Qui veut la peau de Richard Descoings?

sciences_20po.jpgMediapart avait prévenu : Sciences Po allait être « disséqué »

Hier, le site d’information nous promettait « une grande enquête sur l’école de «l’élite» et son directeur Richard Descoings » (ici) avec des révélations fracassantes sur l’envers du décor de Sciences Po, de la réalité de l’ouverture sociale aux conditions de travail du personnel en passant par les méthodes de management de son directeur… Une vidéo d’un Richard Descoings furibard (ici) dans son bureau contribuait à alimenter le suspens. Bref, un sujet bien vendeur, capable d’alimenter le buzz et de générer du trafic sur le site (disponible uniquement sur abonnement).

Face à la menace, la Direction des Ressources Humaines de Sciences Po avait même cru bon d’allumer un premier contre-feux en diffusant un courriel à tout l’établissement, pour souligner « l’attention toute particulière apportée à la qualité de vie au travail de ses salariés » et s’auto-satisfaire de ses bons résultats depuis 2003…

A l’heure de la publication du premier volet de cette enquête, qu’en est-il? Le teasing de Mediapart a-t-il accouché d’une montagne ou d’une souris?

Résumé de l’épisode 1, « Bienvenue à la Cour du roi Richard!»


Pour mener cette enquête, la rédaction de Médiapart indique avoir rencontré une cinquantaine de personnes, qui ont toutes (hormis la direction) demandé l’anonymat. Un signe, selon la journaliste, du climat extrêmement pesant qui règne à Sciences Po. On s’attend donc à des révélations plus ou moins fracassantes et à quelques anecdotes croustillantes, sous le couvert du off.

Finalement, ce premier volet d’enquête (à lire ici) a un petit goût de réchauffé, puisqu’elle reprend beaucoup d’éléments déjà connus et déjà pointés du doigt, notamment dans un article de La Tribune en avril dernier.

En vrac, sont évoqués : la gronde des professeurs face aux réformes (celle des langues en tête), les abus du statut de vacataire (précarité, turn-over, paiement à 6 mois, etc.), le nombre marginal d’enseignants chercheurs (malgré une trentaine de recrutements prévus d’ici 2012), l’opacité des décisions, la faiblesse de la vie syndicale,…

L’article précise toutefois que c’est justement ce mode de gestion particulier qui distingue Sciences Po des facs, et que c’est là la source de la réactivité (et du succès) de l’établissement. Comme le souligne Hervé Crès, évoquant les créations très rapides du Médialab ou des départements de droit et d’économie, « ça va extrêmement vite, on n’est pas prisonniers d’un tas de départements et de disciplines. » Quitte à dépasser certaines limites ?

Ce qui est vraiment nouveau dans cette enquête, c’est la violence de l’attaque frontale adressée à Richard Descoings et au système qu’il aurait mis en place : il se voit successivement accusé d’autoritarisme, de clientélisme ou de népotisme… Des accusations étayées par de nombreuses anecdotes rapportés par des témoins (anonymes), racontant les « humiliations » ou les faveurs accordés aux uns et aux autres, la méfiance entre collègues, la valse des cadres, les comités secrets, les « petites enveloppes », l’absence de communication interne, et j’en passe… Bref, un véritable tableau à charge contre l’administration de Sciences Po, et par dessus tout son médiatique directeur.

L’article de La Péniche de juin dernier intitulé « Sciences Po, un exemple de république bananière ? » était donc presque prémonitoire !

Hasard du calendrier, c’est aujourd’hui que Nicolas Sarkozy présentait sa réforme du lycée, inspirée d’un rapport réalisé par… Richard Descoings.

Le site Mediapart est accessible depuis le réseau de Sciences Po. Illustration: aujourd’huilachine

19 Comments

  • Julien

    Certes Benoit, mais je remettais en cause le ton de votre article. La partie sur Nadia Marik, comme le dit Louis, est tout à fait justifié de même que cette investgation poussée sur RD. De plus l’article s’attaque au système mis en plce et à la politique et ne dresse le portrait des personnages que parce que ceux-ci servent à expliquer les rouages du fonctionnement de l’IEP. Ce n’est pas une attaque personnelle juste pour dire « je me suis payé descoings/marik ».

    (et en plus, a reine Nadia a été secrétaire nationale de l’UMP à l’éducation donc les attaques personnelles de « basse politique » people elle en a vu passer des bien pires…)

  • Louis

    La partie sur Marik me semble justifiée dans le sens où elle pose une vraie question de népotisme/concentration des pouvoirs dans la gestion de l’école. Et quoiqu’en dise madame, y’a quand même une différence entre une boulangerie et Sciences Po. Par contre oui, évidemment il y a un lien entre le fait que Descoings sorte du bois et s’engage sur la scène politique et la publication d’une telle enquête. C’est normal et plutôt sain : c’est parce qu’il est devenu personnage public qu’il devient intéressant pour le citoyen, et donc qu’il est nécessaire d’enquêter sur lui.

  • benoit

    @Julien si vous lisez attentivement, jamais je ne remet en cause le fond de l’article de médiapart, puisque la Péniche n’a pas le temps ni les moyens de réaliser une enquête aussi approfondie. Je souligne d’ailleurs que Mediapart reprend beaucoup d’élément déjà connus et déjà dénoncés (cf. La Tribune, IVV, les conversations avec les profs de langues…) Après, je souligne aussi que c’est assez nouveau d’avoir une telle critique contre Descoings, mais en aucun cas je ne remets en cause les témoignages, puisque, je le répéte, on a aucun moyen de les infirmer/confirmer.
    Ce qui est plus criticable, c’est le fait que Mediapart se lance dans le « people » (toute la partie sur Nadia Marik). Je pose aussi la question de la « coincidence » entre la « politisation » de Descoings et l’apparition des premières attaques, violentes (mais peut-être justifiées) contre lui.

  • Louis

    @Chro :
    Le tour de France de Descoings a au contraire suscité l’habituelle hébétude des médias à l’encontre du directeur de l’IEP, reprenant à tout va ses éléments de com’ bien rodés du type « ses élèves l’appellent Riches idées » ou tout le laïus sur les conventions ZEP. Voir IVV 16, page 8.

  • Hubert

    chro, indique précisement les suppositions dans l’article (sitant est que tu l’aies lu). Tu verras, il n’y en a pas. Il n’y a que des faits. C’est engagé, c’est ça que tu n’aimes pas. Ouvre un peu les yeux quand tu es à sciences-po, regarde la composition des conseils, les relevés de décisions…
    Et franchement, à part dans la presse intimiste (genre IVV) ou vraiment de gauche (genre l’Huma), tu as VRAIMENT déjà vu un article de presse se payer richard? moi pas. Mais je peux en trouver 150 qui lui passent la brosseà reluire. c’est pas dur, il suffit d’aller sur son blog.

  • Chro

    Louis : tu te cales le gros lol là non ? Depuis le début des voyages de RD dans toute la France, que des trucs négatifs, « ouais c’est un menteur, un vendu nanani nanana »

    Faut arrêter la blague : cet article repose sur une base vraie, que même le plus grand crétin aurait remarqué (il est assez omnipotent le RD), mais ce probable vrai est mêlé à une vague de suppositions et de jugements que je critique. Et franchement, faire une analyse pseuo-psychologique de RD, genre il est en manque d’amour, c’est dépasser les limites du journalisme d’investigation, pour tomber dans le pseudo-people, ce que cet article fait à merveille.

  • youri

    Arrêtez d’être démago, s’il y a des problèmes il faut qu’ils apparaissent au grand. Ce n’est pas parce qu’on est élève à SCpo que l’on ne doit pas critiqué ce qui est fait : il n’y a aucun culte à vouer à Descoing

  • Julien

    mon cher Benoit Z, vous qui semblez par le ton de votre article mettre en doute le contenu de celui de mediapart, essayez donc de faire un peu de syndicalisme ou d’associatif à sciences-po et vous verrez que l’article relate la vérité. de plus, comme le dit Elvis, les sources sont anonymes de peur de déplaire au roi (ou à la reine, Nadia Marik a aussi ses humeurs), mais certaines sont facilement identifiables pour qui fait attention à certains détails. Menez donc une enquête. Faites un peu de journalisme.

  • Louis

    « faut le dire vite, c’est pas bien vu de soutenir RD dans les médias »
    J’espère que c’est une blague cette réflexion. Il est tellement rare de voir une enquête qui se paie Descoings. Pour les insiders, pas beaucoup de nouveautés, mais ça fait plaisir de voir les griefs compilés et diffusés dans un « grand média » (pas que dans IVV, quoi).

  • Moa

    Faut vous mettre quoi sous le nez pour croire ce qui est dit ?
    Vous avez parlé aux professeurs pendant la réforme des langues ? Vous vous êtes pas demandé pourquoi ils n’étaient que 30 à manifester devant l’IEP ? Vous savez pourquoi ils étaient même pas 15 dans la réunion avec Collins, le responsable des langues ?
    Et pourtant c’était l’année dernière, et un mouvement d’ampleur chez les profs à l’IEP.

    Ce que montre l’article, c’est les coulisses, depuis plusieurs années.
    Prendre l’article pour une diffamation, c’est plus de l’idolâtrie, c’est de l’aveuglement.
    S’il y avait quoi que ce soit de faux, il y aurait procès, vu l’enjeu et la portée des charges. Attendons un peu, on verra si c’est si absurde que ça !

  • Elvis

    Yeah people!

    Le King a lu et apprécié l’article de mediapart. Le King aime quand la flagornerie sans bornes de et envers Descoings prend un coup dans la gueule. Le King aime les artices rock’n’roll engagés et iconoclastes! L’article a du fond, et le met en forme de brulot expres pour faire du buzz. Alors oui c’est violent, mais le fond reste! Ces défauts sont souvent pointés par les quelques gens de la communauté de scpo qui osent l’ouvrir… les sources de l’articles sont cachées parce que se faire virer c’est pas fun, mais on peut facilement en reconnaitre quelques unes. Ce qu’ils disent -la precarité des profs, le manque de transparence et de considération, l’autocratie nuisent aux enseignants, aux chercheurs et aux étudiants- et comme par hasard, on est encore mal classé dans le THE QS, le classement du times, 204e, baby, le classement que ritchie l’embrouille adore tant nous enfonce la tête dans le bad-trip baby, le King se poile!
    AU moins, avec mediapart et les quelques bonhommes qui relayent l’info, sur facebook, le forum, le blog de richard ou autre, on entend un autre son de cloche -ou plutot, un son de guitare baby! celui qui rétablit des vérités! pour une fois, la presse ne la lui joue pas « love me tender »! Au moins les jeunes, avec ça, la semaine à sciences-po va être Rock’n’roll!! enjoy it people!

    Live fast die young
    Ici et ailleurs
    un pur moment de rock’n’roll

    Le King

  • Barbara

    Quoi qu’il en soit, y’a sûrement du vrai là-dedans, y’a certainement du faux.

    MAIS l’essentiel (qui n’est pas dans Lactel), c’est que même si c’est pour critiquer, RICHARD EST DANS LA LUMIERE (ouf).

  • Chro

    HAHAAHHA c’est trop énorme

    Les sources sont anonymes, normal, on-a-pas-envie-de-révéler-qu’on-a-carrément-grossi-le-trait (faut le dire vite, c’est pas bien vu de soutenir RD dans les médias)
    Bonne blague ce rapport, je l’ai lu, je me suis bien poilé, c’est vrai que RD = Robespierre