Cli’mates : l’innovation étudiante face au changement climatique
Alors que l’écologie politique est actuellement laissée de côté partout dans le monde, face à des préoccupations plus « urgentes » et que les ONG aussi bien implantées soient elles sont encore en recherche de visibilité, on peut se demander s’il est réellement possible, à l’échelle étudiante, de s’impliquer efficacement face au réchauffement climatique. Pour Cli’mates la réponse est oui : cette association d’initiative étudiante crée au sein de Sciences Po a fait de la mobilisation étudiante contre l’effet de serre une réalité et se diffuse efficacement dans les universités de par le monde. Retour sur le parcours d’un simple projet de master qui est devenu au fil des années un Think Thank universitaire reconnu.
La genèse du projet remonte à juin 2011, lors d’une simulation du sommet de Copenhague dans la lignée des MUN; à la différence du vrai sommet de 2009, un compromis est trouvé entre réduction des émissions de gaz à effet de serre et solutions économiques. Galvanisé par ce premier succès, Cli’mates se forme dans la foulée avec pour objectif de réunir un sommet sur le même fonctionnement chaque année: plusieurs centaines d’étudiants répartis, en fonction de leurs origines géographiques – afin de refléter lors de débats généraux les préoccupations et positions localisées – en commissions et délégations, tentent de trouver des solutions conjointes.
Le but du projet est principalement de créer une mobilisation étudiante sur les problématiques climatiques qui aboutirait à une vision et position étudiante commune reconnue qui influerait lors des grands sommets environnementaux à l’échelle mondiale. Ainsi avec le soutien du pôle scientifique de Sciences Po et de l’Institut du Développement Durable et des Relations Internationales un première expérience de sommet a été réunie au 13 rue de l’Université du 29 Octobre au 2 Novembre. Ce sommet a réuni de nombreux protagonistes autour de 3 thématiques phares: l’agriculture et l’énergie, les gouvernements et actions locales ainsi que la coopération internationale sur le changement climatique.
Avec le soutien d’un comité scientifique consultatif de prestige, des étudiants originaires de 40 pays, d’horizons très différents (Sciences Po, Polytechniques, Harvard, Duke, Université de Pékin, Université de Buenos Aires, Université de Kinshasa entre autres) se sont réunis et ont mis en avant, par exemple, les dangers de l’agriculture de masse pour les forêts, qu’il faudrait réguler et développer de façon respectueuse, et les problématiques sociétales qui entrent en compte dans les discussions environnementales; considérant ainsi les freins empiriques qui peuvent s’opposer à des réformes écologiques (actuellement, redresser l’économie est une priorité pour beaucoup de gouvernements qui écartent donc sur le court terme les problématiques environnementales).
Ces questions ont ensuite été soumises par une délégation, qui assistait et participait en temps que communauté étudiante internationale aux concertations, aux protagonistes du Cop 18 des Nations Unies qui se tenait au Qatar fin Novembre. A ce stade, la délégation a bénéficié de la crédibilité que lui ont apporté les chercheurs reconnus pour leur action environnementale (Iddri, WWF, Fonds Français pour l’Environnement Mondial) afin de faire entendre leur voix étudiante au sein de ce sommet de grande ampleur.
En un peu plus d’un an, Cli’mates a donc sut se développer et récolter plus de 150 membres étudiants dans le monde entier mais également trouver des fonds par le mécénat d’entreprises attestées éco-responsables afin de disposer de véritables moyens, Sciences Po n‘apportant qu‘un soutien logistique. Henri Landes, président de Cli’Mates et titulaire d‘un master en développement durable à SP, souhaite également voir l’institutionnalisation du projet, par des partenariats officiels avec d’autres universités; en effet, le projet n’est actuellement pas reconnu officiellement par les administrations des universités. Ainsi à Sciences Po, le projet n’est pas, à la différence d’autres projets de Master, crédité, ce qui réduit l’accès à Cli’Mates à des étudiants volontaires et extrêmement motivés, prêt à mener ce projet en parallèle de leurs études. Le projet bénéficie également du soutien militant de Sciences Po Environnement, ainsi que de la présence motivée d’élèves de premier cycle qui démontre que le projet s’est affranchi des limites d’un simple projet de master. De façon très lucide, les résultats bien qu’encourageants sont limités par le manque de moyens techniques: comment parvenir avec un rassemblement étudiant à des résultats que les scientifiques les mieux équipés ont du mal à obtenir? De plus, même si le projet a su s’externaliser, il concerne une poignée d’étudiants au sein de chacune des universités concernées et souffre ainsi d’un manque de visibilité, qui est regrettable, ne serait-ce qu’à Sciences Po où le projet est méconnu de la grande majorité des étudiants, d’où l’organisation d’un tel sommet au sein de Sciences Po sur trois jours avec en périphérique une agora qui offrait aux étudiants un espace de discussion avec l’association mais également avec beaucoup d’autres mouvements sympathisants.
Cli’Mates a cependant réussi à établir un think thank universitaire mondial dont le succès grandissant est prometteur et est parti pour faire de l’association un protagoniste de poids dans les négociations mondiales sur le réchauffement climatique et a montré l’existence d’une conscience écologique universitaire à l’échelle internationale ainsi qu’une forte capacité de fédération: notre génération sera celle de l’éco-responsabilité ou ne sera pas.