Compte rendu de l’AG de mobilisation du PS Sciences Po

Force est de constater que l’implication des militants et sympathisants se renforce dans chacun des deux camps durant cette campagne de second tour. La perspective de l’élection de Ségolène Royal ou Nicolas Sarkozy, encore lointaine avant le 22 avril, déclenche des réactions plus ou moins épidermiques parmi les étudiants. Le 26 avril au soir, c’était la section du PS à Sciences Po qui, entourée d’autres partis et de syndicats étudiants, rassemblait plusieurs dizaines de personnes en vue du second tour.

Les fenêtres ouvertes de la salle Eugène Eichtal ce jeudi soir laissent sortir les éclats de voix des militants, occupés à décorer la pièce aux couleurs du PS. Les pares soleil de Sciences Po, d’un rouge vif, s’accordent avec les nombreuses affiches, pancartes et autres drapeaux apportés par les organisateurs. A 19h15, heure à laquelle doit débuter cette « AG de mobilisation », tel que l’annonçaient les tracts distribués pendant la semaine, seule une quarantaine de personnes occupe la salle de façon clairsemée, et près de la moitié sont des militants socialistes, verts, représentants syndicaux de Fac Verte, SUD et de l’UNEF. Cinq minutes plus tard, les locaux sont pleins. L’ambiance est détendue, on peut penser que ce n’est pas la perspective d’un second tour anxiogène qui a poussé les présents à se déplacer, mais un mouvement de sympathie autour de Ségolène Royal . Un drapeau vert est rapidement accroché à coté de l’affiche « La France présidente ». En attendant le premier discours, une constructive partie de volley « antisarko »est entamée avec les ballons aux couleurs du parti socialiste. Tant que la baudruche n’atteint pas le sol, c’est Ségolène qui gagne. Le président du PS Sciences-Po prend la parole, il était temps.

Les mots de Bastien Taloc sont choisis, il ne manque pas de rappeler les qualités de la candidate, ses réussites et les succès à venir. Le discours est sérieux, construit, et on y retrouve les mêmes formulations que celles utilisées par la tête du parti socialiste, telles que la nécessité d’un « ordre juste ». Plus étonnant, on remarque que l’intonation de l’orateur tend à ressembler à celle de Ségolène Royal. Le mimétisme se renforce au cours du discours, et le sérieux de Bastien, même quand il se fera couper, n’est pas sans rappeler l’attitude de la candidate. L’occasion s’y prête certes, le rassemblement de ce jeudi soir n’a pas vocation de kermesse, néanmoins, une présentation un peu plus dynamique aurait peut-être été bénéfique. Ne ce sont écoulées dix minutes qu’une voix furibarde jaillit du fond de la salle : « Mais on s’en fout de Royal ! On le sait qu’on est unis, non ? A quoi cela sert de faire des discours d’un quart d’heure, on perd notre temps là ! ». Trois personnes, visiblement très impatientes, trépignent et multiplient les gestes de dépit. « Mais arrêtez de causer ! Vous comprenez pas que dans dix jours on se prend Sarko dans la gueule ? Il faut de l’action maintenant ! ». Peut-être que Sciences Po formate, et que ses étudiants ressentent l’irrépressible besoin de rester dans le domaine de l’exercice de rhétorique, de synthétiser, d’exposer, parfois à outrance. Sans soute aussi qu’une démonstration de force, aux yeux des antisarkozystes, est nécessaire. Les discours des différents représentants furent néanmoins précieux dans la définition des buts à atteindre et des moyens qu’il convenait d’employer. De surcroît, toute bonne AG comporte obligatoirement son lot de discours, qui permettent de rappeler les lignes directrices d’un mouvement.

A cette introduction mouvementée faite par le PS succèdent les différents représentants des partis politiques et syndicats. Et force est de constater que les prises de paroles successives permettent de dégager un point de vue commun, les expositions décousues des programmes syndicaux laissant place à un dialogue dynamique. Certes le programme de Ségolène Royal, relativement bien fourni en mesures environnementales par rapport à son adversaire recueille-t-il une timide approbation des Jeunes Verts. Mais comme pour les représentants de SUD, plutôt que de soutenir franchement la candidate, il s’agit plutôt de faire front contre Nicolas Sarkozy. La clé de la réunion réside sans doute dans la prise de parole spontanée d’un jeune gaulliste, membre de l’association « Votez Banlieues ». Suite à un vif échange d’invectives entre le fond de la salle, fort dissipé, et les syndicats et partis, un jeune homme se met debout sur sa chaise et interpelle une des personnes ulcérées par la longueur des discours. « Nicolas, je t’en prie, tais toi ! Tais-toi ! tu me connais, je ne suis pas socialiste. Je fais parti des Jeune Gaullistes, et je vais voter Royal au second tour. Avec « Votez Banlieues », j’ai vu ce que Sarko est capable de faire. Je peux vous jurer que s’il passe, la banlieue va péter de façon bien pire qu’en novembre 2005. ». C’est cette intervention, applaudie par la salle, qui permet au bout d’une heure aux participants de prévoir des opérations de tractage, d’appeler à des manifestations ou à d’autres actions de défiance envers Nicolas Sarkozy. Un quart de la salle a à ce moment quitté les lieux, par agacement, sans avoir entendu les mesures concrètes recommandées durant cet entre-deux tours.

En définitive, on retire de ce rassemblement une cohérence certaine parmi les différents groupes représentés, une dynamique définie, plusieurs fois justifiée. Mais quel impact pouvaient donc viser les organisateurs de cette assemblée générale de soutient à Ségolène Royal ? Des initiatives ont certes été prises, mais elles restent assez modestes et surtout elles ne nécessitaient pas nécessairement la tenue d’une telle réunion pour être menées à bien. Les militants socialistes et leurs nouveaux amis peuvent néanmoins une substantielle mobilisation pour leur opérations de tractage, l’impact sur la mobilisation du premier mai, au regard des 80 personnes présentes dans la salle restant marginale. Enfin, interrogé par Lapeniche.net, Bastien Taloc confiait que des contacts réguliers existaient entre socialistes et centristes à Sciences Po. Lui-même avouait cependant qu’il régnait une grande hésitation au sein de la formation UDF dans l’établissement, un regain de centristes se présentant aux tables tenues par l’UMP et le PS et repartaient avec le « pacte présidentiel » dans une main et le programme de Nicolas Sarkozy dans l’autre.

Ce jeudi soir, à la « grande AG mobilisation », pas un sympathisant UDF ne s’est manifesté.

6 Comments

  • yoplait

    j’aimerais bien savoir qui etaient venus pour faire rater l’AG ? comme le dit Etienne ds son commentaire …

  • Didoun

    Moi je dis que Nicolas Sarkozy a fait pression sur la Péniche pour que l’article ne reflète pas la réalité de l’AG.
    Après tout, même si personne n’est capable de le prouver, plein de gens ont la certitude qu’il l’a fait pour le SPR et Canal +.

  • Eric

    "Le PS Sciences Po a le soutien des jeunes verts, du mjs, des gaullistes, de l’unef, fac verte, et sud. "

    –> Les gaullistes ? Euh… c’est pour les débats participatifs et la proportionnelle ?

  • Etienne

    La dernière phrase fausse: il y avait des membres de l’udf sciences po dans la salle, même s’ils n’ont pas pris la parole. L’udf sciences po a en effet décidé de ne donner aucune consigne de vote pour le 2e tour. Il y avait aussi des gens pas forcément "udf" mais qui avait voté Bayrou au 1er tour.

    C’est vrai par ailleurs que certains étaient venus pour faire rater l’AG, mais finalement Bastien a bien tenu la salle

    Quelle utilité à ce rassemblement? D’abord compter nos forces. Le PS Sciences Po a le soutien des jeunes verts, du mjs, des gaullistes, de l’unef, fac verte, et sud.

    Les discours pouvaient sembler long, mais il est nécessaire que tous ceux qui n’ont pas soutenu Ségolène Royal au premier tour expliquent leur réserve et la raison pour laquelle ils la soutiennent au 2e tour, d’autant plus qu’il y avait des indécis dans la salle.

    Ensuite l’AG a été très utile car elle a permis de prendre les coordonnées d’environ 120 personnes prêtes à se mobiliser activement dans cette campagne, d’une façon ou d’une autre.

    J’ai l’impression que cet article ne reflète pas vraiment la réalité de cette AG