Semaine Coups de Coeur (7/9): Sciences Po Pour l’Enfance

ScPo_Pour_l_Enfance1.jpgL’association des étudiants de Sciences Po pour l’enfance, ou « ASPE ». Cette dénomination laisse perplexe. S’agit-il d’une association qui défendrait avec passion les droits de l’enfant de par le monde? Est-ce une structure du 7ème arrondissement qui aurait vocation à généraliser la vaccination des enfants contre la polio au cœur de la République Démocratique du Congo? Ou bien devrait-on voir derrière cet intitulé la main du tentaculaire UNICEF, dont cette association ne serait que l’antenne et la marionnette?

Il n’en est rien. Foucault Triebel, membre du bureau, met fin à mes délires. Loin de constituer la façade de quelque éminence grise pour laquelle elle porterait l’étendard, l’ASPE a un projet bien précis, qui comporte plusieurs volets. Partie de rien, l’idée a germé il y a plusieurs mois: c’est un projet humanitaire qui parachuterait idéalement autour d’une vingtaine de Sciences-Pistes au village du « Wamdé », au Burkina Faso, pour apporter un soutien aux enfants d’un orphelinat qui manque cruellement de personnel. Créé en 1988, le centre a pour but d’offrir une éducation et une formation technique de base aux orphelins et enfants défavorisés, mais puise son originalité de son ancrage culturel: avec l’aide des animateurs bénévoles, le centre a vocation à initier les enfants à l’art, à la culture, qu’ils puissent avoir un avenir, des rêves.

Ces enfants manquent de tout, m’explique Foucault. Mais l’ASPE n’a pas pour objectif de relancer l’économie locale ou bien d’éradiquer l’analphabétisme: l’association compte, comme son nom l’indique, mettre « l’enfance » au coeur de son projet, l’enfance qui rime avec innocence. Au programme de ce que mon interlocuteur nomme le « soutien affectif », des jeux éducatifs, des ateliers d’ouverture culturelle et artistique, quelques cours, de l’amour. Un soutien à taille humaine, accessible à tout étudiant motivé sachant donner de soi.


Donner aux étudiants de Sciences Po un accès à l’humanitaire, c’est également une motivation qui est derrière l’ASPE. Outre le système de parrainage d’enfants à un prix « étudiant-accessible », qui figure à l’agenda de l’association c’est surtout le manque visibilité de l’humanitaire à Sciences Po qui préoccupe l’association. Elle estime qu’il faut sensibiliser à la cause humanitaire et, en concertation avec les autres associations concernées, permettre aux étudiants de se familiariser avec le secteur, au moyen de cycles de conférences où interviendraient des professionnels du milieu.

S’agissant de l’accès financier, le projet « Wamdé » se ferait à l’aide de plusieurs partenaires, de grandes associations humanitaires internationales, telle Projects Abroad, qui permettraient aux étudiants de ne pas débourser plus de 900 euros, prix inférieur à celui proposé par les principaux organismes sur le marché. La reconnaissance permettrait de surcroit à l’ASPE d’être reconnue par la préfecture, ce qui ouvrirait la voie à des subventions et des sponsoring plutôt aisés à obtenir.

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On voit se dessiner le projet: faire le lien entre des étudiants désireux de donner d’eux-mêmes et le besoin de personnel humanitaire auprès d’enfants démunis. La différence avec les diverses associations qui touchent à l’humanitaire à Sciences Po? Foucauld estime que l’ASPE a une approche originale, ciblée, locale, apportant une aide plus humaine que matérielle. Il ne s’agit pas de concurrencer, mais de proposer une association-projet résolument focalisée sur le voyage humanitaire, ce qui n’existait pas à Sciences Po. Mais attention, l’ASPE ne se borne pas au court-terme ; si l’association parvenait à être reconnue, l’expérience serait bien entendu reconductible pour les années suivantes – il s’agit moins de promouvoir un projet unique que de promouvoir le départ en voyage humanitaire lui-même, expérience inoubliable et formatrice, au delà de son objet.

A la mention des deux semaines de vacances (non subventionnées!) qui suivront peut-être les deux semaines d’humanitaire pur et dur, on pourrait froncer les sourcils. Mais peut-être cela fait-il partie de la dynamique d’ouverture d’esprit que l’association souhaite promouvoir: Sciences Po pour l’enfance se veut dévouée à la cause des enfants du village du Wamdé, mais aussi à « l’objectif éducatif » de notre école – publicité destinée à capter les votes des hésitants et autres carriéristes en mal de lignes de CV? Ou bien réel engagement conciliant solidarité et dépaysement, don de soi, partage et ouverture? A vous de décider.

2 Comments

  • Michel-Michel

    D’après les convertisseurs officiel du Bureau National pour l’Inutilité, Deux semaines d’humanitaire en début de vie offrent environ un ticket bonne conscience pour dix ans. Au delà, il faut en général envoyer un ou deux sacs de vieux vêtements par an au Libéria pour se maintenir, et adresser un chèque à Médecin sans frontière vers 50 ans.