LE MAG – La semaine cinéphile du Mag’ #12

Du n’importe quoi qui marche

Les Grandes Ondes (à l’ouest), de Lionel Baier

Source : Allociné
Source : Allociné

Du n’importe quoi qui marche. C’est un peu l’impression qu’on a, à chaud, face au générique des Grandes Ondes (à l’ouest), dernier film de Lionel Baier.

C’est une fausse première impression.

1974. Un directeur de radio suisse se fait remonter les bretelles car sa chaîne annonce trop de mauvaises nouvelles. Les suisses ont besoin qu’on leur remonte le moral : il leur faudrait, par exemple, un reportage sur la contribution helvétique au développement du Portugal.

Ainsi un grand reporter amnésique pour cause d’éclat d’obus dans la tête (Michel Vuillermoz), un technicien de la vieille (Patrick Lapp) et une journaliste féministe (Valérie Donzelli) qui veut sa quotidienne à la rentrée –une chieuse, donc– se retrouvent embarqués dans la même combi Volkswagen. À la recherche des fruits de la générosité suisse, qui prend tantôt la forme d’une misérable horloge offerte à une école primaire, tantôt celle d’une cité d’habitation qui n’existe que sur le panneau qui en fait la publicité, ils vont par hasard se retrouver au milieu de la révolution des œillets.

Sceptique à l’écoute des dialogues d’ouverture sur-écrits, et face à quelques raccourcis narratifs très clichés, on se laisse en fait très vite séduire par ces ondes-là. Il suffit de comprendre que le premier degré n’est pas de mise. Et qu’il convient de tout de suite remplacer ce premier qualificatif de « n’importe quoi qui marche » par celui, mille fois plus adapté, de « liberté ». Cette liberté est d’abord celle d’échapper aux genres. Pas uniquement comiques, Les Grandes ondes n’en sont pas moins irrésistiblement drôles à plusieurs reprises, grâce à un ton particulier et un amour du saugrenu. Elles sont également musical lorsque Baier fait soudainement danser un groupe de femmes révolutionnaires au milieu des rues lisboètes. Politique enfin, le film est une apologie de la liberté, portée entre autres par le personnage de Donzelli qui peut « coucher avec son patron, et même avec deux hommes en même temps, même s’ils sont homosexuels » si elle le veut.

Mélange personnel, drôle et charmant, qui donne envie de conseiller à tous : laissez-vous aller aux idées singulières.

Note : 4/5

Elise Levy

 

Trois hommes et un navet

Les trois frères, le retour, de Didier Bourdon

Le 12 février 2014 était souligné en rouge. C’était le jour de la sortie en salle des « Trois frères, le retour ». Personne ne pouvait l’ignorer, un battage médiatique très lourd rarement de bonne augure, un passage très inquiétant sur France 2 un samedi soir à Noël : ca sentait le cramé à plein nez. Bingo. Presque vingt ans après le premier, cultissime chez beaucoup, cette suite n’échappe pas au syndrome des Visiteurs et les Inconnus se vautrent ici joyeusement dans la facilité et le rire gras, franchement indigne de leur talent. Oui, c’était prévisible, mais quel mal y avait-il à espérer fébrilement d’une vieille recette qu’elle marche encore vingt après ?

Source : Allociné
Source : Allociné

Campan, Bourdon et Légitimus furent LE groupe de comiques des années 80-90, tout le monde s’accordera là-dessus. Ils se sont dit « au revoir » sous Alain Juppé, justement après le génial « Les trois frères ». Quel besoin ont-ils eu de se ridiculiser sous Jean-Marc Ayrault, vingt kilos en plus par tête de pipe ? Ont-ils eu peur qu’on les oublie ? La taxe à 75% les a-t-elle forcés à se remettre au boulot ? On cherche une raison valable. C’est peut être la faute à Stallone qui a lancé la mode du retour des vieilles gloires au cinéma. C’est aussi un mal récurrent en France et ailleurs que de vouloir faire systématiquement la suite d’un gros succès commercial. Sauf qu’à part le Parrain 2, il n’y eu tout simplement jamais de bonne suite dans l’histoire du cinéma mondial. Alors stop : arrêtons les frais.

Les Inconnus ont été géniaux mais leur époque est révolue et n’est pas Francis Ford Coppola qui veut alors rions plutôt de bon cœur aux films de Dany Boon. On a les humoristes que l’on mérite que voulez vous.

Si vous tenez quand même à savoir ce qu’on nous inflige pendant 2 heures : le même pitch que dans le premier, des gags piqués à leurs différents sketchs (l’auto-citation quand on manque d’idées, habile), des clichés à tout va, la fameuse blague du téléphone dans les chiottes bouchées et de rares moment qui peuvent faire sourire, merci Christian Hecq.

Note : 1,5/5

Hadrien Bouvier

5 Comments

  • sheff

    Et le seigneur des anneaux (les Deux Tours), Batman (The Dark Knight) ?
    Ps: perso je me suis plus éclaté devant ce film que devant bon nombre de comédies modernes 😉

    • Maywenn

      COUCOU, Sheff je ne peux pas te laisser dire que les Deux Tours est une « suite ». Le SDA est une SAGA, no suite PLS. Voila, je tenais à souligner ce point.
      Sinon je suis assez d’accord avec le point de vu de M., les suites sont souvent foirées.

      PEACE <3

  • M.

    « Sauf qu’à part le Parrain 2, il n’y eu tout simplement jamais de bonne suite dans l’histoire du cinéma mondial. »

    Le Roi Lion 2 était cool.