Semaine de ski à Risoul : un survivant témoigne

Du 16 au 23 février près de 200 personnes ont été assez folles pour se rendre à la semaine de ski organisée par l’AS, à la station de Risoul dans les Alpes du Sud. LaPéniche.net a réussi à obtenir le témoignage d’un des (rares) survivants de cet événement. Attention, choc !

Dès le début, le parti pris (osé) de l’AS de donner rendez-vous au coin de la rue de la Chaise et du boulevard Raspail et non, comme à l’habitude, au carrefour de ce dernier avec la rue de Sèvres augura du caractère singulier de cette semaine ! Le car, moyen de transport connu pour son confort et sa commodité, n’a pas failli à sa réputation. Ainsi pendant un laps de temps allant de 10 à 16 heures (selon la nationalité du chauffeur, les belges remportant indéniablement la palme) les colonnes vertébrales des futurs skieurs et autres surfeurs furent réduites en compote malgré l’ambiance survoltée, assurée par les responsables de l’AS (si si il y en avait !), qui régnait à l’intérieur des véhicules. Jugez plutôt : « Nous allons faire une pause d’une demi-heure pour respecter les normes européennes», « Nous passons le péage », « Deux roues ont explosé je vais vous demander d’évacuer le car », « Nous envisageons la possibilité de ne pas avoir de car de rechange avant demain et donc de passer la nuit sur l’aire d’autoroute »…

Une fois arrivés sur place, la bonne humeur et la santé des participants s’évaporèrent définitivement durant un sur-place tout à fait sympathique dans la neige et le froid avec les valises à attendre les clés des chambres pendant plusieurs heures. Toute pointe d’humour sur l’adage « Il faut savoir se faire désirer » aurait été immédiatement suivie d’une immolation-lapidation-écartèlement de son auteur. Heureusement que quelques bières, histoire de se mettre en jambes, circulaient pour passer le temps.
Une fois les chambres attribuées, les food packs distribués (vous savez les énormes blagues en carton censées nourrir toute une chambrée pour la semaine…), la fête put commencer ! C’était sans compter le choc de la perte du pouvoir d’achat… En effet, les prix dans le centre historique de Risoul (la rue d’une trentaine de mètres qui va de la BRED au SPAR en passant par le magasin de souvenirs pour ceux qui n’auraient pas percuté) semblaient avoir oublié toute logique de fraternité au vu de leur montant scandaleusement élevé. Après avoir hésité à se mettre en grève, car il paraîtrait que c’est très tendance en ce moment, pour réclamer un Grenelle sur la revalorisation du pouvoir d’achat en alcool (primordial) et en nourriture (accessoire), les pauvres élèves de Saint Germain finirent finalement par se résigner à leur triste sort. L’hypothèse de la délocalisation de Risoul, pour obtenir la visite d’un petit agité et des subventions d’Etat pour compenser cette inflation, fut également discutée mais finalement abandonnée.

Une fois oublié ce fâcheux détail, les fêtards purent : profiter de l’air pur de la montagne pour fumer sainement leurs nombreuses cigarettes (Débat : les pistes de ski, le seul lieu public où l’on peut fumer en toute légalité ?), oublier à jamais le goût de l’eau (un dérivé de la vodka paraîtrait-il…), perdre tout espoir de revoir un jour la caution (des amis), vérifier le nombre maximal de personnes qu’une chambre (23 m²) est susceptible de contenir (record maximal: une quarantaine !), faire du troc de pots de Nutella, avoir un brin de discussion surréaliste avec des vigiles à peu près aussi agréables que Jean-Marie Bigard est drôle… Mal en prenait les quelques introvertis austères qui avaient décidé de passer la soirée dans leur chambre pour pouvoir être en forme le lendemain, ils étaient généralement envahis par une bande de troubadours bruyants, forts désireux de communier avec eux dans un esprit de joie et d’allégresse. Ces débordements d’humanisme étaient pourtant, curieusement, relativement mal accueillis si ce n’est par des grognements forts peu engageants.

Evidemment cette semaine ne s’est pas résumée à un enfermement autiste à la résidence et la fière délégation profita également du potentiel culturel de la station : haut lieu du clubbing savoyard, l’Apache, bar de 23 mètres carrés terrasse comprise, accueillit presque tous les jours les joyeux lurons en quête de bon son sur lequel se déhancher langoureusement. Et quel son, mes amis, quel son ! En boucle (et parfois en aléatoire pour donner une impression de variété) tournait la liste exhaustive des titres suivants : Money de David Guetta, Umbrella de Rihanna, Rock This Party de l’ami Bob, Around The World des deux motards certainement trop hideux pour oser enlever leurs casques et un titre de R’n’B qui ne révolutionnera certainement pas la musique contemporaine. Mieux valait aller pousser des vocalises sur la terrasse pour soutenir le prestigieux IEP dans le concours de chants paillards (au grand dam des riverains et des policiers) qui opposait ce dernier à des élèves d’une école de pharmacie qui venaient de Rouen…ou peut-être d’Angoulême…ou peut-être de Rennes…enfin bref de la Province ! Ceci expliquant cela, ils furent battus à plate couture. L’exhibitionnisme dans la neige, concepteur novateur s’il en est, fut également modérément apprécié par les autochtones. Les flots d’alcool, visiblement boisson nationale, ne furent certainement étrangers à ces curieuses pratiques (et certainement bien d’autres mais dont les souvenirs flous ne permettent pas de relater ici les faits d’armes).

Au final, un grand merci à l’AS pour la tenue de cette semaine inoubliable, un événement de la vie étudiante de plus en plus incontournable malgré son prix assez peu démocratique. Bravo également à tous ceux qui ont contribué à l’ambiance de ce séjour, même si certains ne s’en souviennent certainement pas dans son intégralité, et à la station Risoul d’avoir survécu (non indemne il faut l’admettre) à notre passage.

PS : « Mais le ski alors? » me direz-vous. Vous voulez certainement parler de cette drôle de religion qui consiste à laisser glisser un bout de bois customisé sur de l’eau glacée, par un temps magnifique, alors que votre organisme peine à récupérer de votre dernière découverte alcoolisé de la veille? C’est cela oui…

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