Interview : Alexia de Monterno, IEP SP 92, responsable de Sciences Po Avenir

Aaah, janvier! Janvier, et le traditionnel émoi des 5A qui vont partir en stage, des 4A qui recherchent un stage, ou des 2A qui attendent leur réponse pour un stage…

Qui dit stage, dit Sciences Po Avenir. Et qui mieux que la responsable, Madame Alexia de Monterno, pour nous en parler ?

Sciences Po Avenir qu’est-ce que c’est ? « Le service des stages et du premier emploi » dixit le site Internet de Sciences Po Avenir. Vaste programme. En chiffres, c’est la gestion de 1200 nouveaux diplômés chaque année, la publication de 500 offres de stages et de premiers emplois par mois, 20 à 25 présentations corporate par année scolaire (soit environ une par semaine de cours) et une équipe composée de 4 chargées de missions et de 2 secrétaires. Et en faits ?

Et d’ailleurs, qui est Alexia de Monterno ? Diplômée ’92 de la section service public, puis de l’ESSEC en 1994, Madame de Monterno a travaillé en finance d’entreprise (transmission d’entreprises familiales et audit de concessions de service public) avant de retourner aux sources en 2000 en tant que Responsable pédagogique du Master Finance & Stratégie. Chargée en 2003 de la transformation du Master de Sciences Po (pour rappel : passage de 23 majeures à 11 masters, intégration des DESS au sein du cycle du diplôme, mise en place du LMD), elle devient en 2004 directrice adjointe des études auprès de Laurent Bigorgne et responsable de Sciences Po Avenir.

Venons en aux faits…

Alexia de Monterno : Sciences Po n’est pas sexiste. Il n’y a pas de discrimination à l’embauche car quand vous venez travailler pour Sciences Po, ce n’est pas pour y faire une carrière fulgurante, mais par intérêt pour la mission qui vous y est offerte. Vos compétences et votre motivation sont donc primordiales !

Une femme à la tête de Sciences Po ? On y viendra, il n’y a pas de blocage à ce niveau là. Regardez Anne-Marie Idrac, la PDG de la SNCF ou encore Anne Lauvergeon la PDG d’Areva ! Ce ne sont pas des entreprises faciles à diriger, et pourtant des femmes sont à leur tête ! Je crois qu’il en est de même pour Sciences Po. Les choses bougent lentement dans le monde du travail, mais je ne ressens pas de blocage dans les mentalités au sein de la Direction.

  • En s’attachant au contexte de votre nomination en 2004 à la tête de Sciences Po Avenir, on remarque qu’elle s’inscrivait dans la stratégie de réforme de Sciences Po voulue par la Direction… En quoi cette réforme impliquait-elle Sciences Po Avenir ?

Lorsque Laurent Bigorgne m’a demandé de prendre en charge Sciences Po Avenir, la position de la Direction était claire : on ne peut pas dissocier la réforme et la reconstruction des Masters sans prendre aussi en charge l’accès aux débouchés professionnels.

  • Quelles sont les missions de Sciences Po Avenir ?

Sciences Po Avenir, c’est le service des stages et du premier emploi. Cela implique plusieurs objectifs :

  1. La gestion des stages des étudiants : cela requiert beaucoup de service administratif, quelle que soit la nature du stage. Cela prend beaucoup de temps, car les étudiants font de plus en plus de stages (ce dont je me félicite) ! Cette partie administrative ne représente que la partie immergée de l’iceberg, que les étudiants ne voient pas, ou seulement quand cela se passe mal. C’est un peu le problème de tout service administratif… et c’est pour cela que c’est une mission primordiale
  2. L’organisation d’activités pédagogiques : depuis quelques années, nous avons développé pour les étudiants des ateliers, animés par des professionnels, proposant simulations d’entretiens, réalisation d’un CV, lettre de motivation, préparation des entretiens… Nous informons toutes les semaines via notre site internet et la Newsletter de Sciences de la tenue de ces ateliers.
  3. La rencontre avec le monde du travail : cela passe par l’organisation des forums, de présentations corporate, qui ont pour but de mettre en relation les entreprises et les étudiants. Nous tenons un grand forum par an au début de l’année, ainsi que des petits forums thématiques et des rencontres-métiers au printemps.

  • Concernant les stages, beaucoup d’étudiants nous ont fait part de la qualité variable des offres publiées, ainsi que du problème de la surreprésentation de certains secteurs d’activité (finance, banque, communication, marketing)…

Nous faisons attention à la qualité des offres, en opérant une sélection avant publication. Néanmoins, nous essayons de procurer un panel le plus large possible aux étudiants.

Pour ce qui est de la surreprésentation, elle n’est pas de notre fait. D’une part, cela correspond à des secteurs qui embauchent beaucoup. Mais je suis persuadée que cela résulte aussi du fait que ce sont des secteurs structurés, qui ont des services de recrutement importants. Attention, cela ne veut pas dire que les autres secteurs ne recrutent pas, mais simplement qu’ils ne passent pas d’offres. Je rencontre des représentants d’institutions, d’agences d’urbanisme, d’administrations publiques, comme Samu Social International, qui me disent qu’ils prennent de nombreux stagiaires, mais que les étudiants doivent faire leur démarche via leur site Internet, de manière spontanée… Néanmoins, je vous accorde que sur le principe, Sciences Po Avenir va devoir développer une information plus fournie, une orientation des étudiants vers des secteurs qui communiquent moins, sont moins structurés.

Toujours à propos de cette surreprésentation, les présentations corporate paraissent cibler certains masters… En apparence seulement ! Quand les entreprises viennent, elles sont à la recherche de plusieurs profils ! Les étudiants ne doivent pas se dire qu’ils ne sont pas concernés par la venue de telle ou telle entreprise : la différence entre secteur d’activité et fonction au sein de l’entreprise doit être faite !

  • La visibilité de Sciences Po Avenir (qui se situe au 26 rue Saint-Guillaume) est assez mauvaise. L’accès à la documentation est fastidieux, les locaux peu « académiques »…

Beaucoup de changements sont à venir. Je crois qu’il y a deux problèmes. L’un est de notre fait. La documentation est parcellaire, peu utilisée car pas facile à utiliser, et ne relevant pas d’un effort systématique et continu de notre part de couvrir tout type de métier, secteur d’activité… En 2006, l’arrivée d’une responsable du conseil et de l’orientation professionnelle (ndr : Félicité Gasparetto) a été la première étape vers une nette amélioration. Le second semestre verra la modernisation de l’information, d’une part, avec un tri et une classification plus efficace de nos documentations écrites, et d’autre part, avec l’approfondissement du partenariat avec placeOjeunes (société spécialisée dans la recherche d’informations pour l’insertion des jeunes professionnels, qui a notamment réalisé la rubrique « offres de stages et d’emplois » du site Internet) qui se traduira par la mise en place de pages thématiques,de fiches-métiers, sur notre site Internet.

Le second problème est relatif à la localisation (26 rue Saint-Guillaume) Mais Sciences Po est en train de vendre les locaux. Il est assez probable que nous soyons délocalisés à l’ENA, dès juillet 2007, dans des locaux beaucoup plus adaptés à l’accueil des étudiants.

  • Parlons de Sciences Po et de visibilité du diplôme et de la valorisation des étudiants sur le marché du travail. Plus de 850 étudiants sont en Premier Cycle, et ce nombre double presque en Cycle du Master. Ne pensez-vous pas que le diplôme de Sciences Po perd de sa « rareté » sur le marché du travail, face à des « petites promos » type HEC, ESSEC ? Trop de Sciences Po, pas assez d’offres ?

Je ne pense pas. Trois dimensions sont à prendre en compte.

Tout d’abord, Sciences Po couvre des champs beaucoup plus vastes que les écoles de commerce par exemple. Oui, il y a 1200 étudiants diplômés par an. Cependant, c’est la répartition de ces diplômés qui est importante. Un quart en Affaires Publiques ; un gros pôle d’étudiants internationaux ; des « classiques » (secteur privé) ; enfin, des niches spécifiques (stratégies territoriales, carrières judiciaires, ressources humaines…). Nous couvrons donc un spectre de métiers plus large qu’aucune autre Ecole.

Ensuite, je pars du principe que pour être visible, notamment à l’international, nous avons besoin d’une certaine taille en termes d’effectifs et de variété de formations professionnelles. Pour être visible aux yeux de recruteurs, il faut par exemple, 100-120 étudiants en finance, droit économique… Cela représente un vivier riche, pour lequel les recruteurs se déplaceront.

Enfin, le nombre permet d’avoir une équipe pédagogique plus riche, plus diverse, d’essayer de nouveaux cours. La mise en place des Masters a permis de recréer une visibilité et une spécificité qui contrebalancent cette grande taille.

  • Venons en au rôle que Sciences Po Avenir doit jouer dans l’orientation des étudiants. En effet, nombreux sont ceux qui choisissent un Master sans savoir réellement quels sont les débouchés, à quels métiers s’attendre… Avec plus de 1200 étudiants répartis dans 11 mentions différentes, on peut se demander si une seule conseillère d’orientation est suffisante ! Quels changements pourraient selon vous améliorer l’information avant l’entrée en Master ?

La Direction et moi-même y travaillons depuis plusieurs années, et les solutions commencent à prendre forme. Dès l’entrée en Premier Cycle, nous allons mettre en place des stages d’intégration, qui prendront la forme de visites d’entreprises, de rencontres avec des professionnels… Cela constitue déjà une première étape qui aide les étudiants à réfléchir sur leur orientation. Il faudrait que les étudiants, avant de partir en 3e année, aient une idée de leur orientation. A cet effet, nous développons l’information sur les possibilités de stages en 3e année. Pour preuve, nous avions une cinquantaine de demandes de stages l’année dernière, et nous sommes passés à près de 200 demandes pour les départs à venir ! De plus, il faut amener l’information aux étudiants tout en les incitant à s’y intéresser de leur propre chef. Vous devez devenir acteurs de la construction de votre projet professionnel ! De mon côté, je fais en sorte d’inciter les responsables pédagogiques des Masters à développer des électifs, des modules sur les métiers, les secteurs, les techniques. Cela par exemple s’est concrétisé pour le Master Finance & Stratégie.

  • D’où cette popularité pour les stages en 3e année, ou de manière libre au cours de la scolarité provient-elle ? D’une action de Sciences Po ou d’une inquiétude des étudiants quant à leur professionnalisation ?

Bien sûr le discours de Sciences Po est plus volontariste. Mais je constate aussi, par la présence au forum, par le succès des ateliers, qu’il y a une vraie prise de conscience des étudiants que, pour rentrer sur le marché du travail, il ne suffit pas d’être bon. Il y a des techniques à apprendre, un milieu à connaître. Il faut être proactif.

  • Justement, très souvent, les étudiants n’ont pas le temps de faire un stage en Premier Cycle, parce qu’ils doivent travailler durant l’été, ou tout simplement parce qu’ils ont envie de découvrir un nouveau pays ou système universitaire… Ainsi, en sortant de Sciences Po, de nombreux étudiants n’ont qu’un seul stage en poche !

Le Conseil de Direction a voté l’année dernière le principe d’un stage ouvrier (au sens de travail d’exécution). Pour des personnes amenées à exercer des postes à responsabilités, d’encadrement, cela permet de comprendre ce qu’est une hiérarchie vue du bas, de voir une certaine réalité sociale, de savoir ce qu’est un métier sans possibilité de progression. C’est très enrichissant. Je ne suis pas pour un départ de tous les étudiants en 3e année en stage bien entendu ! Je constate néanmoins une hausse des demandes. Quant au stage du master, je souhaite que les étudiants fassent, en plus, un stage d’été entre la 4e et la 5e année du Master, pour qu’ils aient au moins deux stages conséquents. Aujourd’hui, c’est tout à fait possible de passer à côté du cliché « café-photocopies » ! Et si à la fin de votre cursus à Sciences Po, vous pouvez finir avec un stage de terrain, deux stages en master, vous deviendriez très intéressant !

  • Certains étudiants (qui souvent ne sont pas encore entrés en Master) parlent de « Masters chômage », notamment Management de la Culture et des Médias et Affaires Internationales. Quel est votre avis à ce sujet ?

L’idée de Sciences Po a été de faire réfléchir les étudiants sur la situation des secteurs concernés. Par exemple, en Affaires Internationales, un entretien d’orientation indicatif a été proposé à tous les prétendants en septembre 2006, afin de voir si les étudiants avaient conscience des atouts qu’ils avaient ou pas pour exercer une profession en rapport avec ce Master. Nous essayons de développer des compétences, des ouvertures sur le monde du travail. Ce n’est pas un « Master chômage », mais c’est un Master, qui tout seul, « sec », ne suffit pas. Il faut avoir un bagage culturel et pratique antérieur, ou bien se spécialiser après la diplômation sur une région, etc. De manière générale, tous les professionnels reconnaissent que pour nombre de ressortissants français par exemple, les organisations internationales recrutent peu. C’est à nous à Sciences Po Avenir de faire prendre conscience aux étudiants de cet état de fait !

Concernant le Master Management de la Culture et des Médias, l’information est très claire depuis longtemps : c’est un secteur qui créé peu d’emplois. Néanmoins, notre formation met l’accent sur la partie moins médiatisée de la culture, c’est-à-dire une partie « industrielle » de la culture : la télé, la radio, la production, etc. Nous avons là un rôle à jouer dans cette orientation, mais je reconnais que nous ne sommes pas encore assez présents sur ce type de secteur.

  • Parmi les activités de Sciences Po Avenir existent les Ateliers CV… Ne pensez vous pas que cela devrait devenir obligatoire et intégré au cursus de Master, et comme le sport ou les cours de théâtre, être sanctionné par quelques crédits ? Savoir se vendre, se présenter n’est pas inné, cela s’apprend !

Je vais proposer au Conseil de Direction en janvier 2007 la mise en place d’un « parcours de professionnalisation ». ce terme est peut-être un peu pompeux, mais c’est en tout cas une incitation à venir à Sciences Po Avenir. Il y aurait 3 à 4 obligations à remplir :

  1. participer à un ou deux ateliers
  2. prendre RDV avec un Ancien : sachez qu’ils seraient tous ravis de parler de leur secteur, de leur travail avec des jeunes !
  3. participer à une présentation corporate
  4. rédiger une mini-enquête sur un métier, un secteur d’activité qui intéresse l’étudiant

L’ensemble donnerait lieu à 2 crédits. C’est une démarche permettant d’intégrer l’étudiant pleinement à sa recherche.

  • Ne pensez vous pas qu’il serait profitable à tous les étudiants d’avoir à leur disposition des statistiques sur le placement des diplômés ? Emploi dans le privé ou le public, dans quelles entreprises, CDD ou CDI, quels sont les salaires, quel est le taux de chômage et la durée du chômage à la sortie de Sciences Po… Dans toutes les Grandes Ecoles, un an après la diplômation, des données sur la situation des jeunes diplômés sont disponibles. L’administration possède t-elle ces chiffres ?

Il y a eu une enquête en 2003 sur les diplômés 2002, mais elle ne reflète plus la réalité. Depuis, nous n’avons pas souhaité procéder à une nouvelle enquête et je l’assume : au moment du changement des Masters, il nous est apparu délicat de publier des chiffres sur un système encore en gestation.

Mais c’est pour pallier ce manque que Sciences Po a chargé Louis Chauvel, sociologue de l’Observatoire Sociologique du Changement (qui dépend de Sciences Po), de mener une enquête sur les diplômés de 2001 à 2006. Au printemps, nous aurons des résultats importants sur l’insertion des diplômés. Ils seront bien entendu rendus publics. De plus, cette enquête sera désormais renouvelée chaque année.

Plus de 80% des étudiants vont dans le secteur privé. Je pense qu’il y a une poussée des désirs des étudiants pour travailler dans le secteur associatif, humanitaire, dans les grandes organisations internationales, mais on ne sait pas comment cela s’est traduit concrètement. Il faut savoir qu’une enquête Jeunes Diplômés est utile aux étudiants mais aussi à la Direction. C’est un outil de pilotage très fort. Après ces années d’adaptation, cet apport va être capital.

  • Beaucoup d’étudiants « pur jus » (actuellement en Master et issus du Premier Cycle) s’inquiètent d’une potentielle concurrence avec des nouveaux étudiants, qui en quelque sorte cumuleraient les diplômes.

Il peut y avoir une vraie inégalité, mais qui se limite à quelques secteurs d’activités. Certains employeurs privilégient les doubles cursus, car cela les rassure. Par exemple, les cabinets de conseil en stratégie. Ils ont besoin de scientifiques, d’ingénieurs.

Mais pour de très nombreux secteurs, les « Sciences Po pur jus » sont valorisés par des entreprises car ils possèdent plusieurs atouts : la formation intellectuelle du 1er cycle ; la 3e année à l’étranger ; pour certains, un 1er cycle délocalisé, qui est synonyme d’un parfait bilinguisme, voire trilinguisme, et d’un vrai biculturalisme. Tout cela est un Sciences Po récent, des années 2000, et qui est en train de se faire connaître par les recruteurs. Et ça fonctionne, car plus de 100 entreprises viennent au Forum Entreprises par exemple !

Je pense que pendant quelques temps, il y aura une disparité, car les recruteurs n’aiment pas le risque, et deux Ecoles plutôt qu’une signifient moins de risques. Mais, d’une part, comme je l’ai dit, le modèle du Sciences Po pur commence à être connu, et d’autre part, les entreprises n’aiment pas l’éternel étudiant, qui refuse de se lancer sur le marché du travail.

  • Et que pensez-vous, à l’inverse, des jeunes diplômés qui poursuivent leurs études ? Par extension, que pensez-vous de ceux qui s’inscrivent en Prép’ENA pour pouvoir être conventionnés par Sciences Po et donc faire un ou deux stages en plus ?

Pour les premiers, ils peuvent effectivement se sentir jeunes, car ils sont rentrés tôt, à 17, 18 ans… D’autre part, ils peuvent avoir envie d’étoffer leur CV.

Mais de manière générale, je pense que les étudiants manquent de confiance en eux. A bac+5, même en étant un Sciences Po pur, vous êtes capables de trouver un emploi, vous êtes intéressants et vous êtes employables ! Il faut savoir se jeter à l’eau quitte à reprendre quelques années plus tard des études. Faire des stages en plus alors que l’on est diplômé, ce n’est que repousser l’échéance à laquelle vous devrez trouver du travail. De plus, cela fait courir le risque que pour les entreprises, il devienne normal de rémunérer de la même manière un stagiaire et un jeune diplômé, alors qu’en tant que jeune diplômé vous avez le devoir de vous vendre comme tel. De toute manière, il ne faut pas croire que votre première expérience professionnelle va conditionner votre carrière ! Il ne faut pas hésiter à faire deux à trois ans de première expérience pour prendre de la maturité, pour apprendre comment le monde du travail fonctionne…

  • Y a-t-il une augmentation de la proportion d’étudiants faisant une année de césure ou un étalement de scolarité, afin de faire plus de stages ? Comment justifiez-vous qu’ils aient à payer le même montant de frais de scolarité alors qu’ils ne profitent pas des enseignements de Sciences Po ? C’est pourtant dans l’intérêt de l’établissement que les étudiants deviennent plus attractifs avec des expériences en plus !

De plus en plus d’étudiants font effectivement une année de césure ou un étalement de scolarité : ils cherchent une expérimentation de leurs choix, une mise à l’épreuve ou une pratique professionnelle plus longue, en intégrant cela à leur scolarité (généralement entre la 4e et la 5e année). Je crois que dans cette situation précise, il faut aller au bout de notre idée de professionnalisation du Master : je pense que nous n’avons pas tiré toutes les conséquences du passage à une scolarité en 5 ans : en premier lieu, à Bac+5, il faut que nous formions aussi des professionnels, et nous devons nous engager à ce qu’ils puissent trouver un emploi, en plus de la formation intellectuelle que Sciences Po apporte. De plus, il y a eu le réaménagement des troncs communs, avec plus de choix et un allègement des plages horaires. La troisième conséquence serait de créer, un jour, une véritable année de césure, obligatoire ou pas, avec des frais fixes.

  • Au final, j’ai l’impression que beaucoup de choses restent à faire…

Oui, il y a encore beaucoup de choses à faire. Néanmoins, il va y avoir de très nombreuses, visibles et efficaces nouveautés. Mais il n’y a pas de génération sacrifiée et encore moins d’un point de vue orientation professionnelle. Votre génération a bénéficié de l’incroyable transformation de Sciences Po. Depuis trois ans, il y a un regain d’intérêt très net tous secteurs confondus pour les étudiants de Sciences Po.

Les Masters sont bons, et je le dis sans fausse pudeur ! Nous pouvons encore améliorer votre accompagnement sur le marché du travail.

Un grand merci à Alexia de Monterno pour sa disponibilité et sa bonne humeur !

3 Comments

  • Fettert

    Et les statistiques de placement, pourquoi un tel silence?

    Cela nuirait-il vraiment donc à la réputation de l’école ?…

  • Florian

    Apparement, la création d’une "école de droit" (ça fait moins classe que "Law School") serait à l’étude dans le cadre de la transformation des masters en écoles.
    Pour ce qui est de la reconnaissance pour le concours du barreau, je crois que sc po fait bcp d’efforts à ce sujet en ce moment.
    En tout cas, apparement, pas mal de gens ont fui la 4A de droit éco pour passer en Fin&Strat…

  • Bernard

    On ne parle jamais de ce chantier innachevé: les masters juridiques de Sciences Po (Droit éco et Carr Jud). On a lancé sciences po dans la formation de juristes, mais en France, la formation juridique est un monopole d’Etat et de l’Université. Il faut faire quelque chose pour leur reconnaissance sur la marché du travail, notamment en terme d’équivalence. (Les DESS sélectifs du master droit éco sont beaucoup trop légers).

    Pourquoi ne pas, par exemple, regrouper ces deux Masters (sous le nom d’école ou pas) en conditionnant son intégration par le suivi des quelques cours de droit fondamentaux en 1er cycle.