Billet d’humeur : Les e-cours

20081004-_MG_6887.jpgOn a tous, un jour ou l’autre, raté un cours magistral. Soirée arrosée la veille ou simple panne de réveil, importante compétition sportive ou entretien d’embauche pour son stage de terrain, grève des transports en commun ou flemme de se déplacer, exposé à finir en urgence ou virée salvatrice dans les magasins, toutes les raisons sont bonnes. Surtout que dans notre merveilleuse école existe une solution magique et miraculeuse: les e-cours. Soit la possibilité de voir et revoir les cours magistraux sur internet, dans les conditions que l’on souhaite.

Ces cours ont leurs avantages. Outre le fait de rattraper une leçon exceptionnellement ratée, ils permettent de s’organiser en fonction de son emploi du temps ou de son efficacité. Un emploi étudiant, un travail toutes les semaines le mercredi à la place du cours sur l’Union Européenne ? Le e-cours permet de jongler avec les différentes activités, sans rater le cours. Lève-tard, incapable de suivre le cours d’Histoire de 9h ? Les e-cours permettent de suivre le cours à un moment où l’attention ne flanche pas.

On ne peut pas non plus nier l’avancée technique et pratique du site et du concept. Espace pour la prise de note, sauvegardable possible sur l’ordinateur. Pause pour ne pas perdre un mot des envolées lyriques d’un professeur, ou le temps nécessaire pour recopier une équation mathématique compliquée là où on a quelques secondes en amphithéâtre. Plan du cours pour comprendre l’organisation de la pensée du professeur et pour mieux organiser sa prise de note. Menu pour aller à l’essentiel du cours. Les exemples sont nombreux, le concept travaillé, le site très pratique. Le concept plait tellement qu’on l’étend, notamment pour les Institutions Politiques. Une heure de cours pratique, uniquement dispensé sur internet, et une heure d’actualités-débats, pour coller avec la vie de la Ve République. Et dans certaines classes « test », même les Conférences de Méthode se mettent à l’heure d’internet. Au premier semestre, le régime était d’une heure de e-conférence, et une heure de conférence de méthode classique. Au deuxième semestre, modification : une heure et demi de conférence de méthode classique, et plus qu’une demi heure d’e-conférence. Et chaque semaine, une e-conférence est postée, sur un sujet en lieu avec les cours de Messieurs Duhamel & Azoulai, produit par un chargé de conférence toujours différent. Hallelujah, donc. L’École du futur est en marche.

Mais cela est sans compter les inconvénients. Il faut avoir un ordinateur et une connexion internet pour que l’e-cours soit une innovation suffisamment intéressante, alors que la vie parisienne peut se révéler chère pour certains. De même, l’efficacité du site peut poser problèmes. Et là, on perd non seulement le cours en écoute, mais les notes que l’on prenait soigneusement sur l’espace consacré.

De même, l’accès aux e-cours cache autre chose. Les e-cours ne sont pas une option, mais une obligation pour certains élèves. Et une aubaine pour la direction. A moins de s’asseoir par terre, tous les élèves de première année ne peuvent pas suivre ensemble un cours magistral, même en ouvrant Boutmy et Chapsal. Rester par terre pendant tout le cours, tout comme devoir repartir chez soi parce que toutes les places sont prises, n’est pas très agréable. Justification des e-cours pour compenser une hausse des effectifs peut-être mal gérée ?

Et quid de la pédagogie, du contact physique avec l’enseignant ? La réponse varie, selon les personnes. Certains s’en sortent bien avec les e-cours, d’autres moins. Certains ont besoin de faire des pauses et de prendre leur temps, d’autres ont besoin de la présence du professeur et de l’ambiance de l’amphithéâtre pour se concentrer. Certains réussissent à s’organiser, d’autres en sont incapable, et se retrouvent avec des cours manqués, des e-cours aussi manqués, supprimés du site au bout d’une semaine.

Et tout cela ne concerne que la majorité des élèves. Reste la minorité qui teste actuellement les e-conférences, cette nouvelle forme d’enseignement jugée tout aussi novatrice. Des cours qu’il faut prendre toutes les semaines, sous peine de les voir disparaître, et des conférences de méthode classiques qui dépassent l’heure prévue, par manque de temps. Quelle joie. Et quelle place pour l’avis des décisions, pour les dirigeants, qui imposent sans vraiment chercher l’approbation des personnes concernées ? Les e-cours sont certes une grande innovation en complément de cours, afin de rattraper, ou de voir le cours sous un autre aspects, avec un autre professeur. Mais cela ne remplacera pas la qualité d’un cours en face à face.

Photo : Antoine Genel

9 Comments

  • Arnaud

    @ET : effectivement, dans certaines matières nous n’avons plus de cours en présentiel… et c’est bien le problème ! Que certains aiment le e-cours est normal, mais que d’autres préfèrent le cours magistral est au moinstout aussi légitime. D’où la conclusion de l’article avec laquelle je suis parfaitement d’accord : en complément, le e-cours est un bon outil, mais rien ne remplacera un cours en présentiel…
    …Quoi qu’en dise M. Duhamel !

  • ET

    Ca représente combien de cours ? Combien d’heures par semaine par rapport au cours en présentiel ?

    On a l’impression que vous n’avez plus de cours présentiel 🙂

  • K

    Les e-cours sont un bon moyen de rattraper un manquement, mais il est regrettable que la conséquence de sa généralisation soit l’amorce d’une progressive diminution des confs, dans le nombre comme dans la durée, et dont la première victime absolue serait l’anglais…

  • SD

    Perso, les ecours c’est pas mal.
    De toute façon, le contact physique avec le prof, c’est resté assez limité.