Les Coulisses de Sciences Polémiques

Sciences_Polemiques.jpgElle n’a que deux ans, mais est déjà bien implantée dans la vie associative de Sciences Po. Créé sur modèle des clubs d’éloquence anglo-saxons, dont aucun n’avait encore vu le jour dans l’institution, Sciences Polémiques se veut dynamique. Débats presque toutes les semaines, soirées occasionnelles, et maintenant formation : retour sur le mode de fonctionnement de l’association et ses activités, par LaPéniche.net.

  • L’association.

Pour la petite histoire, c’est avec Bruno Cruchant, lors de sa troisième année à Georgetown, une université américaine, qui se rend compte du manque à Sciences Po : alors que notre école prépare à des métiers où la prise de parole est importante, aucun club d’éloquence ou de débat n’a encore vu le jour. C’est de ce constat que se créée l’association Sciences Polémiques. Améliorer la diction et l’éloquence, préparer à la prise de parole en public, le tout entre étudiants et dans la bonne humeur, c’est le but affiché de l’association.

Aux débuts, les débats avaient lieu toutes les deux semaines et réunissait un petit groupe d’habitués ; depuis, l’association, en plein mouvement, lance de nouvelles activités. Comme nous l’explique Sinclair Besombes, actuel Président de l’association, cela passe d’abord par une meilleure visibilité : Facebook, site internet (accessible ici) et affiches qui recouvrent les murs des points stratégiques. Autre nouveauté pour cette année, l’association organise des débats toutes les semaines, autour de thèmes accrocheurs tels que « Dieu est-il mort ? » ou « Faut-il abolir le suffrage universel ? ». Certains parleront de débats de forme, d’absence de fond ; les habitués de l’association y répondront par l’éloquence et une ambiance agréable qui permet à tous de s’exprimer.

  • Les débats.

Mais comment se déroule un débat à Sciences Polémiques ? D’abord, deux Introducteurs. Souvent recrutés à la dernière minute sur Facebook, ils introduisent, en prenant la parole au début du débat. Définir les termes du sujet et donner une orientation au débat : leur rôle est capital. Ensuite, le débat. Chaque intervention dure cinq minutes ; la première & la dernière minute, dites « protégées », ne souffrent d’aucune interruption. Tous les styles sont permis, du plus théâtral au plus pragmatique, afin de convaincre l’auditoire pendant ces longues cinq minutes.

Entre temps les deux minutes protégées, l’équipe adverse peut se lever et objecter. Le principe est simple : la personne souhaitant prendre la parole se lève, afin d’essayer de contrer un argument qu’il vient d’entendre, ou pour déstabiliser le camp adverse. L’orateur a deux réactions possibles : accepter l’objection, ou l’ignorer et continuer son argumentaire. A la fin de chaque débat, un vote à main levée permet de définir quel camp a gagné le débat, et les orateurs qui le souhaitent peuvent être critiqués par le Jury.

L’assemblée est toujours majoritairement composée d’habitués de l’association, mais les spectateurs sont plus nombreux et se diversifient. & Ces habitués ne sont par pour autant des membres de l’année précédente ; Alexandre Huau-Armani, élève de deuxième année et habitué de l’association, dresse ce constat : « Cette année, la majorité des orateurs sont en première année, très motivés et déjà véhéments. L’association agrège de plus en plus d’habitués, c’est devenu un rendez-vous hebdomadaire. » C’est ce qui fait la force de cette association. Pour les premières fois que l’on assiste à un débat, le comportement est souvent le même, même pour ceux qui aujourd’hui, comme Sinclair, s’élance sans aucune appréhension : « La première fois, je m’étais assis et avais écouté, mais au bout d’un moment tu n’en peux plus ! Tu trépignes, puis tu craques. Tu essayes une première fois, tu reviens. Avec une pratique régulière, on gagne très vite en éloquence. »

Formation 3 Formation 1

  • Les formations.

Pour favoriser cette première prise de parole, qui peut paraître impressionnante lors des débats des semaines, l’association lance des formations, tous les vendredis après-midi. Il suffit d’un mail à l’association pour s’inscrire, puis d’une cotisation de cinq euros pour participer – nouvelle mesure tout juste mise en place. Julien Pinelli, avocat du barreau d’Aix en Provence, participe aux premiers pas des nouveaux membres de l’association, lorsque celui-ci est présent. Une fois les indications et le sujet donné, les nouveaux orateurs débattent, selon les règles des concours d’éloquence. Sans public et en petit comité, il est ainsi beaucoup plus facile de participer, de se lancer, de se préparer à intervenir lors du débat suivant. A la fin, le jury donne un avis sur la prestation des adhérents ; défauts comme qualités, il s’agit de faire avancer chacun.

  • Les projets.

Mais Sciences Polémiques, ce n’est pas que des débats d’éloquence. L’association veut promouvoir d’autres événements qu’elle organise aussi. Le 19 Février 2010, Sciences Polémiques affrontait la Conférence Olivaint, dans une forme plus stricte, moins propice à l’improvisation. Peut-être en raison du sujet, beaucoup plus sérieux (« Faut-il porter un masque »), de l’horaire un vendredi soir ou de l’association contre lesquels ils débattaient, mais Sciences Polémiques n’avait alors pas réussi à réunir beaucoup de monde. A tord ; plus sérieux, le débat n’en était pas moins intéressant. Cela s’inscrit dans une volonté de multiplier les rencontres ; l’un des objectifs affiché de l’association est de mettre en place des concours entre les différents clubs français d’éloquence, qu’ils soient de Sciences Po ou d’autres écoles. Un tel concours existe déjà, en anglais, et serait l’occasion de formation spécifique pour les orateurs volontaires.

Olivaint 1 Olivaint 2

En revanche, le Concours d’éloquence de l’année précédente avait réunit plus de monde. « Je m’attendais à voir cinq rangs de curieux pénitents, et j’ai trouvé un amphi Boutmy rempli et explosif. Le concours s’est très bien déroulé, avec une salle très réceptive, quelquefois lapidaire envers certains participants. » explique Alexandre, l’un des orateurs sélectionné l’année précédente. Pour Sciences Polémiques, le concours est l’occasion de faire sélectionner les meilleurs orateurs parmi les derniers venus dans l’association, et les faire débattre face à un jury et un public. Quelques déceptions, parfois. « Seuls les deux juristes invités délibéraient sur notre sort, et leurs sonotones ne devaient pas être très réceptifs à l’applaudimètre qui contredisait quelque peu le classement final… »

De même, Sciences Polémiques organise depuis peu des soirées, les fameuses « Tripolémiques ». La deuxième soirée, qu’ils organisaient en partenariat avec l’association franco-russe Samovar, avait été victime de son succès ; une bonne vingtaine de personnes avaient été refoulées, en raison de l’espace, déjà trop rempli. Les règles du débat sont assouplies, et des shots d’alcool offerts aux intervenants, afin de lancer dans une ambiance encore plus détendue et festive que lors des rendez-vous hebdomadaires.

Convaincus ou non, à vous de vous faire une opinion : le prochain débat aura lieu Mardi 16 Mars 2010 à 19h15, en salle C931 (9 rue de la Chaise), avec pour thème : La Révolution est-elle la solution ?