La guerre des triplétades

Stanley Kubrick, Marie-Antoinette, Lafayette, Coluche, Hubert Bonisseur de La Bath (alias OSS117), Sauron, Louis de Funès, Sun Myung Moon, François, Desproges, Kirikou, Machiavel, Arsène Lupin, Vaclav Havel, Don Vito Corleone… Bien heureux celui capable de trouver un rapport entre tous ces illustres personnages, malgré l’habileté intellectuelle bien connue des étudiants du 27. Et pourtant, ces noms sont au coeur d’une véritable ébullition qui habite tous les élèves de la promotion 2017; j’ai nommé, les « triplétades », ou même, osons, la guerre des triplettes.

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En effet, l’administration, à court d’idées pour renforcer la cohésion entre ses élèves de 1A, après les avoir fait rentrer le 23 août pour un « stage d’intégration » à faire pâlir d’envie le WEI, a pris une mesure d’importance: désormais, toutes les triplettes se choisiront un nom, à la mesure des ambitions de sciences Po. Point encore de « promo Voltaire » pour l’Institut, mais l’inspiration du prestigieux aîné n’est pas loin.

Après l’analyse de la forme, poursuivons le plan traditionnel en deux parties, et venons en au fond: que cachent ces dénominations ? Revitalisent-elles les triplétades qui, de l’aveu d’un certain nombre de 2A, n’étaient pas un élement central de la vie étudiante de l’année 2011-2012 ? Qu’en est-il alors de cette deuxième édition ? La compétition est-elle plus farouche, hormis les antagonismes « historiques » entre Lafayette et Marie-Antoinette, Louis de Funès et Coluche… ? Il semblerait que oui. La compétition a pris, pour certaines triplettes, l’aspect d’une « guerre totale »: pages Facebook et Twitter, lobbying intensif voire corruption, opérations de communication virales sur les réseaux sociaux à base de « mèmes », supporters déchainés dans les épreuves des triplétades, compétition pour le « like » d’Etienne Wasmer ou de David Colon… Le passage de l’exigence du blog d’humanités scientifiques d’une trentaine d’articles à seulement quatre ayant laissé les 1A désespérement désoeuvrés, il fallait que l’administration comble ce vide: c’est fait avec une opération relifiting des triplétades.

Sans entrer dans le débat de fond sur la perte immense que représente cette baisse d’exigences, revenons brièvement sur le cadre institutionnel de la compétition: les « triplétades » sont composées d’une séries d’épreuves, mises en place par les associations de Sciences-po en collaboration avec l’administration. Au programme cette année, de nombreuses épreuves vont ryhmer la vie des 1A.

Capture_d_ecran_2012-11-13_a_19.00.15.pngPremière d’entre elles, un concours d’éloquence organisé par Sciences Polémiques. L’inspiration des associations Sciences-pistes ne connaissant pas de limites, et Sciences Polémiques étant surement désireux de compenser la suppression de cette épreuve au concours d’entrée, c’est à un véritable oral de culture générale qu’ont eu droit les concurrents: de la question « Faut-il délocaliser pour mieux régner » (d’aucuns y verront une concession innacceptable à la triplette Machiavel, mais passons…) à « Y-a-t-il un droit à la sodomie ? », les thèmes couverts étaient pour le moins éclectiques. La compétition n’est pas finie, et les vainqueurs des affrontements de poules se livreront désormais un combat à mort pour la victoire finale. Tous les coups sont permis, et les nombreuses accusations de corruption du jury ont même poussé Sciences Polémiques à créer un « Prix de la corruption ». Les liaisons dangereuses qui unissent hommes politiques et journalistes ne sont rien à côté de la corruption sous toutes ses formes qui règne dans les couloirs de Sciences Polémiques. On verra si les efforts des « lobbyistes jusqu’au-boutistes » porteront leurs fruits.

L’AS n’est pas en reste, puisqu’un tournoi de foot était organisé le 21 octobre sur les terrains de Polytechnique. Malgré un timing peu favorable entre deux galops, et un terrain que certains qualifièrent de « trop lourd », les triplettes présentes se livrèrent une bataille endiablée. Ce fut finalement la triplette Vaclav Havel qui remporta la compétition, grâce à des joueurs qui, si ils paient tous leurs impots en France, n’en étaient pas moins motivés. Au second semestre, ce sera le volley qui sera à l’honneur. Pour satisfaire les âmes plus poétiques, susceptibles d’être quelque peu choquées par les compétitions brutales précédemment énoncées, chaque triplette devra en outre réaliser une photo collective, et une affiche censée représenter l’âme de la triplette. L’avenir nous dira si ces affiches auront la même profondeur que les photographies officielles de nos présidents.


La liste n’est pas exhaustive. Les épreuves continueront tout au long de l’année. Mais les triplétades remportent déjà un certain succès. Certaines triplettes hyperactives se sont jetées corps et âmes dans la bataille. Alors quelles conclusions ? Les 1A de l’année dernière étaient-ils vraiment plus mous, plus blasés ? Le lobbying de l’administration a-t-il porté ses fruits ? Le niveau des soirées a-t-il à ce point baissé qu’il faille se contenter d’aller jouer au foot le dimanche matin en banlieue ? Le lecteur tranchera. Le rédacteur se contentera pour sa part, très modestement, d’une brève analyse des changements de direction en cours, au travers des triplétades. L’IEP semble aller vers une dépersonnalisation du pouvoir. La preuve ? Il n’y a ni triplette Descoings, ni triplette Crès.

4 Comments

  • Charles

    Rappelons humblement que la triplette Hubert Bonisseur de la Bath fut la première à réaliser une affiche de triplette, et à lancer le concept de la page facebook, que les autres triplettes se sont empressées de suivre …

    Prochaine étape des Triplétades: finale des triplétades des arts Oratoires de Sciences Polémiques, le vendredi 23 novembre, amphi E. Boutmy, de 19h 15 à 21h15, venez nombreux pour applaudir les orateurs des tripettes Kirikou, Sauron, Arsène Lupin et Hubert Bonisseur de la Bath !

  • Clara

    Et le nom de triplette devant être inspiré d’une personne morte/fictive, Hervé Crès c’était pas très bonne ambiance.