Semaine Coups de Coeur (8/9) : Club Libéral de Sciences Po

clublib.jpgAvec déjà près de 500 amis sympathisants sur Facebook à une semaine seulement de sa création, le Club Libéral de Sciences Po s’impose comme l’une des nouvelles associations de cette rentrée a suivre de près.

C’est à la cafétéria que LaPéniche a rencontré l’un des deux Présidents, Laurent Frémont, et son secrétaire général, Théo Gérentes. Tous deux en 2A, ils mènent une équipe formée d’une quinzaine de personnes principalement recrutées par le bouche à oreille. Le staff, divisé en pôles (Pôle Débat, Pôle Contact et Bureau) est prometteur: seul bémol, la quasi-absence de filles (seulement deux sur une équipe de treize personnes), qui se tournent peut-être « moins spontanément vers la politique », mais qui restent activement recherchées.

C’est en partant du constat que le libéralisme et plus particulièrement la liberté sont des valeurs primordiales dans nos sociétés et que pourtant ce courant n’était pas représenté à Sciences Po que ses membres fondateurs ont eu l’idée de la création du Club. Las du regard de dégoût déclenché chez l’étudiant croisé en péniche a l’évocation du mot « libéralisme » et conscients que cette étiquette les dessert, notamment en ces temps de crise économique, ils cherchent a s’affranchir de ce cliché de « Gros Méchant Requin Capitaliste » et donner un nouveau visage au courant. Celui-ci serait en effet rapidement restreint au capitalisme financier, a la loi du plus fort, et aux écrits de ce cher Tocqueville; ce à quoi répond le ClubLib en rappelant que le courant, fondé sur des écrits philosophiques et politiques, est avant tout basé sur l’idée des Droits de l’Homme (notamment l’article 4 de la Déclaration) et de la liberté. C’est donc la réactualisation de valeurs trop vite jugées ringardes qui est au cœur de la mission du Club Libéral.

Le Club commence par remettre la Liberté, valeur aujourd’hui biaisée selon eux par un état trop omniprésent et des analyses de la société trop restrictives, au cœur du débat politique, social, économique ou philosophique. Les lois de l’Etat devraient donc exister certes, mais pour encadrer la liberté et non la restreindre, et permettre a chaque individu de s’exprimer (ou d’avoir un pouvoir d’auto-initiative économique, par exemple). Le Club reste cependant modéré, loin de prôner un ultralibéralisme a la sauce anarchiste.

Mieux encore, le Club reste très ouvert en ne prétendant pas avoir une définition arrêtée du libéralisme, et en remettant cette définition constamment en question (ce qui donne lieu a beaucoup de débats internes, au sein de l’équipe). Loin de penser que le libéralisme est de droite, ils s’affirment comme une association non partisane, qui accueille en son sein les penseurs venus de toutes paroisses, en posant la véritable différence entre libéraux et conservateurs.

Leurs objectifs pour cette année sont notamment d’organiser une conférence tous les mois autour de personnalités en tout genre et des ateliers débats tous les quinze jours, voire une revue papier gratuite tous les deux mois. Si le fondement de l’association est innovant, sa forme l’est moins, et peut facilement se comparer a celle de Sciences Polémiques ou encore Pares Inter Pares. L’association elle-même se présente comme un think-tank à l’image de Terra Nova Sciences Po, mais dénuée de toute ambition politique. Ils ont choisi de privilégier la réflexion et la discussion à la véritable action politique.

La où nait la véritable différence du Club Libéral, c’est dans certains de ses projets: la mise en place de groupes de pensée de 20 chaperonnés par une personnalité, ce qui permettrait de privilégier la qualité de la rencontre entre les élèves et celle-ci. On note leur volonté de se différencier des autres associations en fondant leurs débats et conférences sur une véritable idée, la question permanente de la liberté, évitant ainsi les sujets qui partent un peu dans tous les sens. C’est donc le fait de créer un mélange entre les fondements philosophiques de la pensée libérale et les controverses actuelles qui constituera l’enjeu à traiter pour cette association naissante, qui jouit déjà du soutien de Dominique Reynié (professeur à Sciences Po et politologue).

Enfin, leur mode opératoire est plutôt novateur, car en plus d’organiser des débats d’idées en partenariats avec d’autres associations de réflexion ou bien en les faisant se confronter tout en restant politiquement impartial, le Club cherche a tisser des liens avec les médias de Sciences Po pour pouvoir diffuser ses idées jusqu’aux campus de province. On notera également une tendance participative dans ce « Club réservé a tous », car ils proposent aux étudiants de choisir le sujet de débat qu’ils voudraient traiter, et promettent leur quart d’heure de gloire a tous ceux qui souhaitent s’exprimer.

Pour terminer, petite exclusivité LaPéniche: la première conférence se déroulera peut être selon le Club en compagnie d’Hervé Novelli, secrétaire d’État au commerce.

8 Comments

  • Docteur Ska

    La liberté, oui, mais la liberté libérale. Celle qui s’arrête là où commence celle des autres. Celle qui repose sur la division de chacun en un tas de petites sphères hermétiques, qui ne s’embrasseront jamais…
    La liberté de l’Homme et de sa majuscule, mais jamais la mienne, ni la tienne.

    Lisez Bakounine, bande de cons: vous faites fausse route!

    (ça vous évitera au passage de confondre anarchisme et « anarco-capitalisme »)

  • Theo

    A Frederic B. (belle référence au passage…) : l’affiche est en effet volontairement consensuelle et neutre (voire un peu mou pour certains) parce qu’il s’agissait de symboliser la Liberté de manière la plus simple et accrocheuse possible. Si ce n’est pas innovant, le choix des oiseaux relève de la même logique que celui du serpent par B. Franklin.

    Après, on aurait pu reprendre le Gadsen Flag mais il est trop connoté, les Tea Parties aux USA en regorgent et il devient finalement de + en + le symbole du libertarianisme (et non plus du libéralisme), ce qui aurait délivré le mauvais message.

    Après, rassure toi Bastiat, le Club Lib n’élude pas toutes ces tendances,familles,pensées et compte bien en débattre, un de ses membres se réclamant lui-même du minarchisme….

  • Bastiat

     » ultralibéralisme » : l’utilisation de ce terme dénote d’elle-même un à priori gauchisant.
    Par ailleurs, ce club semble pécher pat tiédeur. Le choix du bleu de la droite et des colombes au lieu du gadsden flag est un signe qui ne trompe pas.

  • Arnaud Panis

    Le programme de 1ere année ayant changé, ça reste à vérifier que le volet sur les penseurs libéraux (Locke et compagnie) reste aussi complet.
    Un think thank étudiant, qui invite des personnalités, organise des débats et a pour but de changer l’image du libéralisme chez les étudiants n’est pas tout à fait la même chose, que des cours d’histoire ou d’économie.
    Qu’il disparaisse ou non l’année prochaine dépendra de ce qu’il aura fait en un an, et tu je pense pas qu’on puisse juger quoi que ce soit à priori.
    Qu’il y en ai régulièrement de nouveaux, TANT MIEUX!!!
    Passer à 250 voix, jamais! le but n’est pas d’être restrictif, mais plutôt justement de donner sa chance à tout le monde, pour peu qu’il ai un minimum de cohérence et de communication.

  • Drac

    1) Cool, une assoc’ ayant pour but de faire la promo de toutes les idées diffusées par Sciences Po en premier cycle. C’était vraiment utile ?

    2) Encore un think-tank étudiant qui ne tiendra pas l’année. On en a régulièrement de nouveaux.

    À ce train, faudra passer à 250 voix.