
27 Millimètres souffle sa première bougie : retour sur leur première projection-conférence
Aux élections des initiatives étudiantes de janvier 2024 s’était présenté le ciné-club 27 Millimètres. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. Cinq conférences ont été organisées et l’initiative étudiante a acquis le statut d’association reconnue. De Robert Guédiguian à Thierry Lhermitte en passant par Noé Debré, Sciences Po a mis à l’honneur le septième art, associé à la politique et à l’histoire.
Auteure : Anne-Sophie Neyra
Légende image : Soudjay Horwitz-Chénieu, Eliott Offenstadt, Robert Guédiguian et Jean Vigreux (de gauche à droite). Crédit photo : Mathilde Micoud-Watkinson et Quentin Cluet.
Mercredi 20 mars, 17h, amphi Jean Moulin. Un mois jour pour jour après l’entrée de Missak Manouchian au Panthéon, l’initiative étudiante ciné-club de Sciences Po 27 millimètres diffuse L’armée du crime, film qui retrace le chemin de combat de ce résistant arménien ainsi que ses frères d’armes, « morts pour la France ». S’ensuit une discussion riche avec le réalisateur Robert Guédiguian ainsi que Jean Vigreux, historien spécialiste du communisme rural, des gauches européennes et de la Résistance.
Ouvrier immigré, mais aussi poète et intellectuel, Missak vit à Paris avec sa compagne Mélinée, arménienne comme lui. Communiste convaincu, il est contraint, sous l’Occupation, d’entrer dans la clandestinité. En relation avec un groupe de résistants étrangers, il va progressivement abandonner son pacifisme. En mars 1942, il prend les armes pour la première fois. Pour son film, Guédiguian a cherché à s’entretenir personnellement avec la famille de Missak.
Si L’armée du crime a été retenue par 27 millimètres et à cette date, c’est parce que son récit résonnait tout en justesse avec une actualité marquante : l’histoire de Missak Manouchian refaisait surface en février 2024.
En effet, le mercredi 21 février, la dépouille de Missak Manouchian quitte le Mont-Valérien, sur les hauteurs de Suresnes, pour rejoindre la capitale. Le Mont-Valérien, c’est le lieu de son exécution par les nazis en 1944. Et c’est celui de ses 21 frères d’armes, les membres du « groupe Manouchian », eux aussi panthéonisés. Cette « armée du crime », comme l’avait baptisé l’occupant nazi sur la célèbre Affiche rouge, était cosmopolite. Ils étaient 23 – juifs, polonais, hongrois, italiens, espagnols, roumains et français. Ensemble, ils combattirent la barbarie du Troisième Reich. Ensemble, ils furent traqués par les brigades spéciales de la police française jusqu’à leur arrestation. Et ensemble, ils périrent sous les balles allemandes. Celestino Alfonso, Olga Bancic, Joseph Boczor…
Le cercueil, recouvert d’un drapeau français, est ensuite transporté sur l’esplanade du Mémorial de la France combattante. Devant l’imposante croix de Lorraine ornée de la phrase du général de Gaulle, « Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance ne s’éteindra pas », les personnalités se relaient pendant plus de deux heures auprès du cercueil. Parmi elles, des membres du Gouvernement, des élus, le chef d’état-major, des familles de résistants. Puis s’ouvre une cérémonie présidée par Emmanuel Macron. Le cercueil du résistant, couvert d’un drapeau français, est alors installé aux cotés de celui de son épouse Mélinée.
Tous deux reposent désormais aux côtés de Jean Moulin et d’autres grandes figures de la Résistance. Comme un symbole, le film a été projeté dans l’amphithéâtre Jean Moulin.
Depuis, quatre conférences ont été organisées par le ciné-club 27 Millimètres. Thierry Lhermitte, David Bertolotti et Christian Lequesne ont discuté de Quai d’Orsay de Bertrand Tavernier le 22 avril. Noé Debré, Michael Zindel et Milo Lévy-Bruhl ont discuté du film Le dernier des juifs de Noé Debré le 4 novembre. Xavier Lacaille, Marie Toussaint et Jean-Marc Germain ont discuté de la série Parlement de Noé Debré le 14 novembre. Enfin, Pierre Schoeller, Baptiste Carrion-Weiss et Gilles Boyer ont discuté de la série Dans l’ombre de Pierre Schoeller le 20 novembre.

