La 3A en Asie vue par les étudiants : interviews croisées

Après un compte rendu objectif de la journée Asie extrême organisée le 8 novembre à Sciences-Po, allons voir du côté des étudiants et de leur propre point de vue. Comment envisagent-ils leur année en Asie ?

Du point de vue d’une 4A….

LaPéniche.net : Bonjour Justine ! Peux-tu te présenter s’il te plaît ?
Justine : Bonjour, je m’appelle Justine Guichard, je suis en quatrième année à Sciences Po en Master Recherche Politique comparée, spécialité Asie. J’ai choisi cette spécialité car j’ai passé ma troisième année en Corée du Sud à l’université Yonsei de Séoul et que je voulais continuer de me spécialiser dans l’ère asiatique.

LaPéniche.net : Séoul ? Mais c’est une destination où peu d’étudiants de Sciences Po se rendent !…Qu’est-ce qui t’a poussé à choisir la Corée ? Tu faisais du Coréen ?
Justine : Non, je n’avais jamais fait de coréen ! J’étais poussé par une grande soif de curiosité pour ce pays que je ne connaissais pratiquement pas au fond. De plus, il faut dire qu’il est très agréable pour un étudiant français de se rendre en séjour d’étude en Corée du Sud.

LaPéniche.net : Vraiment ? Pourquoi donc ?
Justine : En réalité, le gouvernement coréen est très demandeur d’étudiants occidentaux dans ses universités et donc il est prêt à rendre leur séjour aussi agréable que possible en les encadrant pour toutes les démarches administratives, l’installation sur le campus ou en ville, etc. De plus, point non négligeable, le gouvernement accorde une bourse sans critères sociaux aux étrangers de 4000$ !

LaPéniche.net : Alors, sur place, comment se sont passées tes études ?
Justine : Les études sont très libres, les étudiants ont le choix entre toute une variété de cours différents ; ils peuvent aussi bien ne prendre que des cours de coréen, ou que des cours en anglais ou encore une solution intermédiaire ! On peut donc aller à Séoul sans apprendre le coréen, mais aussi passer une année d’immersion totale et en revenir avec des souvenirs inoubliables. Par exemple, j’ai pris deux heures de coréens par jour mais aussi des cours de philosophie orientale, d’introduction au droit coréen ou encore de culture linguistique, ce qui ne me faisait que 16h de cours par semaine, largement de quoi vivre à côté !

LaPéniche.net : Justement, qu’as-tu fait en dehors de tes études à Yonsei ?
Justine : Eh bien, je vivais seule dans un appartement en ville (bien que le logement sur le campus soit tout à fait possible); j’ai fait un peu de bénévolat dans une école où avait été mis en place un programme d’échange culturel avec des enfants. En dehors de cela, j’ai pas mal voyagé en Asie car il faut savoir que nous avons deux mois de vacances en Janvier-Février et donc que l’on peut voyager et dépenser tout l’argent de la bourse du gouvernement en billets d’avions !! Bref, c’était vraiment une année géniale.

LaPéniche.net : le mot de la fin ?
Justine : Vive le Kimchi ! (NDLR : chou fermenté et pimenté coréen)

Du point de vue d’une 2A…

LaPéniche.net : Bonjour Jade, pourrais-tu te présenter ?
Jade : Je m’appelle Jade Le Van, je suis en deuxième année programme Asie, je fais du chinois et l’an prochain j’aimerais bien partir à l’Université de Pékin.

LaPéniche.net : Qu’est-ce qui t’a donc poussé à vouloir aller à Pékin toute une année ?
Jade : Je suis un quart vietnamienne donc l’Asie m’a toujours intéressée ; j’aimerais bien y vivre plus tard. De plus, je fais du chinois depuis la seconde et je pense qu’il faut au moins passer une année en Chine pour pouvoir acquérir un niveau de langue correct. La culture aussi m’intrigue réellement, je sens que ce doit être un changement radical beaucoup plus excitant qu’une destination plus « classique » pour les étudiants de Sciences Po.

LaPéniche.net : Et pourquoi Pékin plutôt qu’une autre ville ?
Jade : Pékin est le cœur linguistique du mandarin, la langue commune en Chine, car il existe beaucoup de provinces où le mandarin est certes la langue officielle mais où les gens continuent de parler des dialectes totalement différents ! J’aurais bien aimé une immersion beaucoup plus grande dans la culture asiatique en me rendant dans des villes de l’intérieur où la culture occidentale a beaucoup moins imprégné les mentalités, mais malheureusement Sciences Po n’organise de partenariats qu’avec Hong Kong, Pékin ou Shanghai.

LaPéniche.net : Comment fais-tu pour te préparer à cette troisième année ?
Jade : Wo xue hanyu, xue de hen nüli ! (NDRL : je travaille le chinois très consciencieusement !). Plus sérieusement, j’essaye de fréquenter beaucoup d’Asiatiques, de me plonger dans la culture. C’est d’ailleurs pour ça que je suis devenue membre actif de l’association Asie Extrême, l’association asiatique de Sciences Po. Moins sérieusement, j’essaye de me préparer à devoir affronter une culture aux antipodes de la nôtre : par exemple cet été, je me suis rendue plusieurs semaines en Asie et je me suis forcée à ne manger qu’asiatique pour tester ma capacité à vivre à l’asiatique pendant plusieurs semaines. Et croyez-moi, la résistance à un bon hamburger est parfois bien difficile !!

LaPéniche.net : merci beaucoup et bonne chance à toi !

15 Comments

  • Ji Yeon

    Bonjour à tous!
    J’envisage de continuer mes études à Seoul~ quelqu’un pourrais me renseigner ou je dois faire une demande pour cette bourse? et quels informations ont-t-ils besoin concretement pour l’accorder?
    et combien de temps ça prends???
    Je voudrais commercer les démarches le plus vite possible!!!
    J’ai vraiment besoin de quelqu’un pour me donner des conseils^^

  • Cha-er-si l'autre

    日本 和/或 中国 Ca c’est un débat sans fin !
    Quel super article. Il m’a dégouté de pas avoir eu le courage de partir plus loin, je l’ai dévoré avec une lueur d’admiration dans les yeux. Bravo a tout ceux qui ont eu le courage de partir à l’autre bout du monde et xie xie cha-er-si, pénichiste asiatophile.

  • Charles

    parce que l’on m’aurait demandé après pourquoi je n’ai pas interrogé quelqu’un revenant d’Inde…L’article se voulait simplement d’interroger deux étudiants un revenant l’autre voulant y aller pour comparer. Alors oui j’ai pris l’Asie dans sa globalité, mais ça aurait été trop compliqué d’interroger des étudiants revenant de tous les pays. Quant au Japon quintessence de l’Asie…

  • E.

    Correction de coquille (on espère):
    2ème question: …"je pense qu’il faut au moins passé une année en Chine"…
    koff koff.
    🙂

  • Val

    Da jia hao!
    J’apporte donc mon point de vue de "3A actuellement en Chine" 😉

    En effet, l’adaptation à la nourriture asiatique est un élément important ! Mais globalement, nous n’avons pas eu de mauvaise surprise, alors même que nous avons mangé dans des restaurants peu rassurants à première vue ! De toute façon, vous trouverez toujours un MaiDangLao (McDo) pas loin… Car la Chine change, et très vite !

    Comme le disait Jade, Pékin est la destination la plus avantageuse pour la langue, mais avec l’ouverture à l’Occident, les modes de vie tendent à converger (c’est encore pire à Shanghai et HK). L’idéal est donc de voyager pendant les quelques vacances ou les week-ends, ce qui permet notamment de découvrir qu’il existe une Chine à plusieurs vitesses.

    Question cours, ce n’est pas aussi varié qu’en Corée, puisque nous étudions essentiellement la langue chinoise, avec une pédagogie rébarbative, mais néanmoins efficace.

    Bref, beaucoup de découvertes ! Je ne voudrais pas être trop long, donc je laisse mon adresse pour les intéressés : valentin.chaput@sciences-po.org
    et je remercie Charles au passage pour la publicité qu’il fait à mon blog sur lequel j’espère vous retrouver : valinchina.over-blog.com

    @+

  • Justine

    Alors, Séoul est un grand monstre d’asphalte qui se prête assez mal aux errances urbaines dont je suis si friande à Paris. Il y a cela dit un certain nombre de parcs et autres écrins de verdure, notamment un peu à l’extérieur, où les Coréens eux mêmes adorent trouver refuge pour un pic-nic en famille le week-end.
    Autant le gouvernement coréen nous subventionne au départ, autant sur place il ne met en oeuvre aucune politique destinée à favoriser l’accès des jeunes à la culture (peu de tarifs réduits). Sinon, en termes de sortie le choix de l’université d’accueil est déterminant: Sogang et surtout Yonsei sont au coeur d’un carrefour étudiant qui s’apparente à un inépuisable centre d’animation et de divertissement (restaurants, bars, boutiques, discothèques, karaokés, clubs où se produisent des groupes de musique issus de tous les genres, lieux interlopes pour toutes les tendances). A part ça, les Coréens et Coréennes sont facilement accessibles, la nourriture délicieuse, l’hiver mordant mais le printemps précoce… Mille menus bonheurs en somme!

  • Pierre

    J’aimerais poser cette question à Justine qui, je l’éspère, ne manquera pas de "checker" les commentaires de son interview :

    Pourrais tu nous parler un peu de Séoul ?
    Je suis moi même intéressé par l’Asie et il est vrai que l’invitation du très honorable et estimé gouvernement sud coréen me semble des plus alléchantes.
    As tu trouvé que c’était une grande ville , une très grande ville ? S’y sent-on bien ? Est elle polluée ?…
    Y a t il un coeur historique ? Qu’en est il de la culture, des spectacles, de l’arrière pays ? Et tiens et que dire des Séouliotes, liens ?

    Si d’aventure tu pouvais nous offrir quelques unes de tes innombrables impressions sur le sujet, j’en serais comblé.

  • Charles

    Si vous voulez voir comment se passe une année en Asie, vous pouvez visiter le blog d’un garçon en 3a en Chine qui a déjà laissé l’adresse de son excellent blog en commentaire sur LaPéniche.net: valinchina.over-blog.com. Voilà!

  • Laurie

    LaPéniche.net attend d’avoir les fonds suffisants pour payer le billet d’avion de ses reporters de terrain.

    J’ai une idée (très sciences-piste) : on va faire un appel aux donations !