LE MAG – Petit guide de survie en soirée (à l’usage du sciencepiste averti)

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Illustration : Gabrielle Vallières

La vie d’étudiant: pas facile. Galère d’argent, de temps, d’organisation… Parce qu’on va pas se mentir et qu’un quotidien de sciencespiste est à 50% nocturne, le Guide du Potard te donne les clefs pour survivre en soirée. De la recherche de tire-bouchon à l’arnaque sur le prix des cocktails, nous allons faire de toi le Mac Gyver des soirées parisiennes.

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Plan galère nº1 : à la recherche du tire-bouchon. – Du pas de tire bouchon au plus de bouchon

Un grand cru de rosé premier prix t’attend pour arroser ce doux début de soirée. Mais soudain, c’est le drame: “Qui a un tire-bouchoooooon ?”. Silence de mort. Pas de panique, nous avons la solution. Entre dans un bar, la démarche chaloupée, l’air assuré, ton auguste postérieur se balançant de droite à gauche, et roucoule d’une voix de velours au barman :”Bonsoirrr monsieur, auriez-vous l’amabilité de me prêter votre tire-bouchon afin que je puisse savourer mon délicieux vin d’Alsace ?”

L’expérience prouve qu’un barman sur deux acceptera. Les 50% restants sont les barmen étrangers qui n’auront pas compris ta question. Tu la reformuleras aussitôt en anglais avec ton french accent so sexy, et tu te mettras le barman dans ta poche, tire-bouchon avec.

Autre option, si tu as choisi de faire ta soirée loin de la civilisation, il ne te reste plus qu’a enfoncer à l’aide tout et n’importe quoi (un pouce puissant, un couteau, un briquet) le bouchon au fond de la bouteille.

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Illustration : Gabrielle Vallières

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Plan galère nº2 : quand la nature ne t’a pas fait cadeau d’une vessie assez grande

La soirée ghetto continue dans les rues de Paname Zoo. Tu as descendu ton rosé grand cru d’Alsace. Tu t’es un peu agitée sur une musique endiablée, et voilà que ta vessie t’informe qu’elle ne sera bientôt plus de la party. La rue est bondée, le fameux pipi-between-cars n’est pas envisageable.

Là encore, nous avons la solution. Entre dans un bar (pas celui du tire-bouchon. C’est mieux), dirige toi en catimini vers les toilettes, et si tu croises un barman pas content qui te rappelle que “les toilettes sont réservées aux clients”, ne te démonte pas.

Prends ton air le plus naturel, et réponds: “ Bonsoir, je fais une critique de votre bar pour le Guide du Potard, et je suis chargée de prendre en compte la qualité de vos sanitaires. Je dois donc aller y faire un tour. Bonne soirée !” Bim ! Un pipi et c’est reparti.

 

Plan galère n°3 : se débarrasser de ton pote relou

Il est 23h37, ton pote a mal digéré le rosé d’Alsace premier prix. Il veut enchainer les brasses dans la Seine. Il est persuadé que ses pouvoirs télépathiques lui permettront d’ouvrir à eux-seuls sa neuvième bouteille. Il confond la Tour Eiffel avec l’Hotel de ville d’Angoulême. En gros, il est complètement bourré. Le Guide du Potard va t’aider à te débarrasser de ton pote relou.

Première possibilité : le caser dans le premier métro que tu trouves. Mais tu regretteras très vite ce choix quand tu apprendras le lendemain matin qu’il a voulu se ramener tout seul chez lui, en conduisant le métro lui-même. Alors, si ton pote t’a déjà montré à quel point il pouvait devenir fou passés deux verres de Villageoise, mieux vaut, peut-être, laisser cette solution au placard.

Seconde possibilité : tenter de lui arranger un coup avec la dolce Agostina, sulfureuse italienne en échange à SciencesPo qu’il a rencontrée pendant la soirée. Évidemment, tu as tout de suite remarqué que ton pote, d’ordinaire si exigeant sur l’humour, se marre en louchant dès que l’italienne tente une boutade. Lorsqu’il commence à vouloir parler italien, n’attends plus pour lui glisser à l’oreille un tendre “bonne soirée mec, nous on y va”, et fuyez sans plus attendre.

Troisième possibilité : lui offrir une course Uber. Vous devriez trouver sans peine un code de réduction offert à l’occasion d’une grosse soirée à la Machine où dans toute autre boîte cachée au fin fond de la capitale. Sautez sur l’occasion, et commandez lui un chauffeur dans la seconde. S’il tente de résister en gueulant, la paupière lourde que “Noooon, [il] n’est pas bourréééé”, choisissez lui une grosse merco clinquante, au point où il en est, il ne saurait résister.

 

Illustration : Gabrielle Vallières
Illustration : Gabrielle Vallières

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Plan galère n°4 : Ta dignité à jamais tu perdras

Il est 4h43. Tu es devant chez toi. Tu n’as plus de batterie. Tu es seul au monde. Tu as perdu ton chien Tobby deux heures plus tot. Tu as perdu tes clefs. Tu vas passer la nuit dehors. Le Guide du Potard est là pour toi. Il ne te reste qu’une chose, prier pour trouver un banc exempt de fiente de pigeons dans un rayon de moins d’un kilomètre. Et nous te donnerons les clefs (mille excuses, nous n’avons pas celles de ton appartement) pour passer la meilleure nuit de ta vie.

Première étape : choisir un banc quatre étoiles. La gentille commune de Paris a décidé de créer des bancs sur lesquels il est quasi-impossible de t’assoir, alors ne t’imagine pas pouvoir dormir dessus. Il te faut un bon vieux banc underground, en bois ou en fer rouillé (si et seulement si tes vaccins sont à jour).

Deuxième étape : trouver un oreiller. Tu n’as naturellement pas de sweat en pilou-pilou sous la main. Alors, tu trouveras en la personne du badaud qui a oublié son journal sur le banc un Dieu à chérir à jamais. Le voilà ton oreiller. Enroule l’accoudoir du banc dans le canard, et cette barre de métal qui aurait dû scier ta nuque deviendra le meilleur traversin au monde. Pour les étudiants japonais, il existe toujours la bonne vieille solution de l’origami. En réalité un simple pliage suffit pour te confectionner un oreiller girly tout mimi.

Troisième étape : trouver la bonne position. C’est sans nul doute le plus dur. En foetus ou sur le dos, le Guide du Potard n’a pas su trancher. En revanche, une chose est sure, bannissez un endormissement sur le ventre, le nez coincé entre deux lattes du banc.

 

Vous êtes désormais un warrior novice en matière de survie en soirée. On se revoit très bientôt pour le prochain niveau.

 

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