Intervention coup de poing à Sciences Po

« Sciences Po crée les dirigeants qui vont me baiser» En pleine journée de gauche, des étudiants et représentants syndicaux (« sauvons l’université », CGT et SUD) et politiques de gauche plus ou moins extrême originaire de Paris VI, Nanterre et Paris VIII ont décidé d’occuper Sciences Po pour protester contre la loi Fioraso. Sciences Po où « même les toilettes brillent » est, selon eux, un creuset des inégalités sociales avec un écrémage social et une hypocrisie d’ouverture ; une université où prolifère précarité en raison des contrats de droit privé ; d’où le choix de cette intervention coup de poing.

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Ils dénoncent l’absence de démocratie dans les universités que le dispositif de communautés d’universités aggrave, les attaques sur le cadrage national des diplômes et essentiellement la misère qui guette les universités face à l’absence d’engagement sur les créations de postes et les financements. Selon eux, le projet de loi d’enseignement supérieur « participe de la casse des services publics et de la soumission de l’Etat à la finance internationale par le biais de l’austérité ».

« Sciences Po, ou le futur impossible de réformes imbéciles et destructrices » titre le tract qu’ils distribuent en chantant et en scandant quelques slogans dans leur micros. Actuellement, ils débattent avec les étudiants dans le jardin du 27.

Apparemment, ils auraient tenté de faire une AG en Boutmy avant que les appariteurs ne ferment les portes de l’amphi et même de Sciences Po. L’accès est donc bloqué pour tous les étudiants.

« Un débat sur la réforme pourquoi pas mais c’est pas le moment d’aller occuper locaux. Ils surfent sur la tendance d’occupation des amphis » nous glisse un militant PS. Militants qui désapprouvent ce sabotage de la journée des gauches et dénoncent tout amalgame entre les deux initiatives.

« On ne s’y attendait pas, ça ne parait pas constructif. On comprend ce genre de mouvement, mais il n’a pas une grande légitimité. Il nous faut du recul » rajoute un membre de l’UNEF. Nicolas Robin, président du syndicat largement majoritaire à Sciences Po de conclure : « du grand n’importe quoi! ».

16 Comments

  • Nicolas Robin

    La condamnation unanime de cette action par les différentes organisations représentatives n’est pas tant liée au fond revendicatif qu’au mode d’action. Un coup de force, non concerté avec les étudiants, ce n’est pas comme cela que l’on fait du syndicalisme. D’autant plus que leur intervention a fait annuler la conférence de la Journée des Gauches. Bordéliser les cours et entraver la vie associative de Sciences Po, je n’apelle pas ça du syndicalisme.

    Concernant les revendications de ces individus, ils ont choisi de mélanger tout ce qu’ils pouvaient (financement de l’ESR, loi fioraso et aspects des toilettes de Sciences Po). Si ils veulent avoir une vraie discussion et un vrai débat sur la loi Fioraso, je pense que ce sera plus constructif.

  • Bela Kun

    C’était donc ça les bruits de stade dans tout le 27 (objectivement, étant en conf à cette heure là, c’était im-bit-able), j’aurai juré mes grands dieu qu’il s’agissait d’une énième action de l’Unef ou du front (soupir).
    Mais que ne suis-je ébaubi en voyant la photo de cette masse d’étudiants de scpo apathique entrain de se laisser trainer dans la boue par ces barbares ! Mais où est donc passé votre sens moral ?! Personne pour distribuer barres de fer et poings américains, même pas sous le manteau ! Aux armes étudiants, des abrutis dégénérés en mal de cause perdue s’en prennent à nous !

  • Claude

    Réduire le reste du système universitaire à Dauphine et aux classes prépas, c’est avoir de la merde dans les yeux, non ? Donc oui, Sciences Po fait partie des établissements les plus favorisés. Et ce privilège devient difficile à justifier quand la sélection à l’entrée est biaisée par l’origine sociale des candidats.

  • H.Bastianelli

    Bien évidemment que « Occupy Boutmy » était 100 fois plus légitime:
    1) C’était fait par de élèves de Sciences Po pour quelque chose qui concerne directement Sciences Po.
    2) L’amphi a été occupé de nuit et non pas pendant les cours.
    3) L’UNEF, à l’origine du mouvement, représente 80% des étudiants de Sciences Po (dernières élections syndicales)

    Tandis que SUD ne représente personne, qu’ils ont occupé à 19h et donc empêché une conf et des cours, et que cette opération était faite par des gens extérieurs à Sc Po. Si c’est de ce coté là qu’est la légitimité pour toi, alors il y a un problème!

  • GD

    L’attaque sur Sciences Po est plus qu’inutile et cache les vrais problèmes de l’enseignement supérieur français. Au delà de leurs méthodes dignes des maos de Nanterre dans leurs riches heures, ces types ont tout faux sur le fond.

    L’université s’est massifiée en faisant miroiter des diplômes à un certain nombre d’étudiants qui désertent les filières professionnelles et technologiques où ils auraient bien mieux réussi. A l’autre bout, l’Université – hors certains cursus type droit qui sont obligés d’écrémer drastiquement – continue de mépriser le monde de l’entreprise en ne proposant presque pas de formations d’ingénieur ou de commerce par exemple. Résultat : les meilleurs élèves partent à Sciences Po (qui bénéficie de son indépendance pour sélectionner et faire payer pour la qualité), ou dans des classes prépa où ils veulent aller à Normale (censée former des profs), ou à Polytechnique (une école militaire alors que peu le restent).

    On a donc des facs surchargées, avec souvent mauvaise réputation, et trop peu de débouchés : c’est une bombe sociale à retardement.

    Ces gens feraient mieux de chercher des solutions pour réformer afin que le plus grand nombre trouve un travail, plutôt que de se déchaîner sur les maigres remèdes à un système malade et effectivement créateur d’inégalités.

  • Alex

    D’accord ou pas, il est affligeant de constater le mépris que portent les étudiants de ScPo à ce mouvement, qui, au moins, défend une cause cent fois plus légitime que quand une poignée de SciencesPistes en manque d’indignation a occupé Boutmy parce que la procédure de désignation du nouveau directeur était pas transparente. J’imagine que ça a dû donner des frissons type « grand soir » à quelques révolutionnaires de Facebook qui le raconteront à leurs petits enfants avec autant de fierté que s’ils avaient participé au Front Populaire; mais dans le fond, c’était profondément pathétique. Et voir l’UNEF prendre ses distances avec ce qui se passe aujourd’hui, ça en dit long sur le syndicalisme étudiant à SciencesPo. Sous prétexte que nous étudions dans cette école, doit-on pour autant s’aveugler dans un corporatisme stupide? Evidemment que nous sommes privilégiés, évidemment que ce privilège n’est pas nuisible en soi mais parce qu’il révèle une dérive menaçante du système universitaire, et évidemment que tout ça est en grande partie due aux années Descoings. On peut aimer son école tout en la critiquant sans se voiler la face. C’est d’ailleurs ce qu’on devrait attendre d’un syndicat étudiant…

    • Nabila_92

      Franchement, les années Descoings ont plus « ouvert » l’école qu’autre chose – les CEP, les étudiants étrangers, etc.

      Tout ça évolue lentement, certes, mais positivement. Si des élèves veulent bloquer des écoles élitistes, qu’ils aillent à Dauphine ou à HEC. Là-dedans, on va bizarrement en trouver beaucoup moins des « fils et filles d’ouvriers ».

    • Charles-Hugo

      Alex : tu dénonces « le mépris que portent les étudiants de ScPo à ce mouvement »? Alors, sois tu n’as pas été présent à l’évènement, soit ton commentaire est proprement scandaleux vis à vis de notre école et de ses étudiants. Leurs reproches: « même les toilettes brilles à Sciences Po ». Mais heureusement qu’elles brillent! Quand on paye 9800€ de scolarité l’année, c’est le minimum attendu… L’injustice? On serait « favorisé » par l’Etat. Mensonge: nous coûtons moins cher par étudiant que l’université de Dauphine. Ce mouvement (contrairement à celui d’Occupy Boutmy dont j’ai participé) était anti-démocratique : il a condamné l’amphi Boutmy pendant les heures de cours. Cette minorité extrémiste a été ignorée par les étudiants de Sciences Po, les syndicats et les partis politiques et c’était noble de leur part, de ne pas avoir céder aux sirènes de l’extrémisme anarcho-gauchiste. Bravo aux syndicats, bravo à l’UNEF, au MET, à l’ESP, bravo aux étudiants.

  • Sconnie

    « Teubé » est tellement fidèle à son pseudonyme qu’il arrive même à critiquer un article relatant des faits. Merci pour la réactivité LP

  • Th_P

    Et pendant ce temps-là, les étudiants en prépas (qui coûtent plus cher au passage que les étudiants de Pipo et ne sont même pas diplômés) se la coulent douce… Sciences Po à bon dos. À quand des opérations du genre à Janson de Sailly, H4, LLG, J-B Say?? Vive l’hypocrisie…

  • J.M

    Par pitié, qu’on arrête de prendre SciencesPo comme symbole de l’éducation supérieure française. WTF? On va bloquer SciencesPo pour la réforme sur les rythmes scolaires aussi? Ridicule.

  • teubé

    Encore un article de la péniche écrit avec les pieds qui sent bon la droite ronflante sous couvert de neutralité politique. Merci bisous !

    • Arkhast

      J’avoue ne pas comprendre l’acharnement que manifestent certains contre chaque article de la Péniche… Celui-ci ne fait qu’informer les étudiants et apporte des précisions sur le blocage, inutile de dégainer à la moindre occasion…

    • H.Bastianelli

      Je signale qu’il ne faut pas nécessairement être de droite pour dire que cette action est risible, bête (suffit de voir ce qu’ils disent sur Sciences Po) et surtout totalement illégitime car organisé par un syndicat non reconnu à Sciences Po et avec majoritairement des gens extérieurs. L’ensemble des organisations politiques RECONNUES de Sciences Po de l’UMP au Front de Gauche ainsi que les syndicats REPRESENTATIFS que sont l’UNEF et le MET l’ont d’ailleurs condamné!