Exposition l’Enfer de la Bibliothèque, Eros au secret

Amoureux de Paris, amateurs de littérature de charme ou férus d’érotisme, vous avez du faire attention au gigantesque X rouge lumineux qui habille depuis déjà un mois l’une des tours de la Bibliothèque François Mitterrand. A la tombée de la nuit, c’est comme si Paris nous susurrait à l’oreille ces vers de Baudelaire : « Cependant des démons malsains dans l’atmosphère, S’éveillent lourdement, comme des gens d’affaire, Et cognent en volant les volets et l’auvent. A travers les lueurs que tourmente le vent, La Prostitution s’allume dans les rues ; comme une fourmilière elle ouvre ses issues ; (…) ».

Baudelaire, Sade, Apollinaire, Louÿs, Bataille et bien d’autre ont ainsi écrit chacun à leur manière, sur l’art de la satisfaction du désir et des plaisirs sexuels…Leurs textes et les croquis qui les accompagnaient ont été ainsi référencés par la BNF sous une cote renvoyant à une consultation « réservée », puis rangés soigneusement au rayon de l’ « Enfer ». Ces ouvrages considérés comme contraires aux bonnes mœurs ont ainsi été conservés dans les entrailles de la Bibliothèque, à l’abri des regards indiscrets, pendant des siècles. A l’aube du XXIe siècle, la BNF nous autorise à les regarder, et plus encore…

A peine entré dans la salle plongée dans la pénombre, le visiteur a l’impression de pénétrer dans un endroit secret et interdit. Sur sa gauche, il pourra dès lors admirer quelques esquisses représentant divers personnages (dont beaucoup de dieux de la mythologie grecque) s’essayant à une gymnastique assez particulière… En face, il pourra se pencher sur de très anciens écrits dont les propos ne manqueront pas de choquer les plus naïfs. En effet, le vocabulaire suggestif que certains pourraient encore employer aujourd’hui date parfois de cinq siècles !
La poursuite de la visite vous conduira vers d’étranges couvertures roses servant à étouffer une voix sensuelle récitant quelques passages des essais ou romans exposés sous verre précédemment. On peut ainsi voyager à travers des siècles de littérature érotique, et laisser glisser notre regard vers ces manuscrits au format minuscule (facilitant sans doute leur circulation de mains en mains…). On pourra également observer les tout premiers courts métrages érotiques réalisés au début du vingtième siècle. Des photographies pornographiques parfois presque plus osées que celles d’aujourd’hui datant du XIXe siècle surprendront notre visiteur libertin. Au passage, Mesdemoiselles, ne vous laissez pas impressionner par la moyenne d’age du public le matin (étant d’environ 60ans)…

Plus loin, l’exposition nous invite à admirer les travaux plus récents d’Apollinaire et Bataille, écrivains téméraires qui osèrent réaliser des recueils de littérature érotique et demandèrent l’accès public aux rayons dits de l’Enfer. Enfin, si vous avez comme moi fait le tour de l’exposition dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, vous finirez par les gracieuses estampes japonaises.
Au milieu de la salle, vous pourrez en apprendre plus sur l’Histoire même de l’Enfer au département des Estampes comme au département des imprimés. Partie réservée aux plus sages et moins audacieux…

Du 4 décembre au 22 mars 2008, à la Bibliothèque François Mitterrand, Mardi – samedi de 10 h à 19 h Dimanche de 13 h à 19 h sauf lundi et jours fériés

tarif plein : 7.00 euros tarif réduit : 5.00 euros.

2 Comments

  • anonyme

    Le style de l’article est très agréable à lire!

    c’est comme une vague que nous conduit sans qu’on ait besoin de suivre chaque mot… merci de nous guider vers cette visite!

    P.s.: L’expo est AAA+!