Quel stagiaire êtes vous ?

Stagiaire
Lumpenprolétariat ou mythomane patenté ? LaPéniche vous aide à faire le point sur le stage que vous avez eu à effectuer cet été !

1. Vos horaires

A) Vous travaillez de 8h à 20h. Pour la pause déjeuner, soit vous allez le plus vite possible au self d’entreprise manger une viande en sauce qui ressemble à un aliment recraché par un canard malade, soit vos collègues vous lancent des quignons de pain rassis.

B) Vous travaillez de 9h à 17h, et vous sortez pile à temps pour aller profiter de l’Happy Hour en face de votre bureau (petit jeu bonus : combien de pintes au Basile peux tu acheter avec 417,90e – salaire minimum d’un stage ? Réponse : même pas une par heure)

C) Vous avez des horaires étranges et décalés, qui correspondent plus au rythme de vie du blaireau malaisien : 15h30-21h ; 17H-1h30 ; 6h-13h.

D) Vous n’avez pas d’horaires : c’est free, cool, peace, et d’ailleurs demain vous n’êtes pas obligé de venir parce qu’il parait qu’il fait beau et chaud.

2. Vos locaux

A) Vous travaillez dans un bureau sombre et humide qui s’apparente à une cave, et on vous a d’ailleurs oublié dans cette remise plusieurs nuits d’affilée alors que vous recomptiez les agrafeuses de l’entreprise achetées depuis 2004.

B) Vous travaillez en open-space. Les trois premiers jours, vous avez trouvé ça chic, trendy, in, ambiance bobo-décontracté-film américain. Très vite, vous avez compris ce que cela signifie : pas de Facebook, pas d’Hotmail, pas de Youporn, pas de site de shopping en ligne.

C) Vous n’avez pas de bureau : vous travaillez debout, toute la journée. Vous n’avez pas de pause, non plus, et votre visage secoué de crampes est fixé en un sourire obséquieux permanent. Le soir, une fois rentré chez vous, vous ne pouvez pas vous empêcher de répéter nerveusement, à chaque fois que votre voisin renifle dans l’appartement d’à coté « Vous désirez quelque chose ? »

D) Vous avez un grand bureau en verre avec un écran plat pour les conférences avec des clients japonais. Dans l’immeuble, il y a une piscine à boules.

3. Votre travail

A) Vous nettoyez à quatre pattes le bureau de vos supérieurs, vous triez des boites d’archives qui pèsent plus lourd qu’un éléphant tétraplégique, vous cherchez des coloriages de pokémons inconnus sur internet pour les enfants de vos supérieurs, vous nettoyez des souris d’ordinateur, vous faites des résumés de résumés de rapports, vous numérotez les pages des rapports ; vous faites des recherches sur la part de la Chine dans le marché des fromages français, seul dans un bureau.; Les jours de chance, vous apportez des verres d’eau aux clients.

B) Vous remettez du vernis à ongle ; vous attendez qu’il sèche ; vous regardez des sites de tuning ; vous jouez à Geo Challenge ; vous envoyez des sms simplement pour pouvoir bouger vos doigts ; vous comptez les touches sur un clavier d’ordinateur (84) ; vous lisez les rapports de stage des étudiants de 3A partis à Bruxelles ; vous comptez les heures avant votre pause déjeuner ; vous regardez les prix des vols Paris/Barcelone, Paris/Rome, Paris/Edimbourg, Stockholm/Minsk, Borobudur/ Salt Lake City.

C) Vous pliez mécaniquement des vêtements, que vous vendez à des clients hargneux ou vous servez des hamburgers avec un petit filet fort seyant sur la tête. Quand les clients s’appliquent à vous faire perdre votre calme, vous leur faites mentalement manger l’enfant hurlant et mal élevé qui est avec eux.

D) Vous êtes à la tête d’un département clé dans une multinationale ; vous êtes à l’ONU et vous sauvez des enfants malades des iles Féroé ; vous redressez l’économie des pays de la zone Euro.

4. Votre rémunération

A) vous n’êtes pas payé. Le jour où vous êtes arrivé, votre employeur vous a aimablement rappelé qu’il avait déjà faire preuve d’une immense magnanimité en vous embauchant et qu’en plus, l’entreprise vous a gracieusement prêté des fournitures pour la durée de votre stage et que si vous les abimez, vous devrez quatre ans de labeur à l’entreprise.

B) Vous êtes payé à peine assez pour avoir, parfois, un sentiment de devoir qui vous pousse à travailler. Mais ça arrive rarement.

C) Vous êtes payé au SMIC. Pour tenir, vous calculez votre salaire en nombre de calculatrices graphiques que vous allez pouvoir aller acheter en septembre pour les cours avancés d’économie.

D) Vous êtes payé assez pour inviter tous vos nombreux amis, des gogos dancers, et des dresseurs de tigre sur un yacht prêté par votre patron en Bretagne (tellement plus trendy que la cote d’Azur)

Vous avez plus de réponses A : Vous êtes soit un stagiaire exploité, soit un elfe de maison.

Un indice, si vous n’arrivez pas à trancher : si vous êtes petit, vert, et vêtu d’une taie d’oreiller, vous êtes probablement un elfe de maison.

Si vous êtes un elfe de maison, vous êtes en train d’agrafer le bout de vos oreilles pointues à un clavier d’ordinateur pour vous punir d’avoir quitté votre tache. Si vous êtes stagiaire, vous êtes en train de vous positionner stratégiquement devant votre ordinateur pour qu’un collègue qui passe derrière vous ne puisse pas voir que vous avez quitté votre document Excel et tente de vous agrafer les doigts au clavier pour vous forcer à travailler. La différence entre l’elfe et le stagiaire exploitée est infime ; leurs fonctions, leur importance, et l’éclat de vie dans leurs yeux sont identiques, c’est-à-dire inexistantes.

La phrase à méditer : les elfes de maison, « tant qu’ils sont réduits à l’esclavage, ils ne peuvent pas se servir de leur magie pour autre chose que pour leurs tâches ménagères », dit l’encyclopédie d’Harry Potter (l’auteur tient ici à s’excuser pour l’utilisation de cette source).

Vous avez plus de réponses B : vous êtes stagiaire en entreprise

Le stage, c’est chouette, mais vous n’en voyez pas très bien l’utilité, un peu comme un amphi d’humanités scientifiques. Le but de l’expérience est certes louable ; S’il n’était pas imposé, beaucoup le feraient tout de même afin de remplir leurs fonds de caisse pour les longs mois de désœuvrement qui nous séparent de l’achat de nos nouveaux manuels de droit tout lisses et brillants. En plus de rappeler au stagiaire, plusieurs fois par jour, qu’il n’est rien et que sa mort soudaine sur son clavier d’ordinateur passerait inaperçue, il permet une confrontation directe au monde du travail. Il permet de découvrir le restaurant d’entreprise, les horaires fixes, les contraintes vestimentaires. Le stagiaire apprend des choses précieuses : comment organiser ses pauses de la journée (pause café ; pause clope ; pause déjeuner ; pause clope ; pause Coca ; NB, il est possible de remplacer les pauses clopes par des pauses téléphone).

Vous avez plus de réponse C : vous êtes stagiaire dans la vente ou dans la restauration

En un mois, vos jambes empesées par un an d’immobilité forcée (en amphi ou en apéro) sont devenues musclées, sèches, et noueuses, avec l’aspect de troncs d’acacias morts. Ironie du sort, vous n’avez ni eu le temps de faire les soldes et d’acheter les pulls que vous manipuliez, ni eu le temps de manger les sandwichs que vous confectionniez pendant votre pause déjeuner. Après avoir été au contact du client pendant un mois, vous ressentez le besoin impétueux de vous enfuir en criant dans une grotte isolée tout en haut d’une montagne des Balkans et de ne plus jamais reparler à personne (si vous vous décidez à partir et que vous étiez inscrit en Espace Mondial, merci de contacter l’auteur).

Vous savez qu’il faut tirer une expérience enrichissante de ce que vous avez vécu, mais vous n’avez pas eu le temps d’y réfléchir.

Vous avez plus de réponses D : vous êtes soit Barney Stinson, soit un mythomane

Comme la probabilité que vous soyez Barney est relativement faible, vous êtes probablement un stagiaire appartenant à la catégorie A, frustré et jaloux comme un petit pou maladif, et qui rêve de piscines à boules, enfermé dans une remise. L’auteur de l’article voit clair dans votre petit jeu, petit coquin. Retournez finir votre rapport sur la mobilité des acquis monétaires titularisés de l’entreprise.

12 Comments

  • Florian BOUTEILLE

    On ne manquera pas de noter la richesse de l’argumentation et la profondeur des recherches et de la documentation. Le travail de citations croisées est solide et approfondi.
    Calomniateur certes, mais qui prend son travail au sérieux. Notre ami a probablement préféré l’anonymat par humilité bien plus que par malhonnêteté, j’en mettrais mon ongle à couper.
    Beau travail, diffamateur de l’ombre. Continue comme ça, ça nous aide à avancer.

  • Samuel Belfond

    @ vuvuvuvu et revu

    Mais signe donc, courageux anonyme, aie le courage intellectuel de ta véhémence, parce que c’est absolument navrant de se cacher pour édicter des jugements aussi péremptoires.

  • VUVUVUVU

    florileges des trois derniers articles

    « l’étudiant moyen à Sciences Po gagne à peu près le salaire du PDG de Goldman Sachs »
    « la fois où ils se sont fait piquer au visage par une méduse et où on a du leur uriner sur la trogne »
    « le Bizuth vous offrira d’excellents plats, à condition que vous ayez récemment hérité d’un oncle très riche »
    « d’étudiants qui choisissent d’étouffer eux-même leur flambeau au lieu de laisser à Denis Brogniart cet honneur »
    « Mais avant de réserver à Richard Descoings et vos élus syndicaux un accueil digne de celui réservé à Eric Besson en Péniche »
    « une viande en sauce qui ressemble à un aliment recraché par un canard malade »
    « Vous avez des horaires étranges et décalés, qui correspondent plus au rythme de vie du blaireau malaisien « 
    « vous triez des boites d’archives qui pèsent plus lourd qu’un éléphant tétraplégique »
    « un collègue qui passe derrière vous ne puisse pas voir que vous avez quitté votre document Excel et tente de vous agrafer les doigts au clavier pour vous forcer à travailler »
    « vous ressentez le besoin impétueux de vous enfuir en criant dans une grotte isolée tout en haut d’une montagne des Balkans »

    belle bouillabesse stylistique, mais résumons plutôt :
    name droping a outrance
    auto derision d’enfants gâtés
    humour pseudo absurde 1000x fois vu et revu
    bref (lol) cet esprit canal râté et lourdingue
    mots d’esprit caricaturaux et simplistes d’étudiants oisifs heureux de s’y vautrer

    si vous trouvez cette bouillie fine, légère et de bon goût, personne ne peut plus rien pour vous

  • Guy

    @ VUVUVUVUV

    c’est terrible comme le style je critique-tout ce-qui-est-un humour-différent-du mien-nécessairement-supérieur-et plus-diversifié en utilisant des tirets partout pour créer des néologismes pédant et en rejetant toute dernière mode humoristique parce que bon, même si c’est drôle, tout-le monde-aime-donc-je-me-force-à-pas-aimer fait des ravages chez les prétentieux commentateurs invétérés de la péniche.

    Fais-en un fond de commerce, peut-être qu’un jour Zemmour te désignera comme successeur.

  • Sylvie Vartan.

    Oh, ça me réconcilierais presque avec lapéniche cet article ! Enfin un article vraiment drôle qui ne nous impose pas un style empanaché nauséabond. Bravo.

  • lechat

    @ vuvuvu ect

    pourquoi toujours toujours tomber à bras raccourcis sur les rédacteurs de la péniche dès qu’ils prennent la plume ?

    je ne vois rien de « trop absurdico-lucido décalé » dans la prose de notre rédactrice, quant à la « nouvelle série likée- bref ».. encore moins (très obscur d’ailleurs ta fin de phrase vuvuect, très obscur…)

    ce n’est rien de moins qu’un article divertissant, et qui ne prétend d’ailleurs à rien d’autre.
    il colle parfaitement au joyeux esprit de rentrée qui souffle sur la Maison et correspond à la Péniche qui – rappelons le au passage – n’est pas le Monde ou Libé, juste un « nanar » étudiant comme on dit dans le jargon avec un seul objectif de croisière : « informer et amuser » le lecteur SP de 20 ans

    Sans être embarqué dans le radeau de la rédaction, je trouve d’ailleurs que l’on trouve de tout chez la peniche, du sérieux informatif à l' »humour sciences piste » (parfois vaseux lorsque les sujets « sérieux » se retrouvent spoliés par des citations de michel rocard ou de luke skywalker, je le concède)

    un article très sympa selon moi, qui aurait une juste place dans Elle et avec les honneurs !

    amitiés

    Lechat

  • VUVUVUVUV

    c’est terrible comme le style Elles-100eme degrés-trop absurde-mais trop lucide-mais trop decalé-ouais allez je like la nouvelle serie « Bref »- fait des ravages dans l’écriture de nos aimables sciences pistes.
    Apparemment laPéniche a decidé d’en faire son fond de commerce, il s’agirait de se diversifier.