Quels sont les enjeux des élections syndicales ?

Syndicat, ca-ca
Comme tout bon sciences piste citoyen dans l’âme, chacun aura remarqué le petit air de fête foraine que prend la solennelle Péniche depuis quelques jours. Néanmoins, les confettis au format A4 en papier glacé ou recyclé n’en sont en fait pas et les petits gâteaux disposés sur les tables sont juste destinés à appâter le chaland. Que se passe-t-il alors ? Pour quiconque s’est donné la peine de jeter un regard aux tracts qu’il a reçu en traversant le hall c’est évident. Pour les autres sachez que nous sommes en pleine campagne pour les élections syndicales.

Pourquoi des élections syndicales demanderont certains. On aurait pu se dire qu’il suffisait de reconnaître le Met, l’Unef et la Cé au début de l’année en même temps que les autres associations. Sauf que les syndicats ont un statut très différent de celui de ces associations qui structurent la vie étudiante. Les élections syndicales sont en fait les élections des représentants des étudiants auprès de l’administration et de la direction. Car les étudiants sont bien représentés dans les hautes sphères de Sciences Po. Cette année 4 syndicats – l’Unef, le Met, la Cé et Interzaide – se partagent 22 sièges dans trois commissions. 8 étudiants siègent au Conseil de direction qui détermine globalement l’organisation des études à Sciences Po. S’y règlent notamment les politiques d’assiduité, d’évaluation ou encore les programmes. Ensuite 8 étudiants siègent à la Commission paritaire qui a un très fort impact sur la vie étudiante dans l’Ecole puisque c’est elle qui décide de l’avenir des demandes de subventions faites par les associations reconnues en début d’année. Plus généralement elle est supposée garantir « l’exercice des libertés politiques et syndicales ». En outre 6 représentants des étudiants siègent au Conseil scientifique qui concerne principalement les étudiants de l’école doctorale y réglant l’articulation enseignement/recherche.

Les syndicats sont des tribunes de premier choix pour porter la voix des étudiants directement auprès de l’administration. Leur poids passe notamment par une participation jusqu’alors très forte pour des élections de syndicats étudiants à Sciences Po par rapport aux autres établissements universitaires (21% l’an dernier, 28% l’année précédente). Cette année c’est l’Unef qui est majoritaire avec 5 élus au Conseil de direction, 4 à la Commission paritaire et 4 au Conseil scientifique. Suit le Met avec 2 élus au Conseil de direction, 2 à la Commission paritaire et un au Conseil scientifique, puis la Cé avec un élu dans chaque instance et enfin Interzaide qui occupe le dernier siège de la Commission paritaire. Le premier enjeu du scrutin qu’est la participation apparaît alors. Contrairement à la reconnaissance des associations qui ressemblait à une course aux signatures pour les élections présidentielles, ces élections syndicales font penser à un scrutin législatif « MA-JO-RI-TA-RI-SÉ » ! Les étudiants ont même le droit de se cloîtrer dans un isoloir pour glisser leurs bulletins dans une enveloppe – ceux du collège universitaire ne votant que pour la Commission paritaire et le Conseil de direction. En pleine réappropriation par l’administration de certains domaines concédés aux étudiants – on pense en particulier aux sports repris à l’AS – ces élections sont l’occasion de réaffirmer une volonté de s’impliquer dans les décisions relative à la direction, l’administration et l’évolution de Sciences Po.

Ces élections syndicales arrivent en plein milieu d’une période pour le moins troublée à Sciences Po. On a beaucoup parlé de frais d’inscriptions et de primes de résultats. Sur l’un les syndicats peuvent peser, sur l’autre non – ce n’est pas le vote des étudiants qui va modifier les salaires de la direction. On a aussi beaucoup entendu parler de la modification du concours d’entrée en première année. Le Met hurlait à l’infamie, dénonçant le risque de futurs étudiants au rabais. L’Unef clamait sont triomphe, énumérant fièrement son palmarès. La Cé restait discrète. Interzaide… a visiblement disparu de la carte. Dans l’arène cette année il ne reste plus que les trois premiers. Les candidats qui se disputent votre attention sont donc l’Unef sensiblement à gauche, le Met plutôt à droite et la Cé moins marquée politiquement.

Chacune des formations a son cheval de bataille. L’Unef, majoritaire, défend vigoureusement son bilan. 10eme mois de bourse, arrêt de la sélectivité des masters ou encore réforme du concours sont mis en avant pour montrer l’efficacité du syndicat et sa capacité à peser sur la direction. Le syndicat entend également poursuivre son action pour ouvrir l’IEP aux foules populaires et mettre le bourgeois au niveau du prolétaire. Pour le Met au contraire les changements de cette année sont évoqués comme une tentative de démantèlement en règle de Sciences Po. Le nouveau concours est pour le moins imparfait selon le syndicat. Si il met en avant les quelques meubles qu’il a pu sauver, le Met entend bien peser plus fort sur la direction pour mettre un coup d’arrêt définitif à cette bolchévisation de Sciences Po. La Cé présente un bilan qu’elle juge globalement positif. Le syndicat « indépendant » défend son action pour l’insertion professionnelle ou sur l’amélioration des formations pédagogiques. Ces élections seront pour lui l’occasion de confirmer l’internationale sciences piste et surtout de maintenir inexistante l’intolérance à Sciences Po.

En tout état de cause, LaPéniche ne peut que vous encourager à aller voter mardi 7 et mercredi 8 février au 13U afin de désigner ceux qui affronteront l’administration pour vous l’an prochain !

10 Comments

  • Guigui

    Contre- vérité scandaleuse : le 10 eme mois de bourse était une promesse de Sarkozy en 2007, ce n’est pas une « victoire » de l’UNEF…

  • Kam

    Juste une petite précision sur le taux de participation : entre les personnes en stage et les personnes en troisième année, à peine plus de la moitié des étudiants sont présents pour pouvoir participer aux élections syndicales. Un taux de 28% comme il y a deux ans signifie donc que plus de la moitié des personnes présentes ont participé au vote. Le taux de participation n’est donc pas si bas ! Et plus le nombre de votants est élevé, plus les élu-e-s disposeront de marges de manoeuvre importantes pour défendre les étudiants ! Votez et faites voter vos connaissances =)

  • Maxence

    Cette « bande de prétendu syndicalistes » fait un vrai sacrifice pour préparer, participer et communiquer sur les réformes de Sciences Po. C’est un investissement énorme qui, pour nombre d’entre nous, n’ouvre aucune porte si ce n’est celle de la critique. Cette « sympathisante du syndicalisme de lutte » est surtout sympathisante de l’anonymat…

  • une sympathisante du syndicalisme de lutte

    Mouai,

    Quand on voit toute cette bande de prétendu syndicalistes plus habitué aux négociations de couloir et à la promotion de leur carrière qu’à la défense de nos interêts, je me demande l’intérêt de voter.

    Abstention !

  • MET Sciences Po

    La position du MET sur la culture générale est claire : sa suppression était infondée, ses conséquences sont tristes, et les vraies victimes ce sont les étudiants de Sciences Po. Culture générale, rémunérations, avec le MET dites STOP ! Nos propositions sont disponibles sur Facebook et sur notre site internet : http://www.met-scpo.fr.

    Les 7 et 8 février, VOTEZ !

  • Julien

    @Chrome : étant proche de certains élus dans les conseil, je pense que les syndicats ont réellement des marges de manoeuvre, sur les frais d’inscription par exemple, et obtiennent des choses de l’administration que celle-ci n’est pas forcément disposée à leur « accorder » de prime abord.
    D’ailleurs, la lecture des procès-verbaux de conseil (cliquez sur mon nom pour accéder à la page) est instructive de ce point de vue et permet de se rendre compte de ce que les syndicats défendent réellement en conseil en notre nom.

    Pour le reste, je trouve un peu dommage le ton de l’article qui se veut second degré (et je sais qu’il l’est), surtout sur la fin, mais ce n’est pas très grave.

    Quelques infos précises quand même sur qui vote à quoi :
    1A, 2A, 3A, M1 master pro : Conseil de Direction et Commission Paritaire
    M1 master recherche, tous les M2 : CD, CP et Conseil Scientifique
    Doctorants : CD, CP, CS et Conseil de l’Ecole Doctorale, qui a un rôle consultatif sur ce qui se passe à l’école doctorale (5 élus étudiants).
    A noter que les 3A, 5A en stage et toute personne absente de Sciences Po les jours de vote peut voter par procuration, c’est très simple, il suffit de remplir une lettre de procuration et de la transmettre à la personne de son choix qui ira voter, avec une copie recto-verso de la carte d’étudiant.

  • Clotilde Rousseau

    Et , puis , de toute façon , comment Science Po peut se prétendre l’anti – chambre de la vie politique , si , les élections qui y prennent lieu ont un si fort taux de désintérêt .
    Et les syndicats étudiants , merci , ces antennes sont à la bottes des grands groupes en haut desquels on s ‘ en met plein les fouilles .
    Il serait temps , de vous réveillez .

  • Dodo ronfleur

    En ce qui concerne la Confédération étudiante : deux membres du MoDem Sciences Po (dont leur président) sont présents sur la liste pour le Conseil de direction…
    donc la Cé n’est peut-être pas « moins marquée politiquement » du point de vue de ses candidats

  • Chrome

    Est-ce que bien judicieux de parler de « bilan » à partir du moment ou tout ce que les syndicats peuvent faire, c’est demander des réformes à l’administration, cette dernière ayant plein pouvoir pour envoyer balader un syndicat, aussi majoritaire soit-il ?

    Avec simplement une force de proposition, aucune force de blocage et aucun véritable force de décision, il me parait un peu présomptueux de prétendre afficher un « bilan »