Compte-rendu de la réunion d’information sur les Masters de Sciences Po

“Pendant la troisième année, vous serez loin”. Comme l’énonce si justement Jean-Baptiste Nicolas, directeur de la scolarité, la 3A n’est pas forcément le moment le plus pratique pour réfléchir à son orientation et se renseigner sur les différents masters de Sciences Po. Heureusement, la scolarité organisait hier une réunion d’information, et LaPéniche.net était là pour prendre quelques notes.

Avant de commencer ce tour d’horizon des différentes formations proposées par Sciences Po, une petite vue d’ensemble : globalement, les salaires à la sortie de l’IEP sont bons, et les diplômés ont peu de difficulté à trouver un emploi. Il faut cependant garder en tête que la précarité existe (dans certains secteurs plus que d’autres). Histoire de s’appuyer sur quelques chiffres, les résultats du sondage réalisé par Sofrès sur la situation des jeunes diplômés sont disponibles ici.

La plupart des étudiants issus du premier cycle (un sur deux !) se dirigent vers les deux plus gros masters de Sciences Po, Affaires Publiques et Affaires Internationales. Jean-Baptiste Nicolas regrette la relative méconnaissance des 14 autres formations que propose l’Institut, qui ont toutes autant de mérite. En effet, il tient à rappeler que le meilleur moyen de s’expatrier après le diplôme -ce qui est souvent un souhait (très positif selon lui) des étudiants, puisqu’un diplômé sur cinq exerce son premier emploi à l’étranger- n’est pas forcément d’entrer dans une organisation internationale. C’est désormais plutôt d’entrer dans une entreprise ! De plus, les places en organisations internationales comme les places aux concours administratifs sont de plus en plus chères. En choisissant l’un des deux masters, les étudiants doivent être conscients des risques et des difficultés potentielles à trouver un emploi directement, ou dans le secteur recherché (à titre d’exemple, un diplômé d’Affaires Publiques sur deux ne travaillera pas dans le secteur public).

Ambrosio Nsingui-Barros passe rapidement sur l’organisation du master, que vous pourrez retrouver sur le site de Sciences Po, ainsi que la maquette pédagogique disponible ici, pour parler des débouchés. Ces derniers sont très divers, selon la mention choisie au sein du master. Il existe cinq spécialités, qui débouchent sur cinq secteurs différents :
économie du développement international : secteur du microcrédit et de la microfinance, de la gestion administrative ou financière de projet dans les pays émergentes.
environnement, développement durable et risques : secteur du développement durable, de la gestion politique internationale des enjeux technologiques et scientifiques.
management public international : secteur du droit public international.
politique économique internationale : secteur de l’investissement dans les marchés émergents et du commerce international (par exemple dans des agences de conseil auprès de l’OMC ou des gouvernements nationaux).
sécurité internationale : spécialité très demandée, qui débouche sur le secteur de la défense et de l’humanitaire, auprès du Ministère de la Défense mais aussi dans les grandes entreprises du secteur ou encore dans des programmes comme le PNUD.

Attention : Les concurrents des diplômés de ce master sur le marché du travail sont généralement des spécialistes (juristes, banquiers, financiers, chercheurs) très demandés justement pour leur double profil et leurs grandes connaissances techniques, en particulier auprès des ONG. La concurrence est donc rude ! De plus, au sein des grandes instances internationales, la France est souvent déjà bien représentée, voire sur-représentée. Les Français ne sont donc pas la cibles privilégiés des recruteurs dans ce secteur.

Le master a développé de nombreux doubles diplômes avec de prestigieux instituts internationaux : la SIPA (Columbia), la LSE à Londres, le MGIMO à Moscou ou la Freie Universität à Berlin. Il est possible de postuler à ces doubles cursus au cours de la troisième année. Un fois intégré au sein de master, il est également possible de postuler aux doubles diplômes avec la Bocconi en Italie, Saint Gall en Suisse et enfin Paris 1.

  • Master Affaires Publiques (responsable pédagogique : Karim Amellal)

Le master AP a deux objectifs : préparer aux concours administratifs (essentiellement de niveau administrateur : ENA, ENSP, CNFPT, MAE) pour lesquels les étudiants de Sciences Po ont un taux de réussite élevé (88% à l’ENA) ; mais aussi offrir des débouchés au sein des nombreuses entreprises qui travaillent en partenariat avec le secteur public et les collectivités territoriales.

Au schéma classique du master s’est ajoutée depuis cette année une autre organisation possible : faire le master en alternance. Ce schéma permet de suivre deux semestres de cours, et de réaliser deux semestres de stages, l’un dans le public et l’autre dans le privé, ce qui permet de bien coller aux objectifs du master. Voir la maquette pédagogique.

Le choix est également donné au niveau des différentes mentions du master : il est possible de suivre la filière généraliste, qui prépare avant tout aux concours administratifs, ou bien de choisir l’une des quatre spécialisations offertes :
filière politique et locale : se dirige vers l’administration territoriale et prépare au concours de l’INET.
santé et protection sociale : filière ouverte sur le secteur des assurances, des mutuelles ou de la gestion de structures sanitaires (l’EHESP, le concours de directeur d’hôpital, notamment)
culture : filière ouverte sur la gestion des établissements culturels publics
énergie : filière centrée sur le secteur énergétique, ouvert vers les grandes entreprises du secteur (EDF, Areva…)

Retrouvez ici l’interview détaillée de Karim Amellal à prospos du master.

  • Le double diplôme avec HEC (responsable pédagogique : Karim Amellal)

Le master “Corporate and Public Management” est composé de deux années d’enseignement, l’une à HEC l’autre à Sciences Po, séparées d’une année de césure dédiée aux stages. L’un est prévu dans le public et l’autre dans le privé, et au moins l’un des deux doit se faire à l’étranger.

Les débouchés sont dans les métiers de la gouvernance d’entreprises financières (banques en particulier) ou d’entreprises travaillant dans le secteur public. Le double diplôme prépare principalement à des postes dans les directions juridiques, stratégiques ou dans les affaires publiques.

Pour plus de détails sur cette formation, vous pouvez consulter le dossier de LaPéniche.net dédié à ce sujet.

  • Master Affaires Européennes (responsable pédagogique : Karim Amellal)

Les deux principaux objectifs du master sont de préparer aux différents concours d’administrateur européen -actuellement, le master est la meilleure formation préparatoire d’Europe- et de former des spécialistes de haut niveau en affaires européennes.

Le master est organisé en trois semestres d’enseignement et deux semestre de stage. Il est possible de postuler pour un double diplôme avec la LSE anglaise dans le département d’affaires européennes.

Les débouchés sont principalement dans la fonction publique communautaire, mais aussi de plus en plus dans le secteur privé, auprès des entreprises : soit dans des cabinets de conseil, soit dans des cabinets de lobbying ou bien encore dans les comités de représentation des entreprises à Bruxelles.

Il faut bien penser, nous rappelle-t-on qu’en s’intéressant aux affaires européennes, les débouchés ne se situent pas tous à Bruxelles. Le master offre la possibilité de travailler partout dans l’Union Européenne, et même à l’extérieur.

Retrouvez l’interview des étudiants du master.

  • Master Carrières Judiciaires et Juridiques (responsable pédagogique : Edith Chabre)

La grande spécificité de ce master est, comme pour Droit Économique, qu’il le seul master de droit en France ouvert aux personnes qui n’ont jamais fait de droit avant. Pour remédier à ces lacunes, un cycle préparatoire est d’ailleurs organisé au tout début de la première année du master.

Le master CJJ est constitué d’une trentaine d’élèves environ. Il prépare au concours de l’École Nationale de Magistrature (ENM), dont le nombre de places disponibles se réduit d’année en année. Il permet aussi, depuis un an désormais, de passer l’examen du barreau (auparavant uniquement accessible aux étudiants possédant une maîtrise de droit) pour devenir avocat dans le domaine pénal ou dans celui du droit social… Pour devenir avocat d’affaires, mieux vaut se diriger vers le master droit éco.

Retrouvez ici l’interview d’Edith Chabre à propos du master CJJ.

  • Master Droit Économique (responsable pédagogique : Edith Chabre)

Constitué d’environ 80 personnes, ce master enseigne durant la première année les fondamentaux du droit. La deuxième année est dédiée à la spécialisation. Il existe plusieurs mentions dans ce master, qui s’ouvrent chacune vers un secteur de droit différent : droit économique européen, droit des marchés et de la régulation et droit et globalisation économique et propriété intellectuelle.

Le métier d’avocat d’affaires est très bien rémunéré (environ 40 000 € brut par an), mais demande un grand investissement et beaucoup de travail. Les chiffres à la sortie du master sont très éloquents sur le succès du master : à la sortie du master, 73% des étudiants trouvent immédiatement un emploi, dont 45% dans un cabinet d’avocat d’affaires. Enfin, environ 20% des diplômés travaillent à l’étranger.

L’interview d’Edith Chabre à propos du master Droit Économique est disponible ici.

Bernard Volker, directeur adjoint de l’École, précise avec humour que le master journalisme n’est pas le plus rémunérateur des formations de Sciences Po, et reconnaît que les diplômés sont souvent frappé d’une certaine précarité. Mais il rappelle que le journalisme est une question de vocation -c’est d’ailleurs un des éléments pris en compte durant l’oral d’admission- il faut être passionné par l’actualité, posséder une connaissance de la presse et de son rôle, et un amour de l’écriture.

Le master s’organise de la manière suivante : la première année est généraliste et permet de découvrir les différentes formes de journalisme. Lors de la deuxième année, les étudiants travaillent (au sens professionnel du terme) en ateliers dans la spécialité qu’ils ont choisi. Vous pouvez consulter la liste des cours à l’adresse suivante.

Les chiffres à la sortie de l’École ne sont pas inquiétants : 90% des diplômés ont en effet trouvé un emploi. Néanmoins, ces emplois peuvent être précaires (CDD, piges…) : il y a donc une précarité bien plus élevée que pour les autres masters, inhérente au métier de journaliste, et des rémunérations qui sont moins élevés. Les places à la sortie du master sont chères, mais une fois encore, le choix de cette formation est une question de vocation !

Les résultats à la sortie du master finance sont quant à eux plutôt vendeurs : 100% des jeunes diplômés ont trouvé un emploi, pour un très bon niveau de salaire moyen. Selon Tania Sollogoub, faire de la finance à Sciences Po est plus intéressant qu’en école de commerce pour une raison : la vision transversale offerte, qui s’appuie sur une solide culture générale. En effet, la finance étant internationale, être capable d’avoir une vision transversale et savoir calculer les risques politiques d’une opération sont des atouts importants des Sciences Po !

Les débouchés sont quant à eux divers : ils vont de la finance de marché à la stratégie, en passant par le financement de projet. Il existe deux mentions au master :
mention finance : Georges-Emmanuel Rosmade insiste lui aussi sur l’attachement à la culture générale et aux humanités du master, qui fait la force des jeunes diplômés sur le marché du travail. La mention finance débouche sur trois types de métiers : le conseil en stratégie, la finance de marché et d’entreprise (pour laquelle l’utilisation de modèles mathématiques est nécessaire, sans pour autant requérir un niveau phénoménal en maths) et enfin la création d’entreprise, un axe considéré comme fondamental par Sciences Po. La pédagogie est progressive et adaptée aux profils des étudiants, ce n’est donc pas un master de banquiers purs et durs, les spécialisations et les approfondissements se font en deuxième année.

mention international business : Il existe un socle commun d’enseignements avec la mention finance, mais l’accent est mis de façon « presque obsessionnelle” sur les pays émergents, notamment sur le financement structuré, c’est-à-dire le financement de projets énergétiques ou infrastructurels. Il existe également des doubles diplômes, avec la LSE, le MGIMO, et un partenariat avec le Brésil est prévu pour bientôt.

Pour plus d’informations sur le master, l’interview de l’association Sciences Po Finance est disponible ici, tandis que vous pourrez consulter l’interview de Jean-Baptiste Nicolas sur l’incubateur d’entreprises par-là.

Le métier de marketeur, précise Suribey Chamorro, est un métier fascinant et constamment en mouvement, puisqu’il s’agit de toujours rechercher l’innovation, d’être à l’écoute du consommateur et des évolutions du marché, et de sans cesse réfléchir au capital de la marque. Il s’adresse donc à des étudiants ouverts et cosmopolites, car le marketing est un secteur définitivement global. Il offre des possibilités énormes de voyager et de s’expatrier, et requière donc une culture et un goût pour l’international. Il s’agit, en quelque sorte, “d’apprendre à séduire”.

La diversité des métiers est énorme : le marketing stratégique et le marketing opérationnel mènent vers les métiers de chef de produit, de responsable commercial, de responsable de la promotion, de chargé d’études médias ou de consultant… Une grande place est également accordée au volet études de marchés ou d’opinions. Enfin, la révolution internet a permis l’émergence de nouveaux métiers liés à cet outil fondamental pour les entreprises.

La première année du master est centrée sur les fondamentaux de l’entreprise, tandis que la deuxième année offre le choix entre un stage de longue durée ou une année en alternance. La maquette pédagogique est disponible à l’adresse suivante. La rémunération moyenne des jeunes diplômés s’établit au-dessus de la moyenne générale du secteur, qui est d’environ 36 000€ brut par an.

  • Master Gestion des Ressources Humaines (responsable pédagogique : Suribey Chamorro)

Comme le marketing, les ressources humaines sont une des fonctions stratégiques de l’entreprise. Les débouchés peuvent être classés en deux catégories. Le master s’ouvre vers les métiers traditionnels, comme ceux des ressources humaines opérationnelles au niveau de la gestion de salaires ou des RH plus relationnelles, avec la gestion de carrière et le recrutement. Le master comporte un pan juridique assez important, bien qu’il n’ait évidemment pas vocation à former des juristes.
Les métiers nouveaux des ressources humaines sont quant à eux la veille sociale, le marketing RH, le traitement des fusions & acquisitions au niveau RH (études de salaires) et le traitement informatique des données.

Le master RH est très professionnalisant puisqu’il impose en M2 une année en alternance. C’est également un avantage financier, puisque c’est l’entreprise qui paye les frais de scolarité de l’étudiant. La rémunération moyenne des jeunes diplômés oscille autour des 38 000€ brut par an. Vous pouvez consulter la maquette pédagogique ici.

Vous retrouvez également bientôt notre dossier sur ce master !

  • Master Stratégies Territoriales et Urbaines (responsable pédagogique : Brigitte Fouilland)

Aujourd’hui, la gestion des territoires et des villes est devenue une question primordiale, qui justement l’existence autonome du master STU : structurer l’espace urbain est devenu un vrai métier.

La formation du master permet l’acquisition simultanée des fondamentaux du droit, de la sociologie mais aussi de la finance. C’est donc un master transversal. La formation débouche sur des secteurs extrêmement variés, par exemple, une mission parmi laquelle des étudiants ont été embauchés travaille actuellement sur le thème du “Grand Paris” qui cherche à en penser la structure sur tous les niveaux.

Il existe deux doubles diplômes, l’un avec la Bocconi et l’autre avec la LSE. Mais si ces formations sont extrêmement enrichissantes, il faut se rendre compte qu’en ne passant que la première année du master à Paris, la formation paraît extrêmement courte aux étudiants qui ont fait ce choix. C’est donc une décision à méditer !

N’hésitez pas à consulter notre dossier sur ce master.

Jean-Michel Carlo n’ayant pas pu se rendre à la réunion, Jean-Baptiste Nicolas rappelle les éléments principaux de ce master : il ne forme pas des attachés de presse, mais bien des professionnels amenés à travailler en agences de pub, directions de communication des grands groupes ou régies publicitaires. C’est une formation qui tourner autour des métiers de la marque.

Vous pourrez retrouver tous les détails de la maquette pédagogique, de l’organisation du master et de la professionnalisation dans l’interview de Jean-Michel Carlo que nous avons réalisé il y a peu de temps.

  • Master Economics and Public Policies

Le double diplôme avec l’ENSAE et l’École Polytechnique est une formation entièrement en anglais totalement axée sur l’économie quantitative. Jean Baptiste Nicolas annonce à ce sujet qu’à priori, trois Prix Nobel d’économies y enseigneront à la rentrée prochaine.

L’interview de l’un des responsables scientifiques du master, Étienne Wasmer, est en ligne à l’adresse suivante.

11 Comments

  • flo

    Master Marketing et Études

    Il n’y a plus d’études sur la nouvelle maquette pédagogique 2009-2010 ?

  • Rémy

    Olala y en a trooooooop marre de LaPéniche.net, ils font que des compte-rendus trop mous et pas assez engagés philosophiquement et politiquement. On veut du décryptage de l’actualité de l’école vue sous un angle juridico-philologique, zut ! C’est consensuel tout ça, consensuel !

    Ah, ouais, merci pour les infos.

  • Bénédicte

    A la rentrée (fin août début septembre), est prévu un long article sur l’école doctorale de Sciences-Po et le Master recherche. De grandes réformes sont projetées, c’est pourquoi le nouveau directeur de l’Ecole a souhaité attendre la rentrée prochaine avant de publier son interview. Soyez patients !