Ingrid Betancourt, une mobilisation importante à Sciences Po pour une ancienne élève

Ingrid Betancourt est maintenant retenue depuis plus de cinq ans déjà. Une marche est organisée à l’occasion de la venue d’Hugo Chavez à Paris, l’occasion de faire le point sur ce dossier.

Décidément on pourra traiter le comité de soutien d’Ingrid Betancourt à Sciences Po de tous les qualificatifs que l’on souhaite mais pas de celui d’inactif ! Première association élue (devançant ainsi « La Tribune des Animaux »…) lors de la procédure de reconnaissance des associations à la fin du mois dernier, ces volontaires s’acharnent déjà à sensibiliser les étudiants de Sciences Po à leur cause. Un bref rappel des faits ne serait certainement pas de trop.

Ancienne élève de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, Ingrid Betancourt, sénateur franco-colombienne est enlevée le 23 février 2002 par les FARC. FARC, ce mot a été souvent entendu mais ce qu’il désigne véritablement est généralement mal connu. Au début des années 1950, alors que la Colombie est en pleine guerre civile, la Violencia (1948-1953), l’agriculteur Pedro Antonio Marin, alias «Tirofijo» («Tir précis», le premier surnom de celui qui s’appelle maintenant Manuel Marulanda Velez, le leader de la guérilla FARC malgré ses 76 ans), fonde une milice d’auto-défense, une parmi tant d’autres dans un pays déchiré par les querelles fratricides qui opposent le Parti Conservateur au pouvoir au Parti Libéral, les partisans supposés de ce dernier étant persécutés par la police. Au final le bilan de ces sombres années s’élève à près de 200 000 morts. Un gouvernement militaire est instauré pour restaurer l’ordre en 1953 et accorde aux milices l’amnistie, en échange de la cessation de leur activité, ce qu’elles font dans leur immense majorité. Mais la plupart des milices communistes s’y refusent et se retranchent dans l’est du pays pour continuer le combat, s’organisant en communautés.

En 1964 Jacobo Marenas et Manuel Marulanda regroupent ces différents groupuscules sous le nom de « Forces Armées Révolutionnaires de Colombie ». Les FARC se réclament d’être une guérilla marxiste-léniniste d’inspiration bolivarienne, représentant, dans leur lutte, les classes rurales miséreuses contre les classes les plus fortunées de Colombie et s’opposent à l’influence des Etats-Unis en Colombie. Organisés en une structure très hiérarchisée, les FARC, contrairement à bien d’autres guérillas, ne recrutent que sur la base du volontariat mais s’appuient sur une discipline de fer: la désertion est synonyme d’une exécution immédiate et ceux susceptibles de douter sont généralement envoyés dans des missions-suicide pour éviter la « contagion ». Afin de pouvoir auto-financer ses multiples actions, la guérilla, en dehors du trafic de drogue depuis les années 1980, pratique l’extorsion dans le cadre d’enlèvements ou de pressions.

C’est dans cette optique qu’ils s’en prirent à la candidate à l’élection présidentielle, faisant d’elle un otage de plus parmi les près de 2 700 enlèvements de la période 1996-2002. Depuis lors les tentatives pour la faire libérer se sont multipliées. Malgré le fait que la guérilla tient près de 35 à 40% du territoire (principalement dans les jungles du sud-est dans les plaines du sud, au pied de la Cordillère des Andes), elle est plongée dans un autisme profond depuis sa création, enfoncée dans sa doctrine archaïque (ses fondateurs sont toujours les dirigeants du mouvement). Ceci rend les pourparlers d’autant plus difficiles. La situation est d’autant plus compliquée que près de quatre ans et demi se sont écoulés depuis les derniers signes de vie donnés par Ingrid Betancourt (le témoignage du sous-officier colombien John Frank Pinchao Blanco, otage ayant échappé aux FARC,en mai dernier n’a pas semblé concluant).

Cependant depuis quelques semaines les choses évoluent à l’instigation de deux hommes: notre remuant Président de la République, Nicolas Sarkozy, et…Hugo Chavez! Cherchant à se positionner en leader de la contestation anti-occidentale en Amérique du Sud (comme en témoigne sa récente altercation avec les dirigeants espagnols au dernier congrès des leaders ibéro-américains) et donc à la recherche d’une légitimité, le chef de l’Etat venezuélien se pose en médiateur des négociations entre le gouvernement colombien et les FARC. Ayant reçu un des dirigeants des FARC, Ivan Marquez, le 8 novembre dernier à Caracas, Chavez se montre optimiste et espère obtenir des preuves de vie d’Ingrid Betancourt avant sa venue à Paris le 20 novembre prochain. Du pain béni pour Nicolas Sarkozy qui, outre le besoin d’occuper ses week-ends, a fait de ce dossier l’un de ses chevaux de bataille après son investiture.

Dans la cadre de la venue d’Hugo Chavez à Paris, le Comité de soutien à Ingrid Betancourt organise une grande marche pour apporter une preuve de la mobilisation exceptionnelle de l’opinion publique dans ce dossier. Partant du parvis de Droits de l’Homme (parvis du Trocadéro), cette marche aura lieu le dimanche 18 novembre entre 15 et 17h. De nombreuses personnalités y seront présentes: Bertrand Delanoë, Carla Bruni, Anne Hidalgo, Jack Lang, Cristiana Reali, Dominique Voynet, Renaud, Jorge Semprun, et d’autres…. Cette manifestation est une occasion de plus pour chacun d’afficher son soutien à celle qui est otage depuis près de cinq ans et demi. Venez-y nombreux!

9 Comments

  • débatons cachés

    pk veux tu mettre un nom et un visage derriere ton ‘adversaire’??

    le fond c’est le débt qu’est ce qu’on s’en fiche de celui en face ! bon c’est vrai que c’est mieux pour classifier et peut etre bien que tu te sentiras mieux si tu vois la face de con de tes ‘adversaires’…

    autrement je vois pas l’interet

  • Errare humanum est

    C’est bien pour éviter ce genre de dérives personnelles que je mets pas mon nom, mais apparemment ça t’empêche pas de m’insulter.

    D’ailleurs, à part des insultes, je vois pas grand chose dans ton post.
    Quant à me proposer un rendez vous, c’est gentil, mais pourquoi ne pas débattre ici?
    C’est à ça que ça sert, un forum, un lieu de débat, non? Les lecteurs de lapéniche pourront en profiter. Et puis qui sait, ça te fera même peut être de la pub… t’as l’air si sûr de toi.

  • Hervé Marro

    J’invite les courageux anonymes qui commentent sans complaisance, eux, à me contacter pour qu’on discute du sujet.

    Apparemment, sûrs d’eux derrière un PC, ils prennent un plaisir à critiquer la masturbation intellectuelle des uns pour mieux se tâter et s’exciter en effleurant leur clavier. Face à face, loin des barbapapas et des latinistes survivants, on s’émoustille sur le thème quand vous voulez.

    C’est du typique Sciences Po ce que je vois : je parle sans connaître mon sujet. Je vous propose de vous fournir des éléments. Charge à vous de me renvoyer dans les cordes. Si vous y arrivez.

  • bienvenus chez les barbapapas

    MERCI errare Humamum est, je T’M !! (je pers toute ma crédiblité pour mon post entier)

    je trouve qu’on fait bcp de bruit pour rien sur Ingrid, de notre point de vue occidental.

    avant d’etre emprisonné, Ingrid a beaucoup craché sur la France !
    par ailleurs faudrait penser à se renseigner les gars sur les FARC, parce que c’ets bien facile de montrer du doigt mais ya d’autres choses à dire, que ‘c’est des cons révolutionnaires ‘ !

    enfin c’est sur qu’en lisant LE MONDE, le figaro, libé, le nouvel obs, l’express, le finacial times blablabla, on avancera pas !

    libérons tous les francophones du monde !! et organisons des marches pour eux tous les dimanches

  • Errare humanum est

    Certes, libérer un otage, c’est bien.
    Certes, la France est sensée être humaniste, etc.
    Mais ce comité de libération d’ingrid bétancourt à Sciences po est dégoûtant de bien-pensance inutile.

    1. Des manifestations, des marches ou toute autre sorte d’action à Paris n’auront aucune action sur les négociations en Colombie, car elles n’encourageront en aucun cas les FARC que vous même qualifiez d’autistes à libérer votre égérie, tout parqués dans leur jungle qu’ils sont.

    2. Il y a une différence entre souhaiter susciter l’attention autour d’un phénomène de société et contribuer à une escalade médiatique parfaitement stérile, j’insiste sur ce point, autour d’un personnage qui est en France plus célèbre que n’importe quel chef d’Etat étranger et dont le portrait est plus connu que celui de Marianne.

    3. Vous participez donc à une effervescence médiatique qui ne fait qu’occulter les débats de fond en projetant sur le devant de la scène un événement sans intérêt car tout le monde s’accorde à dire que libérer un otage, c’est nécessaire. Vous pestez contre les média infestés de faits divers et "peoplisés", mais vous participez de ce processus.
    Ce que je rabâche ici est un truisme, mais apparemment certains ne l’ont toujours pas intégré.

    Et s’il vous plait ravalez votre argument selon lequel "il faut aider Ingrid car elle est passée par Sciences po", ça vous dessert plutôt qu’autre chose.

    Bref, ce comité est représentatif de ce qu’il existe de pire à sciences po : masturbation intellectuelle stérile, politiquement correct sans dangereux, bonne conscience humanitaire.

  • Alexandre

    Evidemment que l’"émotion" soulevée par l’enlèvement d’Ingrid Betancourt est une manoeuvre politique. L’occasion a été saisie par nos politiques (notamment Dominique de Villepin avec qui elle s’était liée d’amitié à Sciences Po) pour sensibiliser l’opinion publique française à la situation en Colombie et accessoirement montrer une nouvelle preuve de la tradition humaniste de la France dans les relations internationales (dont la dernière manifestation en date est le voyage en jet privé offert par notre Président à 7 infirmières bulgares). Sans elle, c’est cruel à dire mais je pense que nous nous moquerions pas mal de la situation là-bas: est-ce qu’on a vu des manifestations en France contre la suppression des libertés individuelles en Géorgie et au Pakistan récemment? Ca donne à réfléchir…. Mais bon de toute façon le fait que ce dossier soit un coup de publicité de plus n’empêche pas de souhaiter sa libération ainsi que celle des nombreuses autres personnes retenues par les FARC

  • Fred

    Désolée mais pour moi c’est une ressortissante française détenue depuis plus de 5 ans dans des conditions sûrement difficiles, c’est tout. Beaucoup de gauche comme de droite n’ont justement pas fait tout ce qu’il fallait pour la libérer, parce que son cas est moins consensuel que d’autres. Son comité de soutien est apolitique et je ne vois pas en quoi parler d’elle est une aubaine pour qui que ce soit. Et le fait qu’elle permette de faire parler du drame des otages en Colombie est une bonne chose. On n’arrête pas de me dire: oui mais il n’y a pas qu’elle. Certes, mais sans elle on ne parlerait même pas des autres!

  • Olivier

    Sans vouloir jouer les avocats du diable, parler d’Ingrid Bétancourt c’est plus une manoeuvre politique qu’autre chose : cette bonne femme est devenue l’emblème d’un phénomène grâce à sa famille, ses liens avec la France essentiellement, et son statut d’ex-candidate à de hautes fonctions. Une aubaine pour n’importe quel cowboy de gauche ou de droite.
    Cela dit il faut évidemment souhaiter sa libération. Sans oublier les innombrables autres victimes des FARC…

  • Fred

    Merci de nous en informer la Péniche! Je ne pourrai participer à la marche mais je soutiens à fond le comité pour la libération d’Ingrid Bétancourt dans sa démarche. Courage!