L’IELTS, une pratique barbare ?

bizou
« Please, answer as you listen because you will not hear the recording a second time. »

Jusqu’à samedi, les 2A se divisaient en gros en deux catégories. Ceux qui avaient prévu le coup et s’étaient empressés de passer leur IELTS « histoire d’avoir une deuxième chance juste au cas où », et les autres. Jusqu’à samedi, les premiers servaient d’exutoire aux seconds. Ils recevaient des splendides 7 en guise de résultats et racontaient leur passage aux mains du British Council sans avoir trop l’air de l’assimiler à une séance de torture avec Susan Boyle en guise de bande son. Paisibles ils pouvaient donc commencer à bâtir leurs listes de choix pour leur « third year abroad » et les exposer lors d’entretiens à la DAIE sans ajouter « enfin, si j’ai mon IELTS ». La promo 2015 de Sciences Po se divisait donc entre apaisés et insouciants (car malgré tout aux yeux du procrastinateur de base, avoir fait son IELTS avant la deadline du 26 c’est quand même la preuve qu’on est vachement trop stressé).

Depuis samedi, tout cela a changé. Il y a toujours les apaisés. Mais les insouciants sont devenus super stressés. Envoyant balader le problème de l’IELTS d’un majestueux geste de la main auparavant, désormais ils se demandent quels sont les avantages du pack swim plus par rapport au gym & weight. A midi, ils recréaient le test minute par minute en bandes hétéroclites dues aux rencontres entre âmes errantes. Les pauvres âmes pour qui pencil n’était pas nécessairement crayon à mine graphite se rendent compte que finalement c’était perdu d’avance et les autres attendent maintenant leurs résultats avec fébrilité pour savoir si ils doivent ou non refaire toutes leurs listes de choix d’universités de A à Z !

C’est quand même comique de penser que à cause d’un échec lamentable ce test dérisoire on peut passer de UCLA au Burkina Faso en un clin d’oeil. Toi qui bafouilles au speaking, toi qui rêvasses pendant le listening, toi qui as décalé tes réponses sur ton answer sheet et toi qui n’en as strictement rien à foutre de savoir si oui ou non le fait que George Clooney aille donner la tétée aux orphelin(e)s du Zimbabwe soit bien ou pas, tu seras sans doute lauréat de la merveilleuse et convoitée… 3A à Louvain ! Il est certain que ça peut sembler légèrement injuste de se voir fermer les portes du monde anglo-saxon pour un léger analphabétisme dans la langue de tata Rowling, d’autant que papi Goethe ou l’abuelo Cervantes (je ne parle même pas du cousin Fellini) sont quand même vachement plus libéraux aux niveaux de leurs critères linguistiques.

Du coup, tout le monde a dû travailler super dur pour essayer d’avoir cet IELTS. Le laboratoire des langues était plein à craquer depuis deux semaines et tout le monde connait le visage du site de Road to IELTS. Les cours d’anglais font – ponctuellement – le plein et les plus stressés des 2A regardent Skins ou Misfits histoire de bien comprendre l’accent anglais des examinateurs d’IELTS. C’est cette dernière partie de la préparation idéale qui d’ailleurs dérange le plus les étudiants car elle survient très précisément la semaine où ils ont fait serment de lâcher le streaming pour rendre leurs mémoires à temps. Résultat, pour optimiser les chances d’avoir le 7 tant désiré on abandonne les autres matières. On sèche les cours pour faire un entrainement au speaking avec les internationaux(les), on fait du reading en conf de méthode, du listening en amphi… Du 19 au 26, on vie IELTS, on mange IELTS, on danse IELTS, on fait des choses inavouables IELTS, et j’en passe. Ça devient une obsession. On n’en dort plus la nuit.

Une foi le test passé, la pression ne retombe pas. On fait des cauchemars plus ou moins érotiques impliquant les diverses stratégies qu’on aurait du mettre au point pour gagner quelques points au speaking, on se dit qu’on ne peut définitivement pas faire confiance à des anglais pour juger équitablement de l’avenir d’appelés à devenir l’élite de la nation qui les a sorti de la dernière coupe du monde (et on re-regarde le matche avec nostalgie), on se dit qu’on va l’avoir en fin de compte, puis que non… L’attente est insupportable. Relativement détendus quoi qu’un peu stressés à la sortie de l’épreuve, les 2A sont lundi matin torturés par l’angoisse. Le CSG fait soudain le plein, l’aumônerie rue de Grenelle déborde. Un camarade de promo sert de sacrifice humain (en plus ça libère une place…). La pression est tangible, l’air électrique…

Mais quand même soyons justes, après tout cet IELTS c’est un peu comme le concours, un de ces traumatismes indépassables qui forment la communauté sciences pistes, alors tous en cœur : L’IELTS est mort (jusqu’à l’année prochaine), vive l’IELTS !

16 Comments

  • lola

    « on vie IELTS »

    « on vie Ielts »

    « on VIE ielts »

    vous le voyez toujours pas le problème ?
    moi aussi je vie pour écrire…

  • travailbacle

    Oui et surtout l’obligation de repasser l’IELTS pour valider son niveau d’anglais avant la diplomation. Mais pour en parler il aurait fallu travailler un peu le sujet et non écrire son article à la va-vite la veille au soir, comme j’ai l’impression que Lapéniche en a fait sa norme cette année

  • Lazy

    Moi je la trouve cool l’illu, dans le genre foutage-de-gueule en douceur, c’est très symbolique de l’écart entre l’intérêt du test en soi et l’enjeu qu’il représente.

  • Schreibix

    Toute la promo n’a pas l’intention de faire sa 3A dans un English speaking country. (Je sais pas si tu étais au courant).

  • Guilbud

    Grand bravo à celui qui a eu l’idée lamentable de cette illustration, vraiment. On repousse les limites du gross pour tomber dans le franchement abject, c’est remarquable

  • Et ta mère

    Ou alors, on est un bogoss, tu passes le truc au dernier moment pour apprendre que, du fait de ta nationalité américaine, t’en as pas besoin.
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  • lilou

    Bon article. Effectivement, système de la toute dernière minute un peu débile, pas assez d’infos en 1A pour prévoir le coup, et très peu d’universités qui acceptent d’avoir les résultats plus tard, du coup on est bel et bien coincés. En plus, un test terriblement inintéressant, qui ne révèle pas tant les aptitudes en anglais -mais bon, c’est un autre pb. Sinon Scpo pourrait proposer d’autres partenariats type Toeffl ou Cambridge.

  • Antoine

    Quel bel exemple que ces élèves qui applaudissent les discours anti-américains de Badie mais qui, dès qu’il a le dos tourné, vont vouer un culte à une hypothétique 3A aux Etats-Unis. Après tout, quelle idée d’aller à Bamako?

  • Lucas

    « Toi qui bafouille au speaking, toi qui rêvasse pendant le listening, toi qui a décalé tes réponses sur ton answer sheet et toi qui n’en a strictement rien à foutre de savoir si oui ou non le fait que George Clooney aille donner la tétée aux orphelin(e)s du Zimbabwe soit bien ou pas » : quatre fautes coup sur coup ; toi qui bafouilles*, toi qui rêvasses*, toi qui as*, toi qui n’en as*…