Ni d’Eve, ni d’Adam, Amélie Nothomb nous ouvre enfin son coeur

Au regard des élans lyriques qu’elle a pu émettre au sujet de toutes les créatures féminines qui lui ont été données de rencontrer ou d’inventer, les critiques les plus férus de révélations qui ne les regardent pas s’étaient permis de faire sortir Amélie Nothomb d’un placard dont personne ne pouvait réellement dire si elle s’était vraiment enfermée. La romancière belge aime s’entourer de mystères et préserve au mieux sa vie privée des hordes de fans hystériques qui s’arrachent à chaque rentrée le petit dernier de la saga qui compte maintenant 17 opus. Une saga ? Quelque chose qui s’apparenterait à ce petit sorcier britannique ? Pas du tout. L’œuvre Amélie-Nothombesque a toujours une ode à la féminité et c’est ainsi que se reliait toutes les oeuvres. Qu’elle s’appelle Nishio San, Fubuki San, Azel ou Hirondelle, Panonique ou Juliette, la perfection féminine change de nom mais reste bien présente. Dans « ni d’Ève, ni d’Adam », parut ce mois ci chez Albin Michel, Amélie Nothomb nous raconte une partie de sa personne qu’elle n’avait que peu évoqué : sa vie sentimentale.

Et oh déception des chroniqueurs tapageurs, Amélie parcourt dans ce roman un bout de chemin avec Adam et non pas avec Eve (ça vous apprendra à parler sans savoir !)

Amélie Nothomb et le Japon c’est déjà une histoire d’amour. De ses aventures au pays du soleil levant, on connaissait son enfance, quand elle interprétait Dieu dans « la métaphysique des tubes » et son parcours professionnel pittoresque quand de Dieu elle s’est écroulée à dame pipi dans « Stupeurs et Tremblements ». Eh bien voilà. Récurer les chiottes d’une compagnie nippone n’était pas assez palpitant pour Mademoiselle Nothomb qui pour gagner un petit pécule tokyoïte propose de donner des cours de français. C’est ainsi qu’elle fait la connaissance d’Inri, étudiant nippon francophile. Une romance commence entre le professeur et l’élève.

« Ni d’Eve ni d’Adam » n’est pas une reprise moderne de « l’amant ». Rien n’est simple pour un écrivain belge née au Japon. Surtout pas les affaires de cœur. Cette romance est une anti-romance. Amélie décortique les étapes du monophily, ce jeu de société aux règles très strictes par lequel passent tous les amoureux. Elle scrute d’un œil torve et cynique toutes les cases du jeu sans trop les comprendre.

C’est un roman d’apprentissage d’amour à la mode japonaise. Rien n’est plus évident. Rien n’est plus comme du temps d’Adam et d’Eve, où tout était si simple et où les gens ne passaient des heures à se demander ce qu’ils allaient bien pouvoir se mettre aujourd’hui. Amélie vit une belle relation avec son amoureux et nous fait redécouvrir son pays natal, avec ses spécificités et ses surprises (euphémismes).

Humour et réflexion. Et pas de lyrisme inutile. Au contraire un ton hésitant et empirique. Elle se surprend et nous surprend en même temps. Alors oui c’est vrai, Amélie Nothomb calait depuis deux ans, la critique sévère se déchaînait. Mademoiselle la Belge publie sans réfléchir, écrire comme elle s’habille. Que les minables se taisent. L’Amélie Nothomb de Yumimoto, celle qui a séduit l’académie et que l’on a immortalisé sous les traits de Sylvie Testud et torturé sur tous les plateaux télés de France est de retour avec un roman autobiographique qui mérite toute notre attention. L’amour n’est pas la spécialité des humains, mais Amélie Nothomb est-elle réellement humaine ?

4 Comments

  • M.

    Je ne voudrais pas faire la puriste, mais son ‘amoureux’ se nomme Rinri, et non pas Inri, même si en effet, elle souligne la proximité de ce nom au fameux acronyme. 🙂
    bel article!

  • Charles dQdVdH

    ???

    Est ce que ce genre de discours attire vraiment l’homme équilibré dans tes rêts? Peut-être aurais tu intérêt à réviser ta monophily…

  • Nath.

    "Une ode à la féminité"… Eh beh…

    Messieurs, nous ne sommes pas TOUTES aussi tapées : soyez rassurés et allez-y franco aux prochaines soirées…
    Amélie Nothomb, c’est un cas un peu spécial, ‘comprenez…