendue. Auprès des syndicats, le bruit courait que l’administration avait été contactée par les RG. D’où la décision d’annuler tous les événements de la semaine.
Une décision qui n’a pas effrayé les étudiants mobilisés. Aujourd’hui à 13h était programmée une pièce de théâtre, « La soutenance de thèse de Valérie Pécresse ». Le petit hall était réservé, avec micros. La troupe apprenant le matin même l’annulation de la pièce, a décidé de la jouer dans la rue, devant les portes du 27 rue Saint-Guillaume. « Puisqu’on n’est plus les bienvenus à l’intérieur, on se déplace », explique un acteur, agacé par le maintien la veille d’un concours d’éloquence sur les riches. Au final, la cinquantaine de spectateurs a bien ri.
Une heure plus tard, la mobilisation continue : en salle A11, une dizaine de chercheurs et professeurs de Sciences Po viennent répondre aux questions des étudiants. Tout comme les doctorants, ils ont été scandalisés par une lettre de Philippe Weil, directeur de l’école doctorale, décrivant les thésards comme un « stock » et les pressant dans des termes peu élogieux de terminer leurs recherche avant la fin de l’année (voir la pétition).

La journée aura été pour le moins mouvementée. Il reste à voir si des revendications concrètes sortiront de cette nuit blanche. Déjà, une AG est prévue ce jeudi à 12h30.

Photo : Antoine Genel

7 Comments

  • fétiche

    Cher Alex, merci pour ton commentaire des plus intéressant. Tu me trouveras la justification de cette « pseudo-radicalité », et la source de ton « 99% » (ah oui, le site de l’UNI…).

  • po

    J’ai bien aimé les nouveaux fonds d’écran, qui ont donné lieu le lendemain matin à un petit débat sur l’œuvre du Che…
    Au fait, nos professeurs aussi se mobilisent, beaucoup sont aller manifester, et si certains trouvent effectivement un peu légers les moyens de protester de quelques étudiants, ils sont encore plus outrés par les réactions d’une grande majorité des élèves de Sciences Po, qui se perdent en critiques acerbes et méprisantes envers les bloqueurs, au lieu de se mobiliser pour une réforme qui, à défaut de les concerner directement, risque d’avoir de fortes conséquences sur les futures générations d’étudiants. Autrement dit, voilà d’éventuels parents qui pourraient bien déplorer de n’avoir agi aujourd’hui.
    Mais peut-être que les « évènements » des derniers jours ont au moins eu le mérite d’amener le débat (jusqu’alors peu visible) dans l’école.

  • Alex

    Putain mais get a life, fétiche ! T’es pas obligé d’aller sur tous les forums liés à Sciences Po pour assurer le SAV d’une action que 99% des étudiants ont trouvé risible et contreproductive (et c’est quelqu’un d’assez hostile à la loi LRU qui t’écrit ça). Ou alors assumez vraiment votre pseudo-radicalité à deux balles, plutôt que de chanter l’Internationale devant les portes du 27 ou de tagger « Viva Zapata » sur les tables de l’amphi Jean Moulin…

  • fétiche

    Tu oublies les poubelles renversées et les feutres de tableau dont les bouchons ont disparu ! C’est inadmissible !

  • Pierre

    « Par ailleurs, l’UNI souligne que les réformes Pécresse ne concernent en aucun cas Sciences Po. Les étudiants de Sciences Po ne se reconnaissent ni dans cette lutte, ni dans ces moyens d’action, ni dans ces militants bloqueurs. »

    Ce n’est absolument pas le problème. Le jour où l’UNI aura compris que c’est bien, de temps en temps, de penser aux autres, et qu’au fond, la réforme le l’enseignement supérieur français concerne tous les français (à plus forte raison les futurs chercheurs, et il y en a à Sciences-po, que je sache), peut-être que l’UNI sera devenu un vrai syndicat. Et non plus une coterie de j’m’en foutistes.

  • Maxence

    UNE ACTION ILLÉGALE ET ILLÉGITIME

    Tandis que des tags communistes et anarchistes ont été retrouvés sur les murs de l’amphitéâtre et que l’effigie de René Rémond a été arrachée, les leaders de l’extrême-gauche étudiante continuent à revendiquer la légitimité de leur mouvement.

    L’UNI souhaite rappeler que l’occupation nocturne de Sciences Po n’est ni légale, ni légitime. Les mots d’ordre de lutte ont laissé place à une simple dynamique anarchiste. Ce manège d’étudiants en manque de révolution ridiculise le mouvement d’opposition à la LRU et à la LMD.

    Par ailleurs, l’UNI souligne que les réformes Pécresse ne concernent en aucun cas Sciences Po. Les étudiants de Sciences Po ne se reconnaissent ni dans cette lutte, ni dans ces moyens d’action, ni dans ces militants bloqueurs.

    REVENDIQUONS NOTRE LIBERTÉ D’ÉTUDIER

    Cette occupation nocturne, menée par une poignée de syndiqués, ne doit pas laisser croire à une amplification du mouvement. La réunion d’information organisée lundi 25 mars ne rassembla qu’une cinquantaine d’étudiants, soit la moitié des AG habituelles, soit moins d’1% des étudiants de Sciences Po.

    L’UNI lance un appel solennel à l’ensemble des étudiants pour qu’ils revendiquent leur liberté d’étudier. C’est dans un esprit d’élargissement de l’opposition aux blocages que l’UNI a distribué, lundi 25 mars, un tract commun avec l’UMP Sciences Po.