L’UMP Sciences Po ne connaît pas la crise

Alloncle et Madinier, devant les cameras de France 5

Devenue la première force politique rue Saint-Guillaume, l’UMP Sciences Po poursuit sans faire de bruit sa vertigineuse ascension, bien loin des chamailleries et autre guerre des clans Copé Vs Fillon. C dans l’air, la fameuse émission de décryptage politique diffusée sur France 5, lui a récemment consacré une enquête captivante. Deux minutes trente de gloire primant un travail acharné mené tambours battants ces derniers mois. « On nous avait promis cinq minutes, mais rien que le fait de passer à la télévision nous satisfait pleinement » s’enthousiasme Charles-Henri Alloncle, l’un des trois vice-présidents de la section UMP à Sciences Po. Pour lui, pas question de s’arrêter en si bon chemin : « Il faut continuer à susciter l’engouement des médias et conquérir le cœur des sciences pistes ». L’association, « reconnue » en à peine quelques heures, s’appuie aujourd’hui sur une centaine de militants motivés. Comment s’est-elle faite une place au soleil sur l’échiquier politique d’une institution pourtant réputée à gauche? Quelles sont ses véritables ambitions et qui tient ses rênes? A droite toute sur le chemin du succès, état des lieux d’une cellule militante qui ne connaît pas la crise.

Alexandre Madinier, le président du renouveau

Alors qu’on attendait un Parti Socialiste au firmament du paysage politique de l’IEP, ce premier semestre nous a gratifié d’une surprise pour le moins inattendue, compte tenu du contexte national. L’arrivée au pouvoir d’une force militante à la mécanique parfaitement huilée, l’UMP Sciences Po. Pour prendre la mesure du phénomène, un petit retour en arrière s’impose. Nous sommes en avril 2012, Alexandre Madinier remporte l’élection organisée afin de constituer le nouveau bureau et prend du même coup la tête de l’association. Considéré comme un orateur hors pair, à l’aise devant les caméras, en atteste son témoignage dans l’émission d’Yves Calvi, le jeune homme entame pied au plancher son mandat d’un an. « Avec mes collaborateurs, nous avons travaillé durant tout l’été pour préparer au mieux la rentrée » explique l’intéressé. Une stratégie payante.

« L’UMP Sciences Po a triplé son effectif »

Grâce à sa présence massive en péniche, l’UMP parvient d’emblée à capter l’attention de néo-adhérents, tandis que son concurrent socialiste peine à transcender les foules. « On a triplé notre effectif, c’est énorme, s’exclame Charles-Henri Alloncle, bras droit de Madinier. Enormément de 1A nous ont rejoint, mais aussi des 4A frustrés de ne pas avoir pu vivre l’effervescence de la campagne présidentielle. A ceux qui n’ont pas encore franchi le pas, je dis ‘Rejoignez-nous’». Preuve de leur légitimité croissante dans le milieu du militantisme pro-UMP, c’est sur les conseils d’un cador des « Jeunes Populaires » que les journalistes de France 5 se sont tout naturellement tournés vers eux.

Quand Colon parle de « droitisation » de Sciences Po

Lors de la reconnaissance des associations, Madinier et consorts font un carton, terminant deuxièmes au sprint derrière les intouchables du Centre Saint-Guillaume. Aux antipode cette success story, un PS peu fringuant peine à distancer Front de Gauche et autre MJS. Si les premiers débouchent le champagne, c’est la soupe à la grimace chez les seconds. D’aucuns n’hésitent pas à parler de « passation de pouvoir », certains préfèrent s’engouffrer dans la brèche métaphorique et faire allusion au fameux effet papillon (Sciences Po irait à contre-courant de l’échelon national…) et David Colon de jeter un pavé dans la mare: « Nous assistons aujourd’hui à une droitisation des étudiants». La messe est dite ? Le navire Sciences Po aurait-t-il changé de cap ? « Nous n’en sommes pas encore là » nuance Alloncle.

Le PS et ses « appels du pied » au Front de Gauche

« Sciences Po demeure encore profondément ancré à gauche, mais notre victoire démontre que la cellule militante du PS gagnerait à être plus active. A vrai dire, elle semble totalement démobilisée et on entrevoit à travers ses incessants appels du pied au Front de Gauche les prémices d’une petite crise d’identité. En témoigne la tumultueuse accession de son nouveau président. » – rappelons malgré tout que ce dernier fut élu à une large majorité et que le changement récent du bureau a lancé l’année de la section -. Sur la même longueur d’onde, Madinier n’hésite pas à renchérir : « Les troubles au PS Sciences Po sont surprenants, il apparaît totalement sur une autre ligne politique que celle défendue par le gouvernement Ayrault. Je trouverai gênant de devoir défendre une politique dans laquelle je ne me retrouve pas. » Alors pendant que la « guerre de succession » au PS battait son plein, l’UMP en a profité pour cimenter paisiblement sa recette gagnante, axée sur trois piliers principaux.

Une réorganisation savamment planifiée

« Nous sommes parvenus à rationnaliser notre fonctionnement interne autour de pôles travaillant en parfaite synergie, et souhaitons désormais développer notre capacité de production d’argumentaires et de tracts, détaille Madinier. L’organisation de conférences et autres évènements à Sciences Po intègre le champ de nos priorités, ainsi que le renouvellement de nos méthodes de communication. » Ainsi, trois grands pôles sont apparus au grand jour, composés chacun d’une trentaine de militants : le pôle argumentaire, le pôle évènementiel et le pôle communication.

Les cadors de l'UMP en plein traçtage

Les trois pôles du succès

Etudiant en Master, Gerwin Weber dirige le pôle argumentaire, lequel vise à « structurer une argumentation solide afin de mettre en avant les valeurs prônées par l’UMP ». Un travail de « réflexion permanente » confié essentiellement à des M1 ou M2, plus expérimentés, mieux rodés en matière de connaissances historiques, politiques et sociologiques, et surtout qui ont appris à se mobilier dans l’urgence. Sous la houlette de Loan Santiago (2A), les militants du pôle évènementiel orchestreront au second semestre des conférences et autres cafés politiques dans les locaux de Sciences Po. Selon nos informations, ils auraient déjà obtenu l’accord de plusieurs anciens ministres et députés de renom…Des chercheurs, enseignants et sociologues seront également de la partie. Si pour l’instant seule l’organisation d’un « dîner débat » sur le thème de l’entreprenariat a été menée à terme, les membres de l’UMP Sciences Po ont cependant pu se rendre à d’autres évènements extérieurs tout au long du semestre (dîner de la fondation Charles de Gaulle, voire certains cafés politiques de la Boite à idées). Comme le souligne Alloncle, « l’UMP Sciences Po n’a pas vocation à s’ériger en organe ultra-politique, car le principal est de parvenir à intéresser un maximum d’étudiants. » Nul doute que ces futurs cafés en compagnie de politiciens susciteront des vocations chez certains sciences pistes « actuellement incapables de se situer sur l’échiquier politique.» Toujours est-il que jusqu’à présent, le pôle communication bat tous les records en termes d’activité. Exit les tracts caricaturaux jadis distribués en péniche, place à des tracts « plus personnalisés » et « correspondant aux préoccupations des étudiants de Sciences Po ». Les militants s’en sont donnés à cœur joie lors de la distribution des trois tracts concoctés depuis le début du semestre : le premier dédié à l’entreprenariat, un second sur la question sensible du droit de vote des étrangers et un tout récent concernant la dépénalisation du cannabis.

Tordre le cou aux rumeurs « d’idéologie dominante »

A entendre les pontes de l’UMP Sciences Po, l’ambiance serait en permanence au beau fixe. Aucune dissonance à l’horizon ou tout simplement une idéologie dominante à respecter sous peine de devoir quitter le navire ? La cohabitation entre gaullistes, centristes et autres libéraux est-elle vraiment sans accrocs ? Alloncle et Madinier acquiescent et réfutent en cœur toute rumeur « d’une idéologie » qui prédominerait dans les rangs de leur cellule militante. « Nous avons bien sûr quelques débats internes sur des désaccords, je pense notamment au ‘Mariage pour tous’ ; certains sont pour, d’autres contre. Mais d’une part nous respectons la contradiction et n’empêchons personne d’exprimer ses idées ; d’autre part ces divergences restent rares et nous sommes d’accord sur l’essentiel » se justifient les deux amis.

« Notre futur est celui du développement »

Avec l’assurance d’un politicien en pleine réussite, Madinier surfe sur une dynamique positive et envisage l’avenir avec sérénité : « Notre futur est celui du développement. La majorité des étudiants n’a pas d’orientation politique particulière, certains ont peur de perdre leur liberté de penser en ralliant une cause militante. Je les invite tous à venir voir par eux-mêmes ! » Histoire de poursuivre cette « mémorable odyssée », Alloncle en appelle lui « à la ténacité et la volonté infaillible des militants sciences pistes. »

A l’UMP Sciences Po, pas besoin d’attendre trente jours pour trouver un accord et sortir d’une crise à l’allure pittoresque. Non, pas de clash sans saveur entre fillonistes et copéistes, « pas de prise de position ». Juste une machine qui s’est mise en route un soir d’avril 2012. Seules ombres au tableau à ce jour, le sujet « tabou » de l’UDI et ces événements organisés, qui loin d’être légions, se font de plus en plus désirer par les militants.

2 Comments

  • Etudiant

    « Avec mes collaborateurs,

    Il s’y croït déjà lui…
    Je n’ai pas envie que nos futurs hommes politiques aient une telle conception des rapports sociaux.